Les Gaulois étaient-ils libéraux ?

Pour se faire une idée complète et juste de la trajectoire du libéralisme en France, il est impossible de prendre l’époque de tel ou tel penseur comme une table rase. Puisque les idées ont une filiation, il n’est pas inutile de pousser la curiosité au plus loin, et de se demander si les Gaulois, anciens habitants de ce qui est devenu la France, ont légué à leurs successeurs un héritage d’indépendance, d’individualité et de progressisme, ou ou tout à l’inverse, de fanatisme, de violence et de rapine.


Les Gaulois étaient-ils libéraux ?

par Benoît Malbranque

 

Pour comprendre la dynamique du libéralisme en France, piocher à pleines mains dans la glorieuse époque des Lumières ou dans le temps de Frédéric Bastiat ne peut suffire. De même que tout homme a un père, de même les conceptions philosophiques d’une nation ou d’une nationalité se lient entre eux, se nourrissent et se répondent à travers les différents âge de son existence. D’après ce raisonnement, j’aurais tôt fait de ramper dans les grottes à la trace d’ossements et de fresques murales : peut-être l’excès emporte avec lui sa condamnation. Mais quant à savoir si la France des premières origines historiques a légué à ses successeurs un patrimoine riche d’indépendance, d’individualité et de progressisme, ou tout à l’inverse, de fanatisme, de violence et de rapine, il n’est pas tout à fait indifférent d’en mener l’enquête. 

Ce ne sera pas, d’ailleurs, faire l’archéologie d’une race, car nous sommes tous des métèques, et celui qui entreprend sa généalogie n’est généralement pas le plus sage des hommes, car il n’en est pas quitte sans de mauvaises surprises. Les nations et les nationalités sont des ensembles qu’on doit prendre comme elles sont ; elles forment un cadre conceptuel qui n’est pas sans limites, mais qu’on ne troque jamais que pour d’autres qui ne valent guère mieux. 

À l’époque où Jules César, empereur de son état, traversa ce qui est devenu notre pays, avec les intentions peu bienveillantes et peu sympathiques que l’on connaît, il rencontra des peuples divers qu’on regroupe communément sous le même vocable de Gaulois (certains préfèrent Celtes, pour éviter un terme teinté de vieux nationalisme ; mais je ne crains pas cette accusation). Je tâcherai ici d’examiner leur caractère, d’après les sources antiques et les historiens contemporains les plus autorisés ; mais je dirai d’emblée que la meilleure manière, d’après moi, de se les représenter, est de les nommer nos ‘Indiens’ d’Amérique, car on peut tracer, entre eux et ces célèbres indigènes, de nombreuses et étonnantes ressemblances. Pour déterminer ce caractère des peuples gaulois, il convient d’analyser leur milieu, leurs moyens d’existence, leurs mœurs et leurs lois. 

La terre et les hommes

Sans souscrire à la théorie des climats de Montesquieu, il est évident que la poussée d’un peuple dans les voies du commerce, de l’artisanat et des arts libres, comme dans celle du droit et de relations humaines pacifiques, se fait sous la dépendance d’un milieu qui est pour lui une donnée. Les peuplades disséminées sur des îles de l’Océan Pacifique, dont les arbres donnent un bois qui ne flotte pas, ou qui abritent un nombre infime de plantes nutritives, se trouvent de ce fait même dans une position comparativement peu flatteuse. Or, tout au contraire, la Gaule s’étend sur une terre dont on a vanté avec raison la fertilité, les richesses et la bonne disposition. Strabon souligne la multiplicité des cours d’eau, qui sillonnent avantageusement le territoire, et sont merveilleusement aptes au transport des marchandises (Géographie, IV, 1, 2). Encore une fois, toutes les parties du monde ne disposent pas de ces avantages comparatifs. Les deux-tiers du territoire de l’Australie, par exemple, n’a pas d’écoulement vers la mer ; les rivières y sont insignifiantes et de peu d’utilité ; d’aucuns parlent d’un pays « sans eau », dont les lacs eux-mêmes ne sont « que de vastes étendues boueuses ou couvertes d’une croûte de sel ». (Alain Huetz de Lemps, Australie et Nouvelle-Zélande, Presses universitaires de France, 1979, p. 20-29.)

Malgré certains reliefs, un réseau routier s’aménage en Gaule assez aisément, et permet des transports rapides. Diodore de Sicile parle d’une traversée de la Gaule à dos de cheval en trente jours (Bibliothèque historique, V, 22), et Jules César rapporte une vitesse d’un tiers moins rapide pour ses légions romaines, mais qui reste très satisfaisante pour l’époque (Guerre des Gaules, VII, 53, 4). Ce sont là des conditions propices à l’extension des échanges.

En proportion du nombre de leur population, le territoire couvert par les peuplades gauloises est immense, et pourtant il ne semble jamais leur suffire ; se sentant constamment à l’étroit, ils mènent des migrations très fréquentes. (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 69.) C’est que, comme toutes les civilisations primitives, les Gaulois ont un besoin vital de grands espaces. William Roberston faisait remarquer au XVIIIe siècle que des peuplades indiennes de deux 200 à 300 individus occupent des territoires aussi vastes que certaines nations européennes. (The History of America, volume I, 1777, p. 337.) La raison n’en est pas autre : les indigènes d’Amérique tirent nourriture d’un gibier qui ne peut survivre et se multiplier que dans de très larges étendues de terres, et ils n’ont pas pour habitude, lorsqu’ils rencontrent cette proie, d’avoir la main bienveillante ou l’appétit modeste. Les Gaulois avaient un rapport similaire au territoire et aux ressources naturelles. L’abondance de nourriture qu’ils consomment lors de leurs assemblées ou banquets, et dont la légende nous est familière par l’image des sangliers, se joint à la déforestation intense que leur mode de vie contribuait à produire (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 139.) Leur chance est d’avoir pris demeure sur un sol riche, et relativement peu occupé, qui permettait ces pratiques. Il n’est pas certain toutefois qu’ils aient toujours pris le parti le plus conforme aux valeurs du libéralisme, pour en consommer le fruit. L’or, par exemple, présent à profusion en Gaule, au point qu’on en trouve dans le sable des rivières ou dans des limons aurifères faciles d’accès (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, II, 5, 26.), ne fut guère employé que pour les parures guerrières ou religieuses et à des fins honorifiques, et sa conversion en monnaie ne révolutionna pas une économie très majoritairement fondée sur le troc. (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 153.)

Sur ces terres habitaient des hommes, ça et là dans la campagne. Ils portaient des noms qu’ils se donnaient ou obtenaient, pour honorer la supériorité de leur statut, comme Orgétorix (roi des tueurs) ou Vercingétorix (grand roi des guerriers), eu égard à leur métier, comme l’un des oncles du précédent, Gobannitio (le petit forgeron), ou en considération de caractères physiques qui les distinguaient des autres, comme Galba (le très gros), ou Roudius (le rouge). (Jacques Lacroix, Les noms d’origine gauloise, éd. Errance, 2012, p. 58 ; Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 153 ; Suétone, Galba, 3, 1 ; Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personne sur le territoire de l’ancienne Gaule, 1968, p. 171.) La pratique se retrouve chez les Indiens, à l’image de ce chef des Creeks qui signe le traité de Fort Wayne en 1809 sous le nom de Meshekenoghqua, littéralement Petite Tortue.

Les habitations des peuples gaulois sont de taille modeste, contenant le plus souvent une seule pièce, sans fenêtre, pour conserver au mieux la chaleur provenant du foyer, dont la fumée est contrainte de s’échapper par la porte et à travers la toiture. (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 260.) Cela correspond bien, là encore, aux habitations des peuples primitifs décrits à travers le monde, y compris en Amérique du Nord, où, dans de semblables pièces uniques, raconte un voyageur, « il n’y a point de cheminée ; de sorte qu’on allume le feu au milieu de la place, et que la fumée sort par un trou qui est sur le toit, ou à travers les crevasses qu’il y a. » (Voyage de Lionel Wafer en Amérique, joint à celui de Guillaume Dampier, aux terres australes, à la Nouvelle Hollande, etc., 1705, p. 226) Au nord de l’ancienne Louisiane, ou dans la vallée de la Loire, comment les mêmes nécessités n’auraient-elles pas fait naître des usages similaires ?

Une société essentiellement guerrière

Quoique ces peuples ne soient pas sans artisanat ni sans agriculture, les Gaulois tirent leurs moyens d’existence de la guerre, et leur civilisation peut être appelée proprement guerrière. Platon et Aristote la définissent ainsi (Platon, Les Lois, 1, 9, 637 d ; Aristote, Les Politiques, VII, 2, 10, 1324 a), et les historiens contemporains n’y apportent aucun démenti. « Les Celtes sont une société guerrière, écrit ainsi leur plus grand spécialiste. Chez eux, les hommes les plus éminents sont guerriers. Dès leur enfance, ils sont choisis pour cette activité qu’ils conservent généralement toute leur vie. En cela, ils sont très proches des Spartiates et des Crétois. » (Jean-Louis Bruneaux, Voyage en Gaule, éditions du Seuil, 2011, p. 265.) La ressemblance avec les indigènes d’Amérique n’en est pas moins palpable. Avec leur souci du beau corps, leur attention à la pilosité, et certaines pratiques rituelles de dépeçage de l’ennemi établies par les fouilles à Ribemont-sur-Ancre, et qui font pendant au célèbre scalpage des Indiens, les deux civilisations trahissent une essence somme toute assez commune. (Alain Deyber, Les Gaulois en Guerre, p. 128 ; Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 190.)

Les Gaulois, qui ont un besoin intrinsèque de la guerre, de la conquête et de la spoliation, sur lesquelles est fondé tout leur éco-système, l’ont transformé en une véritable industrie. Elle a même ses mortes-saisons, entre octobre et mars, époque où chemins et champs de bataille ne sont plus praticables. (Yvan Le Bohec, introduction à la Guerre des Gaules de Jules César, Economica, 2009, p. 38 ; Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 128.) Dans ces périodes de trêves forcées, les guerriers maintiennent un exercice du corps qui est l’un des trois devoirs fondamentaux formulés pour eux par la classe des druides, à savoir l’exercice de la virilité. (Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, 1, 6.) Les occasions de prouver leur bravoure sont celles que ces hommes saisissent ou se créent avec le plus d’avidité. Parce que l’existence même de son peuple dépend de la guerre, l’homme qui est capable de lutter brillamment avec ou sans arme, de courir aussi rapidement que les chevaux, ou qui accomplit aisément des acrobaties qui stupéfient l’ennemi, reçoit de toutes parts éloges, acclamations et signes d’allégeance. Les Jeux olympiques n’ont d’ailleurs pas d’autre origine que cet exercice du corps au sein de sociétés guerrières où les preuves de virilité étaient estimées. 

Le haut lieu de la sociabilité gauloise, le banquet, était lui-même rythmé par des pratiques viriles plus ou moins violentes. La furie aveugle des guerres laissant le mérite guerrier incertain, les Gaulois profitent des banquets pour mettre à l’épreuve leur mérite devant les yeux de leurs égaux. Bien connus pour leur tempérament vif et emporté, qui leur fait aisément prendre les armes (Strabon, Géographie, IV, 4, 5), ils se livrent là tout entier à ce penchant, et engagent des duels qu’interrompent seulement la mort de l’un des deux adversaires (Athénée, Les Deipnosophistes, IV, 154 b.). Pour tempérer leur ardeur, on joue dans les assemblées de la musique, qui est considérée comme pacifiante (Scymnos de Chio, Périégèse, v. 185-195).

De ce point de vue, on ne peut refuser d’accorder à l’homme primitif une supériorité physique sur son lointain successeur civilisé, élevé dans les douceurs des métiers pacifiques. Lorsque les voyageurs ont découvert les peuplades de l’Amérique du Nord, ils ont été impressionnés par leurs corps robustes et bien faits, leur agilité, de même que par leur sens très développé de la vue et de l’odorat. Cette constatation factuelle a permis à certains, tels Jean-Jacques Rousseau, de croire et de faire croire à une dégénérescence de l’homme dans et par la civilisation. Mais le guerrier gaulois aussi est de grande stature, puissant et agile : les fouilles archéologiques le montrent avec des muscles très développés, qui prouvent une riche alimentation et des exercices du corps constants, et ne manifestant aucune tare physique imputable aux travaux des champs ou aux autres métiers manuels. (« Ribemont-sur-Ancre (Somme). Bilan préliminaire et nouvelles hypothèses », Gallia, n°59, 1999.)

Le caractère de cette civilisation guerrière se manifeste encore dans la littérature, uniquement orale, qui, chez les Gaulois, se préoccupe avant tout des choses de la guerre. « Ils prennent pour sujets de leurs chants, dit Élien, ceux d’entre eux qui ont trouvé dans la guerre une belle mort. » (Histoire variée, XII, 22). Les assistants des druides, raconte similairement Ammien Marcellin, « chantent, s’accompagnant des doux accents de la lyre, les exploits des hommes illustres composés en vers héroïques » (Histoire, XV, 9, 8.) 

Cette mentalité guerrière se retrouve encore dans le peu d’égard qu’on y démontre pour les faibles. On sait que chez les Indiens, dès que les enfants mâles peuvent se traîner sur leurs pieds et sur leurs mains, on les laisse se rouler nus dans l’eau, dans la boue, et dans la neige, pour fortifier leur constitution (Isaac Weld, Travels through the states of North America, volume II, 1799, p. 388). De même, Aristote rapporte que les Gaulois plongeaient leurs nouveaux-nés dans un fleuve ou les vêtissaient très légèrement afin de mettre à l’épreuve leur viabilité. (Politique, VII, 17, 3.) Les pères Gaulois manifestaient d’ailleurs pour leur enfant en bas âge une absence de tendresse très frappante. « Au cours de leurs premières années, raconte Jean-Louis Bruneaux, les enfants n’occupent qu’une place très secondaire dans la famille. Ils sont sous la dépendance de leur mère, et leur père ne s’intéresse probablement guère à eux ». (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 264.) Volney rapporte, à propos des indigènes d’Amérique, des conceptions semblables du devoir de père. « Il caresse ses enfants, comme tout animal caresse ses petits. Quand il les a ballottés, embrassés, il les quitte pour aller à la chasse ou à la guerre sans y plus penser ; il s’expose au péril sans s’inquiéter de ce qu’ils deviendront : ils lutteront contre le sort, contre la nature ; ils mourront jeunes ou vieux, peu importe, puisqu’il faut qu’ils meurent. » (Volney, Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique, 1803, t. II, p. 452.) Les pères y apparaissent donc résolument durs avec leurs enfants ; « ils les maltraitent sans en être corrigés », dit Louis Hennepin (Voyage curieux de Louis Hennepin, 1704, p. 592). En Gaule aussi, le peu d’égard donné à l’enfance se trahit par les découvertes de l’archéologie : les sépultures de très jeunes enfants sont très rares, mais en revanche on retrouve des amoncellements de squelettes d’enfants de bas âge dans des silos retirés, qui font office de poubelle. « Il est assez clair, commente Jean-Louis Bruneaux, que les enfants de cet âge ne sont pas encore considérés comme des individus à part entière. » (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 167.) On en prend également la mesure dans la tradition rapportée par les textes historiques, comme en lisant Jules César, qui écrit que les pères gaulois « ne permettent point à leurs fils de se présenter en public devant eux avant d’être en état de porter les armes ». (Guerre des Gaules, VI, 18.) Alors, en effet, leur condition changera : exercés au métier de la guerre, ils en essuieront les dangers et en recevront les honneurs, dont celui de tomber sur le champ de bataille à 12 ou 14 ans, comme les fouilles archéologiques à Ribemont-sur-Ancre en portent effectivement témoignage. (Jean-Louis Bruneaux, Voyage en Gaule, éditions du Seuil, 2011, p. 266 ; Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 167.)

Le mépris pour la faiblesse, dans une société toute fondée sur le succès des exercices virils de conquête et de spoliation, ne pouvait manquer de s’étendre à des degrés divers aux malades, aux vieillards ou aux mal-portants. Strabon rapporte même que les Gaulois « s’exercent à ne pas engraisser, notamment du ventre, et qu’on punit le jeune homme dont le tour de ceinture excéderait la mesure fixée. » (Géographie, IV, 4, 6.) Mais c’est surtout aux femmes que s’applique ces conceptions avilissantes.

Chez les Gaulois comme au sein de toutes les civilisations primitives, les femmes sont méprisées et leur sort est abominable. Bien sûr nous ne sommes que peu étonnés de lire que, malgré un bon sens du jugement qu’on leur reconnaît au sein de ces peuples (Paul, Digeste, 5, 1, 12, 2) chez eux aussi « les femmes sont écartées de toutes les fonctions civiques ou publiques » (Ulpien, Digeste, 50, 17, 2 pr.). Elles sont exclues de toutes les manifestations de la vie publique, comme les fêtes religieuses et ces banquets dont on ne saurait minimiser l’importance, car ils accompagnaient tous les grands moments de la cité, et qu’ils étaient la seule distraction que les textes historiques attribuent aux Gaulois. (Jean-Louis Bruneaux, Voyage en Gaule, éditions du Seuil, 2011, p. 104 ; Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 241, 246) À table, l’attribution des mets respecte une hiérarchie qui voit les meilleures pièces de viande revenir aux guerriers les plus vaillants (Athénée, Les Deipnosophistes, IV, 154 b.) ; quant aux femmes, elles se nourrissent des restes, quand il y en a.

Le sort des femmes dans les tribus indiennes de l’Amérique n’était pas différent. Là aussi elles ne participent pas aux amusements des hommes, mais se tiennent en retrait, toujours prêtes à leur présenter des boissons. Elles n’ont en partage que les activités considérées comme avilissantes ; elles reçoivent des ordres mais n’en donnent pas. « Obéir et servir, même de bon gré, est une sorte d’opprobre réservé aux femmes, raconte Volney. Un grand guerrier ne doit rien faire que combattre et chasser. Les femmes portent tout le fardeau du ménage, du labourage, s’il y en a, et en voyage du transport des enfants et des ustensiles. Ce sont littéralement des bêtes de somme. » (Volney, Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique, 1803, t. II, p. 451.) Thomas Jefferson, ami du précédent, rapporte aussi cette opinion, que les femmes indiennes sont injustement corvéables, et il fait remarquer que cette situation se retrouve chez tous les peuples barbares, parmi lesquels la force fait la loi. (Notes on the State of Virginia, 1787, p. 100.) De cela, les témoignages abondent. « Lorsque les hommes ont tué quelque bête fauve, rapporte un autre voyageur, ce sont toujours les femmes qui sont chargées de l’apporter à la tente, de l’ouvrir, de la dépecer, d’en faire sécher les chairs et de les réduire en poudre, etc. Faut-il préparer quelque mets, ce sont encore les femmes qui le font cuire, et lorsqu’il est prêt, les femmes et les filles des plus grands capitaines du pays ne sont servies qu’après que tous les hommes, même ceux attachés en qualité de domestiques, ont pris ce qui leur convient ; et il arrive souvent dans les temps de disette qu’il ne reste rien pour les femmes. » (Voyage de Samuel Hearne, du fort du Prince de Galles dans la baie de Hudson, à l’océan nord, volume I, 1798, p. 140) De même, en Gaule, les femmes sont chargées du travail des champs, selon une division du travail qui étonne les observateurs grecs et romains, qui la trouvent contraire à la nature. (Strabon, Géographie, 4, 4, 3.) « Aux hommes, explique Jean-Louis Bruneaux, sont réservés la guerre, son entraînement, l’équitation, la chasse, les pratiques cultuelles, l’exer­cice de la politique, du droit et de l’éducation, certains métiers artisanaux (les métiers du feu et des métaux entre autres). Aux femmes reviennent la plupart des tâches domestiques, c’est-à-dire une bonne part des travaux des champs, la gestion des troupeaux, la réalisation de certains types d’objets, tels que la céramique, les vêtements, peut­-être la cordonnerie, la bourrellerie, la tabletterie. La place de l’homme et de la femme dans la société gauloise des cinq derniers siècles précé­dant notre ère est le résultat tardif d’une situation plus ancienne, au cours de laquelle une grande partie de la population mâle était occupée à la guerre, obligeant les femmes à subvenir à tous les autres besoins. » (Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 262.)

Attelées à leur tâche du jour au matin, sans que les documents nous renseignent sur leurs éventuels loisirs, les femmes ont une vie affective limitée, entrant dans des unions qui se fondent davantage sur les volontés des hommes que sur des choix de leur volonté. En Gaule, on les répartit aux guerriers lors des banquets, et lorsque les besoins de la diplomatie l’exigent, des filles sont données en mariage au-delà du domaine des cités, pour nouer ou celer des alliances. (César, Guerre des Gaules, 1, 3, 5) En Amérique, un homme possède souvent plusieurs femmes, et jusqu’à huit, dix, ou douze. Lorsque la mort en emporte une, il lui est loisible d’épouser l’une de ses sœurs ; au contraire si le mari meure, l’un de ses frères épouse la veuve. (Voyages du baron de Lahontan dans l’Amérique septentrionale, 1741, vol. III, p. 155.) Les Indiens n’en agissent pas ainsi, cependant, par passion pour les matières du sexe. « Ils se contentent d’une amitié tendre, raconte le même, et qui n’est point sujette à tous les excès que cette passion cause à ceux qui en sont possédés ; en un mot, ils aiment si tranquillement qu’on pourrait appeler leur amour une simple bienveillance. » (Ibid., p. 144.) Et plus loin il raconte, pour notre plus grande édification, que le plaisir des sens, chez les indigènes d’Amérique, est souvent recherché dans la seule compagnie masculine. « Les Illinois ont un malheureux penchant pour la sodomie, aussi bien que les autres sauvages qui habitent aux environ du fleuve Mississippi. » (Ibid., p. 156.) Or il s’avère qu’en Gaule aussi, les femmes sont si peu respectées que les hommes font profession d’homosexualité. « Quoique leurs femmes soient belles et bien faites, explique Diodore de Sicile, ils ne les fréquentent guère mais ont une passion enragée et déplacée pour les relations intimes avec les hommes. Ils ont l’habitude de se coucher à terre sur des peaux de bêtes sauvages et d’avoir commerce avec des compagnons placés de chaque côté. » (Bibliothèque historique, V, 32, 7.) La sexualité inter-sexes est conçue comme honteuse et malheureuse ; ses fruits en sont déconsidérés. Le seul récit d’accouchement en Gaule, dû à Poseidonios, est rapporté par Strabon : une femme employée aux champs s’écarte un instant pour donner naissance à un enfant, et elle reprend immédiatement le travail. (Géographie, III, 4, 17.) En Amérique, Samuel Hearne raconte pareillement le cas de cette femme indienne qu’il vit accoucher après un enfantement long et difficile de 52 heures, et qui n’eut pas d’autre choix que de placer son enfant sur son dos, pour suivre le reste de la tribu dans des chemins éreintants, où elle s’enfonçait quelquefois dans l’eau et dans la neige jusqu’aux genoux. (Voyage de Samuel Hearne, du fort du Prince de Galles dans la baie de Hudson, à l’océan nord, volume I, 1798, p. 142-143.) Mais en Gaule comme sur les plaines de l’Amérique du Nord, la femme suit les ordres ou elle meure ; elle n’a proprement aucune liberté. « C’est l’esclave dévouée de son époux, qui ne perd pas de vue un seul moment ses prérogatives, écrit John H. Long. Partout où il va, elle doit le suivre, et n’ose se hasarder à l’irriter par un refus, sachant bien que la moindre indifférence pour ses volontés serait punie par un châtiment terrible, souvent même de la mort. » (John Hamilton Long, Voyage chez différentes nations sauvages de l’Amérique septentrionale, 1794, p. 250.) César rapporte pareillement que chez les Gaulois, le mari a droit de vie et de mort sur sa femme. (Guerre des Gaules, VI, 19, 3.) Les druides, qui prononcent la justice lors des différends, ne s’occupent pas des affaires familiales, qui restent en dehors de toute juridiction. (Jean-Louis Bruneaux, Voyage en Gaule, éditions du Seuil, 2011, p. 164.) Mais si le mari peut légalement causer la mort de sa femme, en la battant ou autrement, une femme ne saurait tuer son mari sans reproches. « Si le meurtre est reconnu, dit Jean-Louis Bruneaux, celle-ci est mise à mort, martyrisée par le feu et d’autres supplices. Il s’agit d’un des types de peine les plus graves. » (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 118.) 

Spoliation plutôt que production 

Toute tournée vers la guerre, qu’elle sublime et valorise au plus haut point, la société gauloise paraît négliger, en comparaison, l’activité proprement économique, et si elle fleurit, elle demeure sous la dépendance stricte des intérêts militaires. L’élevage fournit les animaux de guerre et la viande consommée pendant les campagnes ; fermiers et artisans s’occupent des vivres et de l’outillage ; enfin il faut des marques d’estime, des trophées à décerner, et c’est dans cette vue qu’on travaille l’or. Au-delà, la sphère des échanges et du commerce est extrêmement limitée, et les conditions de vie elles-mêmes sont rudimentaires. « Ils habitaient des villages non fortifiés et ils étaient étrangers à toute forme d’industrie, raconte Polybe ; couchant sur des litières, ne mangeant que de la viande, pratiquant seulement la guerre et l’élevage, ils menaient une vie primitive, et ne connaissaient aucune sorte de science ni d’art. Leur avoir personnel consistait en troupeaux et en or, parce que c’étaient les seules choses qu’ils pouvaient facilement emmener et transférer partout à leur gré dans leurs déplacements. » (Histoires, II, 17.) 

Plutôt que de produire, le Gaulois s’entraîne par la chasse au métier de la guerre, qu’il pratique comme une industrie ; avec des richesses bornées, il pourra ainsi ravir celles d’autres peuples : c’est sa production à lui. Considérés en tant qu’activités économiques productives, l’agriculture et les métiers manuels sont dévalorisés, et on en abandonne le soin aux femmes et aux inférieurs. Cicéron est abusivement railleur, quand il fait cette remarque que les Gaulois, « trouvant honteux de se procurer du blé par le travail, vont les armes à la main couper la moisson sur les champs d’autrui » (La République, III, 9.) ; cependant la dévalorisation de la production et du commerce est chose parfaitement établie. (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 138, 149.)

Le Gaulois en guerre est avide de butin et ce dont il s’honore et fait parade, soit riches parures, biens précieux et armes, soit troupeaux, comestibles ou esclaves, ne sont autres que les richesses sur lesquelles il a mis la main par la force. 

Entre timocratie et théocratie

Le pouvoir chez les Gaulois est un mélange de théocratie (le pouvoir par les prêtres), et ce que Platon nomme la « timocratie », c’est-à-dire le gouvernement par ceux qui sont les plus honorés. (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 103.) Dans quelque individu qu’on place rétrospectivement le pouvoir politique suprême, son exercice apparaît assez borné. Lors des combats, les guerriers gaulois ne s’embarrassent pas de stratégies militaires et n’ont pas d’égard pour les ordres de bataille. Revenus à la vie civile, ils font encore des chefs un usage réduit, tout comme les tribus indiennes d’Amérique, qui toutes se donnent un chef, mais « de qui les sujets dépendent en très peu de choses ». (Charlevoix, Journal d’un voyage fait par ordre du roi dans l’Amérique septentrionale, 1744, vol. III, p. 266.) De même les Gaulois ne reconnaissent comme leur chef que le plus vaillant des soldats, et c’est avant tout dans les campagnes et les expéditions qu’ils le suivent.

Ce régime se couple cependant avec une main-mise assez sévère de la caste des prêtres, nommés druides, dans les différents aspects de la vie collective. Ces druides exercent un véritable monopole sur les différents domaines du savoir, monopole qui s’étend même à l’écriture, dont ils se sont réservés absolument l’usage. La proscription de l’écrit est, pour toute civilisation postérieure, une source première d’étonnement, mais elle s’efface à l’esprit en considération du fait que les peuplades sauvages des deux hémisphères, et notamment de l’Amérique du nord, n’étaient pas en ce point plus avancées. À la toute fin du XVIIIe siècle, Thomas Jefferson ou Volney émettaient le vœu que des Européens ou Anglo-Américains consignent bientôt par écrit les usages et le langage des tribus indiennes, pour éviter qu’ils n’en viennent bientôt à se perdre (Volney, Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique, 1803, t. II, p. 522 ; Thomas Jefferson, Notes on the State of Virginia, 1787, p. 164), et précisément les Gaulois ont disparu en ne laissant d’autres traces d’eux que d’infimes constructions, des squelettes laissés à l’abandon sur d’anciens champs de bataille, et une réputation de férocité et d’éclectique barbarie chez des auteurs gréco-latins qui les ont jugé sévèrement sans toujours les déprécier.

Les druides disposent seuls du temps : du leur, mais surtout de celui des autres ; étant maîtres du calendrier, ils déterminent à leur guise les jours fastes et néfastes, et par conséquent décident de l’organisation de tous les évènements, tant publics que privés, comme les sentences de justice, les fêtes religieuses, mais aussi le travail quotidien. Aux jours fixés, les travaux d’aménagement ou d’architecture, les négociations diplomatiques et toutes les affaires de justice et de législation passent par leurs mains. Cette exclusivité a produit les effets habituels du monopole, avec un faible développement de l’activité architecturale, par exemple, où toutes les constructions sont en bois. (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 228-229.) Dans les arts libres, les druides font encore sentir leur intervention, soit par l’érection d’interdits, l’édification des calendriers, et le jugement des différends, soit en accaparant tout à fait des activités, comme pour la médecine traditionnelle, dont les plantes sont cueillies par les druides seuls. Leur ministère s’étend encore sur les deux pans majeurs de la justice et du culte, où pour des raisons d’honneur ils reçoivent l’appui de la classe des bardes. Dans les affaires religieuses, ils maintiennent un monopole dont les conséquences intellectuelles ne peuvent qu’être conjecturées, mais qui dans la pratique signifiait qu’aucun culte ne pouvait être rendu sans leur intermédiaire, ce que les archéologues corroborent par l’impossibilité dans laquelle ils se trouvent de découvrir quelque autel ou instrument rituel dans des maisons particulières (Jean-Louis Bruneaux, Voyage en Gaule, éditions du Seuil, 2011, p. 228.)

La classe des druides fonctionne d’ailleurs comme une caste fermée, dont le recrutement assez obscur est dit ne durer pas moins de vingt ans. (César, Guerre des Gaules, VI, 14, 3.) Collectivement très puissants, les druides jouissent naturellement d’avantages nombreux, tels qu’une exemption du devoir militaire et de toute autre obligation civique, ainsi que de l’impôt public ; ils mènent leur existence sans travailler ni combattre, mais en accomplissant les tâches de leur ministère, et la communauté assure leur existence confortable selon des modalités qui échappent encore aux historiens. (Jean-Louis Bruneaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, 2005, p. 178.)

Intellectuellement, les peuples les moins civilisés manifestent habituellement une emprise très forte des considérations magiques et religieuses sur leur imaginaire. Les Gaulois, de même, sont crédules et comme dévots. « La nation toute entière des Gaulois s’adonne sans modération aux choses de la religion », clame César (Guerre des Gaules, VI, 16, 1.) Dans la vie pratique, l’influence des croyances prend des tours les plus curieux : ce sont ces femmes qui végètent dans une existence presque animale, et qui chaque année, dit Strabon, s’imposent la réfection soignée de la toiture du temple consacré au dieu qu’elles révèrent, au cours d’une cérémonie imposante (Géographie, IV, 4, 6.). Ce sont encore ces enceintes sacrées où les Gaulois déposent quantité d’or en offrande à leurs dieux. (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 27, 4.) Enfin ce sont ces hommes en périple, qui interrompent tout à coup leur marche et refusent d’aller plus loin, parce qu’ils viennent d’observer une éclipse de lune. (Polybe, Histoires, V, 78.)

La grande emprise que les choses de la religion ont sur l’esprit des Gaulois se manifeste encore dans leur conception de la mort, et les actions qui sont les leurs lorsqu’elle atteint des membres de leur entourage. Comme les indigènes d’Amérique, les Gaulois mènent une vie rude et rustique, à laquelle ils n’accordent pas le plus grand prix. « La vie pour eux n’a pas la même valeur qu’elle a pour nous et sa perte est indifférente », note Diodore de Sicile (Bibliothèque historique, V, 28, 5.) Ils la quittent d’ailleurs d’autant plus volontiers, que leurs croyances leur présentent une image plus sensible de la vie future. Les Indiens, écrit Volney, « se figurent qu’après la mort ils passeront dans un autre climat et pays où abonderont le gibier, le poisson, où ils pourront chasser sans fatigue, se promener sans crainte d’ennemis, manger des viandes bien grasses. » (Volney, Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique, 1803, t. II, p. 513.) Cela renforce leur courage et leur ardeur dans la lutte, comme durent faire les croyances similaires des Gaulois. Chez ces derniers, les archéologues nous montrent des sépultures richement garnies, avec abondance de nourriture, d’armes et de biens précieux, comme par conviction que les morts pouvaient emporter avec eux ces richesses pour en jouir paisiblement dans l’au-delà. (Jean-Louis Bruneaux, Voyage en Gaule, éditions du Seuil, 2011, p. 117.) Les parents du défunt jettent mêmes des lettres adressées à des personnes précédemment décédées, qu’il est censé pouvoir leur porter, et eux, lire. (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 28.) D’autres rapportent qu’on brûlait certains morts avec le registre de leurs créances, pour qu’ils formulent leurs réclamations avec leurs pièces comme témoignage. (Pomponius Mela, Chorographie, III, 2, 20 ; Valère Maxime, Faits et dits mémorables, II, 6, 10.) On a même écho de personnes qui s’immolent devant le bûcher funéraire, pour poursuivre leur existence aux côtés de l’être perdu. (Pomponius Mela, Chorographie, III, 2, 19.) Sans doute s’agit-il là d’anomalies remarquables ; mais la conception courante de la mort gauloise n’est pas dénuée de faste. « Les funérailles sont, eu égard au genre de vie des Gaulois, magnifiques et coûteuses, dit César ; toutes les choses dont on croit qu’elles étaient chères au défunt de son vivant, même des êtres animés, sont jetés dans le feu. » (Guerre des Gaules, VI, 19.)

Conclusion

C’est une saine philosophie que celle qui nous enseigne à chérir nos pères, et il n’est pas malvenu pour un historien de se sentir quelque sympathie pour ceux qui, outre qu’ils sont le matériel de son étude, ont aussi posé les premières pierres de l’édifice sur lequel il se tient comme chacun. Mais quand il s’agit de peser les influences des différentes époques, dans la construction lointaine d’une doctrine inconnue pour longtemps, qui en l’espèce est le libéralisme, on ne saurait échapper à la distribution des éloges et des blâmes. Le goût pour la nostalgie est dans le cœur de certains ; ils s’en accommoderont comme ils l’entendent ; mais quant à moi je ne puis pas refuser l’évidence de la conclusion qui s’impose, à savoir que les Gaulois formaient par leur civilisation tout ce que la doctrine du libéralisme aura plus tard à affronter. Formée et maintenue pour la guerre, elle reproduit cette disposition dans ses conceptions intellectuelles et dans sa morale. Les arts de la paix, les métiers, le commerce, sont tenus par les Gaulois pour indignes et effectivement méprisés ; leur seule vocation est guerrière, comme est d’ailleurs leur littérature. Le savoir est contenu par un monopole imparable, dont on ne peut qu’imaginer la force comprimante. Quant à la protection de la loi pour faire respecter la liberté de chacun, et en particulier des plus faibles comme les femmes, elle ne saurait moins exister que chez ces peuples féroces, où, comme dit Thomas Jefferson, la force fait la loi. À ce titre, l’ère gauloise n’est pas même une table rase dans l’histoire du libéralisme. Tout n’était pas à faire, mais à défaire. 

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