Œuvres de Turgot et documents le concernant, volume 1
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TURGOT ÉTUDIANT ET MAGISTRAT
(JUSQU’EN 1761)
VI. – L’ENCYCLOPÉDIE
Travaux philosophiques et linguistiques. — Géographie politique et Discours sur l’Histoire universelle : le progrès ; la formation des nations. — Études sur les langues. — Turgot magistrat. — L’Encyclopédie. — Projets d’articles : Amour, Amour de Dieu, Définition, Dieu, Dieux. — Articles publiés : Étymologie, Existence, Expansibilité. — Lettre de Diderot. — L’esprit de secte. — Réflexions de Monthyon et de Condorcet. — Philosophie de Turgot. — Son libertinage d’esprit.
Dans l’intervalle qui sépara son séjour à la Sorbonne de sa nomination comme magistrat, Turgot reprit les travaux qu’il avait ébauchés, étant étudiant, sur l’histoire universelle et dressa les plans d’une Géographie politique qui, avec ses autres écrits du même temps, forme un essai d’histoire de la civilisation, dont E. Levasseur a pu dire en 1906 : « J’y ai souvent reporté ma pensée quand j’ai essayé, il y a une quarantaine d’années, d’appliquer une méthode nouvelle à l’étude de la géographie. »
Ces écrits ne sont pourtant, comme ceux de la période précédente, que des essais de jeunesse ; les idées de Turgot n’ont pas la précision qu’elles auront plus tard mais les réflexions intéressantes abondent comme toujours sous sa plume.
Dans sa Lettre à Mme de Graffigny, Turgot exprime son opinion sur l’inégalité des conditions entre les hommes et en montre la nécessité ; il explique les heureux effets de la distribution des professions, autrement dit de la division du travail ; il y parle, en bons termes et avant J. J. Rousseau, de l’éducation des enfants, en même temps que du mariage.
Dans son Plan de discours sur l’histoire universelle, il envisage la marche générale du progrès humain et la manière dont se sont formées les nations ; il considère successivement les peules : chasseurs, pasteurs, laboureurs ; il recherche comment les gouvernements sont nés, comment les migrations des peuples ont transformé le monde, comment les langues se sont constituées et mélangées.
« L’histoire universelle, explique-t-il, embrasse la considération des progrès successifs du genre humain et le détail des causes qui y ont contribué ; les premiers commencements des hommes ; la formation, le mélange des nations, l’origine, les révolutions des gouvernements, les progrès des langues, de la physique, de la morale, des mœurs, des sciences et des arts ; les révolutions qui ont fait succéder les empires aux empires, les nations aux nations, les religions aux religions ; le genre humain toujours le même dans ses bouleversements, comme l’eau de la mer dans les tempêtes, et marchant toujours à sa perfection. Dévoiler l’influence des causes générales et nécessaires, celle des causes particulières et des actions libres des grands hommes et le rapport de tout cela à la constitution même de l’homme ; montrer les ressorts et la mécanique des causes morales par leurs effets : voilà ce qu’est l’histoire aux yeux d’un philosophe. Elle s’appuie sur la géographie et la chronologie, qui mesurent la distance et des temps et des lieux. »
Peut-être ce Plan de Discours, dont nous n’avons pas retrouvé la minute, a-t-il été retouché par Du Pont de Nemours, mais l’idée qui y domine, est la confiance en la perfectibilité humaine et cette idée appartient bien à Turgot. Dans beaucoup de passages du même travail, on reconnaît d’ailleurs le style de l’ancien Sorbonien.
« Le despotisme par exemple, est facile ; faire ce qu’on veut est un code qu’un roi apprend très vite. Il faut de l’art pour persuader ; il n’en faut pas pour commander. Si le despotisme ne révoltait pas ceux qui en sont victimes, il ne serait jamais banni de la terre. »
Les travaux de Turgot sur les Langues sont les meilleurs de sa jeunesse et ceux où il se montra le plus lui-même ; ils devaient lui servir de matériaux pour un grand ouvrage qu’il projetait sur la formation des langues et la grammaire générale ; aussi y revenait-il fréquemment. Les langues sont l’objet de la deuxième partie de son Discours sur l’histoire universelle et l’objet de Réflexions générales et diverses.
Au XVIIIe siècle, le français et les deux langues mortes classiques formaient seules le bagage des plus savants. La connaissance de l’anglais commençait seulement à se répandre. Voltaire comprenait et parlait couramment cette langue depuis un séjour de deux ans et demi en Angleterre. La connaissance de l’allemand restait un fait exceptionnel et si rare qu’elle donnait une sorte de brevet. Jusqu’en 1780, on comptait à Paris à peine vingt ou trente Français en état de traduire une page d’allemand[1].
Turgot disait de l’étude des langues qu’ « elle serait peut-être la meilleure des logiques », et il ajoutait : « en analysant les mots dont elles sont composées, en les suivant depuis la formation jusqu’aux différentes significations qu’on leur a depuis attribuées, en suivant le fil des idées, on verrait par quels degrés, par quelles nuances, les hommes ont passé de l’une à l’autre… Cette espèce de métaphysique expérimentale serait en même temps l’histoire de l’esprit du genre humain et du progrès de ses pensées toujours proportionné au besoin qui les a fait naître… Dans notre siècle, la philosophie a renversé les barrières qui faisaient de chaque science comme un état séparé, indépendant, étranger aux autres. On s’est aperçu que la formation et la dérivation des mots, les changements insensibles, les mélanges, les progrès et la corruption des langues étaient des effets déterminés de causes déterminées et dès lors, un objet de recherches pour les philosophes. »
Déjà, dans sa critique des Réflexions philosophiques de Maupertuis, Turgot avait envisagé d’une manière scientifique la question de l’origine du langage. Il y revint bientôt dans l’Encyclopédie.
Le Dictionnaire raisonné des Sciences, arts et métiers commença à paraître au commencement de 1751[2] ; les relations amicales de Turgot avec d’Alembert qu’il avait connu chez Mme Du Deffand le mirent en rapport avec le même Diderot dont il avait, étant étudiant, voulu réfuter les Recherches philosophiques. Il applaudit à la tentative des deux philosophes et accepta d’être l’un des collaborateurs de leur œuvre. Deux fragments relatifs à l’Amour (Étymologie) et à l’Amour de Dieu, semblent avoir eu l’Encyclopédie pour destination. Deux autres, qui paraissent dater de 1753, ont plus probablement encore été écrits pour le grand recueil. Ils se rattachent aux études linguistiques et métaphysiques dont nous venons de parler et portent les titres de Définition (Logique) et de Dieu (Existence de). Dans le dernier, il est question d’un autre article pour le mot Dieux. L’ancien Sorbonien est resté fermement déiste. S’il avait traité à fond, dans l’Encyclopédie, la question de l’existence de Dieu, il aurait repris les arguments qu’il avait incidemment développés dans ses lettres à des condisciples et dont le principal est celui du mouvement, la matière devant être condamnée à l’inertie, s’il n’y avait eu un premier moteur.
Devenu magistrat, il fut détourné de ses études premières par les folles querelles relatives aux refus de sacrements. C’est alors que la question de la tolérance religieuse l’attira. Mais il la quitta quand la paix fut faite et retourna à ses travaux spéculatifs.
La jurisprudence ne lui plaît qu’à demi et ne peut suffire à occuper son esprit[3]. Ce n’est pas qu’il ne s’intéresse aux affaires qu’il doit exposer au Conseil ; il les examine au contraire avec le plus grand soin :
« Dans toutes les places qu’il a occupées, dit Du Pont, il s’est imposé la loi de ne s’en rapporter qu’à lui-même pour extraire les pièces servant aux procédures. Les sollicitations lui déplaisaient ; elles lui paraissaient annoncer peu de confiance dans l’intérêt du magistrat et occasionner au moins une perte de temps nuisible à l’examen et à l’expédition des affaires. » [4]
Mais il n’avait pas le respect des précédents et leur préférait les principes d’équité. « Dans une affaire qui présentait beaucoup de difficultés, rapporte encore Du Pont[5], il proposa et soutint par des raisons puissantes des conclusions dont il avait reconnu la justice et qui étaient d’autant plus équitables qu’elles étaient tirées de l’esprit plutôt que de la lettre de la loi. Le Conseil les rejeta toutes, et Turgot fut vivement affligé. Mais huit jours après, il eut une grande consolation ; les deux parties transigèrent sans s’arrêter à l’arrêt du Conseil et conformément aux conclusions du rapporteur. »
Sa timidité naturelle lui nuisait ; ses rapports verbaux, quoique très étudiés quant au fond de l’affaire à traiter, ne semblaient pas toujours suffisamment clairs. « La première fois qu’il fit un rapport au Conseil devant le Roi, en qualité de maître des requêtes, il crut devoir résumer l’affaire dans le moins de mots possibles : il dit tout avec une concision sévère ; son travail fut approuvé, mais fatigua ses auditeurs, et, le Conseil fini, la plupart des Conseillers d’État qui prenaient à lui un intérêt véritable, lui dirent : « Vous avez très bien parlé, mais vous avez été un peu long, une autre fois abrégez… » À son second rapport, il prit une marche différente : il développa avec détails les faits et les moyens qu’il avait à faire connaître ; il résuma chaque partie de son discours avant de passer à la suivante et les résuma toutes une seconde fois en finissant. « Vous vous êtes très bien corrigé, lui dit-on, vous avez dit beaucoup de choses, et vous avez été court[6]. »
Après quelques années d’exercice, Turgot fut très estimé du Conseil et n’y compta que des amis, mais, ainsi que l’expérience le montra, il était plus fait pour l’administration active que pour les fonctions assises.
Il a donné à l’Encyclopédie, sous la condition expresse de n’être pas nommé, cinq articles qui prouvent l’étendue, on peut presque dire l’universalité de ses connaissances, mais qui prouvent aussi qu’il cherchait sa voie encore. Il y fit de la philologie, de la métaphysique, de la physique, de l’économie politique. Ce sont les articles : Étymologie, Existence, Expansibilité, Foire, Fondations[7].
D’après Du Pont, Turgot devait faire pour les volumes suivants les articles Grammaire générale, Hôpital, Humide et Humidité, Immatérialité, Inspecteurs, Origine des langues, Mendicité, Mémoire, Probabilité, Sensations[8]. « Mais, dit-il, Turgot, magistrat, ne crut pas devoir fournir à l’Encyclopédie officiellement proscrite (à partir de 1757), quoique secrètement tolérée par le Gouvernement, les articles qu’il n’avait promis qu’à l’Encyclopédie permise et protégée. Il ne crut pas devoir achever les mots qu’il avait commencés, ni songer à en rédiger d’autres. » En réalité, par lettre du 21 janvier 1759, Diderot[9] sollicita la collaboration de Turgot pour les mots Humidité, Idée, Idéalisme, Intérêt de l’argent, Impôt, Immatérialisme, Inspecteur[10], Intendant de province. Turgot biffa sur la lettre même de Diderot les mots Impôt et Intendant de province, ce qui laisse supposer qu’il avait l’intention de traiter les autres. Mais il n’exécuta pas ce projet[11].
Une des préoccupations de toute sa vie fut de ne paraître attaché à aucune secte. Sa situation administrative lui défendait de se compromettre ; son ambition le lui conseillait ; par son nom, par ses relations de famille, par son mérite, il était destiné à une grande place. Son caractère et son éducation le portaient en outre à la modération et ses convictions à la tolérance. Il savait que, quelque évidente que soit une vérité, « elle peut être ignorée par des gens très éclairés d’ailleurs ». Il détestait la hâblerie, la mauvaise foi, l’exclusivisme qui sont dans toutes les sectes.
« L’expérience lui avait fait voir, dit Du Pont, qu’il est très difficile que, même chez les hommes les plus estimables, l’espèce de fanatisme qui est inséparable de l’esprit de secte, n’égare pas un peu l’amour de la vérité et de la justice. La morale des corps les plus scrupuleux ne vaut jamais celle des particuliers honnêtes.
« C’est l’esprit de secte, a-t-il dit cent fois, qui appelle sur les vérités utiles les ennemis et la persécution. Quand un homme isolé propose modestement ce qu’il croit la vérité, s’il a raison on l’écoute ; s’il a tort, on l’oublie. Mais lorsqu’une fois des savants même se sont mis à faire corps, à dire nous, à croire pouvoir imposer des lois à l’opinion publique, l’opinion publique se révolte contre eux avec justice, parce qu’elle ne doit recevoir de lois que de la vérité et non d’aucune autorité. Tout corps voit bientôt sa livrée portée par des imbéciles, par des fous, par des ignorants, fiers, en s’y agrégeant, de faire un personnage. Il échappe à ces gens des sottises et des absurdités. Alors les esprits aigris ne manquent pas de les imputer à tous les confrères de ceux qui se les sont permises. On réclame en vain : les lumières s’obscurcissent ou s’éteignent au milieu des querelles et bientôt on ne s’entend plus. Les gens sages craignent de se compromettre en se rallumant, et la vérité importante qu’on avait découverte demeure étouffée et méconnue. Elle paie les dettes de l’erreur, de la partialité, de la prétention, de l’exagération, de l’imprudence avec lesquelles elle a fait la faute de s’associer.
« Lorsque vous direz Nous, ne soyez pas surpris que le public réponde : Vous. [12] »
Néanmoins, Turgot ne s’éloigna pas autant qu’il le désirait, et qu’il le crut peut-être, des deux partis, ou comme on disait, des deux sectes, qui agitaient de son temps l’opinion publique, de la secte philosophique et surtout de la secte économique.
« Aux yeux de M. Turgot, dit à ce propos Monthyon, toute l’espèce humaine était divisée en trois classes, la première qui en composait la grande masse et la presque totalité, était formée de tous ceux qui ne s’occupaient point de spéculations économiques ; il n’y voyait que le résidu de la société ; et lors même qu’il s’y trouvait des esprits ou des talents d’un ordre supérieur, il n’y donnait que peu d’attention, parce qu’il n’apercevait en eux qu’un mérite d’un genre secondaire et hétérogène à l’objet de ses méditations. Les contradicteurs de ses opinions qui formaient la seconde classe, lui paraissaient ou des hommes stupides ou des esprits faux ; il était même assez ordinaire qu’il leur refusât la probité et la bonne foi ; et c’était dans leur perversité, qu’il croyait trouver la cause de leur dissentiment. La troisième classe, très peu nombreuse, et à ses yeux la classe d’élite, était composée de ses sectateurs ; ils lui paraissaient des êtres supérieurs en intelligence et en morale ; il les croyait capables de tout, leur confiait les fonctions auxquelles ils étaient le moins propres, et si quelquefois il a eu sujet de se plaindre de leurs infidélités, leur croyance l’a disposé à l’indulgence, parce qu’il portait, en administration, la superstition et le fanatisme qu’il reprochait aux sectes religieuses. »
De ces observations malveillantes et erronées quant aux faits, il faut rapprocher celles de Condorcet, conçues dans un tout autre esprit :
« M. Turgot disait souvent qu’un homme qui n’avait jamais regardé la question de l’existence des objets extérieurs comme un objet difficile et digne d’occuper notre curiosité ne ferait jamais de progrès en métaphysique. Il ajoutait que tout homme qui croyait de bonne foi l’impôt territorial impraticable ou injuste, ne pouvait avoir de véritables lumières en administration. [13] »
Que conclure de là ? Que le sentiment raisonné et raisonnable qu’avait Turgot de la nécessité d’études préalables et approfondies pour parler utilement de philosophie ou pour s’occuper d’administration pouvait l’emporter chez lui sur l’esprit de tolérance, à l’égard de certaines questions ; mais il n’était pas le sectaire qu’a dépeint Monthyon et il n’avait pas tout à fait tort de suspecter la sincérité de ceux qui combattirent ses opinions économiques.
Les articles de lui que publia l’Encyclopédie attirèrent l’attention. Ce n’est pas qu’on y put reconnaître un écrivain de haut vol ; Turgot ne se mettait pas assez au niveau de ses lecteurs et sautait quelquefois des développements utiles. Mais on sentait en lui une personnalité.
Dans l’article Étymologie, dont Morellet s’était d’abord chargé, Turgot exposa en logicien les règles à suivre pour pratiquer cet art. C’est le travail le plus original et le meilleur peut-être de ceux qu’il donna à d’Alembert et Diderot. Il lui valut pourtant une accusation de plagiat, tout à fait dénué de fondement[14].
Ce que l’on a appelé de nos jours la Paléontologie linguistique et les applications qu’on en peut faire à la très ancienne histoire de l’humanité, a fait justement remarquer M. Georges Hervé, avaient frappé l’esprit de Turgot ; il avait compris qu’en remontant d’une langue au petit nombre de langues dont elle s’est formée, on peut trouver des langues plus anciennes et totalement perdues. Tel est le cas pour le celtique dont notre langue française a pris des racines.
Dans l’article Existence, Turgot reprit le problème de l’origine de nos connaissances, que Condillac avait voulu résoudre en 1746. Il trouva que « la notion d’existence n’est que le sentiment du moi, transporté par abstraction, au terme d’un rapport dont le moi est l’autre terme et que le mot existence ne répond ainsi à aucune idée des sens, ni de l’imagination, si ce n’est à la conscience du moi général ». Turgot se montra ainsi plus cartésien que sensualiste[15].
On a discuté pour savoir à quelle école philosophique il appartenait. Léon Say a pensé qu’il devait y avoir un lien entre lui et Adam Smith en passant par Hutcheson et l’école de Glasgow ; mais Léon Say n’a pas dit sur quoi reposait son hypothèse. Il semble qu’en philosophie, Turgot ait puisé un peu partout ; on le voit tantôt près de Descartes, tantôt avec Locke ou Condillac. C’est d’ailleurs ce que dit Du Pont : « La philosophie de M. Turgot était un choix réfléchi de ce qu’il avait trouvé de raisonnable dans toutes les philosophies »[16].
Il est étonnant qu’un esprit si rempli n’ait pas fait plus profiter le public de sa vaste érudition. La traduction d’une brochure de Josias Tucker, des études sur la littérature étrangère, les articles de l’Encyclopédie, et plus tard les Réflexions sur les richesses, sont les seules œuvres de quelque importance qui aient paru du vivant de Turgot.
Il travaillait, non dans l’intention de briller, mais pour répondre à un insatiable désir de connaître. Il s’en expliqua un jour à un ami en ces termes : « J’ai un grand défaut, mais ce n’est pas la timidité ; ce défaut est de me charger de trop de besogne et d’être paresseux, plus par libertinage d’esprit que par inaction proprement dite. Mon esprit gagne du côté de l’étendue et de la justesse ; mais j’y perds beaucoup du côté de l’action. »
C’est le « libertinage » de Turgot, ou plutôt sa curiosité sans bornes, qui rend très intéressante l’étude du développement successif de ses connaissances.
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[1] Alfred Maury, L’ancienne Académie des Inscriptions, 287 ; Georges Hervé, Turgot ethnographe et linguiste.
[2] Deux volumes furent alors publiés ; en 1753 parut le troisième volume allant de CHA à CON, et en 1754 le quatrième allant de CON à DIZ. Dans dernier volume se trouve l’article Coton, rédigé d’après un mémoire fourni par le chevalier Turgot.
[3] Il renonça, dit Monthyon, à l’état ecclésiastique pour celui de la magistrature qui, depuis longtemps, était celui de sa famille, mais il n’en goûta jamais les discussions épineuses, et chercha à s’en distraire par la littérature et les sciences.
[4] Mémoires, 37.
[5] Mémoires, 32.
[6] Du Pont, Mémoires, 34.
[7] Les trois premiers ont paru dans le tome VI, en 1756. L’article Foire (et non Foires et Marchés) et l’article Fondations figurent dans le tome VII paru en 1757.
On lit dans l’Avertissement du tome VI : « Quatre personnes, que nous regrettons de ne pouvoir nommer, mais qui ont exigé de nous cette condition, nous ont donné différents articles ; nous devons à la première les mots : Étymologie, Existence, Expansibilité. »
Dans l’Avertissement du tome VII, on lit aussi : « Cinq personnes qui ne veulent pas être connues nous ont donné… ; la troisième, les articles Foire et Fondations. »
Dans ces mêmes volumes VI et VII, ont paru les articles Évidence, Fermier et Grains de Quesnay, l’article Frottement de Necker, etc.
[8] Œuvres de Turgot, I, 43 ; III, 136.
[9] Voir aux Œuvres et documents.
[10] Dans l’article Inspecteur, Turgot aurait sans doute demandé avec Gournay l’abolition des règlements industriels, dont les Inspecteurs des manufactures surveillaient l’application.
[11] Lorsque Turgot fut ministre, on lui attribua l’article Vingtièmes qui avait paru à la fin du 17e volume. Il suffit de parcourir cet article pour avoir la certitude que Turgot n’y a pas mis la main, car il est contraire à ses idées. L’auteur soutient que tout impôt retourne à la terre ; il prétend que le commerce ne produit véritablement les richesses qu’autant qu’on en possède les matières premières, que plus on a de denrées de première nécessité, plus le commerce est sûr et profitable, que tout trafic appauvrit la métropole si elle n’est en état de renvoyer en échange des denrées de son cru, etc. C’est le langage d’un mercantiliste.
[12] Du Pont, Mémoires, 47.
[13] Condorcet, Vie de Turgot, 289.
[14] Morellet, Mémoires, II ; Tissot, Turgot, sa vie, son administration, ses ouvrages et lettre du Président des Brosses.
Turgot fit dans sa jeunesse des travaux purement littéraires : sa traduction d’un article de Macpherson sur les Poésies Erses et le commentaire qui l’accompagne furent remarqués.
[15] Cependant, il a écrit : « On sait, et Locke l’a démontré, que toutes nos idées viennent des sens. »
[16] Mémoires, 46.
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