Œuvres de Turgot – 186 – Le sacre du Roi

Œuvres de Turgot et documents le concernant, volume 3

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1775

186. — LE SACRE DU ROI.

I. — Approvisionnement de la ville de Reims.

1. Arrêt du Conseil, suspendant les droits d’entrée dans la ville de Reims pendant le Sacre.

[D. P., VII, 202. — D. D., I, 406.]

15 mai.

Le Roi, s’étant fait rendre compte de la nature et de la quotité des droits qui se perçoivent dans la ville de Reims, S. M. a considéré que si elle n’arrêtait point la levée de ces différents droits sur les consommations et approvisionnements qui auront lieu à l’occasion de son Sacre, il en résulterait un très fort produit, sur lequel les fermiers desdits droits n’ont pas dû compter, dont ils n’ont pas payé le prix, qui retomberait en surcharge pour les consommateurs, et opérerait le renchérissement des denrées ; en conséquence, S. M., voulant donner à ses sujets une nouvelle preuve de son affection paternelle et désirant empêcher autant qu’il est en elle que la cérémonie auguste qui demandera sa présence à Reims ne devienne onéreuse à ceux que leur amour pour leur souverain pourra appeler dans la même ville ; et que leur joie ne puisse être troublée par les contraventions auxquelles ils seront exposés… ordonne :

Non seulement pendant le séjour de S. M. à Reims, pour la cérémonie du Sacre, mais encore pendant les huit jours qui précéderont l’arrivée de S. M. et les huit jours qui suivront son départ, inclusivement, la ville de Reims et ses faubourgs jouiront de l’exemption des droits dus à l’arrivée, aux entrées, à la vente en gros et à la vente en détail, ou à la consommation sur les liqueurs, vins, eaux-de-vie, bière, cidre ou autres boissons, bestiaux morts ou vifs, gibier, volaille, marée, poissons d’eau douce, grains, légumes, fourrages, bois à brûler, charbon, et généralement sur toutes les denrées ou subsistances propres à la consommation ; se réservant S. M. de pourvoir, ainsi qu’il appartiendra, à l’indemnité que pourront prétendre les fermiers généraux des fermes unies, fermiers d’octrois, régisseurs, propriétaires ou autres, au profit desquels aucuns desdits droits seraient perçus : défend S. M. à tous commis de procéder à des visites où à des saisies, relativement aux-dits droits, pendant le susdit temps de franchise… [1]

2. Arrêts du Conseil sur les formalités à remplir pour l’exécution de l’Arrêt précédent.

[D. P., VII, 300, 302]

29 mai.

1er Arrêt. — L’affranchissement prévu par l’Arrêt du 15 mai ne doit pas être étendu aux droits dus hors de l’enceinte de la ville de Reims ni aux boissons qui en sortiront pour être vendues ou consommées ailleurs.

Les voituriers et autres qui conduiront des vins, eaux de vie… seront tenus de représenter aux bureaux de l’adjudicataire des fermes établis au delà de la ville et de ses faubourgs les congés ou acquits justificatifs du paiement des droits dus et perceptibles au lieu de l’enlèvement.

2e Arrêt. — L’intention de S. M. n’étant pas qu’à la faveur de l’exemption prévue par l’Arrêt du 25 mai, il puisse se faire des approvisionnements nuisibles aux droits d’entrées et de gros, perceptibles à Reims après le terme de la franchise, il sera procédé le lendemain du jour de l’expiration de la franchise, par les préposés de l’adjudicataire des fermes, chez les marchands en gros, cabaretiers, hôteliers et autres…, bouilleurs, marchands en gros et détailleurs d’eau de vie… un inventaire de tous les vins, eaux de vie… qui pourront leur rester ; les quantités desdites boissons qui se trouveront excéder les quantités restantes par les arrêtés faits la veille de la franchise seront assujetties aux droits[2].

II. — Formules de Serment à substituer aux formules en usage.

[A. L., Copie. — D. P., VII, 314.]

PROMESSE DU ROI AUX ÉVÊQUES.

Toutes les Églises de mon Royaume doivent compter sur ma protection et sur ma justice.

SERMENT DU SACRE.

Je promets à Dieu et à mes peuples de gouverner mon royaume par la justice et par les lois ; de ne jamais faire la guerre que pour une cause juste et indispensable ; d’employer toute mon autorité à maintenir les droits de chacun de mes sujets ; de les défendre contre toute oppression et de travailler toute ma vie à les rendre aussi heureux qu’il dépendra de moi.

SERMENT DU GRAND-MAÎTRE DE L’ORDRE DU SAINT-ESPRIT.

Je promets de maintenir l’ordre du Saint-Esprit dans l’éclat que lui ont conservé mes prédécesseurs. Il est de mon intérêt que l’admission dans cet Ordre continue d’être un objet d’émulation pour ma noblesse ; cette admission est une récompense de ses services d’autant plus flatteuse que l’honneur en fait tout le prix et qu’elle attache ceux qui en sont décorés d’une manière plus spéciale à ma personne par une sorte de confraternité qui m’est chère, et qui assure à jamais à l’Ordre toute ma protection.

SERMENT DU GRAND-MAÎTRE DE L’ORDRE DE SAINT-LOUIS

Je maintiendrai l’Ordre de Saint-Louis dans toutes ses prérogatives ; j’en porterai toujours la Croix comme symbole de l’honneur ; elle me rappellera la reconnaissance que je dois aux braves qui l’ont méritée au prix de leur sang.

SERMENT SUR LES DUELS [3]

Je promets de faire tout ce qui dépendra de moi pour abolir la coutume barbare des duels condamnée par la Religion et proscrite par les lois de mes Prédécesseurs.

« M. Turgot était sérieusement peiné de voir un aussi honnête homme qu’était le Roi entraîné pour des formules dictées dans des temps d’ignorance, d’intolérance et de superstition, à prononcer un serment que ce Prince ne voulait pas, ne pouvait pas vouloir tenir, celui d’exterminer les hérétiques, et que n’avaient prêté ni Henri IV, ni Louis XIII, ni Louis XIV, mais qui « depuis Louis le Débonnaire avait été renouvelé par tous les autres prédécesseurs de Louis le Vertueux » ; c’était l’expression de M. Turgot.

« Il écrivit au Roi pour éveiller sa scrupuleuse conscience… et joignit à cette lettre un nouveau projet de formules.

« Cette lettre très énergique et touchante n’a été vue, avant d’être soumise à M. de Maurepas et au Roi, que de M. de Malesherbes, et d’un autre ami de M. Turgot.

« M. de Maurepas n’osa empêcher M. Turgot, appuyé du suffrage de M. de Malesherbes, de la remettre à Louis XVI sur qui elle fit la plus vive impression. Mais cette impression, d’abord véhémente, ne put résister aux conseils du principal ministre… qui n’avait pu pardonner au contrôleur général d’avoir… exercé seul l’autorité pendant les cinq premiers jours de la sédition des farines[4]. L’intime amitié de M. Turgot et de M. de Malesherbes les lui faisait paraître encore plus redoutables pour son âge avancé… Il dit au Roi : « M. Turgot a raison ; mais il a trop d’audace… Il vous sera toujours facile de ne point persécuter. Les vieilles formules n’engagent plus à rien… » Le Roi ne changea pas la formule du serment mais aux paroles qui répugnaient à sa vertu, il suppléa, d’une voix basse et en rougissant, quelques mots inintelligibles. Le Procès-verbal fut conforme à celui du règne précédent.

« M. de Maurepas se vanta aux évêques d’avoir fait reculer deux philosophes tels que M. de Malesherbes et M. Turgot.

« Celui-ci justifia sa démarche auprès du Roi par son Mémoire sur la tolérance. » (Du Pont, Mém., 217 et s.)

« La lettre éloquente, sentimentale et courte, qui accompagnait les projets de serments, et dont Turgot avait conservé minute, paraît avoir été au nombre des papiers que M. de Malesherbes a cru devoir brûler dans la nuit qui suivit la mort de M. Turgot, dont la famille avait craint que les papiers ne fussent enlevés par ordre ministériel, comme il était arrivé au décès de quelques autres anciens ministres.

« C’est une grande perte ; cette même nuit en a causé plusieurs autres du même genre.

« Nous avons retrouvé le commencement du Mémoire sur la tolérance, par lequel M. Turgot exposa au Roi, quelques jours après le Sacre, son regret de n’avoir pas réussi dans la proposition de rendre le serment royal digne du cœur du Prince, entièrement conforme à l’intérêt du peuple, et les motifs plus détaillés de cette proposition » (Du Pont, VII, 316).

 

Lettre du Roi à Turgot.

[A. L., original.]

Reims, le 10 juin.

Je ne vous ai pas fait appeler, M., pour vous donner réponse à la lettre d’hier, parce que j’aimais mieux vous laisser un écrit comme gage de ma façon de penser sur votre compte à cette occasion. Je pense que la démarche que vous avez faite auprès de moi est d’un très honnête homme et qui m’est fort attaché ; je vous en sais le meilleur gré possible et je vous serai toujours très obligé à me parler avec la même franchise. Je ne veux pourtant pas, dans ce moment-ci, suivre votre conseil ; j’ai bien examiné depuis ; j’en ai conféré avec quelques personnes et je pense qu’il y a moins d’inconvénients à ne rien changer. Mais je ne vous suis pas moins obligé de l’avis et vous pouvez être sûr qu’il demeurera secret comme je vous prie de garder cette lettre.

Louis.

III. — Le Sacre.

Le 8 juin, le Roi avait quitté Versailles avec toute la Cour. Le Sacre eut lieu le 11, jour de la Trinité ; les cérémonies accessoires telles que le Te Deum, la revue et manœuvres, la guérison des écrouelles, les processions, le repas de gala occupèrent toute la semaine. Le Roi ne fut de retour que le 17 à Versailles. (Mercure, 2 juillet)

D’après le cérémonial, les évêques à un certain moment devaient demander le consentement du peuple pour l’élection du Roi. On retrancha cette scène. « Ce qui a indigné les patriotes, disent les Mémoires secrets (29 juin), ç’a été la suppression de cette partie du cérémonial. Quelque vaine que soit cette formule, dérisoire aujourd’hui, on trouve très mauvais que le clergé, pour qui semble surtout fait ce pieux spectacle, se soit avisé de retrancher de son chef l’autre partie et de ne conserver que ce qui le concerne spécialement. »

« Lorsqu’on posa la couronne sur la tête du Roi, il dit qu’elle le gênait ; lorsqu’il fallut prêter le serment d’exterminer les hérétiques, il crut sortir d’embarras en balbutiant quelques paroles inintelligibles. Le Roi et la Reine furent très sensibles aux acclamations du peuple ; pendant la cérémonie, Marie-Antoinette ne put contenir ses larmes. C’est une chose étonnante et bien heureuse en même temps, écrivit-elle à sa mère, d’être si bien reçue deux mois après la révolte et malgré la cherté du pain, qui malheureusement continue. » 22 juin)

Lettres de Mercy à Marie-Thérèse. — 23 juin. « Dans ce moment la Reine est investie de tous les partisans du duc de Choiseul ; ils excitent en elle des sentiments de haine et de vengeance qui ne sont point dans le caractère de cette jeune princesse. Elle cède cependant aux importunités et c’est de là que sont sortis tous les faits relatifs au procès du comte de Guines, au renvoi du duc d’Aiguillon, et aux intrigues qui sont actuellement en mouvement pour faire ravoir au duc de Choiseul la charge de colonel général des Suisses et même pour le remettre dans le ministère si tant est qu’il soit possible de vaincre à cet égard l’excessive répugnance du Roi. Elle a donné à Reims trois quarts d’heure au duc de Choiseul. S. M. me l’a dit elle-même. Entre temps, le duc de Chartres et le baron de Besenval… sont parvenus à persuader le comte d’Artois qu’il était de son honneur de rendre la charge des Suisses au duc de Choiseul. Le jeune prince s’est enflammé là-dessus et en a parlé au Roi duquel il ne tira qu’un refus très sec ; étant revenu une seconde fois à la charge, le Roi ne fit point de réponse et tourna le dos avec humeur. »

17 juillet. — « Dans l’audience en question, le duc de Choiseul débuta par louer la Reine de la fermeté avec laquelle elle avait protégé le comte de Guines et le duc ajouta que S. M. devrait pour comble de bonté demander le cordon bleu pour l’ambassadeur susdit… Le duc ne fit aucune sollicitation formelle sur ses propres affaires… Il insinua, avec le ton de la plaisanterie, tout ce qui pouvait être défavorable au ministère actuel. Il ridiculisa de son mieux les gens de robe… Pendant route cette crise intéressante, la comtesse de Brionne n’a pas quitté Versailles et y a joué le rôle le plus actif et le plus dangereux.

« Je sais que le duc de Choiseul, soit par lui-même, soit par ses amis, a fait envisager à la Reine qu’elle n’avait que deux partis à prendre : celui de gagner le Roi par les voies de douceur, ou celui de le subjuguer par la crainte. Il est visible que la Reine incline de préférence à choisir le dernier de ces deux partis.

Le 13 juillet, Marie-Antoinette avait écrit au comte de Rosenberg des lettres dans lesquelles elle avait avoué qu’elle avait tout fait pour obtenir l’exil du duc d’Aiguillon qui avait cherché à la braver dans l’affaire du comte de Guines. Elle avait ajouté : Vous aurez peut-être appris l’audience que j’ai donnée au duc de Choiseul à Reims ; on en a tant parlé que je ne répondrais pas que le vieux Maurepas n’ait eu peur d’aller se reposer chez lui. Vous croirez aisément que je ne l’ai point vu sans en parler au Roi et vous ne devinerez pas l’adresse que j’ai mise pour ne pas avoir l’air de demander de permission. Je lui ai dit que j’avais envie de voir M. de Choiseul et que je n’étais embarrassée que du jour ; j’ai si bien fait que le pauvre homme m’a arrangé lui-même l’heure la plus commode où je pouvais le voir. »

Cette lettre fit dire à Marie-Thérèse :

« J’en suis pénétrée jusqu’au fond du cœur ; quel style ! … elle court à grands pas à sa ruine… Si Choiseul vient au ministère, elle est perdue. Il en fera moins de cas que de la Pompadour, à qui il devait tout, et il l’a perdue le premier. »

Lettre du Roi à Maurepas. — Reims, 15 juin. — « Je suis libre de toutes mes fatigues ; la procession de ce matin (jour de la Fête-Dieu) était la dernière… J’ai été fâché que vous n’ayez pas pu partager avec moi la satisfaction que j’ai goûtée ici. Il est bien juste que je travaille à rendre heureux un peuple qui contribue à mon bonheur. Je vais maintenant m’en occuper. J’espère que vous aurez pensé aux moyens dont nous avons parlé ensemble. J’y ai pensé de mon côté, autant que j’ai pu, dans la foule des cérémonies ; la besogne est forte, mais avec du courage et vos avis, je compte en venir à bout. »

« Je commence à l’aimer, m’a dit Maurepas d’un air attendri, comme on aime son enfant qui a bonne volonté. Les moyens ne sont pas embarrassants, c’est l’affaire de Turgot ; il en trouvera, mais la force, voilà le difficile, il ne faut pas que derrière nous, il aille donner des promesses qui contrarient les plans arrêtés. (Journal de l’abbé de Véri.)

17 juin. — « Le Roi arrive à Versailles aujourd’hui. Turgot est venu passer un jour à Pontchartrain[5] au retour de Reims. Tout le monde arrive avec l’intention de commencer le travail des réformes et d’y concourir chacun pour sa part. La Reine elle-même a dit à Turgot à Reims qu’après le retour à Versailles, elle voulait le seconder dans les plans qu’il faudrait adopter. » (Même Journal.)

IV. — Dépenses du sacre.

Lettre à l’Intendant de Champagne.

[A. Marne. — Neymarck, II, 410.]

Versailles, 22 juillet.

Comme je désirerais, M., savoir à quoi se montent toutes les dépenses auxquelles a donné lieu le sacre de S. M., je vous serai obligé de m’envoyer, le plus tôt possible, l’état de celles qui ont pu être faite dans votre généralité à l’occasion de cette cérémonie[6].

————

[1] « L’usage était dans les voyages de la cour d’ordonner aux cantons environnants et aux provinces voisines des lieux où elle allait séjourner, une certaine quantité d’approvisionnements. Quoique ces ordres renfermassent une sorte d’exclusion tacite pour les négociants, entrepreneurs, fournisseurs, qui ne les avaient pas reçus… ; quoique ces ordres fussent balancés par des taxations des denrées… on avait été de tout temps persuadé que, sans cette précaution orientale, la cour manquerait de tout. L’ébranlement de la sédition… ajouta pour les esprits faibles à la prétendue nécessité de suivre l’ancienne forme. M. Turgot osa conseiller de ne donner aucune ordonnance pour l’approvisionnement de Reims et de s’en fier à la liberté… Il demanda seulement que l’attrait naturel des négociants ne fut pas balancé par la crainte d’aucune imposition… Les gens à routine murmurèrent contre ses propositions. Le Roi les accepta… À la grande surprise des réglementaires, l’abondance fut extrême et le cours des prix très modéré. Cet exemple notable a rendu libre l’approvisionnement de Fontainebleau dans le voyage suivant et jamais il n’a été plus complet. Ce n’est pas un des succès auquel M. Turgot ait été le moins sensible. » (Du Pont, Mém., 233)

[2] On trouve aux Archives nationales une Lettre du Roi, contremandant (notamment à cause des dépenses résultant des indemnités pour pertes entraînées par les « brigandages qui se sont exercés sur les grains ») les fêtes projetées pour le Sacre, pour les couches de la comtesse d’Artois, pour le mariage de, Madame Clotilde, etc.

[3] Au lieu du serment illusoire et cruel de ne point pardonner aux duellistes (Condorcet, Vie de Turgot, 116).

[4] Extrait d’une lettre de Mercy à Marie-Thérèse, 18 mai :

« Relativement à tout ce qui vient de se passer ici, j’ai une observation de conséquence à faire sur la prépondérance que gagne le contrôleur général.

« Ce ministre est un ami intime de l’abbé de Vermond ; ils ont été au collège ensemble et ne se sont jamais perdus de vue depuis, de façon que leur liaison devient très utile au service de la Reine. Le parfait accord qui règne entre l’abbé de Vermond et moi rend très efficace tout ce que je lui indique de convenable à notre but commun qui est l’avantage de la Reine, et, en matières sérieuses, le contrôleur général peut y coopérer d’une façon très essentielle. »

[5] Voir les lettres de Maurepas à Turgot, p. 455.

[6] Par une lettre postérieure du 21 octobre, cette demande fut rappelée et l’intendant fut invité à envoyer sur-le-champ au moins un aperçu des dépenses [A. Marne. — Neymarck, II, 418].

Les Mémoires secrets disent au sujet de ces dépenses :

« Pour en donner un échantillon, il suffira de dire que la Reine devant assister à la cérémonie décidément, comme elle sera longue, on bâtit dans l’église un appartement complet pour S. M. — On a abattu à Soissons une porte de la ville où le carrosse du Roi n’aurait pu pénétrer à cause de sa hauteur de 18 pieds et l’on a également reconstruit sur la route divers ponts qui s’y trouvent par où S. M. doit passer. Les malheureux habitants qui y travaillent, dès qu’ils voient de loin un voyageur, s’agenouillent, lèvent les yeux au ciel et les ramènent vers leur bouche comme pour leur demander du pain. » (19 mai)

On trouve aux Archives nationales une lettre de Turgot (28 septembre) à Bronne cadet, lui accusant réception d’un programme de prix à donner par l’Académie des Sciences de Toulouse à l’occasion du Sacre.

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