Les animaux reproducteurs 

À la suite de l’Exposition universelle tenue à Paris en 1855, Léonce de Lavergne, spécialiste des questions agricoles, revient dans la Revue des Deux Mondes sur les concours d’animaux reproducteurs. Il dresse le bilan des efforts faits en France et en Angleterre pour le croisement des races, l’amélioration ou la spécialisation, et fournit ses appréciations et recommandations à cet égard.

Le droit de propriété et les propriétaires fonciers 

Dans cet article de 1892, Ernest Martineau, le « Bastiatiste convaincu et documenté » (dixit Jules Fleury à la Société d’économie politique, en juillet 1901) signale l’absurdité de la démarche des grands propriétaires fonciers, qui, en poussant à l’augmentation des tarifs protecteurs, sapent le principe même de la propriété et fournissent des armes au camp socialiste, dont par ailleurs ils sont épouvantés. Les grands propriétaires fonciers, dit-il, sont dupes des promesses des partisans du protectionnisme, et la fortune qu’ils croient se fabriquer sur le dos des consommateurs n’est en vérité qu’un mirage, un pis-aller, en comparaison de la prospérité véritable qu’amènerait pour tous le libre-échange intégral.

Les fêtes publiques

Pour Henri Baudrillart, les fêtes publiques ne sont pas des dépenses improductives si elles moralisent, enrichissent la pensée et développent les individus. Pour cela, elles doivent être en harmonie avec l’époque, et contenir une forte dose de liberté. Les fêtes orchestrées et préparées minutieusement à l’avance appartiennent au ridicule de la Révolution française et ajoutent à ses errements. En cette fin de XIXe siècle, l’action à mener est à la fois négative et positive : d’un côté, il faut extirper autant que possible les fêtes dyonisiaques telles que les kermesses du nord de la France, et se refuser aux égarements de violence aveugle comme les combats de taureaux. Positivement, à l’époque de l’industrie, du travail et des échanges, l’Exposition universelle représente l’exemple d’une fête utile.

République et liberté. Lettre au rédacteur

En 1871, le jeune Ernest Martineau apparaît sur la scène journalistique avec des convictions solides, en droite ligne de celles de Frédéric Bastiat, qu’il reconnaîtra bientôt comme son maître. Au milieu des agitations politiques et des controverses, dit-il, la juste compréhension des notions cardinales de la modernité, que sont la liberté et la propriété, doit servir de guide aux républicains, qui veulent fonder le régime de la France à venir. Cet effort d’analyse permettra de rejeter l’héritage embarrassant de l’Antiquité et de ses émules comme Rousseau, et de fonder une société véritablement fondée sur la liberté et la justice.

Les grands magasins universels et les petits détaillants (Partie 1)

Dans son journal L’Économiste français, Paul Leroy-Beaulieu étudie en décembre 1875 les plaintes des petits détaillants, qui souffrent de la concurrence croissante des grands magasins généralistes. Pour Leroy-Beaulieu, si les grands magasins prospèrent, c’est qu’ils rendent un meilleur service à leur clientèle, et le petit commerce doit répondre par le bon marché, par des produits plus personnels, par l’innovation, à leur invasion. Le régime fiscal entre les uns et les autres doit naturellement rester équilibré, et ne pas privilégier tels ou tels acteurs : mais à l’analyse, il ne semble pas que l’impôt soit démesurément porté par le petit commerce. Il reste aux petits détaillants les ressources de la liberté et de l’association pour résister à l’assaut de leurs ingénieux concurrents.

Le luxe des nations antiques

Historien du luxe public et privé, Henri Baudrillart examine pour le Journal des économistes (1877) le cas de l’Égypte ancienne, à travers les siècles de sa longue histoire. La somptuosité des parures des femmes, signe d’une liberté rare en Orient, se mêle à l’extraordinaire majesté des édifices religieux, rappelant la puissance du pouvoir sacerdotal : le tout forme, par touches successives, un tableau vif en couleur et pleins d’enseignements, d’une civilisation ancienne qui avait comme la nôtre son faste bien ou mal entendu.

Avantages que doit produire l’agrandissement continuel de la ville capitale d’un État

À l’époque où l’abbé de Saint-Pierre écrit ce texte, Paris est en proportion deux fois moins peuplée que Londres. Pour l’auteur, l’accroissement libre de la capitale ne serait que bénéfique : une capitale est un lieu d’émulation, de progrès, de concurrence plus vive, elle propose à ses habitants une existence plus douce et plus prospère. Il ne faut pas craindre cette immigration vers la capitale, mais s’attacher à mettre à niveau les institutions de police ou de justice, et les aménagements comme routes, ponts, écluses, etc.

Y a-t-il des impôts moralisateurs, et, dans le cas de l’affirmative, à quels caractères les reconnaît-on ?

En décembre 1888, Frédéric Passy, Léon Say, Henri Baudrillart et quelques autres examinent à la Société d’économie politique la question des impôts moralisateurs. Ce n’est pas à proprement un objectif légitime pour l’impôt, disent-ils généralement, que de moraliser : s’il est justement réparti, et instauré pour de bons motifs, il donne un bon exemple ; mais au-delà, l’objectif de dissuader par ce moyen la consommation d’alcool ou de tabac, par exemple, n’est pas légitime. Entre deux impôts, celui qui moralise vaut mieux que celui qui démoralise, mais ce n’est pas l’objectif premier de la fiscalité : celle-ci doit pouvoir aux dépenses collectives, et non régenter et régénérer l’humanité.

Chronique (Journal des économistes, mai 1893)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de mai 1893, la tyrannie syndicale et la manifestation du 1er mai, la protection des salaires par l’interdiction de la main-d’œuvre étrangère, la famine en Algérie, et la progression parallèle des budgets et des impositions en France.

Lettre sur les femmes

Préparant son Ouvrage sur les femmes (1740), Louise Dupin reçoit le soutien et les réflexions personnelles de l’abbé de Saint-Pierre. Dans cette longue lettre, il recourt à l’histoire antique — grecque, romaine mais aussi chinoise — pour aider à la réhabilitation des femmes. Leurs vertus morales, leur bravoure, leur abnégation et même leurs talents, éclatent au grand jour à la lecture de l’histoire du monde. Il est temps, dit-il, de rendre les femmes les égales des hommes.

Chronique (Journal des économistes, juillet 1882)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de juillet 1882, les subventions publiques faites à l’Opéra national, l’antisémitisme en Russie, la crise internationale autour de l’Égypte et du canal de Suez, le monopole du tabac en Allemagne, et le développement du protectionnisme en Russie et aux États-Unis.

Les bibliothèques et les cours populaires

Dans cette conférence, Henri Baudrillart signale les bons effets que les bibliothèques et les cours populaires ont sur l’état moral et économique des ouvriers, en leur permettant de trouver à moindres frais de l’instruction et la douceur de la littérature. Si les efforts de l’initiative individuelle et des associations libres sont surtout recommandables à ses yeux, il ne rejette pas tout à fait l’aide de l’État, qui peut accompagner ces efforts, tout en restant autant que possible en retrait. Car il ne faudrait pas que sous prétexte de bonnes intentions, la puissance publique se fasse la tutrice et la providence forcée des masses.

Liberté et autorité

Pour Ambroise Clément, le maintien de la compression des libertés individuelles, et la vogue des théoriciens qui les soutiennent, s’explique avant tout par une méprise grave commise par l’immense majorité du public, et même nombre d’esprits soi-disant libéraux, sur le vrai sens de ces deux notions : liberté et autorité. Contre les timides et les modérés, A. Clément proclame ce qu’est le vrai sens de l’un et de l’autre, en s’appuyant sur les principes posés jadis par Charles Comte et Charles Dunoyer, et que les économistes libéraux du Journal des économistes paraissent encore les seuls à comprendre et à maintenir.

L’idée de paix chez les économistes libéraux

À la toute fin du XIXe siècle, à une époque marquée par la montée en puissance du militarisme, du bellicisme et du protectionnisme, les économistes libéraux restent profondément fidèles à l’idéal pacifiste porté par leurs prédécesseurs du XVIIIe siècle et par certains de leurs grands représentants d’alors, comme Frédéric Passy, bientôt Prix Nobel de la paix. Lors d’une réunion de la Société d’économie politique, Gustave de Molinari et quelques autres reviennent sur cet attachement indéfectible et sur les moyens que le libéralisme promeut pour garantir la stabilité de la paix internationale.

De l’organisation sociale considérée dans ses rapports avec les moyens de subsistance des peuples (1817)

La société moderne, qui est agricole, industrielle et commerciale, et qui ne doit par conséquent pas vivre par la guerre, les conquêtes et les rapines, doit appeler aux fonctions gouvernementales des hommes qui ont un intérêt direct à conserver et à protéger les propriétés qui mettent en valeur l’industrie, le commerce et l’agriculture. Celui qui s’est enrichi par la spoliation privée ou publique, n’y pourrait prétendre, car ce serait « mal prouver qu’on respectera et qu’on fera respecter les propriétés d’autrui, que de produire des biens qui attestent qu’on les a constamment violées ».

Défense de l’agiotage, par Alphonse Courtois

Sans cesse vilipendée, la spéculation, aussi connue sous le nom d’agiotage, ne trouva pas chez les économistes libéraux eux-mêmes de très nombreux défenseurs. Associée à un jeu, et enrichissant ses acteurs par autre chose qu’un effort productif, elle s’est vu critiquée tant par Jean-Baptiste Say que par ses principaux successeurs. En disciple de Bastiat, Alphonse Courtois relève le défi, en 1864, de défendre l’agiotage au double point de vue économique et moral.

Les États-Unis de l’Europe et la paix internationale

À la veille de la guerre franco-prussienne de 1870, Michel Chevalier présente devant la Ligue internationale et permanente de la paix l’institution qui, dans son esprit, pourrait seule fonder et garantir la paix européenne. Il s’agirait, dans ses voeux, d’une confédération européenne semblable à celle des États-Unis d’Amérique, avec un congrès électif, une monnaie commune, et dans laquelle les citoyens, quand on leur demanderait leur nationalité, diraient désormais : « Je suis européen ».

L’économie politique fournit-elle des lumières aux peuples pour la délimitation des circonscriptions nationales ?

En décembre 1865, la Société d’économie politique discute sur la question des nationalités et des frontières. Que trouvent à dire les économistes aux annexions de territoire, aux sécessions, et aux guerres ? Pour de nombreux orateurs, ce jour là, ces questions relèvent de la politique plutôt que de l’économie. Mais selon Joseph Garnier et quelques autres, la science économique porte avec elle la condamnation des luttes nationales, du militarisme et de la colonisation, car elle plaide pour la liberté et repousse la contrainte.

La famille et la société

Prenant le prétexte de deux ouvrages récents consacrés à la famille, et en les commentant, Frédéric Passy expose ses idées de régénération sociale par la liberté. L’éducation classique, détenue en monopole par l’État, lui paraît la source des plus grands maux, et si la vie morale de la société doit s’améliorer, ce sera, juge-t-il, par la liberté complète de l’éducation qui, solidifiant le rôle des parents, juges en dernier ressort, en consommateurs, de l’éducation dispensée à leurs enfants, raffermira la famille, socle de la société.

Du recrutement et de l’avancement des fonctionnaires publics

Si l’on cherchait en théorie le système le mieux fait pour ralentir la marche d’un service et donner les plus médiocres résultats, il est probable qu’on s’arrêterait à l’inamovibilité des employés et à leur progression par ancienneté : car rien ne dégoûte plus de faire des progrès, que l’absence de récompense, et rien ne protège plus des errements, que l’invulnérabilité érigée en système. — En soulignant ces maux en 1874, Jean-Gustave Courcelle-Seneuil continue sa charge contre le nouveau « mandarinat » et expose ses propositions de réforme.