Qu’est-ce que le fascisme ?

Le fascisme est un système de gouvernement tout à fait contraire à la morale classique du libéralisme. Toutefois, malgré le caractère largement péjoratif de ce terme en politique, les caractéristiques principales de la politique fasciste peuvent expliquer en grande partie les comportements politiques et les systèmes de valeur d’une grande majorité des intellectuels, des militants, et des hommes politiques de l’époque contemporaine, notamment aux États-Unis.


Qu’est-ce que le fascisme ?

Par Lew Rockwell

Traduit par Jacques Peter, revu et complété par Marc Lassort

 

Tout le monde sait que le fascisme est un terme péjoratif souvent utilisé pour décrire toute position politique de quelqu’un que l’on n’aime pas. Il n’y a personne autour de nous qui soit prête à se lever et à dire : « Je suis un fasciste, je pense que le fascisme est un grand système économique et social. »

Mais je soutiens que s’ils étaient honnêtes, la grande majorité des hommes politiques, des intellectuels, et des activistes politiques devraient justement dire cela.

Le fascisme est le système de gouvernement qui cartellise le secteur privé, planifie l’économie en vue de subventionner les producteurs, exalte l’État policier comme source de l’ordre, nie les droits et les libertés fondamentales des individus, et fait de l’exécutif le maître sans bornes de la société.

Cela décrit le courant dominant de la politique en Amérique aujourd’hui. Et pas seulement en Amérique. C’est également vrai en Europe. Cela fait tellement partie de la pensée dominante qu’on ne s’en rend pratiquement plus compte.

Il est vrai que le fascisme n’a aucun appareil théorique global. Il n’a pas de grand théoricien comme Marx. Cela ne le rend pas moins réel et distinct comme système social, économique et politique. Le fascisme se développe aussi comme un style distinct de gestion économique et sociale. Et il est autant voire plus une menace à la civilisation que le socialisme à part entière.

C’est parce que ses caractéristiques font tellement partie de la vie – et l’ont été pendant si longtemps – qu’elles sont presque invisibles pour nous.

Si le fascisme nous est invisible, c’est vraiment le tueur silencieux. Il greffe sur le marché libre un État énorme, violent et pesant qui draine son capital et sa productivité comme un parasite mortel sur son hôte. C’est pourquoi l’État fasciste a été appelé l’économie vampire. Il suce la vie d’une nation et conduit une économie jadis prospère à une mort lente.

Laissez-moi vous donner un exemple récent.

Le déclin

Nous disposons des premières données du recensement américain de 2010. L’histoire qui a fait les grands titres concernait la plus forte augmentation de la pauvreté depuis 20 ans, représentant maintenant 15%.

Mais la plupart des gens entendent cela et n’y croient pas, sans doute pour une bonne raison. Les pauvres dans ce pays ne sont pauvres à l’égard d’aucun critère historique. Ils ont des téléphones portables, la télévision par câble, des voitures, beaucoup de nourriture, et beaucoup de revenu disponible. Qui plus est, les pauvres sont tout sauf une classe fixe. Les gens vont et viennent, en fonction de l’âge et des circonstances de la vie. De plus, dans la politique américaine, quand vous entendez pleurnicher à propos des pauvres, vous savez ce que cela signifie : mettre la main à la poche pour l’État.

Enterré dans le compte rendu, il y a un autre fait qui a une signification bien plus profonde pour la plupart des gens. Il concerne le revenu médian des ménages en termes réels.

Ce que les données ont révélé est dévastateur. Depuis 1999, le revenu médian des ménages a baissé de 7,1%. Depuis 1989, le revenu médian est plat. Et depuis 1973 et la fin de l’étalon or, il a à peine progressé. La grande machine à fabriquer de la richesse qu’était jadis l’Amérique est un échec.

Aucune génération nouvelle ne peut plus espérer vivre mieux que la précédente. Le modèle économique fasciste a tué ce qu’on appelait autrefois le rêve américain. Et la vérité est évidemment même pire que ne le révèlent les statistiques. On doit tenir compte du nombre de revenus au sein d’un ménage pour connaître le revenu total. Après la Seconde Guerre mondiale, la famille disposant d’un seul revenu devint la norme. Puis la monnaie fut détruite, l’épargne américaine fut réduite à néant et le capital formant la base de l’économie fut ravagé.

C’est à ce moment que les ménages commencèrent à se débattre pour rester à flots. L’année 1985 fut l’année charnière. C’est l’année où il devint courant pour un ménage d’avoir deux revenus plutôt qu’un seul. Les mères rejoignirent le marché du travail pour maintenir les revenus à niveau.

Les intellectuels acclamèrent cette évolution, comme si c’était une libération, poussant des hosannas en annonçant que toutes les femmes, partout, seraient dorénavant inscrites comme de valeureuses contributrices aux coffres de l’État en matière d’impôts. La véritable cause est le développement de la monnaie fiduciaire qui a déprécié la monnaie, volé les économies et poussé les gens dans le marché du travail pour en faire des contribuables.

Cette histoire n’est pas racontée uniquement dans les données. Vous devez regarder la démographie pour la découvrir.

Cet énorme déplacement démographique a permis aux ménages de gagner 20 années supplémentaires de prospérité apparente, encore qu’il soit difficile de l’appeler ainsi, vu qu’il n’y avait plus de choix. Si vous vouliez continuer à vivre le rêve, le ménage ne pouvait plus s’en sortir avec un seul revenu.

Mais cet énorme décalage était simplement une échappatoire. Cela a acheté 20 ans de légères augmentations avant que la tendance des revenus ne s’aplatisse de nouveau. Au cours de la dernière décennie, nous sommes de retour à la baisse. Aujourd’hui, le revenu médian familial n’est que faiblement supérieur à ce qu’il était lorsque Nixon détruisit le dollar, instaura le contrôle des prix et des salaires, créa l’Agence de protection de l’environnement, et que tout l’appareil parasitaire de l’État-providence-guerrier s’implanta et se généralisa.

Oui, c’est du fascisme, et nous en payons le prix. Le rêve est en train d’être détruit.

Les propos tenus à Washington au sujet des réformes, par les Démocrates ou les Républicains, sonnent comme une mauvaise plaisanterie. Ils parlent de petits changements, de petites coupes budgétaires, de commissions qu’ils vont mettre en place, de freins qu’ils appliqueront dans dix ans. Ce n’est que du bruit vain. Rien de tout ça ne résoudra le problème. Pas même un peu.

Le problème est plus fondamental. C’est la qualité de la monnaie. C’est l’existence même de 10 000 agences publiques. C’est toute l’idée qu’il faut payer l’État pour avoir le privilège de travailler. C’est la présomption que l’État doit gérer chaque aspect de l’ordre économique capitaliste. Bref, c’est l’État total qui est le problème, et les souffrances et le déclin continueront aussi longtemps qu’existera l’État total.

Les origines du fascisme

À coup sûr, la dernière fois que les gens se sont préoccupés du fascisme était pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous nous battions, soi-disant, contre ce système diabolique étranger. Les États-Unis ont vaincu les régimes fascistes mais la philosophie de la gouvernance qu’ils représentaient n’a pas été vaincue. Très rapidement, après la guerre, une autre a commencé. C’était la guerre froide qui opposait le capitalisme au communisme. Le socialisme était considéré dans cette affaire comme une forme douce, tolérable, et même louable de communisme, pour autant qu’il fût lié à la démocratie, qui est le système qui légalise et légitime un pillage continu de la population.

Dans le même temps, presque tout le monde avait oublié qu’il y avait de nombreuses autres couleurs de socialisme, pas toutes évidemment de gauche. Le fascisme est une de ces couleurs.

Il n’y a pas de doute sur ses origines. Elles sont liées à l’histoire politique italienne postérieure à la Première Guerre mondiale. En 1922, Benito Mussolini a gagné une élection démocratique et a fondé le fascisme comme sa philosophie. Mussolini avait été un membre du Parti socialiste italien.

Tous les acteurs les plus grands et plus importants du mouvement fasciste venaient des mouvements socialistes. C’était une menace pour les socialistes car le fascisme proposait le véhicule politique le plus intéressant pour l’application du socialisme dans le monde réel. Les socialistes ont changé de camp en masse [en français dans le texte, NdT] pour rejoindre les fascistes.

C’est aussi pourquoi Mussolini a lui-même bénéficié d’une si bonne presse pendant plus de dix ans après le début de son règne. Il était célébré dans de nombreux articles du New York Times. Il était proclamé dans des revues savantes comme un exemple du type de dirigeant dont nous avions besoin à l’ère des sociétés planifiées. Des papiers boursouflés de ce genre étaient très fréquents dans le journalisme américain de la fin des années 1920 jusqu’au milieu des années 1930.

Rappelez-vous que dans cette même période, la gauche américaine avait connu un énorme changement. Dans les années de l’adolescence et les années 1920, la gauche américaine avait eu un élan anti-corporatiste très louable. La gauche s’opposait généralement à la guerre, au système pénal étatique, à la prohibition de l’alcool, et à toutes les violations des libertés civiles. Ce n’était pas une amie du capitalisme, mais ce n’était pas non plus une amie de l’État corporatiste que Franklin Delano Roosevelt (FDR) avait forgé pendant la guerre.

En 1933 et en 1934, la gauche américaine avait dû faire un choix. Serait-il d’embrasser le corporatisme et l’embrigadement du New Deal, ou de prendre une position de principe en faveur des vieilles idées libérales ? En d’autres termes, accepterait-elle le fascisme comme une maison de transition à son utopie socialiste ? Une gigantesque bataille s’ensuivit dans cette période, et il y avait un gagnant évident. Le New Deal avait fait une offre que la gauche ne pouvait pas refuser. Et c’était une première étape pour aller de l’adoption d’une économie planifiée fasciste à la célébration de l’État guerrier qui avait conclu la période du New Deal.

Ce n’était qu’une répétition du même cours qu’avaient pris les événements en Italie une décennie plus tôt. En effet, la gauche italienne avait également réalisé que son programme anticapitaliste avait plus chances d’être mené à bien dans le cadre d’un État autoritaire et planificateur. Bien entendu, notre ami Maynard Keynes a joué un rôle clé en proposant une logique pseudo scientifique pour justifier l’opposition au laissez faire de l’ancien monde et l’adhésion à la société planifiée. Rappelez-vous que Keynes n’était pas un socialiste de l’ancienne école. Comme il l’a lui-même dit dans son introduction à l’édition nazie de sa Théorie Générale, le national-socialisme était bien plus accueillant à ses idées qu’une économie de marché.

Flynn dit la vérité

L’étude la plus autorisée sur le fascisme écrite à cette époque fut As We Go Marching de John T. Flynn. Flynn était un journaliste et un érudit d’esprit libéral qui avait écrit plusieurs livres à succès dans les années 1920. Il aurait pu probablement être classé dans le camp progressiste dans les années 1920. C’est le New Deal qui l’a changé. Tous ses collègues avaient suivi FDR dans le fascisme, alors que Flynn restait fidèle à l’ancienne croyance. Cela voulait dire qu’il combattait FDR continuellement et pas seulement dans ses projets de politique intérieure. Flynn était un dirigeant du mouvement America First qui voyait la poussée à la guerre de FDR comme rien d’autre qu’une extension du New Deal, ce qui était certainement le cas.

Mais parce que Flynn faisait partie de ce que Murray Rothbard a plus tard appelé la Vieille Droite – Flynn en est venu à s’opposer à la fois à l’État-providence et à l’État-guerrier – son nom est tombé dans un trou de mémoire orwellien après la guerre, à l’apogée du conservatisme de la CIA.

As We Go Marching est sorti en 1944 dans la phase ultime de la guerre, et au beau milieu des contrôles économiques de la période de guerre dans le monde entier. C’est un miracle qu’il ait échappé aux censeurs. C’est une étude à grande échelle de la théorie et de la pratique du fascisme, et Flynn voyait clairement où cela menait : dans le militarisme et la guerre comme accomplissement du programme de relance par la dépense. Lorsque vous ne savez plus à quel objet affecter les dépenses, vous pouvez toujours compter sur la ferveur nationaliste pour approuver davantage de dépenses militaires.

En passant en revue l’histoire de la montée du fascisme, Flynn écrivait :

Un des phénomènes les plus déroutants de l’histoire du fascisme est la collaboration presque incroyable entre les hommes d’extrême droite et ceux de l’extrême gauche à sa création. L’explication réside dans ce point. Droite comme gauche se sont rejoints dans cette envie de réglementation. Les motifs, les arguments, et les formes d’expression étaient différents mais ont tous conduit dans la même direction. Et c’était que le système économique devait être contrôlé dans ses fonctions essentielles et ce contrôle devait être exercé par les groupes de producteurs.

Flynn disait que la droite et la gauche étaient en désaccord sur ce à quoi correspondait précisément le groupe de producteurs. La gauche avait tendance à célébrer les travailleurs en tant que producteurs. La droite avait tendance à favoriser les propriétaires d’entreprise en tant que producteurs. Le compromis politique – et il se poursuit encore aujourd’hui – était de cartelliser les deux.

L’État sous le fascisme devient le dispositif de cartellisation pour les travailleurs et les propriétaires privés de capital. La concurrence entre les travailleurs et les entreprises est considérée comme inutile et vaine. Les élites politiques décident que les membres de ces groupes doivent se concerter et coopérer sous la supervision du gouvernement pour construire une nation puissante.

Les fascistes ont toujours été obsédés par l’idée de grandeur nationale. Pour eux, cela ne consiste pas en une nation de gens qui grandissent plus prospères, vivant des vies toujours meilleures et plus longues. Non, la grandeur nationale se produit lorsque l’État entreprend la construction d’énormes monuments, lorsqu’il construit des systèmes de transport dans tout le pays, lorsqu’il sculpte le Mont Rushmore, ou qu’il creuse le canal de Panama.

En d’autres termes, la grandeur nationale n’est pas la même chose que votre grandeur ou la grandeur de votre famille, de votre entreprise ou de votre profession. Au contraire. Vous devez être taxés, la valeur de votre argent doit être dépréciée, votre vie privée envahie, et votre bien-être diminué afin d’y parvenir. Dans cette perspective, l’État doit nous rendre grands.

Malheureusement, un tel programme a beaucoup plus de chances de succès politique que le socialisme à l’ancienne. Le fascisme ne nationalise pas la propriété privée comme le fait le socialisme. Cela signifie que l’économie ne s’effondre pas tout de suite. Le fascisme ne tente pas non plus d’égaliser les revenus. Il n’est pas question d’abolition du mariage ou de nationalisation des enfants.

La religion n’est pas abolie mais utilisée comme un outil de manipulation politique. L’État fasciste était beaucoup plus politiquement habile à cet égard que le communisme. Il a tissé ensemble la religion et l’étatisme dans une seule toile, encourageant le culte de Dieu à condition que l’État fonctionne comme un intermédiaire.

Sous le fascisme, la société que nous connaissons est laissée intacte, même si tout est sous la tyrannie d’un appareil d’État puissant. Tandis que l’enseignement socialiste traditionnel a favorisé une perspective mondialiste, le fascisme était explicitement nationaliste. Il a embrassé et exalté l’idée de l’État-nation.

Quant à la bourgeoisie, le fascisme ne cherche pas leur expropriation. Au lieu de cela, la classe moyenne obtient ce qu’elle veut sous la forme de l’assurance sociale, des prestations médicales, et de fortes doses de fierté nationale.

C’est pour toutes ces raisons que le fascisme prend un moule de droite. Il n’attaque pas les valeurs bourgeoises fondamentales. Il s’inspire d’eux pour obtenir l’appui d’un encadrement national tous azimuts et démocratiquement soutenu du contrôle économique, de la censure, de la cartellisation, de l’intolérance politique, de l’expansion géographique, du contrôle de l’exécutif, de l’État policier, et du militarisme.

Pour ma part, je n’ai aucun problème à me référer au programme fasciste comme une théorie de droite, même s’il répond aux aspects du rêve de gauche. La question cruciale ici concerne son appel au public et aux groupes démographiques qui sont habituellement attirés par la politique de droite.

Si vous pensez cela, l’étatisme de droite est d’une couleur, d’un moulage, et d’un ton différents de l’étatisme de gauche. Chacun est conçu pour plaire à un ensemble différent d’électeurs avec des intérêts et des valeurs différents.

Ces divisions, cependant, ne sont pas strictes, et nous avons vu comment un programme socialiste de gauche peut s’adapter et devenir un programme fasciste de droite avec très peu de changements de fond, autres que son programme de marketing.

Les huit caractéristiques de la politique fasciste

John T. Flynn, comme d’autres membres de la Vieille Droite, était dégoûté de constater que ce qu’il voyait, presque tout le monde choisissait de l’ignorer. Il remarquait que dans ce combat contre les régimes autoritaires étrangers, les États-Unis avaient adopté ces formes de gouvernement domestique total, avec contrôle des prix, rationnement, censure, dictature de l’exécutif, et même des camps de concentration pour des groupes entiers considérés comme peu fiables dans leur loyauté à l’État.

Après avoir passé en revue cette longue histoire, Flynn s’emploie à résumer les caractéristiques principales du fascisme en huit points.

En les présentant, je vais aussi faire des commentaires sur l’État central américain moderne.

Point 1. L’État est totalitaire parce qu’il n’admet aucune restriction à ses pouvoirs.

C’est une marque très révélatrice. Cela suggère que le système politique américain peut être décrit comme totalitaire. C’est une remarque choquante que la plupart des gens rejetteraient. Mais ils ne peuvent rejeter cette qualification qu’à la condition de ne pas être pris par la toile de l’État. Si cela leur arrivait, ils découvriraient rapidement qu’il n’y a en effet pas de limite à ce qu’il peut faire. Cela peut se produire en prenant un avion, en roulant en ville, ou si une quelconque agence étatique prend en grippe leur entreprise. Au bout du compte, ils doivent obéir ou être mis en cage comme un animal ou être tué. De cette manière, peu importe la conviction d’être libre, nous ne sommes tous aujourd’hui qu’à un pas de Guantanamo.

Aussi récemment que dans les années 1990, je me souviens qu’il y avait des moments où Clinton semblait laisser entendre qu’il y avait certaines choses que son administration ne pouvait pas faire. Aujourd’hui, je ne suis pas sûr que je peux me rappeler un seul représentant du gouvernement plaidant la limitation de la loi ou de la réalité de ce qui peut ou ne peut pas être fait. Aucun aspect de la vie n’est vierge d’une intervention étatique, et souvent elle prend des formes que nous ne voyons pas aisément. Tout le secteur de la santé est réglementé, mais aussi chaque morceau de nourriture, le transport, l’habillement, les produits de la maison et même les relations privées.

Mussolini lui-même énonçait son principe de la manière suivante : « Tout dans l’État, rien hors de l’État, rien contre l’État. » Il a également dit : « Le principe essentiel de la doctrine fasciste est la conception de l’État, de son essence, ses fonctions et ses objectifs. Pour le fascisme, l’État est l’absolu devant lequel les individus et les groupes ne sont que le relatif. »

Je vous soumets la proposition que ceci est l’idéologie dominante aux États-Unis aujourd’hui. Cette nation, conçue dans la liberté, a été kidnappée par l’État fasciste.

Point 2. L’État est une dictature de fait basée sur le principe de commandement.

Je ne dirais pas que nous avons réellement une dictature d’un homme dans ce pays, mais nous avons bien une forme de dictature d’un secteur de l’État sur l’ensemble du pays. Le pouvoir exécutif s’est étendu d’une manière si spectaculaire au cours du dernier siècle que c’est devenu une plaisanterie de parler d’équilibre des pouvoirs. Ce qu’apprennent les enfants en classe d’éducation civique n’a rien à voir avec la réalité.

L’État exécutif est celui que nous connaissons, tout émanant de la Maison Blanche. Le rôle des tribunaux est d’appliquer la volonté de l’exécutif. Le rôle du Parlement est de ratifier la politique de l’exécutif.

Cet exécutif ne concerne pas réellement la personne qui semble être aux commandes. Le président n’est que le masque, et les élections ne sont que les rituels tribaux que nous subissons pour donner un semblant de légitimité à l’institution. En réalité, l’État-nation vit et prospère en dehors de tout « mandat démocratique ». Nous trouvons là le pouvoir de réglementer tous les aspects de la vie et le pouvoir maléfique de créer la monnaie nécessaire pour financer ce règne de l’exécutif.

En ce qui concerne le principe de leadership, il n’y a pas de plus grand mensonge dans la vie publique américaine que la propagande que nous entendons tous les quatre ans sur la façon dont le nouveau Président-messie va inaugurer la grande dispensation de paix, d’égalité, de liberté, et de bonheur humain global. L’idée ici est que l’ensemble de la société est vraiment modelée et contrôlée par une volonté unique – un point qui exige un acte de foi si vaste que l’on doit ignorer tout ce qu’on sait de la réalité pour le croire.

Et pourtant, les gens le font. L’espoir d’un messie a atteint un paroxysme avec l’élection d’Obama. La religion civique consistait en un véritable culte à grande échelle – du plus grand homme qui ait jamais vécu ou vivra jamais. C’était une abjecte exposition.

Un autre mensonge que le peuple américain croit est que les élections présidentielles provoquent un changement de régime. C’est une pure absurdité. L’État Obama est l’État Bush, l’État Bush était l’État Clinton, l’État Clinton était l’État Bush, l’État Bush était l’État Reagan. Nous pouvons remonter dans le temps et faire défiler le chevauchement des nominations des bureaucrates, des techniciens, des diplomates, des responsables de la Fed, des élites financières, et ainsi de suite. La rotation dans les bureaux ne survient pas à cause des élections mais en raison de la mortalité.

Point 3. L’État administre un système capitaliste au moyen d’une énorme bureaucratie.

La réalité de l’administration bureaucratique a été parmi nous au moins depuis le New Deal, qui était calqué sur la planification bureaucratique de la Première Guerre mondiale. L’économie planifiée – du temps de Mussolini ou du nôtre – a besoin de la bureaucratie. La bureaucratie représente le cœur, les poumons et les veines de l’État planificateur. Et pourtant réglementer aussi minutieusement une économie que celle d’aujourd’hui revient à tuer la prospérité avec un milliard de petites incisions.

Cela ne signifie pas forcément la contraction de l’économie, du moins pas tout de suite. Mais cela signifie certainement tuer la croissance qui, autrement, aurait eu lieu dans un marché libre.

Alors où est notre croissance ? Où est le dividende de la paix qui était censé accompagner la fin de la guerre froide ? Où sont les fruits des incroyables gains de productivité que la technologie a permis ? Ils ont été mangés par la bureaucratie qui gère notre moindre mouvement sur cette terre. Ce monstre vorace et insatiable est le Code fédéral qui s’appuie sur des milliers d’agences exerçant le pouvoir de police pour nous empêcher de vivre des vies libres.

C’est comme le disait Bastiat : le coût réel de l’État est la prospérité que nous ne voyons pas, les emplois qui n’existent pas, les technologies auxquelles nous n’avons pas accès, les affaires qui ne voient pas le jour, et le futur radieux qui nous est volé. L’État nous a pillés aussi sûrement qu’un voleur qui pénètre dans notre demeure la nuit et s’empare de tout ce que nous aimons.

Point 4. Les producteurs sont organisés en cartels à la manière du syndicalisme.

En général nous ne qualifions pas notre structure économique actuelle de syndicale. Mais rappelez-vous que le syndicalisme signifie le contrôle économique par les producteurs. Le capitalisme est différent. Il place le contrôle dans les mains des consommateurs en vertu des structures du marché. La seule question pour les syndicalistes est alors : quels producteurs vont profiter de privilèges politiques ? Ce peut être les travailleurs, mais ce peut être aussi les grandes entreprises.

Dans les cas des États-Unis, au cours des trois dernières années, nous avons vu des grandes banques, des entreprises pharmaceutiques, des compagnies d’assurances, des constructeurs automobiles, des banques d’affaires et des maisons de courtage, ainsi que des sociétés hypothécaires quasi privées bénéficier d’énormes privilèges à nos dépens. Ils se sont tous alliés à l’État pour vivre une existence parasitaire sur notre dos.

C’est aussi l’expression de l’idée syndicaliste, et cela a coûté à l’économie américaine des milliards incalculables et a prolongé la récession économique en empêchant l’ajustement post-boom que les marchés auraient autrement dicté. Le gouvernement a resserré son emprise syndicaliste au nom du stimulus.

Point 5. La planification économique est basée sur le principe d’autarcie.

L’autarcie est le nom donné à l’idée d’autosuffisance économique. La plupart du temps cela se réfère à l’auto-détermination économique de l’État-nation. Ce dernier doit être géographiquement énorme pour soutenir le développement économique rapide d’une population vaste et croissante.

Cela a été et est la base de l’expansionnisme fasciste. Sans expansion, l’État meurt. C’est aussi l’idée derrière la combinaison étrange de pressions protectionnistes combinées avec le militarisme. Elle s’explique en partie par la nécessité de contrôler les ressources.

Considérez les guerres en Irak, en Afghanistan et en Libye. Nous serions très naïfs de croire que ces guerres n’ont pas été motivées en partie par l’intérêt des producteurs de l’industrie pétrolière. C’est vrai pour l’empire américain en général qui soutient l’hégémonie du dollar. C’est la raison de l’Union Nord-Américaine.

L’objectif est l’autosuffisance nationale plutôt qu’un monde de commerce pacifique. Considérez aussi les pulsions protectionnistes du ticket Républicain. Il n’y a pas un seul Républicain, à l’exception de Ron Paul, qui soutient authentiquement le libre-échange dans sa définition classique.

De la Rome antique à l’Amérique moderne, l’impérialisme est une forme d’étatisme qu’adore la bourgeoisie. C’est pour cette raison que l’initiative post-11 septembre de Bush pour l’empire mondial a été vendue comme du patriotisme et de l’amour du pays plutôt que pour ce qu’elle est vraiment : un pillage de la liberté et de la propriété au profit des élites politiques.

Point 6. L’État entretient la vie économique en dépensant et en empruntant.

Ce point ne nécessite pas de développement car il n’est plus occulté. Il y avait le stimulus 1 et le stimulus 2, qui sont tous deux si discrédités que le stimulus 3 devra adopter un autre nom. Appelons cela la loi des emplois américains.

Au cours d’un discours à une heure de grande écoute, Obama a plaidé en faveur de ce programme avec l’analyse économique la plus stupide que j’ai jamais entendue. Il se demandait comment il se faisait que des gens étaient au chômage alors que des écoles, des ponts et des infrastructures avaient besoin d’être réparés. Il ordonna que l’offre et la demande se rejoignent pour mettre en phase du travail avec des emplois.

Vous suivez ? Les écoles, les ponts et les infrastructures dont parle Obama sont construits et entretenus par l’État. C’est pourquoi ils s’effondrent. Et la raison pour laquelle les gens n’ont pas d’emplois est que l’État a rendu l’embauche trop chère. Ce n’est pas compliqué. Passer son temps à rêver à d’autres scénarios revient à vouloir que l’eau coule en remontant ou que les rochers flottent dans l’air. Cela revient à un déni de réalité.

Pourtant, Obama a poursuivi, en invoquant le vieux désir fasciste pour la grandeur nationale. « Construire un système de transport de calibre mondial », a-t-il dit, « fait partie de ce qui fait de nous une superpuissance économique. » Puis il a demandé : « Allons-nous nous asseoir et regarder la Chine construire les aéroports les plus modernes et les infrastructures ferroviaires les plus rapides ? »

Eh bien, la réponse à cette question est oui. Et vous savez quoi ? Cela ne nuit pas à un seul Américain qu’une personne en Chine voyage sur un train plus rapide que ce que nous faisons. Prétendre le contraire est une incitation à l’hystérie nationaliste.

Concernant le reste de son discours, Obama a promis une nouvelle longue liste de projets de dépense. Mentionnons seulement la réalité : aucun État dans l’histoire du monde n’a dépensé autant, emprunté autant et créé autant de fausse monnaie que les États-Unis. Si les États-Unis ne répondent pas à ce critère d’un État fasciste, aucun autre ne l’a jamais fait.

Rien de tout cela ne serait possible sans le rôle de la Réserve fédérale, le plus grand prêteur du monde. Cette institution est absolument essentielle à la politique budgétaire américaine. Il n’y a aucun moyen que la dette nationale puisse augmenter à un niveau de 4 milliards de dollars par jour sans cette institution.

Sous l’étalon-or, toutes ces dépenses maniaques auraient pris fin. Et si la dette américaine était évaluée sur le marché avec une prime de défaut, nous envisagerions une note beaucoup moins élevée que A+.

Point 7. Le militarisme est un pilier de la dépense publique.

Avez-vous remarqué que le budget militaire n’était jamais discuté sérieusement dans les débats de politique générale ? Les États-Unis dépensent plus que la quasi-totalité du reste du monde.

Et pourtant, à écouter parler nos dirigeants, les États-Unis ne sont qu’une petite république commerciale qui aspire à la paix mais qui est en permanence menacée par le monde. Ils voudraient nous faire croire que nous sommes tous nus et vulnérables. Tout cela est un mensonge horrible. Les États-Unis sont un empire militaire mondial et la principale menace pour la paix dans le monde d’aujourd’hui.

Comparer les dépenses militaires américaines avec celles des autres pays est vraiment choquant. Un diagramme en bâtons facilement compréhensible montre le budget militaire américain à plus d’un billion de dollars, comme un immense gratte-ciel entouré de petites cabanes. Quant au second plus important dépensier, la Chine, il dépense 1/10ème du budget des États-Unis.

Où est le débat sur cette politique ? Où est la discussion ? Elle n’a pas lieu. Les deux partis supposent simplement qu’il est essentiel pour le style de vie américain que les États-Unis soient le pays le plus meurtrier de la planète, menaçant tout le monde d’annihilation nucléaire à moins qu’ils n’obéissent. Cela devrait être considéré comme un outrage moral et financier par toute personne civilisée.

Ce n’est pas seulement les forces armées, les fournisseurs militaires, les escadrons de la mort de la CIA. C’est aussi la façon dont la police a pris à tous les niveaux des postures militaires semblables. Cela vaut pour la police locale, la police d’État, comme les brigadiers dans nos collectivités. La mentalité du commissaire, la voyoucratie à la gâchette facile, sont devenues la norme dans l’ensemble de la société.

Si vous voulez assister aux atrocités, ce n’est pas difficile. Essayez de venir dans ce pays à partir du Canada ou du Mexique. Voyez les malfrats autoritaires, lourdement armés, portant le gilet pare-balles, faisant courir leurs chiens le long des voitures, à la recherche de personnes au hasard, harcelant des innocents, posant des questions grossières et intrusives.

Vous obtenez la forte impression que vous entrez dans un État policier. Cette impression serait correcte.

Pourtant, pour l’homme de la rue, la réponse à tous les problèmes sociaux semble être plus de prisons, des durées plus longues, plus d’application des peines, plus de pouvoir arbitraire, plus de répression, plus de peines capitales, plus d’autorité. Où est-ce que tout cela conduit ? Et où cela terminera avant que nous réalisions ce qui est arrivé à notre pays autrefois libre ?

Point 8. Les dépenses militaires ont un but impérialiste.

Ronald Reagan soutenait que le renforcement militaire était indispensable au maintien de la paix. L’histoire de la politique étrangère américaine seulement depuis les années 1980 a montré que cela était faux. Nous avons eu une guerre après l’autre, menée par les États-Unis contre des pays refusant de se soumettre, et la création de toujours davantage d’États clients et de colonies.

La puissance américaine n’a pas produit la paix, bien au contraire. Elle a conduit la plupart des gens dans le monde à considérer les États-Unis comme une menace, et a provoqué des guerres déraisonnables contre de nombreux pays. Les guerres d’agression ont été définies à Nuremberg comme crimes contre l’humanité.

Obama était censé y mettre fin. Il ne l’a jamais promis mais ses partisans croyaient tous qu’il le ferait. Au lieu de cela, il a fait le contraire. Il a augmenté le volume des troupes, s’est enlisé dans des guerres et en a déclenché de nouvelles. En réalité il a dirigé un État militaire aussi violent que n’importe lequel dans l’histoire. La différence, c’est que cette fois la gauche ne critique plus le rôle de l’Amérique dans le monde. En ce sens Obama est ce qui est arrivé de mieux aux bellicistes et au complexe militaro-industriel.

En ce qui concerne le droit dans ce pays, il s’opposait autrefois à cette forme de fascisme militaire. Mais tout cela a changé après le début de la guerre froide. Le droit entraîna un virage idéologique terrible, bien documenté dans le chef d’œuvre négligé de Murray Rothbard The Betrayal of the American Right. Au nom de l’arrêt du communisme, le droit en est venu à suivre l’exemple du soutien de l’ex-agent de la CIA Bill Buckley pour une bureaucratie totalitaire aux États-Unis afin de faire la guerre partout dans le monde.

L’avenir

Je ne vois pas aujourd’hui de priorité plus grande qu’une alliance anti-fasciste sérieuse et efficace. De bien des manières, il y en a déjà une qui se forme. Ce n’est pas une alliance formelle. Elle est composée de ceux qui contestent la Fed, ceux qui refusent d’accepter les politiques du fascisme dominant, ceux qui veulent la décentralisation, ceux qui réclament des impôts plus bas et la liberté du commerce, ceux qui revendiquent le droit de s’associer avec qui ils veulent et d’acheter et de vendre aux conditions qu’ils auront eux-mêmes fixées, ceux qui prétendent pouvoir instruire leurs enfants eux-mêmes, les investisseurs et les épargnants qui rendent la croissance économique possible, ceux qui ne veulent pas être palpés dans les aéroports, et ceux qui se sont expatriés.

Elle comprend aussi les millions d’entrepreneurs indépendants qui découvrent que la première menace à leur capacité de servir les autres via le marché est l’institution qui prétend être notre plus grand bienfaiteur : l’État.

Combien de gens entrent dans cette catégorie ? Plus que nous ne savons. Le mouvement est intellectuel. Il est politique. Il est culturel. Il est technologique. Il vient de toutes les classes, les races, les pays et les professions. Ce n’est plus un mouvement national. C’est véritablement mondial.

Nous ne pouvons plus prédire si les membres se considèrent comme de l’aile gauche, droite, indépendante, libertarienne, anarchiste, ou autre. Cela comprend des choses aussi diverses que les parents qui enseignent à la maison dans les banlieues, que les parents dans les zones urbaines dont les enfants font partie des 2,3 millions de personnes qui croupissent en prison sans raison valable, dans un pays avec la plus grande population carcérale du monde.

Et que veut ce mouvement ? Ni plus ni moins que la liberté pure. Il ne demande pas que la liberté soit octroyée ou donnée. Il réclame simplement la liberté qui est promise par la vie elle-même et qui existerait nonobstant l’État Léviathan qui nous vole, nous persécute, nous emprisonne et nous tue.

Ce mouvement ne s’en va pas. Nous sommes entourés quotidiennement par des preuves qu’il est juste et vrai. Chaque jour il est de plus en plus évident que l’État ne contribue absolument en rien à notre bien-être ; il ne fait que le diminuer massivement.

Dans les années 1930, et même encore pendant les années 1980, les partisans de l’État débordaient d’idées. Ils avaient des théories et des programmes qui avaient de nombreux partisans intellectuels. Ils étaient ravis et excités par le monde qu’ils créeraient. Ils mettraient fin aux cycles économiques, apporteraient le progrès social, construiraient la classe moyenne, soigneraient les malades, apporteraient la sécurité universelle, et bien plus encore. Le fascisme a cru en lui-même.

Ce n’est plus le cas. Le fascisme n’a pas d’idées neuves, pas de grands projets – et même ses amis ne croient pas vraiment qu’il peut réaliser ce qu’il met en route. Le monde créé par le secteur privé est tellement plus utile et beau que tout ce que l’État a fait, que les fascistes eux-mêmes se démoralisent et réalisent que leur programme ne repose pas sur un fondement intellectuel réel.

Il est de plus en plus largement connu que l’étatisme ne fonctionne pas et ne peut fonctionner. C’est un grand mensonge. Il nous donne exactement l’inverse de ce qu’il promet. Il a promis la sécurité, la prospérité et la paix ; il nous a donné la peur, la pauvreté, la guerre, et la mort. Si nous voulons un avenir, nous devrons le construire nous-mêmes. L’État fasciste ne nous le donnera pas. Au contraire, il nous gêne dans sa réalisation.

Il me semble aussi que le vieil amour des libéraux classiques pour l’idée d’un État limité n’est plus. Il est beaucoup plus probable aujourd’hui que les jeunes adoptent une idée qui était conçue cinquante ans plus tôt comme une pensée impensable : l’idée que la société est bien mieux lotie sans État du tout.

Je voudrais souligner l’essor de la théorie anarcho-capitaliste comme le changement intellectuel le plus spectaculaire de ma vie d’adulte. Cette vision de l’État comme le veilleur de nuit qui ne ferait que protéger les droits essentiels, régler les différends, et protéger la liberté, est loin.

Cette vision est terriblement naïve. Le veilleur de nuit est le gars avec les armes, le droit légal de recourir à l’agression, le gars qui contrôle toutes les allées et venues, le gars qui est perché au sommet et qui voit toutes les choses. Qui le regarde ? Qui limite le pouvoir ? Personne, et c’est précisément pourquoi il est la source des plus grands maux de la société. Aucune constitution, élection ou contrat ne contrôlera le pouvoir.

En effet, le veilleur de nuit a acquis la puissance totale. C’est lui qui serait l’État total, que Flynn décrit comme un gouvernement qui « possède le pouvoir de promulguer toute loi ou de prendre toute mesure qui lui semble appropriées. » Tant que le gouvernement, dit-il, « est vêtu du pouvoir de faire ce qu’il veut sans aucune limitation de ses pouvoirs, il est totalitaire. Il a le pouvoir total. »

Ce n’est plus un point de vue que nous pouvons ignorer. Le veilleur de nuit doit être supprimé et ses pouvoirs distribués au sein et parmi toute la population, qui devrait être gouvernée par les mêmes forces qui nous apportent tous les bienfaits que le monde matériel nous offre.

In fine, voici l’alternative qui s’offre à nous : l’État total ou la liberté totale. Que choisirons-nous ? Si nous optons pour l’État, nous continuerons à nous enfoncer de plus en plus et finalement perdrons tout ce à quoi nous tenons en tant que civilisation. Si nous optons pour la liberté, nous pourrons exploiter cette force remarquable qu’est la coopération humaine qui nous permettra de continuer à façonner un monde meilleur.

Dans la lutte contre le fascisme, il n’y a pas de raison de désespérer. Nous devons continuer le combat, pleinement confiants que l’avenir est à nous, pas à eux.

Leur monde s’écroule. Le nôtre ne fait que se construire.

Leur monde repose sur des idéologies en ruine. Le nôtre plonge ses racines dans la vérité de la liberté et de la réalité.

Leur monde ne peut que contempler les jours glorieux du passé. Le nôtre se projette dans le futur que nous construisons pour nous-mêmes.

Leur monde est rivé au cadavre de l’État-nation. Le nôtre s’appuie sur les énergies et la créativité de tous les peuples du monde, unis dans le grand et noble projet de création d’une civilisation prospère au moyen de la coopération humaine pacifique.

C’est vrai que nous avons l’artillerie la plus lourde. Mais l’artillerie lourde n’a pas assuré la victoire permanente en Irak ou en Afghanistan, ou à tout autre endroit sur la planète.

Nous détenons la seule arme réellement immortelle : l’idée juste. C’est ce qui mènera à la victoire.

Comme disait Mises :

Sur le long terme, même les gouvernements les plus despotiques, avec toute leur brutalité et leur cruauté, ne sont pas de taille face aux idées. Finalement, l’idéologie qui a gagné le soutien de la majorité l’emportera et coupera l’herbe sous le pied du tyran. Ensuite, de nombreux opprimés se révolteront et renverseront leurs maîtres.

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