Par Marc Lassort et Benoît Malbranque, Institut Coppet
La deuxième conférence européenne de Students for Liberty (SFL) s’est tenue entre le 8 et le 10 mars à l’Université Catholique de Louvain, en Belgique. Les 350 étudiants présents, mais également les professionnels et les curieux, venaient de l’Europe entière, du Canada, des États-Unis et même de Côte d’Ivoire. Au moins une vingtaine de Français étaient venus des quatre coins du pays : Students for Liberty Paris, Strasbourg et Aix-Marseille étaient représentés, ainsi que des membres de think tanks, d’instituts de recherche, comme Emmanuel Martin de Libre Afrique. Tous ces libéraux se retrouvaient à Louvain pour célébrer la liberté et la propriété, pour constituer des réseaux, pour assister à des conférences et des séminaires de formation, pour socialiser avec d’autres jeunes étudiants de même tempérament politique, ou encore pour récuperer du matériel de communication et des ouvrages gratuits. Le tout dans un contexte de langue anglaise, avec un dress code professionnel, une efficacité redoutable dans l’organisation et la gestion du temps, et toujours dans une perspective de socialisation et de réseautage intense.
Students for Liberty est une organisation internationale d’étudiants qui défendent les idées de liberté, née aux États-Unis en 2008, et lancée en Europe il y a deux ans. Le but de cette organisation est de fournir un réseau national et international aux étudiants de tendance libérale, leur apporter tout un bagage intellectuel, militant, voire activiste, afin de répandre les idées de liberté dans la société. Cette conférence européenne était organisée moins d’un mois après la conférence internationale à Washington D. C., et était le moyen pour les membres du staff d’apprécier l’évolution des structures en Europe. Le nombre d’étudiants présents à la conférence avait doublé par rapport à l’année précédente, ce qui indique une belle réussite et un véritable engouement pour cette forme d’engagement militant étudiant, alors que le libéralisme a le vent en poupe chez les jeunes européens. Non seulement le nombre d’étudiants avait considérablement augmenté, mais le nombre de sections nationales et de pays représentés avait été élargi de manière exponentielle.
C’est pourquoi l’Institut Coppet se devait d’être présent à cette rencontre internationale, ne serait-ce que pour consolider ses contacts amicaux avec d’autres organisations européennes, mais aussi et surtout pour partager avec Students For Liberty des idées pour l’avenir de la liberté en Europe et en France.
Le week-end commençait le vendredi 8 mars, où après l’enregistrement de chacun, après un premier contact et des premières indications données aux étudiants par le staff européen et le staff international, ceux-ci allaient suivre leur première conférence dans une salle prévue à cet effet, après l’introduction générale par des membres de l’équipe européenne et internationale de SFL. John Chisholm commençait la première conférence sur le thème de l’entreprise en mettant en valeur son expérience d’entrepreneur et de manager. Cette première conférence visait d’abord à apporter aux jeunes créateurs d’entreprises des éléments pour faire fructifier leurs affaires, mieux gérer leur commerce et leur management, et libérer leur ingéniosité pour booster la demande. James Turk clôturait par une conférence sur les rapports entre la liberté et la monnaie saine, sur le rôle de la monnaie-or et sur la nécessité de fonder l’économie sur des bases saines comme les métaux.
Le lendemain était l’occasion, après une conférence très réussie (et très plébiscitée) de Tom G. Palmer sur le combat pour la liberté et sur les moyens de le réussir, des fameuses “breakout sessions”, qui permettent à chaque étudiant de choisir une conférence parmi trois sur son thème favori. La première breakout session, en fin de matinée, était de nature académique : les calculs en politique (école du choix public, planification centrale) avec Emily Skarbek ; les organisations internationales et la récompense de l’incompétence avec Mario Fantini ; et le schéma pyramidal de l’État-Providence avec Mike Tanner. Après une conférence de Daniel Model sur la sécession personnelle, la deuxième breakout session portait sur les idées : la criminalité avec David Skarbek ; les femmes avec Carrie Lukas ; les défis et les questions problématiques dans l’approche libertarienne avec James Lark, l’ancien Président du Parti libertarien américain.
Cette journée du samedi continuait ensuite par une rencontre avec les think tanks, les instituts et les “networks”. C’était l’occasion pour les étudiants de socialiser et de rencontrer les représentants des organisations comme l’Atlas Network, la Foundation for Economic Education, parmi bien d’autres. Ensuite se tenait un débat en salle de conférence entre deux groupes opposés, les partisans du minarchisme et ceux de l’anarcho-capitalisme. Après un débat animé, un vote à bulletin secret a clairement désigné les anarchistes comme vainqueurs du débat. Kurt Leube terminait cette magnifique journée en évoquant la pensée de Hayek, sa biographie et son histoire.
Le dernier jour débutait par une conférence de Matt Kibbe sur la désintermédiation politique, puis était suivi par les derniers breakout sessions du week-end, qui portaient sur l’activisme étudiant : comment créer un impact dans le monde digital avec un membre du Parti pirate en Suède, Henrik Alexandersson, par ailleurs libertarien et bloggeur ; comment communiquer la liberté ; et bien sûr comment bien réussir l’organisation d’un évènement. La dernière conférence de Stephen Davies, de l’Institute for Humane Studies, et l’Institute for Economic Affairs, très applaudie, portait sur la crise et l’opportunité qu’elle représentait pour les partisans de la liberté de saisir cette situation pour transformer la société. Un programme bien chargé, donc, qui a su satisfaire les étudiants, et ne leur a pas laissé le temps de s’ennuyer.
Cette seconde conférence de SFL Europe était donc très réussie : elle a commencé et terminé sur une note positive, où tous les étudiants chantaient l’hymne de SFL, dans une ovation générale. Une photo de l’assemblée a été prise pour montrer le succès de cette rencontre, et beaucoup de participants se sont plus à poser avec les personnalités de la conférence. Ajoutons à cela le concert très sympathique, le vendredi soir, d’Emmanuel Martin, responsable de Libre Afrique (le projet francophone de la Fondation Atlas), et on peut dire sans se tromper que l’ambiance était excellente.
Le combat pour la liberté est d’abord un combat des idées. Avec une telle organisation, les étudiants disposent à la fois du réseau international, des idées, des ressources, des conférenciers et de la structure. Si l’essor de la liberté en France est encore lent et parcellaire, des évènements comme la révolution Ron Paul, le développement de Students for Liberty, l’engouement d’un nombre grandissant de jeunes pour les idées libérales, tout cela laisse tout de même présager des jours meilleurs en France pour le libéralisme.
C’est dans cet esprit que l’Institut Coppet propose du matériel intellectuel, pédagogique et logistique, particulièrement pour les étudiants. Un séminaire philosophique est organisé le 2 mai, à Paris, avec Nigel Ashford, pour former les jeunes aux différentes écoles de pensée du libéralisme, de l’école du Public Choice et du monétarisme à l’école autrichienne. C’est aussi dans cet esprit qu’un livre sur la démocratie, Dépasser la démocratie, a été traduit par Benoît Malbranque, chercheur associé à l’Institut Coppet, que des podcasts sont régulièrement publiés, que des ebooks, des livres électroniques au format epub et mobi, sont proposés librement et gratuitement sur le site.
Il faut également souhaiter que le réseau Students for Liberty se développe davantage en France, et qu’un maillage complet du territoire permette aux étudiants épris de liberté de se rencontrer, de socialiser, et de disposer d’une structure efficace et complète qui leur apporte à la fois la formation nécessaire, les moyens techniques et logistiques, mais également les outils intellectuels et les références bibliographiques indispensables dans l’objectif de découvrir ou d’approfondir sa culture libérale. Vous pouvez aller sur le site international de Students for Liberty ou bien prendre contact avec Students for Liberty Paris si vous souhaitez créer une structure similaire dans votre ville. C’est vraiment par le développement et la diffusion du libéralisme chez les jeunes et chez les étudiants que l’on formera les futurs leaders de demain, un des premiers motifs de l’existence de Students for Liberty. On compte sur vous !
Voici quelques photos de la conférence, pour apprécier l’ambiance :