La chronique de Jean Marc Daniel du 23 mai 2012 sur BFM Business mettait en avant le thème de la faillite bancaire, et précisément le cas de l’Union Générale, banque catholique qui fît faillite en 1882.
La banque est une entreprise commerciale comme les autres, rappelle J.M.Daniel, et la gestion d’une faillite d’entreprise est une chose au fond banale dans la vie d’une économie de marché. A la tête de cette fameuse banque, l’Union Générale, il y avait Paul Eugène Bontoux, dont le mandat de député des Hautes-Alpes a été invalidé pour fraude fiscale et électorale.
En 1880 la banque fait des pertes et doit se recapitaliser à hauteur de 50 millions de francs; elle n’obtiendra que 28 millions. Le cours de l’action se mettant à baisser, Paul Bontoux se mit à racheter ses actions pour éviter la chute du cours, mais 1882 il est obligé de se déclaré en faillite.
Bontoux en appelle au ministre des finances, afin de sauver sa banque de la faillite. Ce dernier, Léon Say, petit fils de Jean Baptiste Say, refuse tout simplement de lui venir en aide. Je suis catholique et vous êtes protestant et c’est pour ça que vous voulez ma mort, reprocha Bontoux au ministre des finances qui ne se privera pas de lui répondre :”je veux votre mort parce que je suis libéral et vous êtes malhonnête”.
Le rôle en effet du marché est de sanctionner les malhonnêtes et les incompétents, c’est la morale de la concurrence pour reprendre Yves Guyot. Les faillites bancaires de la sorte ont au moins le mérite de calmer les banquiers et de rendre les épargnants vigilants. Faire intervenir l’État accentue aujourd’hui le problème en déresponsabilisant les deux parties, préservant les malhonnêtes qui ont pris trop de risques de la faillite.
“Je suis libéral, vous êtes malhonnête” 23/05/12 J.M.Daniel
A lire : Léon Say ou le libéralisme assumé de Paul-Jacques Lehmann, aux éditions Les Belles Lettres, collection Les penseurs de la liberté.
Quatrième de couverture :
Figure politique majeure de la IIIe République qu’il contribua à installer, Léon Say (1826-1896) fut aussi un homme d’idées soucieux d’inscrire ses convictions libérales dans la gestion courante des finances publiques. Commentateur de l’œuvre de Hume, Adam Smith et Turgot, collaborateur du Journal des économistes, auteur d’une bonne trentaine d’ouvrages d’économie sociale et dirigeant de l’Union libérale républicaine positionnée au centre gauche, ce protestant laïque, petit-fils du célèbre économiste Jean-Baptiste Say a en effet été à quatre reprises et pour une durée totale de cinq ans ministre des finances. Avant tout attaché à maintenir la stabilité fiscale, il fut en 1880 l’ambassadeur de France à Londres chargé de renégocier le Traité de libre échange franco-britannique avec Gladstone. Le libéralisme assumé de ce contemporain de Gambetta et de Jules Ferry lui a fait simultanément défendre la liberté du travail et combattre le travail des enfants ainsi que militer pour le repos hebdomadaire, ou encore s’opposer à l’impôt progressif sur le revenu et promouvoir le mouvement coopératif et mutualiste.
Je regrette que ce livre soit muet sur la réforme des retraites des fonctionnaires qu’avait tenté d’entreprendre Léon Say.
Pourquoi un tel oubli ?