Œuvres de Turgot – 007 – Lettres du ministre de la Maison du Roi

Œuvres de Turgot. 007. — Lettres du ministre de la Maison du Roi


7. LETTRES DU MINISTRE DE LA MAISON DU ROI AU SYNDIC DE LA SORBONNE. DEMANDE DE DISPENSE D’ÂGE ET DE SERVICES EN FAVEUR DE TURGOT POUR COURIR LA LICENCE

[A.N., 01, 392.]

I. — 21 mars.

M. Turgot, Conseiller d’État, demande un ordre qui permette à la faculté de Théologie d’admettre à la prochaine licence le sieur son fils quoiqu’il n’ait pas encore vingt ans accomplis et qu’il ne soit point encore dans les ordres.

Je vous prie de me marquer si, en considération des services de M. Turgot, de l’application et de la bonne conduite de son fils, vous pensez qu’il doive proposer à S. M. de lui accorder cette dispense…

II. — 27 mars.

Sur ce que vous me marquez, M., que la dispense que M. Turgot demande sur différents objets, serait très contraire aux règles de la faculté de théologie, S. M. n’accordera point cette grâce et je vous suis même très obligé de vous en être expliqué nettement dans la réponse que vous m’avez faite.

***

« Pour entrer dans la maison de Sorbonne, dit Morellet (Mémoires), il fallait subir des épreuves, donner de bons renseignements de sa conduite et de ses mœurs, et pour ceux qui ne tenaient qu’à des familles obscures faire espérer quelque mérite et quelque succès.

« Cette société, fondée sous le roi Saint Louis par Robert Sorbon son confesseur, et relevée et dotée par le cardinal de Richelieu était une réunion théologique où se suivaient les études et les exercices de la Faculté de Théologie ; les membres formaient entre eux une société, où l’on n’était admis qu’après certains examens et quelques frais. La société comprenait environ cent ecclésiastiques, la plupart évêques, vicaires généraux, chanoines, curés de Paris et des principales villes du royaume et par conséquent ne pouvant vivre dans la maison. Il y demeurait habituellement environ vingt-quatre docteurs, dont six professeurs des écoles de Sorbonne, un procureur, un bibliothécaire, et dix à douze bacheliers se préparant à leur licence ou la courant, et après leur licence, faisant place à d’autres jeunes gens suivant la même carrière.

« Les avantages de cet établissement pour les membres de l’association n’étaient pas à mépriser. Trente-six appartements que la maison comprend étaient réservés de droit aux trente-six plus anciens docteurs qui, s’ils ne les occupaient pas eux-mêmes devaient les céder à quelqu’autre membre de la société ; et c’est ainsi qu’il se trouvait, comme je l’ai dit, dix ou douze appartements pour les jeunes gens courant la licence.

« Ajoutez une église, un jardin, des domestiques communs, une salle à manger et un salon chauffés aux frais de la maison, deux cuisiniers, tous les ustensiles du service, comme vaisselle, couverts, payés et fournis, une riche bibliothèque.

« À l’heure du diner, chacun, se rendant à la salle à manger, choisissait sur un menu, affiché dans l’antichambre, les plats dont le prix était taxé et que les domestiques lui servaient.

« À ces dépenses communes fournissaient environ cinquante mille livres de rente en maisons à Paris…

« On n’y faisait point de vœux. La messe et les vêpres, les fêtes et dimanches, étaient les seuls exercices religieux. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.