Du paupérisme et des secours publics dans la ville de Paris

Dans cet article du Journal des économistes, M. Vée, maire du Ve arrondissement de Paris, étudie les formes de l'assistance publique dans la capitale. Il ne cache pas, toutefois, sa préférence pour les mécanismes variés et progressifs de la charité légale. « Aux rapports libres, généreux, spontanés, qui ennoblissent celui qui donne et moralisent par la reconnaissance dont ils le pénètrent celui qui reçoit », clame-t-il aux philanthropes maladroits, « ne substituez pas imprudemment et sans nécessité l'action compassée et si souvent aveugle de la charité légale ou administrative, de cette charité prétendue qui enrégimente les citoyens sur les rôles de parias qu'elle appelle des indigents. »

La colonne Vendôme

Lors des soulèvements de la Commune de Paris, en 1871, de nombreux monuments sont endommagés, détruits ou pillés. La colonne Vendôme, érigée jadis par Napoléon avec le métal des armes des vaincus de ses armées, a été abattue. La paix civile revenue, il est décidé qu’elle sera reconstruite — choix que Paul Brandat et Frédéric Passy, deux militants pacifistes, condamnent dans deux lettres, réunies en brochure. Les idées de fausse gloire nationale, de supériorité de la force sur la loi, associées à cette colonne, doivent être répudié dans le domaine des idées et des faits, si la France et l’Europe entière ne veut pas sombrer et se consummer elle-même par le feu et par le fer.

La profession d’avocat est-elle constituée en France en conformité des principes de l’économie politique ?

En 1887, la Société d’économie politique examine la question de la liberté du métier d’avocat, pour savoir s’il relève d’une activité économique comprise dans la sphère privée, ou si c’est un ministère tenant de si près à la magistrature, que des règles spéciales doivent impérativement l’encadrer. Selon certains membres, comme Alphonse Courtois ou Frédéric Passy, les justifiables auraient tout avantage à tirer parti de la liberté du métier d’avocat ; d’autres membres, cependant, tiennent pour le maintien des règles, qui permettent, disent-ils, d’éviter qu’un avocat libre, sans mœurs ni savoir, ne vienne perturber le fonctionnement de la justice, bien public par excellence.

La Russie et les États-Unis au point de vue économique

En 1854, Gustave de Beaumont a perdu la passion de l’écriture, et ses années de voyages et de complicité avec Tocqueville, qui furent pour lui fructueuses, sont désormais derrière lui. Pour la Revue des Deux Mondes, il livre toutefois un article comparant la situation de la Russie et des États-Unis. Les deux nations sont entreprenantes, conquérantes même. Leur principe d’action, toutefois, est précisément opposé : si les Américains s’accroissent, fondent des villes, défrichent des terres sous l’impulsion de la liberté et de l’initiative individuelle, tout se fait en Russie au rythme de la machine bureaucratique. Cette société figée et silencieuse n’est pas plaisante à observer, juge Beaumont, et le développement de son influence en Europe est même une source de crainte.

Défense de la liberté du travail

Après Vincent de Gournay et la poignée d’auteurs qu’il mit à l’œuvre sur ce thème, les Physiocrates furent de grands défenseurs de la liberté du travail, condamnant le système des corporations et les innombrables règlements qui entravaient l’activité productive en France. Dans un chapitre de sa Première introduction à la philosophie économique (1771), Nicolas Baudeau reprend cette critique des règlements et défend dans toute sa rigueur une politique de liberté du travail.

La bibliothèque nationale et le communisme

Dans un passage de ses Soirées de la rue Saint-Lazare (1849), prochainement rééditées dans le volume 6 de ses Œuvres complètes, Gustave de Molinari offre une critique très vive de la Bibliothèque nationale et des institutions culturelles publiques ou subventionnées. La gratuité des bibliothèques, écrit-il, c’est du communisme, et dans l’intérêt même de la diffusion des lumières, il est urgent de fermer les bibliothèques publiques.

Le monopole de l’État sur le pétrole

Dans cet article de juin 1906, Yves Guyot critique les propositions faites pour transformer l’industrie du raffinage de pétrole en un monopole d’État. Il y voit un non respect de la propriété et des lois sur l’expropriation légale, ainsi qu’une source d’embarras futurs pour les finances publiques, l’État ayant prouvé à de nombreuses reprises qu’il était toujours mauvais industriel.

Les devoirs et les droits des nations envers les étrangers

En 1887, Paul Leroy-Beaulieu témoigne dans son journal l’Économiste français de son désarroi et de sa désapprobation face à la tendance croissante des nations les plus riches à se barricader et à rejeter l’immigration étrangère. À part le cas des individus dangereux, comme des mendiants, des bohémiens et des saltimbanques, qu’on peut avec justice vouloir proscrire, les frontières nationales doivent être ouvertes, soutient-il, et il faut simplifier grandement la voie de la naturalisation.

Introduction au Dictionnaire de la tradition libérale française

L’ambition de ce dictionnaire est d’examiner, sur la base de la plus complète documentation, l’état des esprits libéraux sur l’ensemble des questions qui peuvent avoir une résonance actuelle, ou qui ont eu une importance passée. Il comprendra aussi bien des entrées pour chacun des penseurs importants de la tradition libérale française — du physiocrate Louis-Paul Abeille à l’économiste et juriste Louis Wolowski —, que des articles thématiques sur des sujets tels que ceux du premier volume : les accidents du travail, l’Algérie, l’avortement, l’anarchie, ou les attributions de l’État. L’objectif est d’éclairer la route par la mobilisation de l’héritage intellectuel global qu’a laissé cette masse incroyable de penseurs féconds. « Le premier besoin pour demeurer ou pour devenir un peuple libre », écrivait en son temps Gustave de Beaumont, « c’est de comprendre la liberté, et les conditions auxquelles on la garde après l’avoir conquise. » (L’Irlande, etc., 1845, p. xviii) À ce titre, l’opinion des maîtres peut servir. 

Pourquoi les libéraux français n’ont-ils pas aimé les États-Unis ?

Traditionnellement vantés comme des modèles de libéralisme, l’Amérique et les Américains ont surtout été traités élogieusement par les libéraux qui n’en avaient qu’une connaissance de seconde main. Ceux qui, à différentes époques, ont voyagé aux États-Unis — Volney en 1795-1798, Beaumont et Tocqueville en 1831-1832, Molinari en 1876 — sont revenus désabusés. Malgré des occasions innombrables et faciles, Dupont (de Nemours) reste le seul à s’y être installé durablement.

L’amortissement de la dette est-il préférable à la réduction des impôts?

En matière de finances publiques, le plus sage et le plus juste est de s’abstenir de faire des dettes, et de payer celles qu’on a contractées. Seulement, dans la situation où la France  et les principales nations de l’Europe se sont placés, d’une dette considérable jointe à une fiscalité déjà très forte, la question de la marche à suivre n’est pas aisée à clarifier. Pour Frédéric Passy et quelques autres, parlant à la Société d’économie politique (janvier 1877), c’est surtout affaire de circonstances et de mesure : quand le système fiscal est défectueux, par exemple, sans doute il serait maladroit de s’appuyer dessus pour réduire drastiquement la dette, et il convient donc dans ce cas de réformer l’impôt, avant d’amortir la dette.

L’alcool et l’alcoolisme vus par les libéraux français

Au XIXe siècle, les libéraux français assistent à l’accroissement d’un mal social particulièrement pernicieux : l’alcoolisme. Face à cette menace, ils proposent des solutions fondées principalement sur l’initiative individuelle et l’association volontaire. Si un débat existe parmi eux sur le recours à l’État et à l’impôt, ils se retrouvent à l’unisson pour combattre les projets de prohibition ou de monopole de l’alcool.

Factum de la France contre les demandeurs en délai pour l’exécution du projet traité dans le Détail de la France ou le nouvel ambassadeur arrivé du pays du peuple

Pierre de Boisguilbert, « Factum de la France contre les demandeurs en délai pour l’exécution du projet traité dans le Détail de la France ou le nouvel ambassadeur arrivé du pays du peuple », 1705 — [Archives du ministère des affaires étrangères, France article 1138, Affaires intérieures 398, f°79-220. (Microfilmé) — Pierre de Boisguilbert ou la naissance de l’économie politique, INED, 1966, vol. I.] — Transmis en 1705, mais composé peut-être dès 1695.

Les libéraux français et la colonisation du Viêt Nam

La colonisation française au Viêt Nam est un phénomène politique sur lequel les libéraux ont fait entendre une voix dissonante, et qui ne s’explique bien rétrospectivement que dans le cadre de ses conditions historiques particulières. Au sein de l’Indochine française (Liên bang Đông Dương, 聯邦東洋), les Français établissent successivement leur domination sur les trois régions viêtnamiennes de l’Annam (Trung Kỳ, 中圻) au centre ; du Tonkin (Bắc kỳ, 北圻) au Nord, et de la Cochinchine (Nam Kỳ, 南圻) au Sud. Si dès 1883 Paul Leroy-Beaulieu pousse de ses vœux la conquête décisive, avant de se désintéresser de cette colonie, Frédéric Passy et Yves Guyot s’y opposent fermement, par la plume ou à la tribune. Pendant plus de trente ans, Gustave de Molinari tâche aussi de décourager les artisans de la colonisation au Viêt Nam, en présentant ses aspects honteux.

Influence de la liberté religieuse sur le développement de la civilisation

Benjamin Constant a travaillé pendant quarante ans à un ouvrage sur l’histoire des religions, qui complète, sous de nombreux rapports, la doctrine libérale livrée par lui dans ses autres textes politiques. Pour permettre un premier accès à cet ouvrage monumental De la Religion, nous avons sélectionné ce premier extrait, issu des manuscrits, qui résume les arguments de l’auteur en une série de points, sur l’influence de la liberté religieuse sur le développement de la civilisation.

La protection de l’enfance

Aux premiers âges de la civilisation, la puissance paternelle ne connaît pas de bornes, et ce n’est que par le progrès de la civilisation, rappelle Yves Guyot, que peu à peu la protection de l’enfance a pu être comprise. Les statistiques judiciaires qu’il rappelle en 1894 prouvent que la maltraitance des enfants est un fléau que la police protège mal, dont elle accueille mal la dénonciation, et qu’elle sanctionne peu. Pourtant, soutient Yves Guyot, l’enfant est un être qui doit être protégé ; il doit recevoir des secours ; donner à la loi un rôle en cela, ce n’est pas empiéter sur les droits du père de famille, mais défendre les droits de l’enfant.

Des révolutions en général et des révolutionnaires actuels

Dans cet article, Charles Dunoyer fait état de l’état politique de la France après la fin des troubles de la période révolutionnaire et l’établissement de l’Empire par Napoléon. Si le temps des révolutions violentes est passé, l’héritage de la Révolution française doit lui être protégé, soutient-il, et à cet égard nulle faction n’est plus dangereuse que celle qui, sous le nom de révolutionnaire, ambitionne en fait une répudiation de tous les principes de la Révolution.

Liste complète des articles de Paul Leroy-Beaulieu dans l’Économiste Français (1873-1916)

De 1873 à sa mort en 1916, Paul Leroy-Beaulieu a publié chaque semaine un éditorial économique dans son journal L’Économiste Français. Pendant plus de quarante ans, il a examiné les grandes tendances du socialisme, du protectionisme, de l’étatisme, mais aussi les petits faits de l’actualité économique et financière. Son œuvre journalistique est un document de toute première importance pour celui qui s’intéresse au libéralisme ou à l’histoire économique et financière. — Pour faciliter la mobilisation de ce corpus exceptionnel, la table complète de ces articles, année par année, est désormais disponible sur le site de l’Institut Coppet.

La liberté des théâtres et le droit des pauvres

Dans cet article de 1869, Gustave de Molinari poursuit, dans le Journal des économistes, sa défense engagée depuis 20 ans déjà pour la liberté des théâtres. Le régime de monopole désormais aboli, il reste, analyse-t-il, à détruire la censure, la fiscalité exceptionnelle, et les nombreux règlements qui pèsent encore gravement sur cette industrie des spectacles et qui en arrêtent le développement.

Les crises commerciales et la liberté des banques 

Dans cet article de 1848, Charles Coquelin sonne la charge contre le système de banque privilégiée, qu’il accuse de multiplier les crises. « Il trompe le commerce, écrit-il, en ne l’excitant aujourd’hui que pour l’abandonner demain ; il l’induit dans des opérations qu’il ne lui permet pas ensuite de soutenir, et, par là, il l’expose à d’incalculables pertes. » L’alternative, l’auteur la trouve dans la liberté des banques.