Le keynésianisme. Par Ron Paul

Par Ron Paul*

Traduit par Thierry Falissard, Institut Coppet

À travers le monde, les politiques économiques contemporaines ont été fortement influencées par la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, de John Maynard Keynes, publiée en 1936. Beaucoup pensent que Keynes a introduit la théorie d’une intervention gouvernementale massive visant à renforcer l’économie. Ludwig von Mises, lui, fit remarquer que Keynes n’avait en fait avancé aucune idée nouvelle. Les prescriptions de Keynes pour sortir de la Grande Dépression des années 1930 existaient depuis fort longtemps, et en réalité ce sont ces idées qui nous ont plongés dans la Dépression. En 1936, elles avaient déjà fait beaucoup de mal aux États-Unis et à l’économie mondiale.

Mais quelque chose a changé avec la publication de la Théorie générale. Keynes a fourni aux gouvernements du monde entier des arguments d’apparence scientifique pour accomplir ce qu’ils voulaient réaliser de toute façon. Devenue la théorie économique officielle du monde entier, l’interventionnisme étatique a été bien accueilli par tous les politiciens, si l’on excepte les interventionnistes les plus radicaux qui prônent le socialisme pur et simple, le communisme ou le fascisme. Effectivement, cela fait des millénaires que l’on connaît l’inflation, le contrôle des prix, et les contrôles gouvernementaux.

Mises expliquait le succès de Keynes par le fait que ceux qui pratiquaient déjà l’interventionnisme en économie ont cru que Keynes leur fournissait une explication « scientifique » pour faire ce qu’ils faisaient déjà.

Nos dirigeants économiques et politiques ont tenu à supprimer les restrictions à la croissance de l’appareil d’État que les marchés libres et l’étalon-or leur avaient imposées. Ils ont été encouragés dans leurs efforts par cette justification « scientifique » qui venait soutenir leur volonté de faire gérer par le gouvernement tous les secteurs de l’économie. L’état désastreux de l’économie dans les années 1930 alimentait une peur suffisante pour intimider les gens et leur faire accepter les promesses des partisans du New Deal, tout en les aveuglant sur les atteintes infligées à leurs libertés.

Franklin Roosevelt pratiquait en fait la psychologie inversée pour apprendre aux Américains à craindre la « peur » elle-même ; il a tout mis en œuvre pour générer davantage de peur. Les économistes de libre marché de l’École autrichienne avaient déjà expliqué le cycle d’expansion et de récession et prédit l’apparition de la dépression ; par conséquent, il fallait les discréditer pour instaurer une ère d’assistanat, de politiques inflationnistes et de bellicisme.

Le plus triste est que les keynésiens ont remporté la victoire au plan des arguments intellectuels et politiques, même si le système qu’ils ont conçu est voué à l’échec et avait déjà été mis en œuvre auparavant à de nombreuses reprises.

La bonne nouvelle est que tous les défauts et toutes les erreurs d’une économie gérée de façon centralisée sont en train de devenir patents, même s’il a fallu pour cela une correction remarquablement douloureuse. Bien que Washington n’ait pas encore saisi la réalité de l’échec des politiques économiques des quatre-vingts dernières années, le peuple américain à la base a une opinion bien différente. Beaucoup avaient espéré que l’échec en 1989-1990 de l’interventionnisme économique radical, tel que pratiqué par les communistes chinois et soviétiques, ouvrirait la voie à une ère de libre marché et de liberté individuelle. Cela ne s’est pas produit, et à la place nous avons dans le monde entier un soutien plus important en faveur des politiques keynésiennes, politiques qui perpétuent la théorie selon laquelle la planification économique centrale est nécessaire pour soutenir la croissance économique. On a pensé qu’il suffisait de supprimer le militarisme lié au communisme et au national-socialisme (ou au fascisme) pour que le peuple accepte la planification économique.

L’incapacité à reconnaître les lacunes du commerce réglementé, des politiques inflationnistes et de la gestion macroéconomique, et l’incapacité à reconnaître le danger d’avoir un pouvoir qui s’érige en protecteur en dernier ressort de toutes les activités économiques, ont permis le développement d’une bulle économique beaucoup plus grande. Cette bulle économique mondiale qui vit ses derniers instants doit être comprise si l’on veut réfuter les idées fausses qui ont conduit à sa création.

Que les secteurs publics et privés dépensent de l’argent emprunté n’est pas une panacée, comme le prétendent les keynésiens. Dépenser de l’argent dans des plans de sauvetage, soutenir de mauvais investissements, emprunter et gonfler la masse monétaire, tout cela ne peut produire une croissance économique saine. La dette finit par consommer la richesse fictive construite sur le sable, richesse qui faisait croire fallacieusement aux hommes politiques, à l’homme de la rue et à l’homme du monde des affaires, qu’ils assistaient à une croissance économique réelle. L’emprunt public et la dépense publique ne constituent pas la solution, mais le problème. La production et l’épargne sont les sources d’une croissance économique saine ; c’est là une politique que les keynésiens contestent de façon inconsidérée.

Mettre l’accent sur la dépense et sur l’emprunt sous-entend que les problèmes liés à l’emprunt, à l’inflation, et aux causes du cycle économique n’ont pas besoin d’être traités. Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, comme tous les présidents de la Réserve fédérale, reproche fréquemment au Congrès américain de faire du déficit budgétaire, mais en même temps il affirme que les déficits sont justifiés en période de récession et de guerre, deux choses qui tendent à s’éterniser.

Toutes ces clameurs et cette esbroufe contre les déficits détournent l’attention des gens de la question de savoir si la Fed a une quelconque idée des taux d’intérêt et de la masse monétaire qui seraient nécessaires pour générer une croissance économique saine. Le fait est que, sans une Réserve fédérale pour traiter le déficit budgétaire par l’inflation monétaire, on ne pourrait pratiquement pas avoir de déficits importants. Bien que de nombreux économistes du courant majoritaire admettent maintenant que les taux d’intérêt ont été maintenus trop bas trop longtemps entre 2000 et 2008, ils croient néanmoins qu’avoir des taux d’intérêt encore plus bas, et ceci indéfiniment, est la réponse keynésienne à une récession créée en fait par l’idéologie keynésienne !

Pendant un certain temps, de façon temporaire, la politique d’inflation monétaire en période de récession peut soutenir le gonflement de la bulle. De 1971 à 2000, cela a marché dans une certaine mesure à différentes périodes, mais sur les dix dernières années la dépense et la création de monnaie n’ont pas redynamisé une économie en cours de ralentissement. L’idée que l’on peut s’enrichir sans effort productif est un mythe keynésien. C’est ce mythe qui trompe la Fed en lui faisant croire qu’elle peut créer du capital en un clic d’ordinateur et qu’elle peut rejeter l’idée que le véritable capital ne peut venir que de la production et de l’épargne.

Ce mythe perpétue l’idée que le gouvernement et les citoyens peuvent vivre au-delà de leurs moyens sans jamais être forcés de vivre en dessous de leurs moyens. La dépendance aux programmes de relance gouvernementaux, payés avec l’argent des déficits et de la création monétaire, devient une toxicomanie économique. Plus la dépendance durera, plus grande devra être la dose requise pour soulager temporairement les symptômes indésirables de la nécessaire correction.

Les politiciens sont incapables de supporter les signes avant-coureurs qui précèdent un arrêt ou même une pause dans les politiques de dépense à outrance, d’emprunt, et d’inflation monétaire. Le message que les marchés envoient aujourd’hui, c’est que l’ère de la planification économique centrale d’inspiration keynésienne est terminée.

La crise de 2008 et ses conséquences ont constitué un événement mondial, du fait que le monde a accepté le dollar comme monnaie de réserve et que toutes les économies sont liées à sa valeur et donc à l’état de notre économie ; le maintien d’une hégémonie mondiale permet également de soutenir le dollar. L’échec du keynésianisme est lié à la croyance qu’en économie la planification centrale est réalisable, que les dépenses sont la panacée, que l’emprunt est illimité, que les déficits n’ont pas d’importance, et que les gouvernements peuvent résoudre tous nos problèmes. Tout ce que l’on a à faire est d’écouter les Paul Krugman du moment. C’est pour moi incroyable, mais apparemment cet homme croit réellement aux idées qu’il avance. Il a tout gobé du keynésianisme sans aucun discernement.

Pour rejeter les promesses en l’air du keynésianisme, il faudrait rejeter les objectifs autoritaires d’assistanat et de bellicisme à peu de frais. Mais c’est trop demander à l’heure actuelle. Cela ne se produira pas de façon délibérée chez les keynésiens, mais c’est l’effondrement économique qui y mettra fin. En fin de compte, la seule issue consiste à rejeter carrément toute théorie économique keynésienne et à la remplacer par une approche plus moderne du rôle du gouvernement, qui devrait reposer sur l’argent honnête.

Les dernières phases du système économique et monétaire actuel, qui repose depuis 1971 sur une monnaie dollar imposée par l’État, sont chaque jour de plus en plus apparentes. Les Américains ordinaires ont plusieurs longueurs d’avance sur les dirigeants politiques de Washington. Les Américains moyens sont très conscients de la gravité de nos problèmes et rien ne les fait plus rire que les vieilles lunes que sont l’accroissement des dépenses publiques, les projets gouvernementaux, et la prétention de leurs représentants à leur faire des cadeaux. Quelque chose d’important est actuellement en germe dans notre système politique.

Pourtant, il y a beaucoup de dissensions sur ce qu’il faudrait faire. Se mettre d’accord sur une solution pour chaque problème que nous rencontrons est moins important que de se mettre d’accord sur le principe moral qui définit le rôle du gouvernement dans une société libre. Il reste un nombre important de personnes à Washington dont l’objectif est de nationaliser toute l’économie. Mais ce n’est certainement pas le socialisme que réclament les Américains en colère, maintenant réunis en grand nombre afin d’influer sur le processus politique.

Accepter le principe du libre marché, de l’argent sain et de la propriété privée, reconnaître que l’État-providence et l’État belliciste sont incompatibles avec notre Constitution, tout cela contribuerait beaucoup à la résolution de notre crise économique. Il faudrait pour cela déboulonner toutes les fausses prémisses économiques keynésiennes et comprendre l’importance du rôle de la banque centrale qui vient faciliter la tâche de l’autoritarisme étatique.

Beaucoup de gens croient que le pouvoir peut leur offrir un filet de protection sociale qui soit à toute épreuve, mais il s’agit là d’une illusion politique qui a fait croire à des millions de personnes qu’elles seraient prises en charge en toute circonstance. Il est maintenant évident que toutes les promesses du pouvoir sont suspectes, et des millions d’Américains se rendent compte qu’ils feraient mieux de prendre en main leur avenir et de ne pas dépendre aveuglément des promesses du gouvernement fédéral.

Nous avons pendant des années dissimulé les nombreuses erreurs causées par de fausses promesses et par une économie biaisée par la dépense et des taux d’intérêt artificiellement bas. Malheureusement, la réalité de notre appauvrissement apparaît de plus en plus chaque jour. Voici quelques-unes de ces idées fausses à l’origine de grandes difficultés pour le citoyen américain moyen.

  • Tout le monde peut posséder sa propre résidence grâce à un crédit subprime et à une aide étatique au logement.
  • L’assurance chômage peut indéfiniment fournir un revenu à ceux qui sont sans emploi.
  • L’enseignement est gratuit.
  • Les soins médicaux constituent un droit.
  • Les dépôts bancaires sont en sécurité (mais qu’en est-il de la valeur de cet argent ?) parce que la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) et les prêts assurés seront toujours là pour protéger les déposants en garantissant les dépôts bancaires.
  • Le « capital » est illimité parce qu’il est fourni par la Réserve fédérale, et qu’il ne nécessite pas d’épargne préalable.
  • Le gouvernement peut fournir des assurances (assurance contre l’inondation, assurance hypothécaire, assurance-santé) à des taux inférieurs à ceux du marché ? on oublie qu’une fois que l’État offre ce service, il ne s’agit plus d’assurance, mais plutôt d’une prestation sociale.
  • Le PIB peut être augmenté par la dépense publique issue de l’emprunt ou de la création monétaire.
  • Les déficits sont bons, il n’y a aucune inquiétude à avoir.
  • La “Plunge Protection Team” (Équipe de protection contre les plongeons), groupe de travail présidentiel sur les marchés financiers, peut empêcher un krach boursier. Elle est conçue pour soutenir Wall Street et soutenir les investissements (ce groupe de travail présidentiel a été mis en place par Ronald Reagan en 1987 par décret pour remédier aux corrections rapides du marché).
  • Les réglementations étatiques rendent les marchés plus sûrs (la SEC, la loi Sarbanes-Oxley, de nouvelles réformes comme celle de la législation Dodd-Frank) même si elles ne font qu’ajouter davantage d’aléa moral et augmenter les coûts, avec un impact sur les prix à la consommation.
  • Le forage pétrolier et l’exploitation minière de la houille sont sans danger parce que l’État accorde des permis et des baux et inspecte les opérations, retirant cette responsabilité aux entreprises et aux employés.
  • L’État est capable de gérer le domaine public et les ressources naturelles.
  • L’OSHA (Occupational Safety and Health Administration) assure la sécurité des travailleurs, et l’EPA (Environmental Protection Agency) protège notre environnement sans que l’on ait à se soucier des coûts générés.
  • Les programmes sociaux aident les pauvres, mais l’aide aux entreprises et l’aide aux pays étrangers engendrent des bénéfices beaucoup plus importants.
  • On ignore le fait que les pauvres souffrent les premiers du ralentissement économique, avec la perte de leur logement, de leur emploi et de leur niveau de vie.
  • La sécurité sociale branche retraite sera toujours là (jusqu’à ce que les baby-boomers prennent leur retraite et que le dollar perde sa valeur).
  • Les impôts sont une bonne chose s’ils sont levés dans un but de « justice ».
  • La DEA (Drug Enforcement Administration), la FDA (Food and Drug Administration) et l’Agence de protection du consommateur assurent la sécurité des citoyens.
  • L’homologation garantit la qualité et protège les consommateurs et les patients.
  • Seul l’État est capable de gérer l’ « industrie » autoroutière, cependant plus de 3000 personnes meurent chaque mois dans des accidents.

L’enthousiasme des politiciens de Washington à l’égard de la gestion étatique n’est pas le fait d’un seul parti. La plupart des conservateurs du Congrès ne se considèrent pas comme des partisans de l’économie keynésienne. Mais en réalité, la plupart sont d’ardents défenseurs d’un type spécial de keynésianisme « militaire », tout en restant critiques à l’égard des politiques keynésiennes progressistes de taxation, de dépense et de réglementation de l’économie nationale. Il s’agit d’un autre type de mesures de relance : on dépense de l’argent dans le complexe militaro-industriel plutôt que dans des secteurs purement domestiques, comme les écoles ou les infrastructures.

La plupart des conservateurs, ainsi que de nombreux progressistes et modérés, soutiennent le militarisme et l’occupation de pays étrangers, ce qui leur permet commodément de croire que les dépenses militaires constituent une politique d’emploi « patriotique ». Ils veulent protéger la liberté et créer des emplois ? une excellente politique, surtout quand les emplois sont localisés dans leurs circonscriptions parlementaires.

Pensez aux clichés que les conservateurs utilisent pour mettre en avant leur propre forme d’étatisme. Ils disent qu’ils veulent protéger notre pétrole, remodeler le Moyen-Orient, rendre le monde « sûr pour la démocratie » [expression de Woodrow Wilson en 1917 avant l’entrée en guerre des États-Unis], se débarrasser des méchants, mener des guerres froides et des guerres chaudes, mener une guerre globale contre le terrorisme, donner un coup d’arrêt à l’islam radical, mettre fin au danger supposé que pose la Corée du Nord, tout cela en condamnant l’étatisme. Incidemment, ces programmes servent avant tout à créer des emplois dans leurs propres circonscriptions.

J’entends constamment l’argument de la création d’emploi comme justification aux dépenses militaires. Les principaux systèmes d’armements sont construits dans différents États, mais les circonscriptions parlementaires recueillent les votes nécessaires pour fabriquer même des armements qui ne servent en rien notre sécurité. Au contraire, la puissance militaire contribue à notre insécurité économique.

Le keynésianisme militaire soutenu par les conservateurs et les progressistes conduit à dépenser l’argent du contribuable à hauteur de montants indécents, qui dépassent maintenant les dépenses militaires de toutes les autres nations réunies. Et les politiciens en sont très fiers. Ils peuvent se vanter de leur « conservatisme », alors qu’ils dépensent comme jamais auparavant. La menace qu’un pays envahisse les États-Unis est strictement nulle, et pourtant nous ne cessons de dépenser massivement en armement. La culture militaire a fait de notre pays le plus gros marchand d’armes au monde, et le plus gros de toute l’histoire.

Détenir autant d’armements, en particulier ceux de nature offensive, ne fait qu’encourager une politique de « guerre préventive » profondément viciée et immorale, « guerre préventive » n’étant qu’une expression pour dire « agression ». Depuis la Seconde Guerre mondiale, dans la plupart des conflits dans le monde, des armements d’origine américaine ont été utilisés des deux côtés, et souvent contre nous.

Le keynésianisme militaire est tout aussi nocif que le keynésianisme domestique. Certes, un certain nombre d’emplois sont créés pour fabriquer des bombes et des missiles, mais seulement au détriment d’autres emplois où le capital serait utilisé de façon plus productive. Fabriquer et faire exploser des missiles et des bombes ne peut augmenter le niveau de vie des citoyens américains ; c’est antiéconomique : cela crée davantage de dettes et aucun avantage pour le citoyen.

Les destructions causées par notre armement requièrent toujours que le contribuable américain paie pour la reconstruction des infrastructures détruites dans les pays que nous occupons. Nous ne pouvons pas nous enrichir avec ce système, mais seulement nous appauvrir, ce que nous sommes en train de découvrir.

Le keynésianisme militaire invite à des politiques mercantilistes. Souvent, nos armées sont à la remorque des investissements entrepreneuriaux partout dans le monde, et c’est ainsi depuis plus d’une centaine d’années. Le général Smedley Butler explique de façon radicale, dans son livre La guerre est un racket, comment pendant trente-trois ans on l’a dupé en l’obligeant à servir les intérêts des entreprises américaines. Il est bien connu que beaucoup de gens croient que nous sommes au Moyen-Orient pour protéger « notre » pétrole. Lorsque la guerre du Golfe a éclaté, le président Bush a déclaré qu’il nous fallait chasser les Irakiens du Koweït pour protéger « notre » pétrole et les emplois américains.

Il y a quelque chose dans le keynésianisme militaire que je déteste plus encore qu’avec le keynésianisme économique domestique. Trop souvent, je l’ai constaté, l’ambition des conservateurs de poser des limites au pouvoir est rendue caduque par cet attachement idéologique à la dépense militaire sans limite. Il en est ainsi depuis des décennies. C’est précisément cette attitude de soutien inconditionnel des conservateurs à la dépense militaire qui a fait dérailler la soi-disant révolution reaganienne. Même sous administration démocrate, les républicains craignent de trop réduire les dépenses domestiques ; ils s’inquiètent des représailles politiques qui pourraient toucher en retour les dépenses militaires, chose qu’ils ne supporteraient pas.

Le keynésianisme militaire est justifié par la politique étrangère d’occupation, de construction de nation et de guerre préventive. Des innocents meurent, la propriété est détruite, et le monde est rendu plus dangereux. Accumuler les déficits en dépenses d’aide sociale dans notre pays ne rend certes pas notre économie plus forte, et n’est en rien bénéfique aux pauvres à long terme, mais au moins cela ne repose pas sur la promotion de la violence pour des raisons diverses et variées, ni sur un risque d’escalade de ces petits conflits que les autorités planifient continuellement à l’étranger.


Higgs, Robert. 2006. Depression, War, and Cold War: Studies in Political Economy. New York: Oxford University Press.

Mises, Ludwig von. [1919] 2009. Nation, State, and Economy. Indianapolis: Liberty Fund.

Woods, Thomas. 2009. Meltdown: A Free-Market Look at Why the Stock Market Collapsed, the Economy Tanked, and Government Bailouts Will Make Things Worse. Washington, DC: Regnery Publishing.

* Source : Ron Paul, Liberty Defined: 50 Essential Issues That Affect Our Freedom, Ch. 3, “Keynesianism”, Grand Central Publishing, 2011

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