Lettres de Gustave de Molinari à Yves Guyot
Archives de Paris, Fonds Guyot, D21J 179
I.
Paris, 17 février 1880
262 faubourg Saint-Honoré
Mon cher confrère,
Merci pour l’aimable empressement que vous avez mis à souhaiter la bienvenue à mon Évolution économique. C’est un livre qui m’a coûté beaucoup de peine, et que j’ai fait, je vous le dis, uniquement en vue de contribuer au progrès d’une science nécessaire, — sachant d’avance qu’il ne me rapporterait ni réputation ni argent. Je vous sais gré de l’avoir recommandé au public du Voltaire et je me tiendrai pour fort satisfait si cette recommandation bienveillante lui attirait 1 acheteur de Nana sur 10 000.
Encore une fois merci, mon cher confrère, et croyez-moi votre bien affectionné.
G. de Molinari
II.
[sur papier à en-tête Journal des économistes]
11 octobre 1884
Mon cher confrère,
Le travail que vous me proposez sur la politique coloniale me va tout à fait. Seulement, il ne me sera pas possible de le publier avant le mois de décembre, car je suis encombré.
Votre bien dévoué,
G. de Molinari
III.
[sur papier à en-tête Société d’économie politique]
19 mars 1884,
Mon cher confrère,
Votre travail sur le collectivisme contemporain est fort intéressant, mais ce n’est pas un article de revue, c’est la préface d’un livre, auquel elle renvoie continuellement le lecteur. Il faudrait en modifier très sensiblement la forme, et je doute que vous soyez disposé à faire cette besogne ingrate. Je vous renvoie donc le manuscrit. Donnez-moi plutôt autre chose. Croyez-moi votre bien dévoué,
G. de Molinari
IV.
[sur papier à en-tête Journal des économistes]
7 mai 1885
Mon cher confrère,
Je viens de parcourir votre article sur M. Auberon Herbert avant de le mettre en pages — et je m’étonne un peu que vous présentiez le thème comme une nouveauté. Il y a quelque chose comme 36 ans que j’ai écrit tout un livre — Les soirées de la rue Saint-Lazare — pour la développer. Mais vous êtes jeune !
Je n’en publie pas moins l’article, n’ayant pas l’indécence de réclamer en matière de priorité.
Votre bien dévoué,
G. de Molinari
V.
7 janvier 1885
Mon cher confrère,
En relisant votre excellent article sur la politique coloniale, je trouve (55, de l’Algérie) une appréciation erronée du bénéfice du producteur français sur les importions de fraude en Algérie ; à raison de 10% sur 54 millions ce serait 15 400 000 fr., dites-vous. Il y a là une erreur de chiffre. De plus, cette évaluation n’est pas correcte. Il ne faut pas compter seulement le bénéfice de l’entrepreneur, mais aussi la totalité des revenus que ces 54 millions vont procurer aux ouvriers. Ceci est important pour apprécier à sa juste valeur le commerce extérieur. Il est bon que l’on sache bien que nos 3500 millions d’exportations — que nos administrateurs français vont réduire à 0 si on les laisse faire — représentent les moyens d’existence d’environ 3 millions 500 mille français pour seulement ceux de quelques milliers d’entrepreneurs d’industrie et de négociants.
Votre bien dévoué,
G. de Molinari
VI.
Mercredi 3 octobre (vers 1885)
Mon cher collaborateur,
Votre article arrive malheureusement trop tard pour le numéro ci — mais il n’aura rien perdu de son actualité le mois prochain. Prenez donc patience et croyez-moi votre bien dévoué,
G. de Molinari
VII.
22 octobre 1888
Mon cher confrère,
M. Pascaud, conseiller à la cour d’appel de Cherbourg, et rédacteur du Journal des économistes, me prie de vous demander votre appui — qu’il considère comme très efficace — pour une présidence de Chambre qui va devenir vacante à Orléans. Il est dans la magistrature depuis 1862, conseiller depuis 5 ans — il a publié des travaux sérieux, c’est un de nos fidèles et un très brave monsieur.
Si vous pouvez faire quelque chose pour lui vous obligeriez votre bien dévoué,
G. de Molinari
VIII.
2 janvier [1894?]
Mon cher Yves Guyot,
J’ai pris bonne note de vos comptes rendus Schmoller et Schatz. Merci pour les amabilités que compte votre chronique et merci à l’auteur, de votre affectionné
G. de Molinari
Mes hommages respectueux à vos dames.
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