Il paraît que les politiciens ont beaucoup de mérite, qu’ils se sacrifient pour le bonheur de leurs concitoyens, lesquels sont bien ingrats ! Il faut les soulager, et leur demander de ne plus se sacrifier pour faire notre bonheur, malgré nous. Nous ferons notre bonheur tout seul.
Rassurons ces altruistes, enlevons leur toute inquiétude. Nous allons très bien nous débrouiller sans eux. Qu’ils ne gaspillent plus leur précieuse énergie pour nous. C’est « notre avenir, économisons la ! » Nous nous chargeons de notre vie privée. Ils ne doivent pas se sentir coupables d’abandon, voire de non assistance de personne en danger. Nous assumons tous les risques et prenons nos responsabilités.
Cependant, nous pouvons leur confier un mandat, certes limité, où leur inextinguible soif d’aider leur prochain avec l’argent des autres pourra être assouvie. Ce mandant précis consiste à assurer la Justice et la Sécurité de leurs concitoyens. C’est peu, dérisoire et très en deçà de leurs capacités.
Pour y arriver il y a si peu à faire : payer la dette publique, équilibrer le budget, vaincre la crise économique, venir à bout de la misère, assumer les fonctions régaliennes. Bien sûr nous avons conscience que ces sujets sont d’une futilité monumentale par rapport aux sujets capitaux dont ils se sont saisis : doit-on continuer à dire « Mademoiselle » ? Untel est-il un « sale mec » ? Après avoir résolu l’épineux problème de la publicité après 20h sur les chaînes de télévision publique, et tranché le non moins délicat débat sur le menu des cantines scolaires, n’est il pas merveilleux qu’il leur reste tant d’énergie ?
Ne croyez pas qu’ils en sont arrivés là parce qu’ils n’ont rien à dire ni rien à proposer. Ni qu’ils le font parce qu’ils doivent masquer leur culpabilité dans la situation catastrophique où ils nous ont mis. Ni qu’ils doivent montrer qu’ils sont utiles, qu’ils agissent, qu’ils font quelque chose, quitte à brasse du vent. Non, ils font ça pour notre bien !
Lançons le débat.
Payer les dettes et équilibrer le budget nécessite la réduction des dépenses publiques, donc de vastes privatisations de tout ce qui n’est pas régalien. Cela nécessite le retrait de l’État de la vie privée, c’est la liberté de pensée et d’opinion. Cela nécessite le retrait de l’État de la sphère économique, cela s’appelle la liberté économique. La liberté économique est le seul moyen qui a prouvé son efficacité pour lutter contre la misère. La liberté économique impose le respect du « droit inviolable et sacré de propriété », donc le salaire complet. Chacun peut ainsi se couvrir pour sa santé, sa retraite, sa prévoyance en général. Il peut, avec ses biens, être charitable avec autrui. Chacun choisit librement dans tous les secteurs de la vie, parce qu’il n’y a pas de choix contraint ou induit, qui entraînerait de mauvaises décisions. L’individu recouvre la libre disposition de sa propriété foncière. Il construit, loue, achète, vend, ce qu’il veut, comme il veut, à la seule condition qu’il ne nuise pas aux voisins et qu’il supporte tous les frais. Il n’y a plus de pénurie de logement ni de sans abri. Pour que chacun puisse assumer ses responsabilités, il garde la libre disposition de ses revenus. Donc, l’État, pour assumer ses fonctions régaliennes et prévoir un filet de sécurité pour ceux qui n’ont rien, lui prend très peu. Il le fait par un seul impôt, faible, proportionnel, sans niches, privilèges ou exemptions : la flat tax. Puisque l’individu est libre, il est personnellement responsable de ses actes. Que leurs conséquences soient bonnes ou mauvaises. Ce qui, associé à la concurrence, est une garantie de bonne gestion. L’État assure la sécurité publique, sur tout le territoire, où il n’existe plus de zones de « non droit » géographiques, ni de zones de « non droit » catégorielles. Il assure la sécurité juridique et fiscale, avec des lois simples, rares, et immuables. Il protège la nation de toute agression extérieure. Il garantit la Justice qui consiste à rendre à chacun le sien, tout en respectant l’intégralité des droits d’autrui.
Ces propositions sont déraisonnables. C’est du « n’importe quoi », parce qu’elles émanent d’un de ces « n’importe qui », que l’on doit empêcher de se présenter aux suffrages des électeurs, lors de la prochaine élection présidentielle. Ces « n’importe qui » dont les partis, qui verrouillent les « 500 signatures », préservent la population. Cela ce comprend « n’importe qui » n’a pas « l’expérience politique ». Par exemple il ne dépense pas plus qu’il ne gagne, il ne sait pas creuser consciencieusement les déficits, ni endetter ses enfants et petits enfants. Il ne sait pas courber l’échine devant les groupes de pressions dont dépend l’élection des hommes d’expérience. La flexibilité rachidienne nécessite un long apprentissage ! Ces propositions s’adressent à tous, les groupes de pression sont inutiles.
C’est un fait « n’importe qui » ne peut pas faire de politique !
Patrick de Casanove, président du Cercle Frédéric Bastiat
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