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Les éditions des Belles Lettres ont réédité en 2005 les Réflexions philosophiques sur l’égalité, de Jacques Necker. Comme l’écrit notre ami Copeau, “Voici l’œuvre politique du pendant français d’Edmund Burke, injustement méconnue. L’auteur y développe des thèses intéressantes sur la légitimité politique qu’il accorde à la monarchie tempérée, qu’il préfère au courant fanatique des révolutionnaires. Si Necker n’a pas su voir la modernité qui œuvrait en 1789, il n’en défend pas moins une position pour le moins originale : celle de la monarchie, certes, mais depuis les idées de liberté. Comme la majeure partie des premiers révolutionnaires, ceux d’avant le “dérapage”, pour paraphraser François Furet.
Un ouvrage par conséquent important pour qui veut découvrir la richesse de la pensée contre-révolutionnaire, qui, pas plus en France qu’en Angleterre, ne se limite à Louis de Bonald, Joseph de Maistre et leurs disciples.”
Necker écrit ces pages en 1793, au moment où la Révolution se transforme en Terreur, mais il a plusieurs intuitions qui s’appliquent à des périodes plus calmes. La loi de la majorité, l’égalité, le sentiment d’envie qu’elle inspire, le rejet indiscriminé de toute autorité, l’anarchie et le chaos qui se terminent par l’appel à un tyran pour remettre de l’ordre dans la société… Voici quelques-unes des pathologies qu’il anticipe. On les retrouve plus tard chez d’autres auteurs, comme Tocqueville et sa célèbre tyrannie de la majorité, Hayek et sa route de la servitude, Helmut Schoeck et sa théorie sociologique de l’envie. On pourrait même y deviner par anticipation le voile d’ignorance de Rawls !
Necker est monarchiste, aristocrate, et très attaché à certaines valeurs qui accompagnent ces régimes : la distinction, l’éducation, l’honneur, le devoir, la tradition. Mais ce qu’il décrit est beaucoup plus universel que l’Ancien Régime. Toute société humaine est diverse, imprévisible, dit-il, cela fait partie de la nature humaine. Une nation de 25 millions d’habitants n’est pas une masse individus égaux en tout, n’ayant que des relations horizontales, parfaitement symétriques. Certains ont une position singulière, comme Gandhi sur la couverture.
Certes, cette position est parfois usurpée : c’est celle du fort par rapport au faible, lorsqu’il exerce son pouvoir pour maintenir son ascendant au détriment des autres. Mais elle est parfois méritée et bénéfique pour la société. Il serait dangereux de l’abolir, lorsque certains membres de la société ont une position éminente méritée par leur talent, leur réputation, ou leur sagesse. La société indienne illustre ce paradoxe, puisque c’est une société de castes, et une colonie de l’empire britannique : ce sont les positions usurpées. Mais, dans le même temps, celui qui prendra la tête du mouvement d’indépendance occupe lui-même une position éminente, comme la photo le montre de manière frappante.
L’édition des Belles Lettres est enrichie d’une préface de Jean-Fabien Spitz (cliquer ici pour accéder au livre sur Amazon).
Last but not least, Necker peut être considéré comme le parrain du groupe de Coppet, puisque c’est dans son chateau que séjourneront Germaine de Staël, Benjamin Constant, Sismonde de Sismondi et bien d’autres sous l’Empire, donnant ainsi son nom au groupe de Coppet.
Table des matières
Avertissement
Réflexions philosophiques sur l’égalité
De l’égalité dans ses rapports avec l’ordre public avec la liberté
Des principes annexés au système de l’égalité. La souveraineté du peuple. Les droits de l’homme
De l’égalité dans ses rapports avec le bonheur avec la morale
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Gandhi était un homme politique, et un homme historique. En lisant ses écrits, il est difficile de croire qu’il avait une philosophie compréhensible ou uniforme. Il y avait beaucoup de contradictions, beaucoup trop, et c’est frustrant.
Il faut aussi poser la question, quel type d’individu indien admirait et suivant Gandhi. Je ne pense pas que ça soit nécessairement un individu curieux ou qui savait même ce que c’était le libéralisme. Plutôt un individu fermé vers plusieurs choses ou un individu confus, suivant les contradictions des pensées de Gandhi.
Deuxième remarque: la position de caste n’était pas “usurpée” mais héritée; autrement dit, ça faisait partie de l’héritage, comme autre propriété privée qu’un individu hérité.