Reagan disciple de Bastiat : 100 ans

Ce 6 février, Ronald Rea­gan aurait eu 100 ans.

A cette occasion, le Bulletin d’Amérique lui consacre un dossier spécial.

Léonard Liggio Professeur à l’Université George Mason de Virginie (USA) écrivait dans une édition américaine de “La Loi” de Bastiat :

“Lorsqu’on lit les discours de Reagan écrits par lui, ou ses réponses spontanées lors des conférences de presse, l’influence de Bastiat apparait en effet clairement.”

Voici ce qu’écrivait encore Leonard Liggio :

BASTIAT a toujours eu une grande influence aux Etats Unis. D’abord parce qu’il était Français, et les Américains ont dès la fin du XVIII° siècle apprécié la pensée libérale française. Beaucoup d’entre eux, émigrés huguenots ou rescapés de la Révolution, lisaient le français, d’autres avaient plus de sympathie pour ce qui venait de France, le pays qui avait combattu pour l’Indépendance, que d’Angleterre. Ainsi Jean Baptiste Say, Destutt de Tracy, ont-ils été lus et traduits en Amérique très vite. Bastiat lui-même a vu ses Harmonies traduites très tôt par McCodd, et ce sera pendant longtemps la seule édition des œuvres de l’économiste français circulant Outre-Atlantique, passant d’ailleurs d’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud.

Avec le XX° siècle la connaissance et la popularité de Bastiat ont disparu. Il faut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour voir un intérêt nouveau renaître pour les idées de la liberté, si dramatiquement oubliées avec Roosevelt et les régimes totalitaires en Europe. Un des artisans de ce renouveau sera Ludwig von Mises, un de ces nombreux intellectuels européens ayant fui l’Europe en passant par l’Espagne et le Portugal pour rejoindre le continent de la liberté. Installé à New York, MISES organisa des séminaires qui attirèrent des esprits remarquables : George Stigler, Milton Friedman, tous deux futurs prix Nobel, Israël Kirzner, mais aussi des journalistes comme Henry Hazlitt. David Harper et George Morley firent partie des habitués de ces séminaires. Un des participants a été Leonard Reed, chef d’une entreprise importante de brasserie, qui devient Président de la Chambre de Commerce de Los Angeles. Hazlitt, chroniqueur économique du New York Times, et Leonard Reed, veulent faire connaître la pensée de MISES, et amener les Américains à connaître les principes de fonctionnement du marché. Ils créent non loin de New York, à Irvington on Hudson, la FEE, et intéressent un grand nombre de compagnies américaines à leurs publications. C’est aussi le moment (1947) où Hayek crée la Société du Mont Pèlerin : il y a un sommet de la pensée libéral en Amérique à cette période. Hazlitt fait connaître à Leonard Reed les pamphlets de Bastiat, La Loi, et L’Etat.

Une des compagnies qui suit les programmes de FEE est la General Electric, implantée à Los Angeles. Elle veut motiver ses cadres, leur faire comprendre la philosophie du marché et de la concurrence. Le vice président de GE s’adresse à Ronald Reagan pour animer ces discussions sur la libre entreprise et le marché. Dans les documents remis à Reagan pour préparer son travail figurent les pamphlets de Bastiat.

C’est une immense découverte pour Reagan, il ne cessera désormais de se référer aux idées du grand économiste français, notamment sur le caractère spoliateur de l’impôt et le caractère bienfaisant de la propriété. GE obtient des résultats remarquables grâce aux séminaires et engage Reagan à se présenter aux élections de gouverneur de la Californie. Contre toute attente, Reagan est élu. Commence alors pour lui une véritable croisade libérale. Dans ses discours les thèmes et les textes de Bastiat apparaissent toujours. Cela changera quelque peu quand il sera à la Maison Blanche car ses discours seront souvent faits par d’autres, mais dans les conférences de presse et en direct, Reagan demeurera toujours un fervent disciple de Bastiat. »

Pour le souvenir, écoutons un extrait du discours d’investiture de Reagan à la présidence des Etats-Unis il y a tout juste 30 ans, le 20 janvier 1981 :

Reagan

«In this present crisis, government is not the solution to our problem; government is the problem.»

Dans cette crise actuelle, l’Etat n’est pas la solution à notre problème ; l’Etat est le problème. De temps en temps nous avons été tentés de croire que la société est devenue trop complexe pour être contrôlée par la discipline de chacun, que le gouvernement par une élite était supérieur au gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Et bien, si personne parmi nous n’est capable de se gouverner lui-même, alors qui parmi nous a la capacité d’en gouverner un autre ?

Pour approfondir, voir l’article de Damien Theillier sur le Bulletin d’Amérique

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