Œuvres de Turgot. 011. — Lettre au Chevalier Turgot, à Malte
11. — LETTRE AU CHEVALIER TURGOT, À MALTE (À LA SUITE D’UNE LETTRE DE TURGOT, LE PÈRE)
[A. L., original.]
(Détails divers. — Poésies de Voltaire.)
Paris, 24 octobre.
Je profite, mon cher Chevalier, de cette occasion pour vous envoyer quelques petites pièces de vers qui vous amuseront. Je n’ose pas charger le paquet de ce petit bonhomme[a] de la suite des Voyages, ni de tous les paquets de livres. J’espère d’ailleurs vous voir dans six mois environ. Ainsi ce n’est pas la peine de vous les envoyer. Comme je ne fais que d’être averti de son départ et qu’il faut que le paquet soit fait dans l’instant, je ne puis vous écrire au long. J’ai reçu la pierre d’aimant et je la ferai monter. Il y a un nouveau tome de l’abbé Nollet[b], mais je n’ose pas en faire payer le port à ce petit bonhomme. Adieu, mon cher Chevalier, portez-vous bien et écrivez-moi de temps en temps à Saint-Sulpice où je vais m’ennuyer.
Voici des vers de Voltaire à Mme de Pompadour qui représentait des comédies :
Ainsi donc vous réunissez
Tous les arts, tous les goûts, tous les talents de plaire[c].
À la même qui dessinait :
Pompadour, ton pinceau divin
Aurait dû peindre ton visage
Jamais une si belle main
N’aurait fait un si bel ouvrage.
Au Roi Stanislas de Pologne en lui présentant la Henriade :
Le ciel, comme Henri, voulut vous éprouver ;
La bonté, la valeur à tous deux fut commune ;
Mais mon héros enfin fit changer la fortune
Que votre vertu sut braver.
À Mme de Boufflers Remiencourt :
Vos yeux sont beaux et votre âme est plus belle,
Vous êtes simple, naturelle ;
Et sans prétendre à rien, vous triomphez de nous ;
Si vous aviez vécu du temps de Gabrielle,
Je ne sais pas ce qu’on eût dit de vous,
Mais on n’aurait point parlé d’elle[d].
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[a] Le jeune chevalier de La Varande qui partait pour être page du grand maître de Malte.
[b] Le physicien (1700-1770).
[c] Cette pièce est dans toutes les éditions de Voltaire.
[d] Le Prévôt des marchands avait écrit au Chevalier le 14 août : « Votre frère l’abbé est ici d’hier en vacances ; il doit entrer à la fin de novembre au séminaire de Saint-Sulpice et y rester jusqu’au 1er janvier 1750, car M. l’Archevêque de Paris exige qu’on y soit quinze mois ; mais il voudra bien, à ce qu’il m’a fait dire, se relâcher de ces deux mois. »
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