Benjamin Constant, penseur de la religion

Pendant plus de quarante ans, Benjamin Constant a travaillé avec intermittence à la grande étude publiée à la toute fin de sa vie sur les religions. Cette somme en cinq volumes, parue sous le titre De la Religion, est désormais disponible dans la grande édition critique des Œuvres complètes. Elle présente une facette oubliée, mais parfaitement jointe aux autres, de la pensée de ce grand philosophe du libéralisme.

L’abstention électorale 

Dans cet article, Yves Guyot s’explique sur le danger de l’abstention. Les libertés humaines, dit-il, ont besoin de défenseurs, et les citoyens qui quittent l’arène livrent leur sort à des hommes qui se présentent d’avance pour en mal user. Il est vrai que l’abstention fragilise le socle majoritaire sur lequel un élu est assis ; cependant il n’en agit pas moins comme s’il jouissait de l’assentiment universel. Aussi, les partisans du progrès, de l’ordre et de la liberté doivent se ressaisir, et ne pas s’éloigner des urnes et s’abandonner au destin avec fatalisme.

Chronique (Journal des économistes, août 1887)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison d’août 1887, le développement du protectionnisme à travers le monde, le fléau de l’alcoolisme, la colonisation en Indochine, et l’hygiène sur les navires.

Edmond About

Romancier, auteur touche-à-tout, propagandiste des idées libérales pour le grand public, Edmond About (1828-1885) jouit aujourd’hui d’une célébrité en demi-teinte. Ses romans, lus surtout par un jeune public, sont fréquemment réédités ; mais la partie doctrinale de son œuvre, faite de livres comme Le Progrès (1864) ou l’ABC du travailleur (1868), est tombée dans l’oubli, malgré la force des idées libérales qu’ils contiennent et leur style entraînant. Dans l’étude qui suit, la contribution d’About au libéralisme français est étudiée pour la première fois avec profondeur et sur la base de documents inédits.

Les accidents du travail et le Congrès de Milan

En 1894, Yves Guyot revient dans la Revue politique et parlementaire sur les discussions qui viennent d’avoir lieu, lui présent, au congrès de Milan sur les accidents du travail. Venu sans préjugé, Guyot a pu étudier les effets de l’assurance obligatoire par l’État instaurée en Allemagne, et il en est revenu plus favorable que jamais à l’assurance libre et aux prescriptions existantes du Code civil.

Chronique (Journal des économistes, mars 1894)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme, dans cette livraison de mars 1894, les effets du protectionnisme, la souffrance des viticulteurs, une loi anglaise sur les accidents de travail, et le soutien public aux porteurs de dettes publiques étrangères.

Théâtres et cafés, par Edmond About (1872)

Dans le journal Le XIXe siècle, Edmond About critique Gustave de Molinari qui, dans le Journal des débats, vint de défendre les cafés-concerts et cafés-chantants, au nom de sa bien-aimée liberté des théâtres. Pour About, Molinari a mal choisi sa cause : ces cafés qui offrent du théâtre au mépris du droit d’auteur et des règlements que respectent tous les autres établissements libres, font un métier décidément illégal. La loi, après après écarté le privilège et établi la liberté dans l’industrie des théâtres, ne doit pas dégénérer en licence, et les règlements qu’on lui a donné doivent être respectés partout.

La limitation de l’immigration étrangère

À la Société d’économie politique, en juin 1888, la question de l’immigration étrangère en France produit, de manière assez rare, une parfaite unanimité. Tous les orateurs se prononcent en faveur de l’immigration libre, remarquant que l’immigrant apporte un capital et un savoir-faire et qu’il s’emploie dans des métiers rejetés par les nationaux. Deux précautions semblent toutefois devoir être prises, disent les orateurs : l’une, par le contrôle du casier judiciaire, qui permette d’éviter l’afflux d’une immigration de délinquants ; l’autre, par la domiciliation des secours, pour éviter que les étrangers ne viennent émarger en trop grand nombre au budget de la charité publique.

Accident du travail

Tout juste revenu du Congrès international de Milan, organisé sur la question des accidents du travail, Yves Guyot fait part de ses observations dans la presse parisienne. Le système allemand de l’assurance obligatoire le convainc moins que jamais : les faits prouvent qu’il atteint des résultats déplorables, et ce en usant du moyen peu progressiste de la contrainte légale. Si l’on veut maintenir intacte, dit-il, la liberté et la responsabilité individuelle de l’ouvrier comme du patron, c’est vers l’assurance libre et vers le mécanisme déjà existant de la responsabilité civile qu’il faut se tourner.

Le problème de la dépopulation

Dans cet article qu’il consacre à la toute fin de sa vie à la question très débattue alors de la baisse de la natalité française, Gustave de Molinari prend le contre-pied des analyses habituelles des hommes politiques. Si la France connaît un problème de dépopulation, explique-t-il, c’est avant tout à cause de l’État, qui par ses lois sur le travail, sur l’éducation obligatoire, et sur le service militaire — sans parler même de ses impôts très lourds —, a rendu les naissances si coûteuses et si peu profitables. La solution, par conséquent, n’est pas à trouver dans un système fiscal ou légal qui favorise les pères de familles nombreuses : il est dans la modestie aux finances publiques et dans la liberté la plus complète donnée aux individus.

La colonisation, par Edmond About

Un mois avant sa mort, Edmond About prend la parole devant la Société française de colonisation, dont il est devenu le président. On sait que depuis la défaite française de 1870, About croit trouver dans les colonies le moyen pour la France de regagner une influence et de continuer à compter dans le monde. Ici, il évoque l’utilité des colonies pour l’absorption d’une partie des malheureux des grandes villes, que l’hiver glace, et qui peinent à trouver logement et nourriture. Ils feraient d’admirables colons, si l’initiative privée et l’État au besoin les aidaient dans leur transport aux colonies. 

Statistique des avortements, des viols et des infanticides

En 1878, Paul Leroy-Beaulieu commente les dernières statistiques de la justice criminelle relatives aux mœurs, c’est-à-dire particulièrement les avortements, les viols et les infanticides. Il remarque d’abord que ces crimes sont très fortement sous-évaluées, et que la France serait un fort beau pays s’il ne s’y commettait annuellement que 27 avortements ou 200 infanticides. Mais si grave que soit ces crimes, Paul Leroy-Beaulieu demande surtout au législateur de considérer leurs causes profondes. Il y a notamment, dit-il, dans la loi qui interdit la recherche de la paternité, ou dans la jurisprudence qui manque de fermeté face aux promesses de mariage non tenues, des failles qui font peser de manière injuste le poids des fautes morales sur la femme plutôt que sur l’homme.

Le père de la prohibition

En 1894, les célébrations données en Angleterre et aux États-Unis pour le général Neal Dow, initiateur de la première loi de prohibition de l’alcool (dans l’État du Maine), soulèvent un enthousiasme qu’Yves Guyot est loin de partager. Pour lui, la prohibition est une atteinte à la liberté individuelle, à la liberté du travail et à la propriété ; elle fait de la morale d’autorité, et remplace la vertu par l’obéissance. C’est une loi paternaliste et tyrannique.

Les mœurs financières actuelles et les réformes légales nécessaires

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la succession de scandales financiers et boursiers préoccupe les hommes d’État et les spécialistes des questions économiques et financières. Pour Leroy-Beaulieu, écrivant en 1875, la spéculation est dans l’ordre des choses et ses ravages fréquents sont hors de la portée du législateur. Il existe toutefois, dans la loi sur les sociétés par exemple, des vices ou des manquements, et des réformes sages, respectant la liberté, pourraient mettre des bornes à certaines pratiques. Mais l’essentiel est pour l’investisseur de se tenir circonspect et attentif.

Chronique (Journal des économistes, 1888)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme, dans cette livraison de juin 1888, le protectionnisme aux États-Unis, le travail des femmes, la réforme du droit pénal, et bien d’autres sujets.

Du rétablissement des tours

En 1878, une discussion s’est engagée sur la question de l’avortement, de l’infanticide et des enfants abandonnés, et la solution du rétablissement des tours (où une mère anonyme peut livrer son enfant à la charité publique) est agitée par certains réformateurs soi-disant philanthropes. Pour Frédéric Passy, qui réagit par deux fois, cette mesure est immonde, dangereuse et inhumaine ; elle ne fera qu’encourager l’abandon d’enfants, au lieu de le proscrire et le flétrir.

L’État doit-il se substituer aux particuliers pour introduire dans le pays une industrie que l’initiative privée, par oubli ou calcul, n’y acclimate pas ?

Au moins depuis Frédéric Bastiat, les libéraux français ont été solidement attachés au libre-échange, et adversaires du protectionnisme. Mais ce courant ayant ses sensibilités, l’attachement au libre-échange n’était pas, chez tous, inconditionnel : ainsi, à la Société d’économie politique, la question de la protection des industries naissantes (éternel bastion de repli du protectionnisme battu) est source en 1890 d’une légère division.

Le Code civil et la question ouvrière

En 1886, une discussion s’engage à l’Académie des sciences morales et politiques sur le contrat de travail et la législation qui l’encadre. Pour Paul Leroy-Beaulieu, l’un des intervenants, la loi n’a plus grand’chose à faire dans la question : à part la question spéciale des femmes, dont la liberté du travail est incomplète, et qui ne jouissent pas comme elles devraient de la libre disposition du salaire, le législateur aurait tort d’intervenir dans les rapports entre employés et employeurs. Même pour le cas des accidents du travail, alors largement débattu, on devrait recourir d’abord à l’assurance libre, et ne pas postuler d’emblée qu’une loi générale est nécessaire.