L’Éthique de la liberté de Murray Rothbard
Dans la collection Bibliothèque classique de la liberté , avec une nouvelle préface de Jérémie Rostan.
Voir notre entretien avec Jérémie Rostan
Par ailleurs, la Fondapol, sur son blog Trop Libre, vient de publier une excellente recension, parue aussi dans Le Monde du 2 juin.
En voici un extrait :
« Les apologistes de l’État soutiennent que l’impôt serait en fait volontaire. Il suffit, pour réfuter cette thèse, de se demander ce qui arriverait si les hommes de l’État renonçaient à l’imposition et se contentaient de demander des contributions volontaires… »
Murray Rothbard, L’éthique de la liberté, Paris, Les Belles Lettres, 2011. Traduction de The Ethics of Liberty, Atlantics Highlands, NJ : Humanities Press, 1982.
La réédition par Les Belles Lettres de L’éthique de la liberté est l’occasion de découvrir ou redécouvrir la pensée de Murray Rothbard, géant de la pensée libertarienne au même titre qu’Ayn Rand ou Robert Nozick. Économiste, représentant de l’École Autrichienne (il fut l’élève de Von Mises, dont il suivit les séminaires dans les années 1950) et défenseur de l’anarcho-capitalisme le plus radical, Rothbard est sans doute l’un des auteurs les plus originaux, iconoclastes et stimulants que la famille libérale ait engendrés.
L’éthique de la liberté, publiée à l’origine en 1982, en est la meilleure preuve, tant l’ouvrage conduit le lecteur à se demander « si un autre monde ne serait pas possible », pour reprendre l’expression fétiche d’une certaine famille politique.
En effet, Rothbard prône la suppression de l’État, considéré comme le Mal absolu, et par conséquent la privatisation de toutes les fonctions exercées par ses soins, y compris la Défense et la Justice. Conjonction du libéralisme classique tel qu’il a été théorisé par Adam Smith ou Frédéric Bastiat et d’un anarcho-individualisme symbolisé par des auteurs américains comme Henry David Thoreau, Lysander Spooner ou encore Benjamin Tucker, l’anarcho-capitalisme rothbardien, n’est pas pour autant, comme on le présente souvent, l’apologie d’une quelconque « loi du plus fort » : il se fonde, bien au contraire, sur des principes éthiques explicites et affirmés, comme l’indique le titre même de l’ouvrage.
Les fondements éthiques de l’anarcho-capitalisme
Pour Rothbard, l’individu a en effet des droits absolus, fondés sur la nature de l’Homme et la propriété de soi. Il s’appuie en cela sur John Locke, dont il présente le Deuxième traité du gouvernement civil comme l’une des premières tentatives systématiques de construction d’une théorie libertarienne et individualiste du droit naturel.
Du droit naturel et de la propriété de soi découle le principe selon lequel chaque individu est le seul propriétaire légitime des fruits de son travail : puisque je suis propriétaire de mon esprit et de mon corps, je suis également propriétaire des biens qu’ils produisent, qui ne peuvent donc être cédés que par le biais de l’échange volontaire ou du don. Murray Rothbard est ainsi un jusnaturaliste : le libre-échange et le droit de propriété ne sont pas justifiés parce qu’ils sont efficaces et produisent un plus grand bien-être pour les individus (argument des libéraux conséquencialistes ou utilitaristes dont fait partie Hayek par exemple) mais parce qu’ils sont les seuls compatibles avec les principes éthiques de la liberté.
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