Dans cet article publié par l’éphémère Revue d’histoire des doctrines économiques et sociales, Gustave Schelle étudie les premières réflexions de Turgot sur les questions économiques. Sur la base de manuscrits obtenus au château de Lantheuil, qu’il publiera par la suite dans son édition en cinq volumes des Œuvres de Turgot, il essaie de caractériser l’évolution du jeune Turgot, du mercantilisme et de l’étatisme au libéralisme radical.
Gustave Schelle, Les premiers travaux économiques de Turgot d’après ses manuscrits inédits, Revue d’histoire des doctrines économiques et sociales, quatrième année, 1911, p.1-16
LES PREMIERS TRAVAUX ÉCONOMIQUES DE TURGOT
D’APRÈS SES MANUSCRITS INÉDITS
par G. Schelle
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I.
Turgot avait, dès sa jeunesse, une instruction des plus étendues ; il était et resta toute sa vie, un grand liseur en plusieurs langues et un liseur attentif. On a dit de lui qu’il savait tout ; on l’a dit aussi de Diderot ; on aurait pu le dire de beaucoup d’autres de leurs contemporains ; le XVIIIe siècle a été le siècle de l’Encyclopédie et celui des encyclopédistes ; mais Turgot savait bien ce qu’il savait. Cousin a émis l’opinion que dans les Discours en Sorbonne, il y a plus de philosophie que dans tout Voltaire. C’est peut-être excessif ; ce qui est certain, c’est que Turgot s’est occupé d’un grand nombre de sujets et que pour tous, on peut constater qu’il connaissait à fond ce qui en avait été écrit.
Il a fait peu profiter le public de sa vaste érudition. Sa traduction d’une brochure de Josias Tucker, ses études sur la littérature étrangère, ses articles de l’Encyclopédie, ses Réflexions sur les richesses, sont à peu de choses près les seules de ses œuvres qui ont paru de son vivant.
Il travaillait, non dans l’intention de briller, mais pour répondre à un insatiable désir de connaître. Il s’en expliqua un jour à un ami en ces termes : « J’ai un grand défaut, mais ce n’est pas la timidité ; ce défaut est de me charger de trop de besogne et d’être paresseux, plus par libertinage d’esprit que par inaction proprement dite. Mon esprit gagne du côté de l’étendue et de la justesse ; mais j’y perds beaucoup du côté de l’action[1]. »
Le « libertinage » de Turgot, ou plutôt sa curiosité sans bornes rend intéressante l’étude du développement successif de ses connaissances. Grâce aux manuscrits qu’il a laissés et que sa famille a conservés au Château de Lantheuil, il est facile de la poursuivre. Je vais y procéder pour les travaux économiques de sa jeunesse.
Étant étudiant, soit au Séminaire, soit à la Sorbonne, étant ensuite magistrat, conseiller au Parlement ou maître des requêtes, Turgot s’adonna principalement à la métaphysique et à la linguistique, en dehors de ses études obligées de théologie, de physique, de droit, etc.
Ses recherches ont abouti aux articles Existence et Étymologie de l’Encyclopédie qui tous deux, principalement le dernier, sont remarquables.
Sans lui être complètement étrangère, l’économie politique ne l’attirait qu’incidemment. Son premier essai en cette science, est sa Lettre à l’abbé de Cicé l’aîné sur le papier-monnaie. Elle date de 1749, quand Turgot portait encore la soutane, mais n’a été publiée, pour la première fois, qu’en 1808 par Du Pont de Nemours.
C’est une bonne dissertation d’étudiant dont on ne doit pas, je l’ai dit ailleurs, enfler l’importance scientifique.
La question du papier-monnaie avait été fortement discutée après le système de Law et avait été plus récemment résumée dans un chapitre sur le change de l’Esprit des Lois.
Montesquieu doit occuper, dans l’histoire économique, ne serait-ce qu’en raison de l’énorme publicité de ses écrits, plus de place qu’on ne lui en donne quelquefois. Les Physiocrates et Turgot ont reconnu en lui un de leurs maîtres. Ce dernier le cite avec Hume, Cantillon, Quesnay et Gournay[2]. Sur la question du papier-monnaie, Montesquieu avait avancé plus d’une opinion erronée, dans ses Lettres persanes, écrites au temps de Law ; il s’était corrigé dans l’Esprit des Lois.
Les personnages des Lettres persanes avaient répété les vieux dictons sur les inconvénients des progrès ; ils avaient assimilé le papier aux métaux précieux dont ils n’avaient pas compris le rôle économique, et tout en se méfiant du Système et de ses auteurs, n’en avaient pas prévu la chute.
« Que nous ont servi, lit-on dans ce petit livre à la date de 1717, l’invention de la boussole et la découverte de tant de peuples, qu’à nous communiquer leurs maladies, plutôt que leurs richesses ? L’or et l’argent avaient été établis, par une convention générale, pour être le prix de toutes les marchandises et un gage de leur valeur, par la raison que ces métaux étaient rares et inutiles à tout autre usage. Que nous importait-il donc qu’ils devinssent plus communs, et que, pour marquer la valeur d’une denrée, nous eussions deux ou trois signes au lieu d’un ? Cela n’en était que plus incommode. »
Plus loin, à la date de 1720 : « La France, à la mort du feu roi (Louis XIV), était un corps accablé de mille maux… Noailles appliqua quelques remèdes topiques, mais il restait toujours un vice intérieur à guérir. Un étranger est venu, qui a entrepris cette cure ; après bien des remèdes violents, il a cru lui avoir rendu son embonpoint, et il l’a seulement rendue bouffie… Tous ceux qui étaient riches, il y a six mois, sont à présent dans la pauvreté et ceux qui n’avaient pas de pain regorgent de richesses. »
Plus loin encore est cette phrase ironique : « Il y a longtemps qu’on a dit que la bonne foi était l’âme d’un grand ministre ».
Melon, qui écrivit son Essai politique sur le commerce, en 1734[3] ne vit pas beaucoup plus clair dans les phénomènes de circulation. « Les variations de valeur de la monnaie sont sans importance, conclut-il, on peut donc la modifier afin d’accroître le rendement des impôts par la cherté générale. »
Du Tot mit les choses au point dans ses Réflexions politiques sur les finances et le commerce, en 1738 : « Les monnaies sont l’instrument nécessaire de nos échanges réciproques et la mesure qui règle la valeur des biens échangés ; il ne faut pas plus y toucher qu’aux autres mesures ».
Enfin, Montesquieu se rectifiant, écrivit dans l’Esprit des Lois : « L’argent tiré des mines de l’Amérique, transporté en Europe, de là encore envoyé en Orient, a favorisé la navigation de l’Europe. C’est une marchandise de plus que l’Europe reçoit en troc de l’Amérique et qu’elle envoie en troc aux Indes. »
« Une plus grande quantité d’or et d’argent est donc favorable, lorsqu’on regarde ces métaux comme une marchandise ; elle ne l’est point lorsqu’on les regarde comme signe, parce que leur abondance choque leur qualité de signe qui est beaucoup fondée sur la rareté…
« S’il arrivait qu’un État ait établi une banque dont les billets dussent faire la fonction de monnaie et que la valeur numéraire de ces billets fut prodigieuse, … il suivrait de la nature des choses que ces billets s’anéantiraient de la manière qu’ils se seraient établis… »
C’est la thèse, démontrée par l’expérience, que développa Turgot dans sa Lettre à l’abbé de Cicé.
Il est à noter en outre que Du Pont de Nemours, plus fidèle ami que scrupuleux éditeur, a modifié cette lettre en quelques endroits ; j’ai pu le constater récemment. Ainsi, on lit dans son édition : « L’argent est un instrument de mesure, non par l’effet d’une convention arbitraire, mais parce que ses propriétés naturelles lui donnent une valeur vénale un peu augmentée par l’usage spécial qu’on en fait comme monnaie. »
La réflexion que contient ce dernier membre de phrase m’avait semblé digne d’attention et je l’avais crue personnelle à l’auteur ; elle n’est pas dans son manuscrit et a été ajoutée lors de l’impression en 1808.
II.
Cependant, dès l’époque où fut écrite la Lettre sur le papier-monnaie, ou à une époque voisine, Turgot songea à composer un Traité de la circulation où il aurait parlé des banques, du système de Law, du crédit, du change et du commerce, enfin du luxe, c’est-à-dire de presque toute l’économie politique telle qu’on l’entendait alors.
Ce projet est indiqué dans une liste d’Ouvrages à faire où sont aussi des titres de tragédies, de poèmes, de livres de philosophie, de théologie, de linguistique, de morale et de physique, une histoire universelle, une géographie politique et des considérations sur l’histoire de l’esprit humain. Mais Turgot ne donna pas une suite immédiate à son projet de Traité de la circulation.
La sociologie, s’il est permis de se servir en l’occasion de ce mot moderne, l’attira plus fortement. L’Histoire universelle de Bossuet était toujours à la mode, mais on commençait à trouver que l’éloquence, mise au service de vues purement religieuses, ne suffit pas pour décrire et expliquer la marche de l’humanité.
De plusieurs côtés, — sans parler de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations de Voltaire —, on cherchait des causes plus rationnelles du progrès ; l’Académie de Dijon ouvrit, pour 1750, le concours auquel prit part J.-J. Rousseau sur la question de savoir si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs. L’Académie de Soissons ouvrit un autre concours en 1748 sur les Causes des progrès et de la décadence du goût dans les sciences et les arts.
Un intime de Turgot, l’abbé Bon, songea à résoudre le problème posé à Soissons. Maître de rhétorique et versificateur habile, il ne trouve à développer que quelques banalités. Il consulta son ami, et celui-ci, envisageant le sujet dans son ampleur, commença à le traiter, l’étendit encore et finalement en fit la base principale de son dernier Discours en Sorbonne.
Condorcet[4] a dit que Turgot, Price, et Priestley avaient été les premiers et les plus illustres apôtres de la doctrine de la perfectibilité humaine. Il est probable que cette doctrine avait été dégagée avant eux.
Plus tard Littré a avancé que Turgot vit le premier, d’une façon précise, l’enchaînement des générations et la filiation des choses. On trouve, en effet, dans le deuxième Discours en Sorbonne des passages tels que ceux-ci :
« Tous les âges sont enchaînés par une suite de causes et d’effets qui lient l’état du monde à tous ceux qui l’ont précédé… Les signes arbitraires du langage et de l’écriture… ont formé, de toutes les connaissances particulières, un trésor commun qu’une génération transmet à l’autre, ainsi qu’un héritage toujours augmenté des découvertes de chaque siècle, et le genre humain, considéré depuis son origine, paraît aux yeux du philosophe comme un tout immense qui lui-même a, comme chaque individu, son enfance et ses progrès.
« Les progrès, amenant d’autres progrès, l’inégalité des nations augmente. Ici, les arts commencent à naître ; là ils avancent à grands pas vers la perfection ; plus loin, ils s’arrêtent dans leur médiocrité ; ailleurs, les premières ténèbres ne sont point encore dissipées et dans cette inégalité, variée à l’infini, l’état actuel de l’univers, en nous présentant à la fois toutes les nuances de la barbarie et de la politesse semées sur la terre, nous montre en quelque sorte, sous un même coup d’œil, les monuments, les vestiges de tous les pas de l’esprit humain, l’image de tous les degrés par lesquels il a passé et l’histoire de tous les âges. »
Comme des copies des Discours en Sorbonne ont été distribuées par Turgot à des amis, on peut dire qu’il n’a pas seulement reconnu pour lui, mais exposé au public, la doctrine de la solidarité des hommes dans le temps et dans l’espace, chaque génération, profitant de l’œuvre des générations antérieures et devant à son tour faire profiter de son œuvre les générations qui la suivront, chaque nation communiquant ses lumières à d’autres nations, chaque homme à d’autres hommes.
On a fait remarquer enfin que Turgot a indiqué ce que l’on appelle aujourd’hui la loi des trois états d’Auguste Comte. En réalité, il n’a fait que montrer, conformément à la vérité historique, que ces états existent simultanément et ne sont pas successifs, ainsi qu’a paru le croire l’auteur de la Philosophie positive. Turgot a dit en effet, je viens de le rappeler : « L’univers nous présente à la fois toutes les nuances de la barbarie et de la politesse… l’histoire de tous les âges ».
Lors Turgot eut quitté l’état ecclésiastique, il reprit ses études sur le progrès humain ; de là, un grand nombre de fragments que l’on trouve, soit dans ses Œuvres, éditées par Du Pont, avec des retouches de ce dernier, soit dans ses manuscrits inédits.
L’économie politique y apparaît à peine ; on y rencontre toutefois de temps en temps l’expression : balance du commerce, dans un sens qui aurait permis d’attribuer au jeune auteur des idées mercantilistes, si son éditeur Du Pont n’avait prudemment biffé cette expression dans ceux des fragments qu’il a publiés.
Une fois maître des requêtes, Turgot fut amené par les circonstances à s’occuper surtout de la question de la tolérance religieuse. Mais il commença à regarder avec plus d’attention que précédemment les phénomènes économiques. Sa traduction de l’opuscule de Josias Tucker, publiée en 1755, est le produit d’une double préoccupation.
Livrer au public français des Questions importantes sur le commerce à l’occasion d’un bill de naturalisation des protestants étrangers, c’était lui parler à la fois de tolérance religieuse et d’économie politique.
Un peu auparavant, Turgot avait écrit sur des sujets appartenant à cette science un certain nombre de fragments que Du Pont n’a pas livrés au public et qui sont pourtant dignes d’attention, quoique inachevés.
III.
Vincent de Gournay, voulant exposer ses vues à Trudaine, qui était chargé au Contrôle Général du « détail » du commerce et avec qui il travaillait en qualité d’Intendant du Commerce, mit en marge d’une traduction des Discours de Child des notes plus étendues que l’ouvrage. Ce travail fut terminé vers la fin de l’année 1752. Le Contrôleur général Machault s’opposa à son impression, peut-être pour ne pas ameuter contre lui les corporations de métiers dont Gournay voulait la suppression. La traduction[5] parut seule en 1754 avec un court avertissement où l’Intendant du Commerce se borna à signaler d’une manière générale l’influence économique de la baisse du taux de l’intérêt de l’argent.
Turgot, ayant eu communication de quelques-unes des notes manuscrites de Gournay, jeta sur le papier des Remarques qui sont parfois en contradiction avec les opinions qu’avait exprimées celui qu’il devait bientôt regarder comme son principal maître en économie politique.
Gournay attribuait aux variations du taux de l’intérêt une action exagérée. Dans l’avertissement de la traduction de Child, il a écrit : « C’est au bas prix de l’intérêt de l’argent, peut-être plus qu’à aucune autre cause que les Anglais doivent les progrès étonnants qu’ils ont faits dans l’art de cultiver les terres, progrès tels qu’ils ont mis la nation en état de lever un tribut sur la plupart des peuples de l’Europe, en pourvoyant à leur subsistance sans jamais avoir l’inquiétude pour la sienne propre.
« C’est relativement aux principes de Child que dans la vue d’augmenter la circulation, le gouvernement anglais a fait rendre une loi pour favoriser le transport des dettes, afin de faciliter aux particuliers les moyens de se payer les uns les autres, avec des billets, des sommes qui leur sont dues sans avoir forcément recours aux paiements en argent. »
Dans son commentaire manuscrit, Gournay avait été encore plus loin et avait avancé que le haut prix de l’intérêt de l’argent, en arrêtant la circulation du métal, obligeait en quelque sorte à l’enfouir par des conversions en lingots et en vaisselle. Turgot répondit dans ses Remarques : « Au contraire, plus l’argent est haut, et moins on doit en être embarrassé. Si le rentier opulent place son argent en vaisselle et en bijoux, ce n’est pas que les débouchés lui manquent, c’est parce qu’ils sont trop faciles, c’est parce qu’on s’enrichit en trop peu de temps ; on préfère le plaisir de dépenser ce qu’on a acquis à celui d’augmenter sa fortune… »
« Le luxe est le fruit de l’excessive inégalité des fortunes et de l’oisiveté. Or, le haut intérêt de l’argent produit l’inégalité des fortunes parce que l’argent attire l’argent et absorbe tous les profits de l’industrie. Il produit l’oisiveté parce qu’il offre un moyen facile de s’enrichir sans travailler. »
Gournay, d’un côté, Turgot, de l’autre, confondaient : 1° le capital et l’argent qui le représente ; 2° l’action des variations du taux de l’intérêt et celle des variations des quantités de métal en circulation. Turgot parait toutefois avoir eu le sentiment des erreurs que commettait l’Intendant du Commerce, mais ne trouva pas le point où il fallait corriger.
D’autres remarques de lui sont relatives au commerce des grains, à l’acte de navigation de Cromwel, au prêt à intérêt, à la liberté de l’industrie.
Turgot ne condamne pas l’acte de navigation ; il indique même des procédés mercantilistes pour empêcher les excès d’exportation des métaux précieux. Rien ne fait pressentir en lui l’économiste libéral qu’il sera plus tard au sujet du commerce international.
Au contraire, en ce qui concerne le commerce des grains à l’intérieur, le prêt à intérêt et la liberté du travail, il a déjà les opinions auxquelles il restera attaché toute sa vie.
« Dans l’établissement de toutes les lois sur les grains, dit-il, on n’a écouté que les cris du consommateur sans songer aux besoins du cultivateur… La crainte des séditions et l’empire des cris du peuple sur des magistrats timides qui voient toujours les villes de plus près que les campagnes ont perpétué cette façon de penser dans presque toutes les villes de l’Italie… Les mêmes préjugés ont régné par toute l’Europe, et chez les Anglais qui les ont secoués plus tôt que nous. »
Au sujet du prêt à intérêt, son avis n’était pas moins formel : « Défendre l’intérêt comme Moïse, c’est donner aux violateurs de la loi le monopole de l’usure, et par conséquent, l’enchérir. Le prix de l’argent, comme celui de toute chose, doit se fixer par le rapport de l’offre à la demande et non par des lois. »
Montesquieu avait dit, sans mieux distinguer l’argent métal ou monnaie de l’argent capital : « L’argent est le signe des valeurs ; il est clair que celui qui a besoin de ce signe doit le louer comme il fait toutes les choses dont il peut avoir besoin… C’est bien une action très bonne de prêter à un autre son argent, sans intérêt ; mais on sent que ce ne peut être qu’un conseil de religion et non une loi civile ».
Quant à la liberté de l’industrie, Turgot s’exprimait en ces termes non ambigus : « Je doute fort que les règlements soient utiles, même pour le premier établissement des manufactures ».
Un autre manuscrit de Turgot, à peu près du même temps que les Remarques sur les notes de la traduction de Child, est intitulé : Plan d’un ouvrage sur le commerce, la circulation, l’intérêt de l’argent, la richesse des États.
C’est un commencement de réalisation de la promesse que Turgot s’était faite, étant à la Sorbonne, lorsqu’il avait dressé sa liste d’Ouvrages à faire.
Le manuscrit est informe en quelques parties, assez précis en d’autres. On y lit : « Toute denrée est monnaie et toute monnaie est denrée. — Le crédit augmente équivalement à la masse des fonds d’un État. — La richesse d’un État consiste dans le nombre des hommes, et le nombre d’hommes dépend de l’emploi qu’on leur donne et des aliments qu’on leur fournit. — Un État riche en argent vend plus cher, vend moins et est bientôt forcé d’acheter. Il y a des bornes à l’enrichissement des États par le commerce. — La seule production des matières utiles est une richesse. — Il faut que l’or s’écoule d’un pays où il n’est pas en équilibre avec les autres nations ».
Turgot cherchait à se dégager du système mercantile, sans y parvenir tout à fait.
Plus intéressantes et beaucoup plus personnelles sont ses remarques sur la propriété qui tendent à assimiler dans leurs origines la propriété foncière à la propriété mobilière.
On retrouve en partie la pensée qui les dicta dans le Mémoire sur les mines et les carrières.
« Les jurisconsultes, dit Turgot, définissent le domaine ou la propriété, le droit d’user et d’abuser. Cette définition me paraît n’avoir été imaginée que pour mettre une différence entre la propriété et l’usufruit. Il fallait, pour se former des idées nettes sur cette matière remonter aux premiers principes de la possession, examiner les premiers rapports des objets de la nature avec nous, par lesquels ils excitent nos désirs et nos craintes. Ils satisfont à nos besoins ; ils deviennent la source commune où nous puisons tour à tour le plaisir et la douleur. Il fallait montrer comment l’idée de jouissance a fait naître l’idée de possession ; comment les objets de nos désirs offerts par la nature à tous les hommes sont sortis de cette communauté générale et ont été attribués à différents particuliers… Jouir, ou pour se servir de l’expression plus générale, user, voilà le premier fondement du droit…
« Dans l’origine, il est commun à tous…Il est des objets auxquels l’usage que nous pouvons en faire n’ôte en rien et dont tous les hommes peuvent jouir à la fois sans se nuire les uns aux autres. Il en est aussi qui se détruisent par l’usage ; tels sont les aliments… Pour les choses dont un homme ne peut user sans priver d’autres de leur usage, l’occupation ou le droit de premier occupant, et, dans le cas de concurrence, la force, les a tirées de l’état de nature dans lequel elles étaient communes à tous ou du moins offertes à tous… Le droit d’occupation est le premier droit particulier ou la première limitation du droit des hommes sur la chose occupée, l’usage ; et, dans le cas où cet usage détruit la chose même, ce droit est aussi fort qu’il puisse être. »
Intéressantes aussi sont les réflexions de Turgot sur les taxations des marchandises. Montesquieu avait dit dans l’Esprit des Lois, après des considérations un peu embrouillées sur la formation des prix : « Le prince ou le magistrat ne peuvent pas plus taxer la valeur des marchandises qu’établir par une ordonnance que le rapport d’un à 10 est égal à celui d’un à 20. Julien ayant baissé les denrées à Antioche y cause une affreuse famine ». Hume avait plus récemment dans ses Essais parlé des taxes, mais pour les considérer en tant qu’impôts et non dans leurs effets protecteurs à l’égard des consommateurs.
Les explications de Turgot concernent ces effets et sont précises. « Il fallait, dit-il, que ceux qui ont imaginé les premiers de taxer les denrées eussent bien peu réfléchi sur la manière dont les intérêts réciproques du vendeur et de l’acheteur se balancent pour fixer le prix de chaque chose… L’un a autant besoin de vendre que l’autre d’acheter ; l’un veut vendre cher et l’autre veut acheter à bon marché… À ne considérer qu’une seule vente isolée entre deux particuliers, l’échange serait toujours parfaitement égal puisque les choses échangées ne peuvent avoir d’autre prix que celui qu’y a mis le désir de chacun des deux contractants, et qu’eux seuls peuvent juger ce désir. Lorsque plusieurs personnes offrent la même marchandise à vendre et que plusieurs se présentent aussi pour l’acheter, il s’établit un prix commun… fixé par le débat entre la totalité des acheteurs et la totalité des vendeurs… Mais le rapport de l’offre à la demande est toujours l’unique principe de cette fixation ; il n’est jamais possible que le prix courant soit trop fort ni trop faible ; il faudrait pour cela que la marchandise… eut un prix naturel, indépendamment de ce qu’elle est plus rare, plus ou moins demandée ; or, c’est ce qui n’est ni ne peut être parce qu’il n’y a que la comparaison du besoin qu’ont tous les acheteurs pris collectivement avec l’offre de tous les vendeurs, pris aussi collectivement, qui en établisse la valeur vénale ».
… « Taxer le prix des denrées pour régler le prix courant… c’est d’abord commettre une injustice, car, pourquoi favoriser plutôt l’acheteur que le vendeur… C’est de plus commettre une injustice imprudencte, car si la politique pouvait ici faire pencher la balance inégalement, ce devrait être plutôt du côté du vendeur… Il est assez évident que c’est le travail du producteur qui fournit à tous les besoins de la société et ce travail n’a pour but que le profit de la vente. C’est attaquer le principe fondamental de toute société en donnant atteinte au droit de propriété dont la jouissance pleine et entière est le but de toute législation, le motif qui a engagé les hommes à quitter l’état sauvage pour se rassembler en société… C’est aller directement contre le but qu’on se propose, qui est de procurer au peuple sa subsistance au plus bas prix possible. Ce but s’atteindra tout naturellement par la concurrence que la liberté amènerait toujours. Le débit et la consommation appellent de toutes parts les vendeurs et ceux-ci baissent le prix à l’envi les uns les autres… Ils ne peuvent cependant pas baisser jusqu’à renoncer à tout profit. Le vendeur vendrait à perte et, par conséquent, il cesserait de vendre et le producteur de produire… Que fera le magistrat ? Tentera-t-il de régler le prix courant au-dessous de ce prix qu’on peut appeler le prix fondamental ? Au lieu de la cherté, qu’il veut éviter, il aurait la disette absolue. »
En prenant pour exemple ce qui se passait pour le prix du pain, Turgot ajoutait : « D’après les résultats des expériences faites pour établir le rapport du prix du pain au prix du blé, le prix du pain serait partout beaucoup trop cher. On n’est pourtant point d’accord sur ce point de police. La concurrence aurait bientôt fixé les idées, si d’un côté on cessait de taxer le pain et si de l’autre, on supprimait le monopole des communautés de boulangers en permettant à qui voudrait de vendre du pain ».
C’eut été assurément la meilleure solution : les expériences ou essais, faits en vue de connaître les rapports de poids et de prix entre le blé et le pain, bien qu’opérés avec toutes sortes de précautions par des magistrats animés de vues de justice laissaient beaucoup à désirer. « En certains endroits, relate Parmentier, le peuple se plaignait de payer son pain trop cher ; ailleurs, le boulanger refusait de le fabriquer pour se soustraire à la ruine. La qualité variée des grains, l’inégalité des mesures et des poids, les différences dans la construction des moulins, la diversité dans les procédés de mouture, de préparation des pâtes, et de cuisson laissaient partout les plus grandes incertitudes, à l’égard du rendement à obtenir pour la transformation du blé en farine et de la farine en pain[6] ». Heureusement, l’usage de taxer le pain n’était pas très répandu.
IV.
Le dernier fragment touchant à l’économie politique que j’ai trouvé dans les manuscrits de jeunesse de Turgot était destiné à l’ouvrage de Géographie politique qu’il avait projeté et dont il continua à s’occuper pendant plusieurs années. Ce fragment est relatif au commerce national et aux manufactures.
Turgot y rapporte un fait qu’avait signalé Melon dans la deuxième édition de son Essai sur le Commerce, parue en 1736, et il observe que Melon écrivait près de 18 ans auparavant. Le fragment date donc de 1754. On y rencontre encore des vues mercantilistes.
La diversité des productions, y est-il dit, jointe au plus ou moins de facilités des communications, renferme presque toute la géographie politique, par rapport au commerce, 1° de royaume à royaume, 2° de province à province. « Le législateur, par rapport au premier article, doit avoir pour objet qu’on se passe le plus qu’il est possible de l’étranger et, par rapport au second, que l’argent soit distribué dans tout l’État, le plus également qu’il est possible, par une circulation continuelle, en sorte que les provinces riches en denrées payent tribut à l’industrie des provinces plus pauvres ; sans quoi, l’argent sortant d’une province sans y entrer, elle s’appauvrit et se dépeuple de plus en plus. Ne pouvant, par sa stérilité, nourrir ses habitants qu’en achetant au dehors les denrées nécessaires à la vie, si l’argent qui en sort ne rentre pas par le moyen des manufactures, le pays ne pourra plus nourrir ses habitants. »
Turgot se plaint ensuite de ce que « Paris soit un gouffre où vont s’absorber toutes les richesses de l’État, où les manufactures et les bagatelles attirent l’argent de toute la France par un commerce aussi ruineux pour nos provinces que pour les étrangers. Le produit des impôts s’y dépense pour la grande partie et la petite vanité de ceux qui gouvernent, jointe à leur ignorance, ne manque pas d’y accumuler toutes les manufactures nouvelles. Une des grandes occupations d’un intendant du commerce est aujourd’hui de montrer ses manufactures et de faire admirer aux dames la beauté des bâtiments et l’agrément des ouvrages.
« Une manufacture, située dans une province pauvre, serait bonne, au contraire, à enrichir le pays, à faire vivre des hommes qui n’ont point de ressources ; mais on ignorerait à qui on en est redevable. Il est vrai que les ouvriers, vivant dans une province où les denrées sont à meilleur marché, coûteraient moins à soudoyer ; qu’avec les mêmes fonds, on pourrait en employer une plus grande quantité, que les ouvrages se donneraient à un moindre prix et, par conséquent, se vendraient plus aisément chez l’étranger…
« Enfin, la vanité des entrepreneurs, moins excitée par la curiosité des acheteurs, ne mettrait pas, à loger les ouvriers, superbement, des fonds qui seraient mieux employés à les multiplier, à les payer plus grandement. »
Turgot fait ici allusion à la manufacture de Sèvres dont on projetait l’établissement et qui fut fondée en 1756 à proximité de Paris pour que « Mme de P. (lisez Mme de Pompadour) puisse être à portée de l’aller voir en se promenant ».
Turgot s’occupe ensuite du commerce avec l’étranger et des colonies. « Le droit naturel, dit-il, semble laisser à chacun le soin de disposer de sa terre à son gré. C’est une suite du droit de propriété que les jurisconsultes définissent le droit d’user et d’abuser. Mais malgré cette définition bonne ou mauvaise, on ne peut douter que le législateur, n’ait le droit de régler cet usage pour l’utilité générale de la société, d’empêcher par exemple qu’un homme ne substitue une magnificence stérile à une fécondité utile et qu’une terre destinée à nourrir un peuple de travailleurs ne soit plus que la promenade de quelques hommes oisifs ».
Et, pour préciser sa pensée sur le rôle du législateur, Turgot met en note : « Ce sont là les lois politiques, bien différentes des lois civiles, et qui doivent se combiner avec elles. Qui ne regarde que les lois politiques est un tyran ; qui ne regarde que la loi civile est un légiste ignorant ».
C’est de cette manière que le jeune Turgot limitait ses vues étatistes. « Il faut, disait-il encore, remonter aux premiers droits de l’humanité. La terre a été donnée à tous les hommes ; ils sont fils de même père et aucun n’a été déshérité. Le partage des terres est une suite nécessaire de la nature de la société. Les inclinations particulières y conduisaient nécessairement et c’est la voie que la Providence avait tracée pour établir dans les sociétés cette inégalité de richesses d’où naît cet ordre, cette subordination, cette échelle d’états différents qui se distribuent entre les différents emplois, les différents arts nécessaires au bonheur de tous, et qui n’auraient jamais pu être exercés par des hommes toujours occupés des premiers besoins inséparables de la pauvreté et de l’égale distribution des richesses…
« Voilà ce qui légitime le partage des terres et des droits de propriété… »
Après ces réflexions où l’économiste apparaît, Turgot revient à l’action limitative du législateur. « Le droit de propriété est établi sur l’utilité générale ; il y est donc subordonné, et la puissance législatrice a droit de veiller à l’emploi que fait chaque particulier de ses terres ; seulement l’équité et l’intérêt public même lui prescrivent de léser le moins qu’il est possible l’intérêt du particulier.
« Plusieurs ordonnances rendues au sujet des bois et qui ont pour but leur conservation, montrent qu’on a su quelquefois se servir du droit. »
Puis, comprenant que dans les appréciations de ce qui correspond à l’utilité générale, le législateur peut abuser, Turgot retourne en arrière à propos du commerce international.
« Relativement au corps de l’État, il est très possible qu’un État consente à se priver tout à fait d’une denrée, parce que la terre qu’il y destinerait lui produit une denrée plus précieuse et qu’il vend plus cher à l’étranger qu’il n’achète de lui celle dont il se prive. Il y a souvent de la folie à vouloir s’opiniâtrer à tirer tout de chez soi. » Le jeune auteur donne comme exemple ce qui arriverait si les Anglais voulaient planter chez eux des vignes, et il ajoute : « Depuis le fameux acte de navigation, toutes les puissances de l’Europe ont suivi l’exemple de ces républicains ambitieux et on cherche partout à se passer des autres nations…
« Cette politique est bonne quand une seule puissance s’en sert contre toutes les autres… Aujourd’hui, toutes les nations de l’Europe sont trop éclairées pour souffrir qu’une seule puissance en fasse usage au préjudice de toutes les autres et la nécessité du commerce les forcera d’abandonner de concert une politique trop opposée à nos mœurs pour subsister. Le luxe sauvera le commerce. Ce que l’équité n’aurait pas obtenu de la politique, la folie des hommes le lui arrachera. Après tout, les nations, comme les hommes, ne sont riches que pour jouir. »
Et après cette sorte de correction aux idées qu’il avait précédemment émises, Turgot parle des colonies, pense qu’elles permettraient, si elles étaient « bien situées et en bon état », de fournir à la nation les denrées qui lui manquent, et « de se passer entièrement des étrangers ».
Si Turgot connaissait à cette époque le pamphlet de Hume sur la jalousie du commerce, sa lecture n’avait pas fait une impression décisive sur son esprit.
V.
Les notes mises en marge de la traduction des Questions importants de Tucker sont à rapprocher des fragments dont je viens de parler ; elles sont peu nombreuses et principalement destinées à montrer que, si la concurrence est libre, il ne peut jamais y avoir, d’une manière durable, excès du nombre des artisans dans une profession.
« L’industrie, dit Turgot, se met d’elle-même en équilibre avec les salaires offerts ; s’il y a un métier où l’on gagne plus, un certain nombre d’artisans abandonne celui où l’on gagne moins ; mais si la communication est interceptée entre les différents canaux de l’industrie par des obstacles étrangers, si des règlements téméraires empêchent le fabricant de se plier au goût du consommateur ; si des communautés exclusives, des apprentissages de dix ans pour des métiers qu’on peut apprendre en dix jours ; si des monopoles de toute espèce lient les bras à ce malheureux artisan, qu’un changement de mode oblige de renoncer à un travail qui ne le nourrit plus, le voilà condamné par notre police à l’oisiveté. »
Une autre note concerne la richesse : la terre est « la seule richesse réelle et permanente, quoiqu’il soit vrai qu’un pays peu étendu puisse quelquefois, par l’industrie de ses habitants, l’emporter sur un pays beaucoup plus vaste dans la balance du commerce et de la politique. »
Cette note est antérieure à la publication de l’Essai sur la nature du commerce de Cantillon.
Une troisième note est relative encore à la liberté de l’industrie : « Il semble que par les idées de notre ancienne police, le travail et l’industrie soient défendus par le droit commun et qu’on ait seulement accordé par grâce ou vendu à quelque particulier les dispenses de cette loi. »
À l’égard de la réglementation industrielle, Turgot avait des idées bien arrêtées avant d’être entré en relations avec Vincent de Gournay. C’est, en effet, à l’occasion de la traduction du pamphlet de Tucker qu’il se lia avec l’intendance du commerce. Il l’accompagna ensuite dans des tournées de service, en 1755 dans l’Ouest et le Sud-Ouest de la France, à la Rochelle, à Bordeaux, dans la Guyenne, à Bayonne, et l’année suivante le long de la Loire, depuis Orléans jusqu’à Nantes, à travers le Maine et l’Anjou, et le long des côtes de Bretagne, depuis Nantes jusqu’à Saint-Malo en revenant par Rennes.
« Sa reconnaissance, dit Du Pont de Nemours, a regardé comme un des évènements qui ont le plus avancé son instruction le bonheur qu’il eut d’accompagner M. de Gournay dans ses tournées. »
Depuis 1755 jusqu’en 1759, Turgot s’éloigna peu de cet ami auquel il pensa toujours après l’avoir perdu.
Les deux articles économiques qu’il donna à l’Encyclopédie, Foires et Fondations, sont le résumé des conversations qu’il avait eues avec lui. On lit dans le premier : « Faut-il donc, disait le magistrat à qui nous devons la traduction de Child, et auquel la France devra peut-être un jour la destruction des obstacles que l’on a mis aux progrès des lumières… jeûner toute l’année pour faire bonne chère certains jours ? » Et dans l’article Fondations : « Les hommes sont-ils puissamment intéressés au bien que vous voulez leur procurer ; laissez-les faire, voilà le grand, l’unique principe ! »
Ces deux articles parurent dans le 7e volume de l’Encyclopédie daté de 1757, à côté de l’article Fermiers de Quesnay.
Deux ans plus tard, en 1759, Turgot eut à écrire l’éloge de Gournay, emporté prématurément. Il était, depuis quelque temps déjà l’un des familiers de l’entresol de Quesnay et recevait l’enseignement un peu despotique du médecin de Louis XV. Un grand changement dans ses idées était accompli : de mercantiliste, il était devenu économiste. Il avait d’ailleurs atteint la trentaine et son intelligence était en pleine maturité. « Il combina, comme le dit Du Pont, la doctrine de ses deux maîtres, avec la connaissance qu’il avait du droit et avec les vues de législation civile et criminelle qui avaient occupé sa tête et intéressé son cœur et parvint à former sur le gouvernement des nations un corps de principes à lui, embrassant les autres et plus complet encore. »
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[1] Lettre inédite.
[2] Lettre à Caillard, 1er janvier 1771.
[3] Première édition. — La 2e, fortement augmentée, est de 1736.
[4] Esquisse d’un Tableau Historique des Progrès de l’Esprit humain.
[5] Par Gournay et Butel Dumont.
[6] Parmentier, Le Parfait boulanger, 1778.
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