PRÉFACE
Il semblera téméraire de venir, après tant d’autres, parler de Turgot. Cependant son ministère n’avait pas été jusqu’ici l’objet d’une étude spéciale. Nous avons, d’ailleurs, profité de documents nouveaux, soit publiés dans des livres récents, soit épars dans des ouvrages peu connus, soit inédits[1]. Nous regrettons que des loisirs bornés et des moyens d’investigations restreints ne nous aient pas permis de recueillir davantage. Cet essai n’est que l’ébauche d’une œuvre que nous souhaitons vivement de pouvoir compléter un jour.
Dès à présent, le nombre et la variété des faits que nous avons amassés et que nous avons essayé de mettre en ordre, nous a permis de nous former une opinion personnelle sur Turgot et son œuvre. Nous sommes de ceux qui pensent que son entreprise ne pouvait réussir. Mais l’impuissance attachée d’avance et fatalement aux efforts de ce grand homme n’ôte rien à la beauté de son caractère ni à la grandeur de ses plans.
Cent ans après lui, sous d’autres noms, sous d’autres formes, notre patrie agite encore les questions qu’il médita, discute les théories qui inspirèrent ses actes. Il résume, à peu de chose près, ce que le XVIIIe siècle a produit de meilleur dans l’ordre des sciences morales et politiques. Pour mieux juger du présent, le plus sage est souvent de consulter le passé. Renouons donc les traditions de nos pères. Turgot fut considéré comme un maître en son temps. Puisse-t-il de nos jours être honoré et compris !
Août 1875.
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[1] Nous sommes heureux de pouvoir témoigner ici notre reconnaissance à M. Alfred Maury, directeur des Archives nationales ; à MM. Boutarie et de Boislile ; à M. Gouget, directeur des Archives départementales de la Gironde ; à MM. Ducaunnès-Duvat et Roborel de Climens ; à M. Messier, conservateur de la Bibliothèque de la ville ; à M. Barckhausen, membre de la Société des Archives de la Gironde ; à M. Gaullieur, directeur des Archives municipales, qui ont bien voulu nous aider dans nos recherches.
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