Sur le théâtre de Madame de Staël
L’œuvre littéraire et la carrière politique de Germaine de Staël se tiennent et se répondent, et derrière la figure omniprésente de la romancière elle-même, on retrouve constamment dans Corinne ou dans Delphine le souffle de l’opposante politique. Son théâtre, cependant, touche de plus près à l’art ; au milieu des effervescents débats sur la tragédie, les compositions du groupe de Coppet inaugurent et préparent un renouvellement de la dramaturgie française. Les pièces composées par Germaine de Staël ont aussi une portée plus intime encore que ses romans : non qu’elle ait manqué, dans ceux-ci, d’apparaître en permanence et de se donner constamment la réplique ; mais au moins le roman a une vocation qui est d’emblée publique : le théâtre de Germaine de Staël, au contraire, se joue de la frontière parfois mince entre sphère privée et sphère publique. Ses pièces sont jouées avant tout devant les amis et les proches, moitié par vocation, moitié par devoir.