Entre mère et fille

Sans cesse sur la brèche, Frédéric Passy a consacré son infatigable ardeur à la popularisation des nombreuses idées qui lui tenaient à cœur. Dans cette petite brochure d’éducation féminine, publiée en 1907, il présente en language accessible à l’enfance les mystères de la reproduction et offre des conseils aux jeunes gens, sur le mariage, la vie sentimentale, et les principes de la vie quotidienne. 

Anarchisme théorique et collectivisme pratique, par Alphonse Courtois (1885)

Pour lutter contre le développement des idées socialistes, qu’il présente comme l’exact opposé des vérités démontrées de l’économie politique, Alphonse Courtois étudie dans cette brochure leurs fondements et leurs modes de réalisation. L’étude des principaux auteurs de ce courant — Karl Marx, F. Engels, Schäffle — montre que derrière un anarchisme théorique (l’État disparaissant en théorie avec la fin de la société de classes), se trouve un collectivisme pratique, dont les moyens tyranniques laissent prévoir une immense déchéance à la nation qui aurait l’imprudence d’appliquer le socialisme à la mode de ces auteurs.

Des limites de l’intervention de l’État dans la question ouvrière

Lors de la discussion à l’Académie des sciences morales et politiques en 1886, sur les attributions légitimes de l’État, Léon Aucoc prend la parole après les partisans du laissez-faire, Paul Leroy-Beaulieu et J.-G. Courcelle-Seneuil, et après les réclamations faites par le philosophe Paul Janet, plus ouvert aux revendications du socialisme. Pour Léon Aucoc, s’opposer au socialisme est une évidence, et lui-même se place dans le camp du libéralisme, mais d’un libéralisme souple, prêt à quelques concessions. Car pour remporter la bataille des idées, soutient-il, il convient de ne pas s’accrocher à des principes théoriques absolus et relevant de l’utopie, au risque de rester sans poids dans les discussions politiques.

Correspondance entre M. Graslin et M. l’abbé Baudeau sur un des principes fondamentaux de la doctrine des soi-disants philosophes économistes

En 1777, l’économiste Graslin publie en brochure la discussion critique échangée dix ans auparavant entre lui-même et le physiocrate Baudeau. Il s’agissait alors du premier livre de controverse économique de l’histoire. Dans cette discussion (arrangée éditorialement par Graslin, qui prit quelques libertés) les deux économistes débattaient tout d’abord de la question de la productivité de l’industrie ; la discussion passait ensuite sur le thème du progrès technique et du sort des ouvriers remplacés par les inventions nouvelles.

De la politique extérieure de la france au 29 octobre 1840

En 1839, lorsque les affaires d’Orient agitent l’Europe, la Chambre des députés et la presse sont unanimes pour réclamer une intervention de la France, qui puisse jouer son rôle dans les discussions, faire connaître et respecter ses intérêts, et maintenir sa réputation de grande puissance qui compte dans les affaires du monde. Quand, l’année suivante, cette unanimité s’étiole, Gustave de Beaumont, chaleureux partisan, comme Tocqueville, d’une politique étrangère active, produit une petite brochure pour critiquer cette tendance et rappeler son attachement constant pour l’influence française sur le monde, par la diplomatie et par les armes.

Communauté et communisme

À la veille du déchaînement révolutionnaire de la Commune de Paris, Frédéric Passy attaque les idées désormais populaires du communisme. Cette théorie lui paraît tout à la fois réfutée par la pratique et la théorie. Elle n’aboutit, en fin d’analyse, qu’au dénuement commun et à l’arrêt du progrès, lequel n’est stimulé, l’espèce humaine étant ce qu’elle est, que par le mobile de l’intérêt personnel. En renversant la propriété et en niant la liberté, le communisme se montre ainsi l’ennemi de la communauté des hommes.

La question des jeux (1872)

« La loterie, quelque bien réglementée qu'on la suppose, a toujours été, elle sera toujours la glorification de la chance, c'est-à-dire la déconsidération du travail et de l’ordre. En détournant de l'application, de l'économie, de la vie régulière, elle accoutume à attendre la fortune, comme une manne, d'autre chose que des efforts qui la conquièrent et la conservent ; elle abaisse les hommes en les poussant à convoiter plus qu'à mériter. Elle les porte à l'oisiveté, à l'impatience, aux comparaisons injustes et envieuses ; à l'irritation quand la roue leur est contraire, à la dissipation quand elle leur est favorable, à l'imprévoyance et à l'irréflexion toujours. Elle engendre, en un mot, les habitudes les plus opposées à la prospérité publique comme à la prospérité particulière, les plus déplorables au point de vue du bonheur domestique et de la tranquillité sociale. »

L’amélioration des logements d’ouvriers dans ses rapports avec l’esprit de famille

Suite au concours organisé en 1889 par l’Académie des sciences morales et politiques sur la question des logements ouvriers, Henri Baudrillart présente dans son rapport les conclusions de la section de morale, appelée à distribuer le prix. Il les fait précéder d’une longue analyse de cette question, où il s’attache à délimiter les bornes réduites de l’action étatique et à rappeler la supériorité générale des procédés fondés sur l’initiative individuelle, la propriété et la liberté.

L’agitation communiste et révolutionnaire dans les réunions populaires

En 1869, Henri Baudrillart signale comme très dangereuse la fermentation communiste et révolutionnaire qui se développe librement dans les réunions populaires parisiennes, et qui devait aboutir à brève échéance à l’effusion de la Commune de Paris. Non, sans doute, pour réclamer à la loi de sévir, car ces exagérations et cet usage malfaisant de la liberté ne changent pas, dit-il, son adhésion totale au principe de la liberté. Mais du moins ces développements doivent servir d’avertissement, tant aux agitateurs qu’aux classes bourgeoises prises à parti.

Exposition de la loi naturelle

Dans ce texte de 1767, reproduit en brochure, le physiocrate Nicolas Baudeau part à la recherche des fondements du droit naturel, et de la vraie base des lois positives. C’est dans le besoin qu’a chaque homme de tirer de son travail sa subsistance de chaque jour, que repose, en dernière analyse, l’origine de la liberté et de la propriété. Ces bases réelles de toute société nécessitent encore une autorité supérieure dont la mission seule et unique est de les protéger des atteintes intérieures et extérieures.

Critique physiocratique d’un collègue libéral : Condillac

En 1776, Turgot est au ministère, mais les physiocrates, loin d’être arrivés au pouvoir, sont en vérité sur la défensive. Turgot lui-même, et nombre autres, tels Condillac,  ou Morellet, quoique passant auprès du grand public pour leurs affiliés en raison de la proximité de leurs doctrines, sont en vérité jugés sévèrement par le petit nombre des fidèles physiocrates, du nombre desquels Baudeau, le premier, est resté. Lui qui vient de faire revivre ses Éphémérides consacre à Condillac un article critique dans lequel il expose quelques-unes des dissemblances de fond que le nouvel économiste, auteur du livre sur Le commerce et le gouvernement, entretient avec la doctrine fixée jadis par François Quesnay.

Documents inédits relatifs à l’exil des physiocrates Baudeau et Roubaud suite au renvoi de Turgot (juillet-septembre 1776, 28 pièces.)

Après le renvoi de Turgot, le 12 mai 1776, les physiocrates sont emportés dans la débâcle. Les abbés Baudeau et Roubaud, qui déplaisaient par leur plume acerbe et libre, sont exilés, le premier en Auvergne, le second en Berry (actuelle Indre). Les vingt-huit documents inédits publiés ici, issus des Archives de la Bastille, racontent la réalité de cette proscription qui devait attiédir les esprits que les physiocrates et les philosophes étaient accusés de tenir dans un dangereux bouillonnement.

Les populations agricoles de la Toscane, étude d’économie rurale

Dans une livraison de la Revue des Deux Mondes, Paul Leroy-Beaulieu analyse le caractère économique de la Toscane. Région fortement montagneuse, propice à la culture des terres, mais troublée par des miasmes dangereux, cette terre intéresse aussi bien par son mode de culture que par les mœurs rustiques de ses habitants. Elle offre à l’auteur le visage de l’authenticité rurale, que la grande industrie va transformant à marche forcée.

De l’instruction secondaire en France, de ses défauts, de leurs causes, et des moyens d’y remédier

En 1846, Frédéric Passy entre dans la carrière de l’économie politique en suivant les traces de son père, Hippolyte Passy, contributeur habituel du Journal des économistes et membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Avec mesure et même une sorte de timidité, qui tranche avec ses prises de position audacieuses de la suite de sa carrière, il étudie alors les réformes à introduire dans l’instruction secondaire, vantant notamment l’introduction des sciences et des langues vivantes.

Les tarifs de chemins de fer et l’autorité de l’État (1880)

Comme la majorité des économistes libéraux de la seconde moitié du XIXe siècle présents dans les cercles officiels tels l’Académie des sciences morales et politiques, Léon Aucoc, auteur par ailleurs prolifique dans le Journal des économistes, défend un libéralisme modéré et consensuel, qui abandonne plusieurs facettes du programme des J.-B. Say ou des Bastiat. Ainsi, sur la question des chemins de fer, il n’est plus temps, d’après lui, de repousser l’intervention de l’autorité pour la délimitation des tracés, les mesures de sécurité ou le niveau des tarifs : il faut — et il agit dans ce sens dans cette étude de 1880 que nous republions — se borner à conseiller à l’État une maîtrise et une surveillance juste et sensée de cette sphère d’activité, qui dépend à présent de son pouvoir.

Les colonies et la politique coloniale de la France

En 1865, la parution d’un ouvrage sur ce thème est l’occasion pour Michel Chevalier d’engager devant l’Académie des sciences morales et politiques, où les libéraux sont majoritaires, une discussion sur les colonies et la politique coloniale de la France. Au sein de ce cercle du libéralisme officiel, le scepticisme envers le bien-fondé de la colonisation ne trouve pas de place : l’un après l’autre, les orateurs, tous célèbres pour leur contribution au libéralisme, étudient les raisons pour lesquelles la France peine encore à développer ses colonies, toujours d’après un présupposé partagé, que la colonisation est une visée noble pour la France.

L’abbé de Saint-Pierre, lecteur de Sully

Dans son fameux Projet de paix perpétuelle (1713, 1717), l'abbé de Saint-Pierre soutient, citations à l’appui, que Sully et Henri IV avaient eu en leur temps le même projet que lui : former une alliance des États européens qui se garantiraient les uns les autres la possession tranquille de leur territoire respectif, afin de mettre fin à toute guerre offensive.

Les trade’s unions et l’Association internationale des travailleurs

À la veille de l’embrasement révolutionnaire de la Commune de 1870, le jeune Paul Leroy-Beaulieu analyse le développement des syndicats ou trade’s unions en Angleterre, ainsi que la récente organisation française, aux allures menaçantes, connue sous le nom d’Association internationale des travailleurs. Il examine ses procédés de combat social et les déceptions qu’amènent leur remue-ménage et leurs convictions hostiles. 

Michel Montaigne et diverses questions d’économie politique et d’administration, par A. Grün

Pour approfondir la reconnaissance de Montaigne comme précurseur des économistes, Alphonse Grün poursuit la discussion engagée dans un précédent article, et reproduit, dans le Journal des économistes, une pièce d’archives alors tout juste découverte. Il s’agit d’une réclamation signée par Montaigne, et provenant des archives municipales de Bordeaux (ville dont il fut le maire pendant quatre années), et qui signalent l’inégalité de l’impôt et la triste situation des campagnes après les guerres de religion.

Les sociétés anonymes en Angleterre et en Italie

Si les sociétés anonymes sont les formes les plus adaptées à l’économie industrielle moderne, juge Paul Leroy-Beaulieu, encore faut-il que le cadre réglementaire qui les concerne n’empêche pas leur développement juste et légitime. L’État, écrit-il en 1869, ne peut et ne doit exercer un contrôle direct ou soumettre les sociétés anonymes à des autorisations législatives. Il y a une place pour lui, toutefois, dans un soutien intelligent apporté aux actionnaires pour exiger la publicité, la transparence et la vérité des informations sur lesquelles reposent leurs investissements.