1773
137. — QUESTIONS DIVERSES.
I. — Incendie à Tulle.
1. Lettre au Contrôleur général.
[A. L., minute.]
26 novembre.
Je crois M., devoir vous rendre compte d’un incendie très considérable arrivé à Tulle et qui a enveloppé 12 maisons dont trois ont été entièrement consumées. Ce qu’il y a de plus fâcheux c’est que ces maisons appartiennent à des artisans ou à de petits marchands qui n’avaient d’autres biens que quelques meubles et les effets de leur commerce qui ont été consumés ou dissipés dans cet incendie, en sorte que ces malheureux sont pour la plupart entièrement ruinés et réduits à la mendicité. La perte totale est évaluée suivant le procès-verbal à 16 000 l. et sans la circonstance du misérable état de ceux qui essuient cette perte, je ne penserais pas à vous proposer de venir à leur secours.
Mais comme presque tous sont sans ressource, je crois qu’il serait digne de la bonté du Roi de leur accorder quelque soulagement. Ces particuliers n’ayant point de biens-fonds, il ne saurait être question de les secourir par une réduction sur leurs impositions.
Comme j’ai prié M. d’Ormesson de mettre sous vos yeux mes représentations sur la modicité du moins-imposé accordé cette années à la Province et de vous proposer d’y joindre un supplément, si vous avez la bonté d’avoir égard à cette demande, vous pourrez m’autoriser à prendre sur ce supplément les secours que vous croirez convenable d’accorder à ces malheureux incendiés.
2. Lettre au subdélégué de Tulle (De la Combe)[1].
[A. L., minute.]
Limoges, 30 novembre.
J’ai reçu, M., avec le procès-verbal que vous avez fait faire des pertes occasionnées à plusieurs particuliers de la ville de Tulle, par l’incendie du 12 de ce mois, la lettre que vous avez pris la peine de m’écrire sur les mesures que vous avez prises pour en arrêter les progrès. Je ne puis qu’approuver toutes les précautions que vous avez fait exécuter dans cette occasion et le parti que vous avez pris de faire donner une gratification aux soldats qui ont été employés sur vos ordres.
Comme il paraît, par votre lettre, que la situation de la plupart des particuliers qui ont éprouvé les effets de l’incendie est très fâcheuse, je me suis déterminé à faire distribuer une somme de 1 200 l. Je vous envoie en conséquence l’ordonnance que j’ai rendue. La distribution de cette somme doit être faite, non pas en proportion de l’estimation de la perte, mais eu égard au degré de pauvreté de chaque famille. Ainsi, ceux qui ont tout perdu doivent être plus abondamment secourus que ceux à qui il reste quelques biens. Au surplus, je m’en rapporte à ce sujet à vos connaissances et à votre sagesse.
Ceux des particuliers qui sont imposés au rôle de la taille seront compris sur le mandement de la ville de Tulle pour une diminution proportionnée à la perte qu’ils ont essuyée. Je vois par le relevé que j’en ai fait faire qu’ils seront presque tous dans le cas de n’être imposés qu’à un denier pendant plusieurs années.
II. — La Mairie de Brive.
Lettres à Dubois de Saint-Hilaire, secrétaire du Roi, à Brive.
[Bull. de la Société historique de la Corrèze, t. III, 457 et s.[2]]
Limoges, 14 décembre.
Vous allez vous fâcher contre moi, M., mais je vous propose pour maire de Brive. J’ai réfléchi sur les motifs de votre répugnance, mais j’ai pensé que M. de La Vergne n’est plus. M. Nerval qui est à sa place est un très galant homme que je connais et qui certainement ne mettra pas dans les affaires le même esprit d’empire et de tracasserie que son prédécesseur y mettait. Je ne vois donc pas pourquoi vous vous refuseriez à vous prêter à rendre service à vos concitoyens en profitant d’un moment favorable pour mettre un ordre fixe dans les affaires de votre ville. Vous serez libre après de quitter. J’espère que vous ne me refuserez pas. Je propose pour échevins :
M. Montet[3] ;
Malepeyre[4] ; je ne sais si celui que vous avez désigné par la qualité d’aîné est M. Malepeyre de Corrèze ;
La Porte, celui qui fait le rôle ;
Et La Combe du Mas, que je ne connais point, mais que vous m’avez proposé et que je vois avoir été élu plusieurs fois.
Vous connaissez, M., l’attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être…
Limoges, 21 décembre.
Puisque vous n’êtes pas assez bon citoyen, M.[5], pour sacrifier votre repos au bien public, je cède malgré moi à votre répugnance, mais c’est avec beaucoup de regret. Je propose M. de Vielbans uniquement sur votre parole, car je ne le connais que de vue. J’aurais fort aimé à choisir M. de La Porte, mais je crains la vivacité de son zèle, et je suis fort loin de regarder, comme un motif, l’idée où vous êtes que peut-être ce serait un moyen d’engager quelques personnes à lever ces offices. Personne n’a moins de zèle que moi pour la vente de cette marchandise. Vous connaissez, tous les sentiments…
III. — La mendicité.
[A. H. V., C. 360.]
Lettre au lieutenant général à Limoges.
Paris, 4 mai.
M. le duc de la Vrillière, M., vient de me marquer qu’il est instruit que, dans plusieurs villes de la généralité de Limoges, on est dans l’usage de donner à des étrangers ou autres des permissions pour mendier, non seulement dans l’enceinte de ces villes, mais dans les provinces. Comme ces permissions ne peuvent émaner que de MM. les officiers municipaux ou de MM. les lieutenants de police, je vous préviens, M., que l’intention du ministre est qu’il ne soit donné à l’avenir aucune permission de cette espèce, attendu qu’elles entraînent une multitude d’abus et que d’ailleurs elles sont absolument contraires à l’esprit de l’Édit contre la mendicité. J’espère que vous voudrez bien vous y conformer[6].
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[1] Note de Turgot sur cet agent :
Excellent sujet, parent des Salaberry, s’appelle Denis, riche, honorable, honnête, sûr et de beaucoup d’esprit, mais paresseux et pensant à se retirer.
[2] On lit dans ce Bulletin : — note de M. Lacoste, du Bouig : — « Ces lettres (celle du 14 décembre et deux autres du 21 décembre et du 4 janvier 1774) appartiennent à notre compatriote M. Boni de Borral et ont fait l’objet d’une communication à. la séance du 14 mai 1881, par M. Mayjuron-Lagorsse. »
[3] Montet. avocat au Parlement et procureur général de la juridiction du maréchal de Noailles.
[4] Malepeyre, négociant en droguets da pays.
[5] « Dubois, baron de St-Hilaire, repoussa l’offre de Turgot, n’ayant jamais voulu et ne voulant pas accepter de charge publique. Comme membre de la Société d’agriculture de Limoges, section de Brive, il avait prêté à l’Intendant un concours utile pendant la disette du Limousin : « Vos efforts, dit-il à cette société le 11 juillet 1771, qui ont amené l’importation de grains arrivant du Nord de l’Europe, permirent d’annihiler les suites fâcheuses du dérangement des saisons, augmentées par l’absurdité et le danger de certains remèdes violents et plutôt palliatifs que spécifiques, employés par l’autorité tutélaire. » (Bulletin de la Société historique de la Corrèze, 1879, communication de M. E. Taillebois.)
[6] On trouve encore aux archives de la Haute-Vienne les pièces ci-après :
12 mai. Lettre à d’Ormesson sur les dépenses des enfants trouvés (C. 373).
21 juillet. Décision sur la requête d’une demoiselle Sardin (C. 99, p. 206).
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