Le régime civilisateur de l’Indo-Chine

Partisan de la colonisation dans sa jeunesse, Gustave de Molinari est resté toute sa vie intéressé par ce qui était présenté comme l’introduction de la civilisation chez les peuples arriérés. Sceptique d’emblée à l’idée d’une colonisation par l’État, il a vu, au long de sa longue carrière, les effets désastreux du colonialisme, comme ici en Indochine (Vietnam), où les impôts et les fonctionnaires foisonnent, livrant ce pays conquis à un véritable pillage.

Rapport sur “Les conséquences de l’antisémitisme en Russie”

Préfacé par Gustave de Molinari, l’ouvrage de Chmerkine sur les conséquences de l’antisémitisme en Russie (1897) est présenté la même année à l’Académie des sciences morales et politiques par Frédéric Passy. Celui-ci salue la consciencieuse enquête dressée sur les conséquences économiques des pogroms, généralement moins étudiées, et souligne que ce cas montre une nouvelle fois que les mesures arbitraires et compressives appauvrissent même ceux qui les prennent.

Discussion sur l’organisation du travail et sur la limitation du travail des enfants

En 1845, une discussion s’engage à l’Académie des sciences morales et politiques sur les conceptions socialistes d’organisation du travail : ce thème, qui bifurque ensuite sur la question de la limitation du travail des enfants, est traité par Adolphe Blanqui, Hippolyte Passy, Charles Dunoyer, Gustave de Beaumont et quelques autres. Si une unanimité facile est obtenue contre les doctrines socialistes d’organisation du travail, la question du travail des enfants est un peu plus disputée. Pour la presque entièreté des intervenants, l’intervention de la loi est légitime pour protéger l’enfance. Mais comme à son habitude, Charles Dunoyer adopte une position contraire, ferme et radicale (et on sait que son intransigeance habituelle agaçait Tocqueville et Beaumont, qui étaient en froid avec lui). Pour lui la loi doit réprimer les sévices, les violences et les brutalités faites aux enfants, mais non pas empêcher arbitrairement leur travail ou le réglementer d’une manière uniforme.

L’homme aux quarante écus et les physiocrates, par Anselme Batbie

Dans cette conférence donnée en 1864, Anselme Batbie examine l’origine et les mérites du livre que Voltaire consacra aux questions fiscales et économiques sous le titre de L’homme aux quarante écus (1768). Il retrace d’abord les progrès de la science économique au XVIIIe siècle sous l’impulsion des physiocrates et explique leur conception de l’impôt unique. Enfin Batbie étudie la valeur de la critique que Voltaire a spirituellement adressée dans son livre aux physiocrates et à ce principe fiscal plus tard renié par la science.

Le negro problem aux États-Unis 

Après avoir accueilli quelques années auparavant une contribution sur la même question, le Journal des Économistes traite à nouveau, en 1897, du problème des Noirs aux États-Unis, cette fois par la plume de son rédacteur en chef, Gustave de Molinari. Celui-ci ne partage pas les sentiments des agitateurs américains, aveuglés, dit-il, par leur préjugé de couleur. Il constate toutefois comme eux que la population noire aux États-Unis est tombée dans une déchéance morale et économique après l’émancipation. Comme solution, Molinari repousse les mesures d’oppression ou d’éviction : il souhaiterait plutôt que le Noir, trop jeune encore pour la liberté, soit protégé par une forme de tutelle.

Le luxe, par Anselme Batbie (1866)

Dans cette conférence, Anselme Batbie examine les accusations portées par une longue tradition de philosophes et de moralistes sur les méfaits du luxe. Sur la base de la science économique, il établit la vraie nature du luxe, et lave de l’affront toutes les consommations qui ont pour but l’amélioration du confort de la vie humaine. Seul reste, pour recevoir une réprobation morale, le luxe aveugle, ou de représentation, qui porte sur des produits par égard pour leur rareté plutôt que par considération pour leur utilité réelle.

Contrebande (Dictionnaire du commerce et des marchandises)

Dans cet article audacieux, fourni pour le Dictionnaire du commerce et des marchandises de Guillaumin (1837-1839), Adolphe Blanqui fait un éloge de la contrebande et des contrebandiers. Ce commerce interlope, en défiant les plans des protectionnistes, force les gouvernements à abandonner leur système absurde de douanes et de prohibitions. En cela, la contrebande est un vecteur de progrès.

L’expédition européenne au Mexique (Partie 2 sur 2)

Après avoir exposé la situation politique du Mexique et expliqué les motifs des velléités des États-Unis sur lui, Michel Chevalier explique pourquoi, dans le cadre même du libéralisme qu’il défend, une politique étrangère d’intervention militaire se justifie, et ce que doit être son objet. Il s’agit, pour la France, l’Espagne et l’Angleterre, de rétablir les assises politiques du Mexique, pays dans la déchéance et l’anarchie, et de le sauver de l’accaparement total par les États-Unis.

L’expédition européenne au Mexique (Partie 1 sur 2)

En 1862, le Mexique est l’objet des menées et des convoitises de plusieurs nations de l’Europe, s’ajoutant ainsi aux visées longtemps entretenues par les États-Unis. L’État mexicain, affaibli, et dont les institutions ne donnent pas satisfaction, s’apprête à être renversé. Présentant cette situation dans une longue étude en deux parties, Michel Chevalier dresse d’abord le constat de la déchéance mexicaine, qui prépare la discussion des moyens d’action des nations européennes.

Le conseil d’État et les recours pour excès de pouvoirs, par Léon Aucoc

Quand une administration ou un détenteur d’autorité exerce un pouvoir qu’il n’a pas, ou dépasse le cadre dans lequel son action peut légitimement s’inscrire, il est nécessaire qu’une institution judiciaire spéciale puisse protéger les droits et les libertés des simples citoyens. C’est ce que fait le conseil d’État, comme Léon Aucoc, qui y a servi une grande partie de sa carrière, l’explique dans cet article publié dans la Revue des Deux-Mondes en 1878.

Sur le droit de réunion (suite)

En février 1869, Henri Baudrillart continue son évaluation de l’agitation socialiste et communiste révolutionnaire, qu’il a engagée dans le journal qu’il dirige, le Constitutionnel. Il rappelle invariablement ses principes, et les précise : le droit de réunion doit être inviolable, y compris pour les ennemis de la liberté, qui développent leurs sophismes à la tribune. Le droit et la raison mettent cependant cette limite, qu’ils ne peuvent franchir : les meneurs socialistes et communistes ne peuvent accuser et menacer des classes précises de la société et inciter à une révolte violente contre elles.

La justice et la liberté dans l’industrie typographique, par Edmond About (1865)

Amateur de lectures économiques, et admirateur en particulier de Michel Chevalier, le romancier et journaliste Edmond About consacre une large partie de la décennie 1860 à la vulgarisation des principes de l’économie politique libérale. Parmi ces ouvrages, Le Progrès (1864) et l’ABC du Travailleur (1868) connaîtront une large diffusion. Dans une autre brochure, publiée en 1865, il s’occupe de la liberté du travail des femmes, attaquée par les typographes parisiens, qui veulent les exclure du métier. L’occasion pour lui de rappeler les principes de la concurrence et de soutenir la cause du droit égal pour tous, hommes et femmes, de gagner sa vie par son travail.

Sur le droit de réunion (29 janvier 1869)

Dans un article du 29 janvier 1869, Henri Baudrillart s’explique sur le sens de ses critiques à l’égard des turbulentes réunions socialistes qui agitent à ce moment la France. Ce n’est pas, dit-il, un rejet de la liberté de réunion, dont il est chaudement le défenseur. C’est un simple rappel à l’ordre, la loi étant ce qu’elle est, et l’agitation violente étant un délit ; c’est encore un conseil, car les abus de la liberté pourront à terme produire une réaction contraire, qui interdirait toutes les réunions politiques.

L’Europe et la Chine

Pour la Revue des Deux-Mondes, Michel Chevalier raconte en 1840 les ambitions des Anglais en Chine et dans l’Extrême-Orient. La pensée d’unir la civilisation de l’Orient et de l’Occident, et surtout ces pôles majeurs que sont l’Europe et la Chine, est, dit-il, l’une des plus importantes qui soit, et elle doit sous peu révolutionner le monde. Selon lui, les progrès économiques, sociaux et politiques qu’amène de manière croissante la liberté en Europe, ne peuvent suffire seuls à satisfaire les passions et l’enthousiasme naturel de ces peuples. Les Européens doivent pénétrer en Chine et ouvrir le monde : c’est le vœu de la Providence.

Caisse d’épargne (Dictionnaire du commerce et des marchandises)

Pour le Dictionnaire du commerce et des marchandises, Adolphe Blanqui présente en 1837 les mérites des caisses d’épargne, qui ont, dit-il, été un évènement dans l’histoire des classes laborieuses, en ce qu’elles fermaient l’ère de la charité par l’aumône pour ouvrir celle de la philanthropie par l’indépendance du travailleur. Le développement très grand qu’a pris cette institution prouve que le ressort de l’initiative individuelle est puissant et que le sens de l’épargne peut effectivement être une ressource.

L’agitation pour l’émancipation des femmes en Angleterre et aux États-Unis (1872)

Au sein du mouvement libéral français, quelques auteurs d’exception, comme Yves Guyot, ont défendu les droits méconnus des femmes et leur émancipation civile et politique, faisant œuvre de pionniers. Ils se tenaient toutefois en marge : la majorité des libéraux français du XIXe siècle n’admet pas le droit de vote des femmes ni le principe de l’égalité des sexes. Dans un article spécialement consacré à ce sujet, à l’occasion du fameux livre de John Stuart Mill (De l’assujettissement des femmes), Henri Baudrillart livre bataille contre la théorie émancipatrice et nous rappelle la vraie situation du libéralisme français du temps.

Introduction à la 15e année du Journal des économistes

En janvier 1856, en prenant la charge de rédacteur en chef du Journal des économistes, Henri Baudrillart trace, dans une introduction à la quinzième année d’existence de cette revue, le tableau de l’état du libéralisme économique en France et dans le monde. Partout, dit-il, il est en progrès, et en France même, malgré l’absence de l’économie politique dans l’enseignement, le groupe des économistes libéraux se perpétue avec courage et répand les mêmes vérités qu’au temps de Turgot.

Morellet, Sieyès, Baudeau, Raynal, Saint-Pierre, etc. : Pourquoi tant d’abbés défenseurs du libéralisme au XVIIIe siècle ?

Parmi les artisans de la liberté politique et de la tolérance religieuse se trouvent les abbés Sieyès, Grégoire, Loménie de Brienne. Autour des pionniers du laissez-faire se mêlent pareillement d’autres porteurs de l’habit ecclésiastique : l’abbé Alary est avec d’Argenson l’un des animateurs du club de l’Entresol ; Vincent de Gournay s’appuie sur de nombreux abbés, tels Coyer ou Le Blanc, pour diffuser son programme de réforme économique ; enfin François Quesnay peut compter sur la collaboration des abbés Roubaud et Baudeau à l’œuvre physiocratique, de même que sur l’appui de disciples ou d’auxiliaires émancipés comme Morellet ou Condillac. Enfin, l’idée de paix n’a pas de meilleur représentant en ce siècle que l’abbé de Saint-Pierre, ni l’anticolonialisme de plus grand propagandiste que l’abbé Raynal.

Des habitudes d’intempérance

Dans cette conférence donnée en 1868, Henri Baudrillart étudie les causes de l’un des grands fléaux des classes ouvrières : l’intempérance, c’est-à-dire précisément l’alcoolisme. Il pèse une à une ces causes ou probables ou démontrées, et termine son discours sur la question des modes opératoires pour réformer, si ce n’est vaincre tout à fait, ce mal social dangereux.

Algérie. Rapport sur la situation économique de nos possessions dans le nord de l’Afrique

Devant l’Académie des sciences morales et politiques, dont les membres, quoique libéraux, sont aussi de fervents défenseurs de la colonisation, Adolphe Blanqui présente les conclusions d’un voyage qu’il vient d’effectuer en Algérie. L’un des principaux freins au développement de notre nouvelle colonie, dit-il, est l’état instable et embrouillé de la propriété, qu’il est urgent d’asseoir sur des bases solides. Il regrette aussi qu’on n’ait pas fait de l’Algérie une terre de libre-échange, et qu’au contraire la douane entrave un développement rendu difficile par ailleurs par bien d’autres considérations.