Les lois prohibitives de la chasse

La discussion sur la liberté de la chasse donne lieu, en 1864, à une grande diversité d’opinion à la Société d’économie politique. Si pour les uns, le droit de propriété sur un bois ou une forêt emporte le droit de chasse sur les animaux qui s’y trouvent, d’autres critiquent cette idée comme peu satisfaisante au point de vue du droit, voire repoussent la chasse elle-même comme une pratique barbare.

Question politique sur le mariage

Interrogé sur le mariage, l’abbé de Saint-Pierre, qui avait eu par ailleurs l’audace de demander la liberté du mariage pour les prêtres, expose sa position générale. Pour lui, le mariage a vocation à être indissoluble, ne serait-ce que pour protéger les enfants qui sont des tiers et qui pourraient souffrir d’une séparation. Il suggère toutefois que la loi pourrait donner la liberté aux couples mariés sans enfants de se séparer dans certaines circonstances et avec certaines protections au conjoint qui n’en aurait pas fait la demande.

Mesures propres à favoriser les progrès de la colonisation en Algérie

En juillet 1856, la Société d’économie politique examine deux thèmes distincts. Tout d’abord, suite à l’émeute et aux incendies de Valladolid, Marie-Garcias Quijano, réfugié espagnol, membre de la Société d’économie politique depuis 1850, prend la parole pour évoquer la situation politique locale. Ensuite, Joseph Garnier, Alphonse Courtois et quelques autres examinent si le législateur a raison de chercher à encadrer la fondation et la vie des sociétés par actions, en fixant des modalités ou des responsabilités. Pour la plupart, les associations ne peuvent prospérer que dans la liberté.

Avantages que doit produire l’agrandissement continuel de la ville capitale d’un État

À l’époque où l’abbé de Saint-Pierre écrit ce texte, Paris est en proportion deux fois moins peuplée que Londres. Pour l’auteur, l’accroissement libre de la capitale ne serait que bénéfique : une capitale est un lieu d’émulation, de progrès, de concurrence plus vive, elle propose à ses habitants une existence plus douce et plus prospère. Il ne faut pas craindre cette immigration vers la capitale, mais s’attacher à mettre à niveau les institutions de police ou de justice, et les aménagements comme routes, ponts, écluses, etc.

De l’utilité et de l’inutilité des colonies (deuxième partie)

Malgré l’affirmation enthousiaste de Paul Leroy-Beaulieu, selon lequel la colonisation est une question jugée, et que tout le monde admet son utilité, le débat soulevé à la Société d’économie politique sur cette question fait apercevoir de vraies divisions. Face à Paul Leroy-Beaulieu, le plus affirmatif et résolu dans sa défense de la colonisation, Frédéric Passy et Émile Levasseur soutiennent que la conquête du monde par la race européenne ne mérite d’être faite que par le commerce et une colonisation non-violente, ou dans des territoires très rares où les conditions sont extrêmement propices. Yves Guyot rejette même tout idée de colonisation, et se lance dans un réquisitoire implacable, fondé sur les faits.

Projet pour rendre les troupes beaucoup meilleures et les soldats plus heureux

Pour diminuer le nombre croissant de déserteurs, l’abbé de Saint-Pierre étudie, à la suite de Vauban, si la faiblesse de leur rémunération ne serait pas en fait la raison principale de ce fléau. En comparant le montant des soldes et en prenant en compte la variation des monnaies, il démontre que la hausse des prix, suite des manipulations monétaires, a provoqué un appauvrissement pour les soldats. Par conséquent, pour maintenir des troupes fidèles, endurantes et habiles, qui ne cherchent pas la première occasion pour s’échapper ou revenir dans la vie civile, il faut rétablir la juste proportion, et augmenter leur solde.

À propos des Œuvres complètes de Gustave de Molinari

La collection des Œuvres complètes de Gustave de Molinari, ambitieux projet engagé en 2019 (année du bicentenaire de la naissance de l'auteur) sous la direction de Mathieu Laine et avec le soutien de M. André de Molinari, poursuit tranquillement son cours aux éditions de l'Institut Coppet. Après quatre volume publiés en 2020, cinq nouveaux volumes ont été publiés cette année. Les contributions les plus célèbres de l'économiste belge, et notamment son article sur La production de la sécurité (1849) et les Soirées de la rue Saint-Lazare (1849) sont ainsi disponibles, entourés de textes moins connus, et de plusieurs centaines d'articles inédits.

Le régime douanier qui serait favorable à l’Algérie

En août 1858, lorsque la Société d’économie politique s’occupe une nouvelle fois de la question de l’Algérie, le malaise est perceptible, et le compte-rendu très bref de cette séance en donne la mesure. Même étudiée du point de vue de la liberté des échanges, la colonie algérienne ne peut manquer de faire naître des controverses. Il y a des opinions, soutiennent certains orateurs, qui n’ont peut-être pas leur place soit dans le Journal des économistes, soit à la Société d’économie politique. La discussion, de ce point de vue, n’était pas aisée, et l’opinion anti-coloniale française, à cette époque, devait subir des circonstances provisoirement contre elle.

Y a-t-il des impôts moralisateurs, et, dans le cas de l’affirmative, à quels caractères les reconnaît-on ?

En décembre 1888, Frédéric Passy, Léon Say, Henri Baudrillart et quelques autres examinent à la Société d’économie politique la question des impôts moralisateurs. Ce n’est pas à proprement un objectif légitime pour l’impôt, disent-ils généralement, que de moraliser : s’il est justement réparti, et instauré pour de bons motifs, il donne un bon exemple ; mais au-delà, l’objectif de dissuader par ce moyen la consommation d’alcool ou de tabac, par exemple, n’est pas légitime. Entre deux impôts, celui qui moralise vaut mieux que celui qui démoralise, mais ce n’est pas l’objectif premier de la fiscalité : celle-ci doit pouvoir aux dépenses collectives, et non régenter et régénérer l’humanité.

Observations pour rendre la société du mariage plus heureuse

Pour l’abbé de Saint-Pierre, le mariage est une petite société dans laquelle l’essentiel est de pratiquer la justice et la bienfaisance. Ces vertus permettent de goûter le plaisir de l’union et de l’amitié une fois que la passion de l’amour s’est affaibli ou éteint. Il s’agit de donner pour recevoir : de multiplier les attentions pour inspirer les attentions, et de procurer des plaisirs pour recevoir des plaisirs.

Chronique (Journal des économistes, mai 1893)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de mai 1893, la tyrannie syndicale et la manifestation du 1er mai, la protection des salaires par l’interdiction de la main-d’œuvre étrangère, la famine en Algérie, et la progression parallèle des budgets et des impositions en France.

Lettre sur les femmes

Préparant son Ouvrage sur les femmes (1740), Louise Dupin reçoit le soutien et les réflexions personnelles de l’abbé de Saint-Pierre. Dans cette longue lettre, il recourt à l’histoire antique — grecque, romaine mais aussi chinoise — pour aider à la réhabilitation des femmes. Leurs vertus morales, leur bravoure, leur abnégation et même leurs talents, éclatent au grand jour à la lecture de l’histoire du monde. Il est temps, dit-il, de rendre les femmes les égales des hommes.

D’une union douanière de la France avec l’Algérie

En mai 1850, la discussion de la réunion mensuelle de la Société d’économie politique s’engage d’abord sur la question controversée de l’Algérie. De cela, pourtant, le compte rendu officiel dresse un portrait assez discret. « M. Wolowski et quelques autres membres », lit-on, « ont échangé diverses observations au sujet de l’annexion économique de l’Algérie. » La défense du libre-échange en Algérie fait l’objet d’un rapport plus circonstancié. De même, quand la discussion bifurque ce jour-là sur le point précis de la marque obligatoire sur les produits de l’industrie, on sent un soulagement général, et le compte-rendu peut ainsi achever un rapport très court sur cette séance, par des considérations enfin un peu consensuelles.

Chronique (Journal des économistes, juillet 1882)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de juillet 1882, les subventions publiques faites à l’Opéra national, l’antisémitisme en Russie, la crise internationale autour de l’Égypte et du canal de Suez, le monopole du tabac en Allemagne, et le développement du protectionnisme en Russie et aux États-Unis.

De l’utilité et de l’inutilité des colonies (première partie)

Malgré l’affirmation enthousiaste de Paul Leroy-Beaulieu, selon lequel la colonisation est une question jugée, et que tout le monde admet son utilité, le débat soulevé à la Société d’économie politique sur cette question fait apercevoir de vraies divisions. Face à Paul Leroy-Beaulieu, le plus affirmatif et résolu dans sa défense de la colonisation, Frédéric Passy et Émile Levasseur soutiennent que la conquête du monde par la race européenne ne mérite d’être faite que par le commerce et une colonisation non-violente, ou dans des territoires très rares où les conditions sont extrêmement propices. Yves Guyot rejette même tout idée de colonisation, et se lance dans un réquisitoire implacable, fondé sur les faits.

La constitution américaine et ses amendements, par Joseph Chailley

En 1889, Joseph Chailley-Bert expose les grands principes de la constitution fédérale américaine, en ouverture d’une traduction de son texte et des amendements apportés. Cette constitution tant vantée n’est pas sans mérite, mais sa portée et son efficacité historique pour produire de la concorde et du progrès ne doivent pas être surestimées. Les peuples doivent à eux-mêmes, à leurs mœurs, la plus grande partie des succès qu’ils obtiennent, juge-t-il ; les institutions sont un cadre qu’on arrange, qu’on retravaille, et qui est toujours sous la dépendance de l’opinion publique.

Œuvres complètes de Gustave de Molinari (Volume 9)

Œuvres complètes de Gustave de Molinari, sous la direction de Mathieu Laine, avec le soutien de M. André de Molinari, et avec des notes et notices par Benoît Malbranque. — Volume 9 : En exil dans son propre pays (1852). Éloigné physiquement de la scène du libéralisme économique français, Gustave de Molinari poursuit sa collaboration aux grandes œuvres du mouvement : le Journal des économistes, et le nouveau Dictionnaire de l’économie politique. En Belgique, il ouvre un cours d’économie politique et prononce des conférences. La menace que Louis-Napoléon Bonaparte représente pour les libertés en France mais aussi en Belgique apparaît lancinante, et domine l’arrière-plan.

Laissons Faire, n°51, novembre 2022

Nouveau numéro de la revue Laissons Faire, de l'Institut Coppet. Au programme : (ÉTUDES) Louis-Paul Abeille (1719-1807), par Benoît Malbranque. (TEXTES) La Russie et les États-Unis au point de vue économique, par Gustave de Beaumont (1854). — L’amortissement de la dette est-il préférable à la réduction des impôts ? (Société d’économie politique, réunion du 5 janvier 1877). (RECENSION CRITIQUE) François Etner, Catholiques et économistes. Leurs controverses depuis la Révolution, Classiques Garnier, 2022.

Du meilleur mode de constituer la propriété en Algérie

En 1863, la Société d’économie politique s’occupe, après avoir validé une élection interne, du sujet controversé de la colonisation en Algérie. Le point de vue adopté est assez consensuel, il s’agit du régime de la propriété, où les libéraux peuvent élaborer leurs idées dans un cadre assez commun. La discussion, cependant, ne sera jamais publiée. Le Journal des économistes du même mois invoque un manque de place, rejette la discussion au mois suivant, et finalement n’y reviendra jamais. De toute évidence, la discussion ne fut pas plaisante, et il fut jugé que sa publication et une publicité donnée à certaines idées était à éviter.

Le message libéral de la Religieuse de Diderot

La Religieuse raconte comment une jeune femme, Suzanne Simonin, est destinée par sa famille au couvent, et pourquoi ; il conte sa résignation première, sa bonne volonté, et l’énervement progressif de ses sens et de sa tête, jusqu’à la rébellion et plus tard à l’évasion qui doit lui rouvrir les portes du monde libre. On la voit prononcer ses vœux, s’en morfondre, et de Longchamp à Saint-Eutrope subir les méfaits de la séquestration et de la tyrannie.