Nombreux sont les éléments qui pouvaient rendre mémorable la lecture de l‘anthologie intitulée L’Âge d’or du Libéralisme Français, qui a paru au début de l‘année. Le grand prestige qui couvrait les deux coéditeurs, Robert Leroux et David Hart, et le préfacier, Mathieu Laine, semblait déjà en garantir la qualité ; l‘attente qui a précédé sa publication n‘a fait que préparer et accroître notre appréciation positive du projet.
L‘objet de cette notice sera d‘expliquer les raisons pour lesquelles nous tenons ce livre pour une référence de tout premier plan sur l‘histoire de la pensée libérale française du XIXe siècle ; pourquoi il faut faire l‘expérience de cette lecture ; pourquoi elle est rafraichissante et enrichissante ; pourquoi, enfin, les auteurs sont parvenus à fournir ce que leur projet pouvait nous mettre dans l‘attente de recevoir.
Par souci d‘objectivité, et parce qu‘il est rare d‘être incapable de trouver, même dans les chefs d‘œuvre, des défauts mineurs, nous mentionnerons les points qui méritaient, de notre point de vue, d‘être développés, et les remarques critiques que nous avons à porter sur quelques détails de cette publication. La première qualité, tout à fait évidente à la lecture même superficielle du livre, est la grande profondeur et l‘exhaustivité du choix des textes. Les grands auteurs de la période sont bien sûr représentés, mais les Roeder, les Coquelin, les Leroy- Beaulieu, sont aussi mobilisés, permettant au livre de fournir une image réaliste de ce que fut le mouvement libéral français au XIXe siècle.
En outre, un élément vient renforcer encore cela. La représentation du libéralisme faite par ce livre est plus riche qu‘à l‘accoutumé. Par libéralisme, les éditeurs n‘entendent pas simplement l‘économie. Les autres facettes, morale, politique, et même religieuse, sont également parfaitement étudiées. En ce sens, ce livre offre un complément et une continuation brillante de l‘effort que la revue Laissons Faire, centrée sur les économistes uniquement, essaie de réaliser.
Nous pouvons passer désormais aux défauts du livre, qui sont peu nombreux, et peu décisifs. D‘abord, si la présentation générale est simple, sans être pauvre, et sobre, sans être austère, nous aurions tout de même aimé pouvoir se repérer en feuilletant l‘ouvrage, par des en-têtes reprenant les titres des extraits. C‘est un défaut qui est largement compensé par l‘aspect général du livre, tout à fait soigné, et par le graphisme général, qui permet de se repérer tout de même facilement.
Rappelons qu‘en outre le sommaire permet de retrouver les différents textes.
La seconde remarque critique est plus fondamentale. Connaissant bien les œuvres des économistes libéraux d‘avant la Révolution française, et bercé dans l‘admiration des Physiocrates et de Turgot, j‘ai été surpris par l‘absence d‘une quelconque explication sur pourquoi le XIXe siècle méritait davantage que le XVIIIe siècle d‘être considéré comme l‘Âge d‘or du libéralisme français.
Bien sûr, cela n‘enlève rien au mérite de l‘Anthologie, qui est, ainsi que nous l‘avons dit et argumenté, brillante, complète, érudite. Simplement, une Anthologie des penseurs libéraux du XVIIIe siècle arborant le même titre n‘aurait pas été un scandale. Quel siècle, en effet, a fait naître les défenseurs du laissez-faire ? Quel siècle a même inventé ce principe si éclairant et si structurant ? Vincent de Gournay, le marquis d‘Argenson, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Quesnay, Mirabeau, Mercier de la Rivière, Le Trosne, Abeille, Saint-Péravy, Turgot : à l‘énoncé de tels noms, est-il vraiment futile de se demander pourquoi le terme Âge d‘or était impropre à s‘appliquer au XVIIIe siècle ?
Antoine Giron
Paru dans la revue Laissons Faire
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