Grand serviteur de la monarchie auréolé de toutes les gloires, Vauban fut sévèrement persécuté à la fin de sa vie pour avoir osé décrire dans la Dîme royale (1707) la misère affreuse que l’arbitraire fiscal causait alors en France. Les ministres du temps, qui goûtaient peu les critiques à peine latentes que ce livre contenait à l’endroit de leur propre action, rejetèrent son livre comme celui d’un homme qui déraisonnait. Un échange épistolaire entre le gouverneur de Luxembourg et le Contrôleur général Chamillart, retrouvé aux archives de l’armée de terre, illustre parfaitement ce fait.
La réception de la Dîme royale de Vauban
parmi les ministres de l’époque
Lettre du comte de Druy, gouverneur de Luxembourg, à Chamillart, Contrôleur général des finances, le 27 août 1707, et réponse du ministre, à propos de la vente de la Dixme à Luxembourg.
Service historique de l’armée de terre, A1 2035, f° 143.
Lettre du comte de Druy
Monseigneur,
Il se débite ici un livre fait par M. le Maréchal de Vauban intitulé La Dixme Royale. Comme j’ai ouï dire qu’après sa mort, on avait enlevé par ordre à Paris tous les exemplaires, je ne sais, Monseigneur, s’il faut laisser au libraire qui les fait venir d’Hollande, la liberté de les vendre. Je recevrai s’il vous plaît vos ordres là-dessus. J’ai l’honneur d’être, etc.,
De Druy.
Réponse de Chamillart
Si M. le Maréchal de Vauban avait voulu écrire sur la fortification et se renfermer dans le caractère dans lequel il avait excellé, il aurait fait plus d’honneur à sa mémoire que le livre intitulé la Dixme Royale ne fera dans la suite. Ceux qui auront une plus fondée connaissance de l’état des finances de France et de son gouvernement n’auront pas de peine à se persuader que celui qui a écrit est un spéculatif qui a été entraîné par son zèle à traiter une matière qui lui était inconnue et trop difficile par elle-même pour être rectifiée par un ouvrage tel que celui de M. de Vauban.
Les exemplaires de ce livre ayant passé à Luxembourg en venant d’Hollande, j’ai peine à croire qu’il soit possible d’empêcher qu’il n’ait cours.
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