La justice et la liberté dans l’industrie typographique, par Edmond About (1865)

Amateur de lectures économiques, et admirateur en particulier de Michel Chevalier, le romancier et journaliste Edmond About consacre une large partie de la décennie 1860 à la vulgarisation des principes de l’économie politique libérale. Parmi ces ouvrages, Le Progrès (1864) et l’ABC du Travailleur (1868) connaîtront une large diffusion. Dans une autre brochure, publiée en 1865, il s’occupe de la liberté du travail des femmes, attaquée par les typographes parisiens, qui veulent les exclure du métier. L’occasion pour lui de rappeler les principes de la concurrence et de soutenir la cause du droit égal pour tous, hommes et femmes, de gagner sa vie par son travail.

Sur le droit de réunion (29 janvier 1869)

Dans un article du 29 janvier 1869, Henri Baudrillart s’explique sur le sens de ses critiques à l’égard des turbulentes réunions socialistes qui agitent à ce moment la France. Ce n’est pas, dit-il, un rejet de la liberté de réunion, dont il est chaudement le défenseur. C’est un simple rappel à l’ordre, la loi étant ce qu’elle est, et l’agitation violente étant un délit ; c’est encore un conseil, car les abus de la liberté pourront à terme produire une réaction contraire, qui interdirait toutes les réunions politiques.

L’Europe et la Chine

Pour la Revue des Deux-Mondes, Michel Chevalier raconte en 1840 les ambitions des Anglais en Chine et dans l’Extrême-Orient. La pensée d’unir la civilisation de l’Orient et de l’Occident, et surtout ces pôles majeurs que sont l’Europe et la Chine, est, dit-il, l’une des plus importantes qui soit, et elle doit sous peu révolutionner le monde. Selon lui, les progrès économiques, sociaux et politiques qu’amène de manière croissante la liberté en Europe, ne peuvent suffire seuls à satisfaire les passions et l’enthousiasme naturel de ces peuples. Les Européens doivent pénétrer en Chine et ouvrir le monde : c’est le vœu de la Providence.

Caisse d’épargne (Dictionnaire du commerce et des marchandises)

Pour le Dictionnaire du commerce et des marchandises, Adolphe Blanqui présente en 1837 les mérites des caisses d’épargne, qui ont, dit-il, été un évènement dans l’histoire des classes laborieuses, en ce qu’elles fermaient l’ère de la charité par l’aumône pour ouvrir celle de la philanthropie par l’indépendance du travailleur. Le développement très grand qu’a pris cette institution prouve que le ressort de l’initiative individuelle est puissant et que le sens de l’épargne peut effectivement être une ressource.

L’agitation pour l’émancipation des femmes en Angleterre et aux États-Unis (1872)

Au sein du mouvement libéral français, quelques auteurs d’exception, comme Yves Guyot, ont défendu les droits méconnus des femmes et leur émancipation civile et politique, faisant œuvre de pionniers. Ils se tenaient toutefois en marge : la majorité des libéraux français du XIXe siècle n’admet pas le droit de vote des femmes ni le principe de l’égalité des sexes. Dans un article spécialement consacré à ce sujet, à l’occasion du fameux livre de John Stuart Mill (De l’assujettissement des femmes), Henri Baudrillart livre bataille contre la théorie émancipatrice et nous rappelle la vraie situation du libéralisme français du temps.

Introduction à la 15e année du Journal des économistes

En janvier 1856, en prenant la charge de rédacteur en chef du Journal des économistes, Henri Baudrillart trace, dans une introduction à la quinzième année d’existence de cette revue, le tableau de l’état du libéralisme économique en France et dans le monde. Partout, dit-il, il est en progrès, et en France même, malgré l’absence de l’économie politique dans l’enseignement, le groupe des économistes libéraux se perpétue avec courage et répand les mêmes vérités qu’au temps de Turgot.

Morellet, Sieyès, Baudeau, Raynal, Saint-Pierre, etc. : Pourquoi tant d’abbés défenseurs du libéralisme au XVIIIe siècle ?

Parmi les artisans de la liberté politique et de la tolérance religieuse se trouvent les abbés Sieyès, Grégoire, Loménie de Brienne. Autour des pionniers du laissez-faire se mêlent pareillement d’autres porteurs de l’habit ecclésiastique : l’abbé Alary est avec d’Argenson l’un des animateurs du club de l’Entresol ; Vincent de Gournay s’appuie sur de nombreux abbés, tels Coyer ou Le Blanc, pour diffuser son programme de réforme économique ; enfin François Quesnay peut compter sur la collaboration des abbés Roubaud et Baudeau à l’œuvre physiocratique, de même que sur l’appui de disciples ou d’auxiliaires émancipés comme Morellet ou Condillac. Enfin, l’idée de paix n’a pas de meilleur représentant en ce siècle que l’abbé de Saint-Pierre, ni l’anticolonialisme de plus grand propagandiste que l’abbé Raynal.

Des habitudes d’intempérance

Dans cette conférence donnée en 1868, Henri Baudrillart étudie les causes de l’un des grands fléaux des classes ouvrières : l’intempérance, c’est-à-dire précisément l’alcoolisme. Il pèse une à une ces causes ou probables ou démontrées, et termine son discours sur la question des modes opératoires pour réformer, si ce n’est vaincre tout à fait, ce mal social dangereux.

Algérie. Rapport sur la situation économique de nos possessions dans le nord de l’Afrique

Devant l’Académie des sciences morales et politiques, dont les membres, quoique libéraux, sont aussi de fervents défenseurs de la colonisation, Adolphe Blanqui présente les conclusions d’un voyage qu’il vient d’effectuer en Algérie. L’un des principaux freins au développement de notre nouvelle colonie, dit-il, est l’état instable et embrouillé de la propriété, qu’il est urgent d’asseoir sur des bases solides. Il regrette aussi qu’on n’ait pas fait de l’Algérie une terre de libre-échange, et qu’au contraire la douane entrave un développement rendu difficile par ailleurs par bien d’autres considérations.

De la liberté de l’enseignement

« La vérité théorique, relativement à la liberté de l'enseignement, est fort simple. Elle consiste à dire que la faculté d'enseigner n'est point un droit dont le gouvernement ait besoin pour remplir sa véritable tâche ; qu'elle ne fait point partie essentielle et intégrante de sa souveraineté ; qu'elle n'est point, finalement, une magistrature ; qu'elle est une profession, une des grandes professions que l'économie de la société embrasse, profession en soi fort simple, fort naturelle, fort innocente, dont le gouvernement ne peut s'emparer au détriment de ceux qui la voudraient exercer honorablement et sans préjudice pour personne, et dans laquelle, naturellement, nul ne peut être responsable que de ses mauvaises actions. »

L’agriculture a besoin de liberté, non de distinctions

Si on doit rendre hommage aux Physiocrates d'avoir défendu, dans bien des questions, le laisser faire et le laisser passer, ils sont tombés dans l'erreur, selon Benjamin Constant, quand ils ont demandé des distinctions publiques pour l'agriculture. C'était, après avoir reconnu que l'autorité agissait mal, réclamer d'elle qu'elle agisse autrement : mais la seule action juste était qu'elle n'agisse pas, dit Constant.

Laissons Faire, n°46, juin 2022

Au programme de ce nouveau numéro : Essai de datation du Dictionnaire de l’Économie politique (1851-1853), par Benoît Malbranque. — Discours contre la colonisation de la France au Tonkin et à Madagascar, par Frédéric Passy (1885) — Les faits qui se sont produits depuis quarante ans justifient-ils les conclusions du pamphlet de Bastiat, Baccalauréat et socialisme ? (Société d’économie politique, réunion du 5 mai 1894.) — Recension critique : Œuvres complètes de Benjamin Constant. Série Documents. Volume I : Catalogue de la bibliothèque de Benjamin Constant, sous la direction de Kurt Kloocke, éditions De Gruyter, 2020.

Essai de datation du Dictionnaire de l’Économie politique (1851-1853)

Le Dictionnaire de l’Économie politique, conduit sous la direction de Charles Coquelin (mort en août 1852) et de Gilbert Guillaumin, a vu coopérer la plupart des grands noms du libéralisme économique français. Publié plus tard en deux forts volumes (respectivement en septembre 1852 et octobre 1853), il a toutefois d’abord vu le jour par livraisons successives, à partir d’août 1851. Une datation la plus précise possible des différentes couches d’articles peut avoir son utilité pour replacer ces productions pour certaines célèbres dans le contexte parfois agité qui les a vu naître. C’est ce qui est tenté ici, à partir des annonces retrouvées dans la presse périodique.

L’Institut de France et les anciennes Académies, par Léon Aucoc

Dans cette étude publiée en 1889, Léon Aucoc, membre de l’Institut, revient sur l’une des périodes agitées de l’histoire de cette institution, quand, au milieu du tourbillon révolutionnaire, elle est tour à tour supprimée puis rétablie. Était en débat, rappelle-t-il, l’utilité même d’une aristocratie officielle du savoir, au milieu d’institutions libres et démocratiques.

L’éducation doit-elle être libre ? (1828)

« Prodiguer les deniers des contribuables pour parvenir à imposer de force tel ou tel enseignement aux enfants que leurs familles pourraient et voudraient instruire, soit par elles-mêmes, soit par des maîtres délégués, c’est toujours, quelque pure intention qu’on ait, se permettre une exaction pour faire de la tyrannie. »

Notice biographique sur Anselme Batbie

Chrétien de cœur, Anselme Batbie a imprimé le sceau de ses convictions religieuses au libéralisme qu’il a défendu à l’Académie des sciences morales et politiques ou à l’Assemblée. Dans cette notice biographique, A. du Cassé revient sur cette particularité de sa personnalité et de sa trajectoire, au sein d’un libéralisme français resté tiraillé sur cette question de la religion.

Préface à “Pacifisme et colonisation” de François Nicol

En 1908, fortement affaibli et à moitié aveugle, Frédéric Passy s’est retiré dans les Pyrénées atlantiques pour prendre du repos. Il y reçoit (malgré ses ordres contraires), le texte d’une brochure qu’on lui lit, sur la manière de rendre compatibles la colonisation et l’idéal de la paix. Sceptique, quant à lui, sur le bienfondé de la colonisation, Passy ne peut manquer de rappeler ses convictions dans la courte préface en forme de lettre, que son « collègue », François Nicol, insère en ouverture de son texte.

Notice sur la vie et les travaux de M. Léon Aucoc 

À l’Académie des sciences morales et politiques, Maurice Sabatier retrace en mars 1913 la vie et les travaux de Léon Aucoc, membre défunt. Après une formation de juriste, Aucoc fut séduit un temps par le socialisme, avant que ses lectures ne le fassent passer décidément pour le libéralisme. De sa formation et de ses diverses fonctions au Conseil d’État, où il a longtemps travaillé, naquit un libéralisme consensuel et ouvert. Resté célèbre pour ses Conférences de droit administratif, il a aussi traité avec soin des recours pour excès de pouvoir pour protéger les simples citoyens des empiétements de la puissance publique.

Le socialisme d’État

En 1886, Léon Say rend compte devant ses collègues de l’Académie des sciences morales d’un nouveau livre de l’un des partisans les plus accrédités du socialisme d’État. S’engage alors une très longue discussion sur les attributions légitimes de l’État, au cours de laquelle de nombreux intervenants de marque, Paul Leroy-Beaulieu, Frédéric Passy, J.-G. Courcelle-Seneuil, E. Levasseur, précisent les termes de leur « nuance » libérale respective.

Allocution de Frédéric Passy sur les méfaits du tabac

En 1878, Frédéric Passy poursuit son combat contre ce qu’il présente comme deux fléaux de la moralité, de la santé et de l’économie française : l’alcool et le tabac. Appelé à fournir une courte allocution sur le tabac, en ouverture d’une conférence sur ce thème par le docteur Aimé Riant, il trace devant son auditoire tout ce que coûte, sur la santé, sur les rapports sociaux, sur les finances des individus et de l’État, ce dangereux passe-temps qui devient souvent addiction.