Les accidents du travail manuel

Dans la question des accidents du travail, Eugène Rostand voit encore une fois un exemple de la supériorité de l’initiative privée sur l’action publique. Les systèmes étatistes d’assurance collective obligatoire sont remplis de périls pour l’avenir, et dès leurs premières années d’existence ils ont montré au monde l’ampleur de l’erreur théorique sur laquelle ils reposent. Pour résoudre les souffrances causées par les accidents du travail, il faut donc accepter de se tourner vers la liberté.

L’argent et ses critiques

Dans cette conférence prononcé devant un public majoritairement composé d’ouvriers, Henri Baudrillart explique les mécanismes de la monnaie, la formation du capital, l’échange (1867). Dans son exposé, il balaie l’un après l’autre les conceptions fausses et les sophismes qui ont eu cours pendant de nombreux siècles — si même ils n’ont pas survécu jusqu’à lui, et peut-être jusqu’à nous.

Chronique (Journal des économistes, mars 1909)

Chaque mois, entre 1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de mars 1909, l’incidence de l’impôt sur le revenu, le régime légal arbitraire pour les indigènes d’Algérie, et les récents développements du protectionnisme en France et du socialisme en Hollande.

De l’extradition des accusés entre la France et l’Angleterre

Ce n’est pas précisément un signe clair d’une civilisation plus avancée, soutient Lucien-Anatole Prévost-Paradol en 1866, que la facilité donnée par un gouvernement à l’extradition des accusés étrangers. Les conditions négociées dans les traités bilatéraux sur cette question dépendent nécessairement du traitement légal réservé aux étrangers dans l’un et l’autre pays. L’Angleterre, par exemple, protège assez l’étranger pour exiger un acte d’accusation en bonne et due forme, avant de l’envoyer. Quand le gouvernement français réclame contre cette usage, et prétend imposer ses réclamations arbitraires sur une simple parole, il pêche contre le droit et la justice.

Les animaux reproducteurs 

À la suite de l’Exposition universelle tenue à Paris en 1855, Léonce de Lavergne, spécialiste des questions agricoles, revient dans la Revue des Deux Mondes sur les concours d’animaux reproducteurs. Il dresse le bilan des efforts faits en France et en Angleterre pour le croisement des races, l’amélioration ou la spécialisation, et fournit ses appréciations et recommandations à cet égard.

Qu’est-ce que la richesse ?

Dans cet article paru en novembre 1882 dans le Journal des économistes, Ernest Martineau réfute les positions de l’auteur d’une étude précédente, qui identifiait la valeur avec la richesse. Martineau explique donc, suivant notamment Bastiat, la vraie nature de la valeur et de la richesse, en détaillant particulièrement les effets de la production gratuite d’utilité faite par les ressources et les forces de la nature.

Les grands magasins universels et les petits détaillants (Partie 2)

Dans son journal L’Économiste français, Paul Leroy-Beaulieu étudie en décembre 1875 les plaintes des petits détaillants, qui souffrent de la concurrence croissante des grands magasins généralistes. Pour Leroy-Beaulieu, si les grands magasins prospèrent, c’est qu’ils rendent un meilleur service à leur clientèle, et le petit commerce doit répondre par le bon marché, par des produits plus personnels, par l’innovation, à leur invasion. Le régime fiscal entre les uns et les autres doit naturellement rester équilibré, et ne pas privilégier tels ou tels acteurs : mais à l’analyse, il ne semble pas que l’impôt soit démesurément porté par le petit commerce. Il reste aux petits détaillants les ressources de la liberté et de l’association pour résister à l’assaut de leurs ingénieux concurrents.

Conférence au profit de l’Association des dames françaises

Fondée en 1879 avec pour objectifs « la préparation et l'organisation des moyens de secours qui, dans toute localité, peuvent être mis à la disposition des blessés ou malades de l'armée française », l’Association des dames françaises participait à une œuvre utile, que saluait Jules Simon dans cette conférence de 1887. Issue d’une scission avec la Société française de secours aux blessés militaires, elle donnait pour la première fois aux femmes un rôle, non d’assistantes, mais de directrices.

Laissons Faire, n°52, décembre 2022

Nouveau numéro de la revue Laissons Faire, de l'Institut Coppet. Au programme : (TEXTES) Le droit de propriété et les propriétaires fonciers, par Ernest Martineau (1892). — L’Église et l’État en Amérique, par Édouard Laboulaye (1873). — Les grands magasins universels et les petits détaillants. Les griefs de ceux-ci contre ceux-là, par Paul Leroy-Beaulieu (1875-1876). — Y a-t-il des impôts moralisateurs, et, dans le cas de l’affirmative, à quels caractères les reconnaît-on ? (Société d’économie politique, réunion du 5 décembre 1888.) (RECENSION CRITIQUE) Iris de Rode, François-Jean de Chastellux (1734-1788). Un soldat-philosophe dans le monde atlantique à l’époque des Lumières, Honoré Champion, 2022.

Chastellux, théoricien de la « félicité publique » au temps des physiocrates

Voici un personnage bien méconnu, et peut-être digne de l’être : penser l’économie politique en libéral, mais en dehors de l’école physiocratique ; publier son livre sur le sujet en 1776, au moment où paraissent la Richesse des Nations d’Adam Smith et Le commerce et le gouvernement de Condillac, c’est se condamner à la marginalité. Et pourtant les marges du bien-nommé ouvrage De la félicité publique ont été couvertes de notes souvent approbatives et parfois piquantes par un certain Voltaire, il a été traduit dans les principales langues européennes, et un demi-siècle plus tard Jean-Baptiste Say, pas tendre avec les errements théoriques de ses prédécesseurs, parlait de « l’un des livres les plus recommandables du siècle dernier ». 

Le droit de propriété et les propriétaires fonciers 

Dans cet article de 1892, Ernest Martineau, le « Bastiatiste convaincu et documenté » (dixit Jules Fleury à la Société d’économie politique, en juillet 1901) signale l’absurdité de la démarche des grands propriétaires fonciers, qui, en poussant à l’augmentation des tarifs protecteurs, sapent le principe même de la propriété et fournissent des armes au camp socialiste, dont par ailleurs ils sont épouvantés. Les grands propriétaires fonciers, dit-il, sont dupes des promesses des partisans du protectionnisme, et la fortune qu’ils croient se fabriquer sur le dos des consommateurs n’est en vérité qu’un mirage, un pis-aller, en comparaison de la prospérité véritable qu’amènerait pour tous le libre-échange intégral.

Les fêtes publiques

Pour Henri Baudrillart, les fêtes publiques ne sont pas des dépenses improductives si elles moralisent, enrichissent la pensée et développent les individus. Pour cela, elles doivent être en harmonie avec l’époque, et contenir une forte dose de liberté. Les fêtes orchestrées et préparées minutieusement à l’avance appartiennent au ridicule de la Révolution française et ajoutent à ses errements. En cette fin de XIXe siècle, l’action à mener est à la fois négative et positive : d’un côté, il faut extirper autant que possible les fêtes dyonisiaques telles que les kermesses du nord de la France, et se refuser aux égarements de violence aveugle comme les combats de taureaux. Positivement, à l’époque de l’industrie, du travail et des échanges, l’Exposition universelle représente l’exemple d’une fête utile.

L’Église et l’État en Amérique

Grand partisan des États-Unis, Édouard Laboulaye explique dans cet article de 1873 les succès qu’y a rencontré la séparation des Églises et de l’État. Tandis qu’en Europe des religieux conservateurs cherchent à refonder leur domination, aux États-Unis d’innombrables confessions vivent en harmonie sous une loi commune de liberté et de responsabilité, et se financent directement auprès de leurs fidèles.

Chronique (Journal des économistes, février 1898)

Chaque mois, entre 1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de février 1898, les suites de l’affaire Dreyfus, la fin d’une grève des mécaniciens en Angleterre, la répression de l’usure en Algérie, et les récents développements du protectionnisme en France et à l’étranger.

République et liberté. Lettre au rédacteur

En 1871, le jeune Ernest Martineau apparaît sur la scène journalistique avec des convictions solides, en droite ligne de celles de Frédéric Bastiat, qu’il reconnaîtra bientôt comme son maître. Au milieu des agitations politiques et des controverses, dit-il, la juste compréhension des notions cardinales de la modernité, que sont la liberté et la propriété, doit servir de guide aux républicains, qui veulent fonder le régime de la France à venir. Cet effort d’analyse permettra de rejeter l’héritage embarrassant de l’Antiquité et de ses émules comme Rousseau, et de fonder une société véritablement fondée sur la liberté et la justice.

L’abbé de Saint-Pierre, pour la paix et la liberté

Au début du XVIIIe siècle, inspiré par les exemples de Descartes, Vauban ou Boisguilbert, l'abbé de Saint-Pierre (1658-1743) a multiplié les écrits et les projets pour défendre le double idéal de la paix et de la liberté. Avec plusieurs siècles d'avance, il a proposé l'instauration d'institutions internationales pour garantir la paix et la liberté du commerce. Au sein de l'économie politique naissante, il a participé à rectifier les idées sur le commerce, la monnaie, l'impôt. À Saint-Pierre-Église, dans le château où il est né et où il a composé la plupart de ses grands projets, Benoît Malbranque raconte la vie et les idées de ce chaînon manquant entre le classicisme et les Lumières, qui a servi d'inspiration à plusieurs générations de penseurs épris de l'idée de liberté.

Les grands magasins universels et les petits détaillants (Partie 1)

Dans son journal L’Économiste français, Paul Leroy-Beaulieu étudie en décembre 1875 les plaintes des petits détaillants, qui souffrent de la concurrence croissante des grands magasins généralistes. Pour Leroy-Beaulieu, si les grands magasins prospèrent, c’est qu’ils rendent un meilleur service à leur clientèle, et le petit commerce doit répondre par le bon marché, par des produits plus personnels, par l’innovation, à leur invasion. Le régime fiscal entre les uns et les autres doit naturellement rester équilibré, et ne pas privilégier tels ou tels acteurs : mais à l’analyse, il ne semble pas que l’impôt soit démesurément porté par le petit commerce. Il reste aux petits détaillants les ressources de la liberté et de l’association pour résister à l’assaut de leurs ingénieux concurrents.

Chronique (Journal des économistes, mars 1898)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de mars 1898, les ravages de l’antisémitisme, le développement du protectionnisme en France et aux États-Unis, la reprise des chemins de fer par l’État en Suisse, et ce que coûte la paix armée.

Le luxe des nations antiques

Historien du luxe public et privé, Henri Baudrillart examine pour le Journal des économistes (1877) le cas de l’Égypte ancienne, à travers les siècles de sa longue histoire. La somptuosité des parures des femmes, signe d’une liberté rare en Orient, se mêle à l’extraordinaire majesté des édifices religieux, rappelant la puissance du pouvoir sacerdotal : le tout forme, par touches successives, un tableau vif en couleur et pleins d’enseignements, d’une civilisation ancienne qui avait comme la nôtre son faste bien ou mal entendu.

Observations sur les colonies éloignées

Dans la controverse sur l’utilité ou l’inutilité des colonies, l’abbé de Saint-Pierre défend dans la première moitié du XVIIIe siècle une position qui se retrouvera, avec des développements et des aménagements, chez les grands auteurs libéraux de la seconde moitié du siècle. Coûteuses à établir, coûteuses à maintenir, les colonies ne développent pas le commerce, quand elles l’enserrent dans des monopoles et des restrictions. Si elles peuvent servir à enrichir quelques familles d’un État, elles sont à charge pour la nation tout entière.