98. — QUESTIONS DIVERSES[1].
I. — Lettre à Saint-Florentin, pour demander la place de Prévôt des Marchands.
[A. L., minute.]
Paris. 2 juillet.
Je me suis présenté hier chez vous à Marly où je m’étais rendu pour prendre vos ordres en partant pour Limoges. Je me proposais aussi de vous demander vos bontés pour un objet dont Mme la Comtesse de Maurepas a déjà eu la bonté de vous parler : il s’agit de la place de Prévôt des Marchands. Quoique M. Bignon soit encore loin de la quitter, plusieurs personnes ont déjà fait des démarches et je crois pouvoir sans indiscrétion me présenter. J’ai prévenu M. le Contrôleur général qui m’a dit que vous n’aviez point encore pris d’engagement et qui a bien voulu se charger de vous remettre un mémoire pour moi.
Vous avez connu mon père ; vous comptiez sur son attachement et lui sur vos bontés. La manière dont il a rempli cette place et la mémoire qu’il a laissée à la Ville sont pour moi un motif de la désirer très vivement et forment peut-être un titre que vous pourrez faire valoir auprès du Roi, surtout moi-même travaillant depuis assez longtemps et n’ayant pas démérité par mon travail. Vous n’ignorez pas que mon obéissance aux ordres du Roi, lors de la Chambre Royale[2], m’a, par la suite des événements, exclu de la place d’Avocat général et a même mis obstacle à ce que je prisse la charge de Président à mortier, lorsque mon frère a été forcé par l’état de sa santé de la quitter. Cette circonstance peut engager le Roi à me donner une marque de ses bontés, d’autant plus que toutes les autres places considérables de mon état qu’on regarde comme un avancement ou qui me rapprocheraient de ma famille me sont pour ainsi dire fermées par différentes circonstances qui me sont très étrangères. Ces motifs, M., et les bontés dont vous honoriez mon père, me font espérer que vous voudrez bien me proposer à S. M., lorsque vous travaillerez avec elle pour le choix d’un Prévôt des Marchands et faire valoir les considérations qui peuvent l’engager à me nommer.
II. — Lettre au contrôleur général Maynon d’lnvau pour lui demander un changement de situation.
[A. L., minute.]
Angoulême, 4 octobre.
J’apprends, M., la retraite de M. de L’Averdy et votre nomination à sa place ; je m’attendais depuis quelques jours à cet événement et je me flatte que vous ne doutiez pas de la part que j’y prends. J’hésite pourtant à vous en féliciter et je m’en rapporte à vous sur la nature du compliment que vos amis doivent vous faire. J’en suis du moins toujours fort aise pour la chose publique, car, si quelqu’un est à portée de tirer les affaires du chaos où elles sont plongées, c’est vous à toutes sortes d’égards, et votre acceptation me donne sur la possibilité de leur rétablissement plus d’espérance que je n’en avais.
Vous êtes bien occupé dans ces premiers moments ; je craindrais qu’il n’y eût de l’indiscrétion à vous parler de moi, si je n’étais pleinement rassuré par les preuves d’amitié que vous m’avez données en différents temps. Vous savez assez quelles ont été et quelles peuvent être mes vues. Elles seraient à présent remplies si vous aviez été en place un an plus tôt. L’occasion est perdue ; mais si quelque événement en faisait renaître une semblable, j’espérerais que vous voudriez bien me conserver la même bonne volonté. J’ai depuis pensé à la place de Prévôt des Marchands, après M. Bignon, et j’avais même fait des démarches auprès de M. de Saint-Florentin et auprès de M. de L’Averdy. Je crois qu’il n’y a rien de décidé, mais que M. de la Michodière a de fortes espérances. Vous concevez les motifs qui me font désirer par préférence cette place et je pense qu’on peut bien, sans trop de faveur, les regarder comme des titres. Si vous croyez pouvoir déterminer le choix sur moi, je vous en serai véritablement obligé. Vous savez d’ailleurs que je me soucie peu de changer d’intendance pour en changer et que je ne désire de places que celles qui peuvent me rapprocher de mes amis, ou me procurer plus de tranquillité, et que je suis même fort éloigné de regarder comme un pis-aller cette tranquillité absolue qu’on se procure toujours quand on veut.
Cette façon de penser ne vous paraîtra pas nouvelle et vous connaissez gens de nos amis qui la partagent. Il y en a un surtout[3] qui est peut-être le plus près de l’effectuer et que je désirerais de tout mon cœur que vous trouvassiez moyen d’arracher à ses projets de retraite. On a été chercher bien loin ce qu’on avait bien près et vous pourriez assurément dire à un de vos amis[4] qu’il a bâti Chalcédoine ayant le rivage de Byzance sous les yeux. Vous voyez de qui je veux parler.
Je reviens à moi, je vous ai exposé ma situation et je remets avec une confiance entière mes intérêts entre vos mains.
Je suis, M., avec le même attachement que dans tous les temps et avec tout le respect que doit un intendant au Contrôleur général, votre très humble.
Réponse de Maynon d’Invau.
19 octobre. — Je compte trop sur votre amitié, M., pour n’être pas persuadé que vous êtes beaucoup plus disposé à me plaindre qu’à me faire compliment sur la place dans laquelle je me trouve. Elle me deviendrait moins désagréable si elle me mettait dans le cas de profiter de quelque occasion pour vous rendre service. S’il s’en présente, vous ne devez pas douter que je ne les saisisse avec grand plaisir.
Je n’ai pas le loisir de vous en dire davantage ; mais vous pouvez compter sur les sentiments que je vous ai voués et dont je vous réitère les assurances sans compliment.
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[1] On trouve aux Archives de la Haute-Vienne les pièces ci-après qu’il serait sans intérêt de reproduire :
10 juin. Ordonnance de Turgot confirmant une délibération de la paroisse de Sadroc et en annulant une autre. (C. 99, 22.)
19 août. Lettre à d’Ormesson au sujet d’exemptions d’impôts demandées par les sieurs de Tournien et de Fortis. (C. 99, 34.)
2 septembre. Lettre à d’Ormesson au sujet de privilèges invoqués par des officiers du Roi. (C. 99, 35.)
[2] Voir tome I, p. 48 et 371.
[3] Trudaine.
[4] Choiseul.
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