Fin 2015, l’Institut Coppet a dirigé la première traduction française de Education: free and compulsory par Murray Rothbard. Elle a été réalisée conjointement par Nathanael Lavaly, Claude Balança et Marius-Joseph Marchetti. Ce petit livre apporte une critique vigoureuse de l’éducation nationalisée telle qu’on la connaît de nos jours, l’accusant d’être inefficace, injuste et tyrannique. Rothbard y défend la liberté de l’éducation, l’instauration d’un marché de l’éducation où écoles privées et éducation à la maison (homeschooling) pourraient enfin se développer. Le livre est sorti en format papier en mars aux éditions de l’Institut Coppet. Fidèle à notre projet de diffuser les idées, nous accompagnerons la version papier d’une version électronique gratuite (pdf, epub, mobi, doc et html)
Nous diffuserons aussi ce petit livre sur notre site, en 12 courtes parties. Dans la huitième partie, intitulée « Le fascisme, le nazisme et le communisme » (et qui clôt la partie sur la scolarisation obligatoire en Europe), Murray Rothbard rappelle que ces divers régimes ont appliqué avec ferveur l’éducation obligatoire, s’en servant à des fins de propagande. B.M.
Table des matières du livre :
- L’éducation de l’individu
- L’instruction formelle
- La diversité humaine et l’instruction individuelle
- Le parent ou l’État ?
- Les fréquentations de l’enfant
- Éducation obligatoire vs. éducation libre
- La scolarisation obligatoire en Europe
- Le Fascisme, le Nazisme et le Communisme
- L’enseignement obligatoire aux États-Unis
- Arguments pour et contre l’école obligatoire aux États-Unis
- Les objectifs de l’enseignement public : Le Mouvement éducationniste
- L’Instruction progressiste et la situation actuelle
Le fascisme, le nazisme et le communisme
(Murray Rothbard, L’éducation gratuite et obligatoire)
C’est un acte d’accusation grave et irréfutable contre l’éducation publique obligatoire que ces totalitarismes modernes étaient désireux d’instituer la scolarisation étatique obligatoire dans leurs régimes. En effet, l’endoctrinement de la jeunesse dans les écoles était l’un des principaux piliers de ces États d’esclaves. En vérité, la principale différence entre les horreurs du XXe siècle et les despotismes plus anciens est que ces tyrannies modernes ont dû reposer sur un soutien plus direct de la masse, et que par conséquent l’alphabétisation obligatoire et l’endoctrinement ont joué un rôle crucial. Le système public obligatoire était déjà en place pour le moule totalitaire. [1] À la base du totalitarisme et de la scolarisation obligatoire réside l’idée que les enfants appartiennent à l’État plutôt qu’à leurs parents. L’un des principaux promoteurs de cette idée en Europe était le célèbre marquis de Sade, qui insistait pour que les enfants soient la propriété de l’État.
Il est nul besoin d’insister sur l’éducation dans les pays communistes. Les pays communistes rendent obligatoire la scolarisation publique, et imposent un endoctrinement rigide d’obéissance à l’égard des dirigeants. La scolarisation obligatoire est accompagnée par des monopoles d’État sur d’autres domaines de propagande et d’éducation.
De même, l’éducation nationale-socialiste subordonnait l’individu à l’État et lui imposait l’obéissance. L’éducation dépendait exclusivement de l’État national-socialiste pour qu’il développe l’endoctrinement de ses principes.
Un usage similaire des écoles publiques et de l’endoctrinement pour l’obéissance envers l’État absolu a été mis en œuvre dans l’Italie fasciste. L’Italie est particulièrement intéressante de par les activités du premier ministre fasciste de l’Éducation, Giovanni Gentile. Dans la vieille Italie laxiste, l’éducation mettait en avant l’importance du développement intellectuel de l’enfant et de son apprentissage de certains sujets. Le régime fasciste de Gentile a alors institué les méthodes modernes de « l’éducation progressiste ». Il a introduit et mis en valeur le travail manuel, le chant, le dessin et les jeux. La participation à ces ateliers était obligatoire sous peine d’amendes. De manière significative, Gentile a enseigné que « l’éducation doit être atteinte par l’expérience, elle doit être atteinte par l’action. » [2] Les enfants étaient libres d’apprendre à travers leurs propres expériences, bien entendu « dans les limites nécessaires pour le développement de la culture. » Les programmes scolaires n’étaient donc pas prescrits, mais les enfants étaient libres de faire ce qu’ils voulaient, avec une simple emphase mise sur « l’étude de héros tels que Mussolini comme figures de l’esprit national. » [3]
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[1] Voir Erik von Kuehnelt-Leddihn, Liberty or Equality (Caldwell, Idaho, Caxton Printers, 1952), p.63-64.
[2] La similitude avec la maxime de John Dewey d’ « apprendre par l’action » (« learning by doing ») est évidente. Cette thématique sera abordée ci-dessous. Voir Franklin L. Burdette, “Politics and Education”, p.410-23, et surtout p.419, in Twentieth Century Political Thought, ed. J. Roucek (New York, Philosophical Library, 1946).
[3] Voir, entre autres, H.W. Schneider et S. B. Clough, Making Fascists (Chicago, University of Chicago Press, 1929) ; George F., The Educational Philosophy of National Socialism (New Haven, Conn., Yale University Press, 1941) ; Walter Lando, “Basic Principles of National Socialist Education”, Education for Dynamic Citizenship (Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1937) ; Howard R. Marraro, The New Education in Italy (New York, S.F. Vauni, 1936) ; Albert P. Pinkevitch, The New Education in the Soviet Republic (New York, John Day Company, 1929). Tout aussi intéressant, pour le contexte, est l’ouvrage d’Edward H. Riesner, Nationalism and Education Since 1789: A Social and Political History of Modern Education (New York, Mamillan, 1922).