L’assurance obligatoire des ouvriers contre les infirmités et la vieillesse. Premier article (1er décembre 1888)

En 1888, Bismarck introduit en Allemagne un système d’assurance obligatoire contre les infirmités et des pensions de retraites. Ce dernier système, surtout, est plein de désillusions et de périls futurs, alerte Paul Leroy-Beaulieu. À la place des pensions de retraites fournies par les entreprises et les sociétés de prévoyance, l’État installera un système plein de déceptions et de travers financiers. L’engrenage est tellement à redouter dans ce domaine, que pour Leroy-Beaulieu, il vaut mieux que l’État s’abstienne tout à fait, et qu’il laisse fonctionner les retraites privées. 

Pourquoi trente ans de monopole ? Observations sur le projet relatif à la Banque de France

En 1891, le renouvellement du privilège de la Banque de France est en débat. Adolphe Coste, spécialiste des questions monétaires, publie alors une courte brochure aux éditions Guillaumin, pour présenter ses propositions de réforme. Le renouvellement pour 30 ans, par exemple, le gêne. « Pourquoi s’enchaîner pour une si longue période, écrit-il, quand on ignore quelles seront les exigences de l’avenir, quand la question monétaire, la question douanière, la question du crédit agricole, la question des banques libres, la question des chèques et des compensations sont à peine posées et loin d’être résolues ? »

Les grèves en France et l’émigration des capitaux français

La France, explique Paul Leroy-Beaulieu dans cet article de septembre 1888, présente un cadre fort peu attractif pour les grands capitaux, dont l’industrie et le commerce modernes ont besoin. Outre les impositions et les vexations des administrations centrales et locales, il faut compter avec les grèves intempestives d’ouvriers dont des politiciens habiles font tourner la tête. Le résultat est de causer l’émigration des capitaux, de déstabiliser l’économie française, et de causer la ruine tout à la fois des patrons et des ouvriers.

Chronique (Journal des économistes, janvier 1884)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de janvier 1884, la colonisation par l’État et ses effets en Algérie et au Tonkin, le développement du protectionnisme en Europe et en Amérique, la concurrence des tribunaux, et la situation économique en Russie.

Abrégé du projet de paix perpétuelle

En 1733, l’abbé de Saint-Pierre a déjà diffusé son projet de paix perpétuelle à travers plusieurs travaux successifs, soit manuscrits à quelques personnalités, soit imprimés pour le plus grand public, qui les a plutôt avidement recherchés. Pour continuer la popularisation de sa grande idée, il compose désormais un abrégé, qui condense et complète l’œuvre précédente en trois volumes. Il s’agit toujours de la même pensée : que les nations européennes signent un traité par lesquelles elles s’engagent à recourir toujours à la voie de l’arbitrage et aux décisions d’un conseil européen, plutôt que la voie de la guerre, qu’elles abandonnent pour n’y plus revenir. 

À qui revient le pouvoir de faire les lois ?

Pour répondre à la question de qui doit faire les lois, il est important de remarquer, rappelle Dupont de Nemours dans un écrit de 1789, que si on parle de lois contraires aux droits fondamentaux de l’homme, alors à proprement parler personne n’a le droit de les faire, et ce pouvoir ne peut être délégué à quiconque. « Dans l'origine des sociétés, écrit-il, les hommes ont eu des principes plus sûrs et des idées plus justes, que nous ne le croyons communément. Ils n'ont point dit LÉGISFAITEUR, ce qui aurait indiqué le pouvoir de faire arbitrairement des lois ; ils ont dit LÉGISLATEUR, porteur de loi, ce qui détermine que celui qui est chargé de cette fonction respectable, n'a d'autre droit que de prendre la loi dans le dépôt immense de la nature, de la justice et de la raison, où elle était toute faite, et de la porter, de l'élever, de la présenter au peuple. »

Le blocus commercial de la Russie

Au moment de la guerre de Crimée (1854), Gustave de Molinari examine, dans un article destiné au Journal des économistes, ce qu’il appelle « les progrès réalisés dans les coutumes de la guerre », c’est-à-dire l’abandon progressif des pillages ou des violences contre les civils, qui ont émaillé tant de guerres anciennes. Les nations modernes, dit-il, sentent que leur intérêt est dans la garantie de la propriété privée des civils, et sur terre comme sur mer, ils tâchent de plus en plus de s’y appliquer. De ce point de vue, Molinari se prononce contre le blocus commercial imposé par la France et l’Angleterre coalisés, contre la Russie. Il juge que c’est une pratique dont la science économique peut démontrer le caractère néfaste.

De la rédaction et de l’interprétation des lois (1887)

Dans un chapitre de son traité de droit, Courcelle-Seneuil nous explique en quoi l’idée selon laquelle il est aisé de faire une loi, plus aisé encore de l’appliquer, est foncièrement erronée. Tout d’abord, ajouter une loi à la législation d’un pays est un acte qui demande une grande réflexion : souvent, dans l’empressement, heurté par un dysfonctionnement apparent ou alerté par des plaintes d’ailleurs pas toujours sincères, un homme politique propose une nouvelle loi, dont l’application ultérieure produit des effets pires que le mal qu’elle était sensée solutionner.

Le collectivisme futur et le socialisme présent

Le collectivisme menace de s’introduire en France, écrit Yves Guyot en 1906, notamment au travers de la législation sociale et du socialisme, dont les formes douces sont moins répulsives aux masses. L’espoir est dans l’action d’un front libéral rigoureux, qui mènera la bataille des idées, et certainement pas dans des accommodements et un socialisme modéré. « Le Parlement ne doit pas se considérer, dit-il, comme une succursale de l’Institut Pasteur, débitant du socialisme dilué pour l’inoculer comme vaccin aux gens atteints ou menacés de socialisme aigu. Ce qu’il faut, c’est la constitution d’un parti énergique et conscient qui mette à sa tête des hommes capables d’opposer, sans atténuations ni concessions, aux sophismes socialistes, les vérités économiques : qui ose affirmer hautement que, d’après toutes les lois inductives obtenues, le progrès est en raison du développement de la propriété individuelle, de la liberté du travail et de l’échange, et que, par conséquent, toutes les prétendues réformes, y portant atteinte, sont régressives. »

Le socialisme et les grèves

Un an avant qu’une insurrection ne vienne introduire le sang et la destruction dans la capitale de la France, au nom d’idéaux socialistes et communistes depuis longtemps mûris, Paul Leroy-Beaulieu alerte dans la Revue des Deux Mondes sur la crispation croissante de la société. La classe ouvrière, analyse-t-il, attisée par des meneurs, s’est désintéressée de ses conquêtes de droits et de bien-être, pour avancer plus avant dans la volonté du renversement de l’ordre social tout entier. 

Les avantages et les inconvénients de l’inégalité des conditions d’existence

En 1895, Gustave de Molinari, Frédéric Passy, Paul Leroy-Beaulieu et quelques autres sont présents à la réunion mensuelle de la Société d’économie politique pour discuter de la question des inégalités. Pour autant que ces inégalités proviennent de la nature et des efforts individuels, ils sont d’avis que le législateur aurait tort d’intervenir. Le fît-il, il provoquerait nécessairement une plus grande inégalité encore que celle qu’il aurait voulu combattre, en affaiblissant le vrai ressort du progrès, qui est dans l’initiative individuelle.

Du principe des nationalités

« Évidemment il n’y a pas de principe des nationalités. Les groupes d’hommes peuvent se réunir pour former des nationalités plus grandes, ou se séparer, selon qu’ils le jugeront plus avantageux à leur propre liberté et à la liberté générale du monde. La liberté et l’assentiment, voilà le principe : la communauté ou la différence de langue, d’origine, de religion ne sont que des accessoires. Les nationalités sont de véritables associations, qui n’ont rien de perpétuel et qui peuvent être augmentées par adhésion, diminuées ou détruites par séparation. Elles existent pour le bonheur et l’amélioration des hommes : ce ne sont pas les individus qui existent pour elles. »

Chronique (Journal des économistes, mars 1891)

Chaque mois, entre 1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de mars 1891, les conséquences nationales et internationales du retour de la politique protectionniste en France, la distribution de secours aux victimes du froid, et la condition des indigènes dans l’Algérie colonisée.

Le syndicalisme – La Confédération générale du Travail – La théorie de la violence

« La Confédération générale du Travail, autrement dit la C. G. T., fut fondée en 1895, au Congrès de Limoges, par des membres de syndicats qui dédaignaient le collectivisme doctrinaire, prétendu scientifique, de Karl Marx et de son principal apôtre en France, M. Jules Guesde ; ils lui reprochaient de procéder avec beaucoup trop de lenteur, d’ajourner à une époque indéfiniment éloignée la rénovation sociale ; ils voulaient un système d’attaques beaucoup plus fréquentes, à vrai dire incessantes, contre la société capitaliste ou bourgeoise, espérant de ces assauts répétés et violents, sur le terrain des grèves, le prompt renversement de celle-ci. »

L’éducation pacifique

Dans cette conférence de 1902, prononcée devant un corps d'enseignants, Frédéric Passy expose les moyens qu'ont selon lui les professeurs pour faire comprendre aux enfants le démérite de la guerre et les bienfaits de la paix. Les enseignants doivent sentir qu'ils ont à lutter, dans l'enfant, contre des instincts de violence et de fougue. Les moyens dont ils disposent sont nombreux, cependant, pour leur faire goûter la paix et le pacifisme : la vraie appréciation des faits historiques, par exemple, ou la description de certains évènements de la vie, où l'arbitrage a fait sentir son utilité, en opposition aux pertes et aux désastres des conflits envenimés. 

Correspondance de Le Trosne et Mirabeau avec la Société économique de Berne

Dans cette correspondance très précieuse, le marquis de Mirabeau et surtout Le Trosne font état, à leurs collègues et émules de Suisse, des développements de l'école physiocratique et de la pensée économique en France. La vraie signification et portée de plusieurs ouvrages, périodiques et articles qui ont compté dans l'histoire du mouvement, peut s'apprécier correctement à la lecture de ces lettres précieuses, dont on doit la publication, à la fin du XIXe siècle, à l'historien allemand de Quesnay et de la physiocratie : August Oncken.

Des limites du droit de grève

Après une première discussion de la question en mai 1909, la Société d’économie politique réexamine le 4 juin 1910 le problème des grèves. Depuis plusieurs années, des grèves paralysaient l’activité économique, elles étaient accompagnées de violences graves, quoique rarement sanctionnées, et touchaient même des services publics ou des entreprises d’utilité publique. Ces développements récents nécessitaient l’attention des économistes et des pouvoirs publics.

Chronique (Journal des économistes, décembre 1882)

Chaque mois, entre 1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de décembre 1882, la progression du budget en France, la construction du Tunnel sous la manche, la colonisation française en Algérie et l’expropriation des terres des indigènes, et l’excellente situation financière des États-Unis.

René Descartes, de la liberté divine à la liberté humaine

Souvent méconnue ou sous-estimée, la contribution de Descartes au développement du libéralisme apparaît clairement à la lecture de ses œuvres et de sa correspondance. Dans le débat sur la liberté divine, il développe un argumentaire sur les limites de la raison humaine, qui fleurira chez les physiocrates et chez les économistes autrichiens. Sa philosophie du libre-arbitre, du progrès et de l’individu, n’est pas non plus sans une certaine justesse.

Sur les États belliqueux et le besoin de paix des populations (30 janvier 1868)

« Les hommes d'État les moins accessibles aux utopies en étaient presque venus au point de ne plus croire à la possibilité de la guerre. Le roi Louis-Philippe, par exemple, qui n'était certes pas un rêveur, répondait à une députation du Congrès de la paix, que la guerre lui paraissait tellement contraire aux intérêts et aux tendances de la civilisation, que le jour n'était pas éloigné où on ne la ferait plus. Quel souverain pourrait tenir aujourd'hui ce langage ? Quel peuple pourrait y ajouter foi ? On ne croyait plus alors à la guerre, on ne croit plus aujourd'hui à la paix. À quoi tient ce changement dans la disposition générale des esprits ? »