1774
145. — AFFAIRES DE COUR.
Lettre du Duc d’Orléans à Turgot.
(Le Comte de Genlis.)
[A. L., original.]
Villers Coterest, 31 juillet.
Les circonstances me mettent dans l’impossibilité de vous voir, M. ; je ne veux pourtant pas vous laisser ignorer plus longtemps les raisons que j’ai de m’intéresser au sort du comte de Genlis[1] : ces raisons sont qu’il a épousé la nièce de Mme de Montesson ; c’est vous en dire assez sur ce point. D’ailleurs il mérite certainement des grâces du Roi par la manière dont il a servi dans l’Inde et les blessures qu’il y a reçues. M. de Boynes lui avait fait donner par le feu Roi l’inspection des troupes des colonies et m’a paru content de son travail à cet égard. Il était question pour lui dans ce moment-ci du commandement de Saint-Domingue. Comme je ne connais ni les devoirs, ni les détails de cette place, je ne peux vous dire s’il y est propre ou non et je me bornerai dans cette lettre à vous répéter ce que j’ai dit au Roi, que le comte de Genlis est brave, peu riche et a beaucoup d’aptitude et de facilité pour le travail. C’est à vous, M., à examiner ce qu’il a déjà fait sur cette partie et à juger si vous devez engager le Roi à lui donner la préférence pour cette place. Ce qu’il y a de sûr, c’est que je vous aurai une véritable obligation des grâces que vous pourrez lui procurer et que je n’en désirerai jamais qui puissent être contraires au bien du service du Roi. Je vous prie, M., de ne pas plus douter de cette façon de penser de ma part que des sentiments d’estime que votre réputation m’a inspirés pour vous.
L. PHIL. D’ORLÉANS.
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[1] Il n’obtint pas le poste qu’il désirait et fut plus tard nommé colonel au corps des grenadiers de France.
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