L’indice de liberté économique 2015 : la France est dans le rouge. Par Damien Theillier

clipart-bad-256x256-1966En France, les entrepreneurs sont créatifs, les employés globalement bien formés et les entreprises performantes. Par exemple, on retrouve huit entreprises françaises parmi les 100 entreprises les plus innovantes au monde (en 2e place ex aequo avec le Japon). Pourtant, si les entreprises françaises sont bonnes, le climat économique français est mauvais.

Au cours des cinq dernières années, la liberté économique a régressé en France tandis que les dépenses de l’État ont augmenté. L’État dépense 57% de la richesse produite, alors que l’éducation, la santé et les retraites sont sous monopole public. Nous avons un niveau excessivement élevé de dépenses publiques et de charges sociales.

Savez-vous ce qui oppose la France à tous ces pays d’Europe : Belgique, Royaume-Uni, Suisse, Islande, Luxembourg, Autriche, Finlande, Pays-Bas, Danemark, Allemagne ?

Voici les réponses :

–          Tous ces pays sont loin devant la France dans le classement mondial de la liberté de la presse 2014 de Reporters sans Frontières. Elle est au 39ème rang, entre le Salvador et le Botswana. Pour l’ONG, cette chute libre est « inquiétante ».

–          Les populations de ces pays ont toutes un revenu par habitant plus élevé que les Français, selon les indicateurs de la Banque Mondiale du développement. Le RNB par habitant (anciennement le PNB par habitant) est le revenu national brut en dollars. Il est de 46 460 $ pour la France en 2014.

–          Ces pays sont tous économiquement plus libres que la France, selon le tout récent Indice 2015 des libertés économiques, publié par The Heritage Foundation (un think tank américain), en partenariat avec le Wall Street Journal.

Créé en 1995, l’indice de liberté économique est un ensemble de 10 indicateurs économiques qui permet de mesurer la liberté économique dans les différents pays du monde. L’indice se base sur les statistiques de la banque mondiale, du FMI et de l’Economist Intelligence Unit. Il est composé de 10 sous-indices : liberté d’entreprise, liberté des échanges, poids des taxes et impôts, dépense du gouvernement, stabilité monétaire, liberté d’investissement, dérégulation financière, protection de la propriété privée, lutte contre la corruption et libéralisation du travail.

Nous ne vivons pas dans une économie libre

Le score de la liberté économique en France en 2015 est de 62.5 sur 100, ce qui la classe actuellement au 73ème rang mondial. Aux premières places on trouve Hong Kong (89.6), l’Australie (81.4), Singapour (89.4), la Nouvelle Zélande (82.1) et la Suisse (80.5), qui se classe donc au premier rang en Europe.

La France est classée 33e des 43 pays de la région Europe et son score global est supérieur à la moyenne mondiale, mais très en dessous de la moyenne européenne.. Ce n’est pas très étonnant. La Tax Foundation, think tank qui s’intéresse à la fiscalité, a publié un rapport sur la compétitivité et l’efficacité des régimes fiscaux des pays de l’OCDE. Si l’Estonie est classée première en ayant un système facile à comprendre et efficace… la France est classée dernière, 34e sur 34, en raison de ses taxes sur les entreprises, ses taxes sur la propriété privée (au nom de la répartition des richesses), ses taxes sur le capital et les dividendes. Le gouvernement français bride la liberté des entreprises – qui ne peuvent plus créer ni richesses ni emplois. La clé de la sortie de la crise est pourtant juste sous nos yeux.

Ce qui manque à la France ? Plus de liberté pour entreprendre. Moins d’inflation législative et moins d’insécurité juridique. Nos politiciens pensent pouvoir résoudre les problèmes de société par des intrusions dans la vie privée. Remarquez que cette croyance dépasse le cadre du terrorisme : un fait divers, vite une loi. Un débat de société, aussitôt une autre loi. En 30 ans, le recueil annuel des lois a décuplé de volume. Cette course effrénée aux nouvelles lois a un nom : l’hyperinflation législative. Et là où la loi devient abondante, elle devient nécessairement injuste. Il est nécessaire de rappeler le rôle de la Loi.

L’économiste français Frédéric Bastiat énonçait déjà en 1850 que cette dernière avait pour fonction de protéger nos libertés, et non de les anéantir : « La Loi, c’est l’organisation du Droit naturel de légitime défense; c’est la substitution de la force collective aux forces individuelles (…) pour garantir les Personnes, les Libertés, les Propriétés, pour maintenir chacun dans son Droit, pour faire régner entre tous la Justice » (Frédéric Bastiat, La Loi, 1850).

L’insécurité juridique et fiscale prive également l’entreprise de sa capacité d’anticiper des difficultés économiques et de procéder à des arbitrages économiques. Comment, dans ces conditions, la France pourrait-elle inciter le secteur privé à créer emplois et richesses ? Rien de bien nouveau, en somme…

Défendre toutes les libertés

Ce dont nous avons donc besoin aujourd’hui, plus que jamais, c’est d’une défense énergique de  toutes les libertés : liberté d’expression, liberté religieuse, liberté scolaire… et liberté économique. Car la liberté ne se tronçonne pas et il ne saurait y avoir de vraie justice sans libertés économiques : liberté d’acheter et de vendre, liberté d’entreprendre, d’embaucher et de licencier, liberté de circuler, liberté de disposer du fruit de son travail, sans crainte d’être spolié par l’État.

Au-delà des clivages politiques et religieux, c’est ce combat pour toutes les libertés qui peut seul rassembler les Français, qu’il soient de gauche ou de droite, qu’ils soient musulmans, juifs, chrétiens, athées ou agnostiques.

Publié sur 24hGold

2 Réponses

  1. Antonino

    La valeur scientifique de l’indice de liberté économique laisse très sceptique. En jetant un coup d’œil à la méthodologie, on se rend compte qu’il est orienté idéologiquement. Par exemple, un des indicateur concerne le niveau de prélèvement, cet indicateur se décompose en trois dimensions (le taux d’imposition marginal supérieur sur le revenu pour les particulier, le taux d’imposition marginal supérieur sur les bénéfices pour les entreprises, la part des prélèvements dans le PIB). Plus ces nombres sont élevés, plus le score à cet indicateur est faible, ce qui revient à avantager les pays à faible fiscalité. Mais on peut se demander, en quoi une fiscalité forte est un signe de faible liberté économique. Si on lit l’étude de T. Brand et A. Barilari, « Le paradoxe de Montesquieu », in Revue française de finances publiques, n° 108, octobre 2009, on s’aperçoit que les pays ayant un fort de taux de prélèvement sont aussi des pays parmi les plus libres, alors que les pays ayant un faible taux de prélèvement sont des pays où la liberté est quasi inexistante, ce sont bien souvent des dictatures. Il est alors assez absurde de pénaliser les pays ayant une forte fiscalité puisque visiblement il y a une corrélation positive entre fiscalité et liberté. Ensuite, un autre indicateur concerne les dépenses publiques, le mode de calcul est sensiblement le même que celui pour les prélèvements, c’est-à-dire que plus les dépenses publiques sont élevées plus le score est faible. Autant, je comprends pourquoi un haut niveau d’impôt pourrait être considéré comme une atteinte à la liberté (bien que je ne partage pas cette opinion), autant je vois mal en quoi un haut niveau de dépenses publiques serait une atteinte à la liberté. Certains me répondront « ben pour qu’il y ait des dépenses publiques, il faut qu’il y ait des impôts ». Certes, mais c’est le rôle de l’indicateur précédent. En fin de compte ces deux indicateurs sont quasiment les mêmes, ce qui ne poserait pas de problème si on n’en comptait qu’un seul, mais là on les compte tous les deux, ce qui donne un poids important au budget public alors que comme je l’ai dit plus haut c’est contradictoire. Un autre exemple, le taux d’inflation. Là encore, le mode de calcul conduit à pénaliser ayant une forte inflation. Chacun a son avis sur les bienfaits ou les méfaits de l’inflation sur l’économie mais je vois mal en quoi une inflation important (ou faible inflation voire de la déflation) serait une atteinte à la liberté ! Ces 3 exemples mettent en exergue un biais idéologique évident compréhensible lorsqu’on regarde qui est à l’origine de cet indice : des individus défendant politiquement une faible fiscalité, une faible inflation, de faibles dépenses publiques.

    En plus de ce biais idéologique, on peut s’interroger sur la scientificité des indicateurs. Par exemple, concernant l’indicateur sur la fiscalité, il apparaît évident que regarder uniquement le taux marginal d’imposition n’a pas grand intérêt si on ne regarde pas en même temps l’assiette sur lequel l’impôt est prélevé, ou encore les seuils à partir desquels ces taux sont pratiqués. Ainsi, pour The Heritage Foundation, un pays ayant un taux marginal de 50% à partir de 2 millions de revenu sera « moins libre » qu’un pays ayant un taux marginal de 45% à partir de 50 000 euros de revenu ! Le mode de calcul du score pose également problème. Voici la formule score=100-0,03*(niveau de prélèvement par rapport au PIB)². Ce qui conduit à augmenter les écarts. Exemple : une pays A a un taux de prélèvement de 40%, B de 45%, C de 50%. La formule donne un score de 52 pour A, 39,25 pour B, 25 pour C. L’écart entre A et B passe de 5 à un 12,75, entre B et C de 5 à 14 (on remarque qu’un même écart au départ n’est nécessairement le même après conversion) et entre A et C de 10 à 27. Cette formule est reprise de manière analogue pour d’autres indicateurs et conduit donc à la même critique. On trouve également un autre formule pour certains indicateurs par exemple le nombre de jours pour créer une entreprise, celle-ci pose également problème : score du pays=50*nombre de jours moyens/nombre de jours pour le pays. La même remarque que pour la formule de conversion précédente peut être faite. Mais à cela s’ajoute un autre problème, le fait que le calcul fasse intervenir une moyenne. En effet, cela signifie que le score d’un pays ne dépend pas uniquement de son degré de liberté mais aussi de celui des autres. Ainsi, entre deux années, et cela même si tout reste pareil dans ce pays (exemple nombre de jours pour créer une entreprise), son score peut changer ! Pire, l’ordre entre deux pays peut même varier alors que ces pays restent identiques entre les deux dates considérées ! Tout cela uniquement parce que la moyenne a changé du fait de changements dans d’autres pays ! Voilà qui finit de montrer le peu de valeur scientifique de cet indice.

    Bien entendu, certains me répondront : « ce n’est parce que vous cassez le thermomètre que vous n’avez pas de fièvre ». Certes, mais pour savoir si j’ai de la fièvre ou non il convient d’utiliser un thermomètre correctement gradué ou étalonné. Si ce n’est pas le cas, ma mesure ne m’apporte rien. Je ne peux ni savoir si j’ai de la fièvre ni si je n’en ai pas.

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