Introduction à la technique comptable, de Charles Penglaou (1923)

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Les économistes autrichiens sont particulièrement conscients de l’importance du calcul économique pour permettre aux hommes d’atteindre leurs fins avec les ressources limitées qui sont à leur disposition. La comptabilité joue un rôle parfois méconnu dans cette tâche, en permettant aux entrepreneurs de contrôler l’activité des salariés qui travaillent pour eux, et surtout de prendre des décisions informées. Rétrospectivement, la comptabilité est indispensable pour savoir si l’entreprise a dégagé un profit ou une perte. Plus important, avec l’avènement du crédit, elle permet d’évaluer les perspectives de profit de manière prospective.

Le calcul monétaire est l’étoile directrice de l’action, en régime social de division du travail. C’est la boussole de l’homme qui s’embarque dans la production. Il calcule afin de distinguer les filières de production profitables de celles qui ne le sont pas, celles que les consommateurs souverains sont susceptibles d’approuver de celles qu’ils désapprouveront probablement. Chaque démarche élémentaire, dans les activités d’entreprise, est soumise à examen par voie de calcul économique. La préméditation de l’action envisagée devient calcul commercial anticipé des coûts prévus et des recettes attendues. La constatation rétrospective du résultat de l’activité passée devient comptabilisation des profits et pertes.

Ludwig von Mises, L’action humaine (1949)

Extraits de la préface de J. Charpentier :

Ce qui caractérise la comptabilité, comme toute science, c’est son objet, et ce qui la rend profondément originale, c’est que les phénomènes qu’elle mesure ne sont pas des manifestations de la matière, mais des phénomènes sociaux. Ce sont des « valeurs », et ce sont en même temps des « droits ». Par là, la comptabilité apparait comme une branche – la plus avancée – de la sociologie.

La comptabilité a pour objet la mesure des valeurs. C’est son objet propre. Elle est née sous le signe de la valeur. Elle regarde les objets sub specie pretii. La comptabilité matière n’est qu’une arithmétique. L’homme qui compte des tonnes de charbon sur le carreau d’une mine, ou des paires de chaussures dans un magasin (et qui sera d’ailleurs bientôt remplacé par une machine), ne fait que des additions et des soustractions. C’est seulement le jour où il substitue aux objets un chiffre représentatif de leur valeur qu’il commence à faire ouvrage de comptable.

Mais la comptabilité ne s’applique pas à toutes les valeurs. Elle ne retient que celles qui font l’objet d’un droit. En effet, elle se place toujours au point de vue individuel et (c’est par là qu’elle se distingue de la statistique) se borne à mesurer les éléments de fortune d’un particulier, d’une collectivité ou d’une entreprise. Or, dans une société organisée, toute appropriation résulte de la loi; il n’y a pas de propriété en dehors de celle qui est garantie par un droit. On ne comptabilisera donc pas les valeurs qui ne sont pas en même temps des valeurs juridiques.

La valeur, c’est une notion subjective.

Le droit, lui aussi, est variable, suivant les lieux et suivant les temps, et il influe sur la valeur.

Parfois encore, il y aura divorce entre la valeur et le droit. C’est le cas des pays à monnaie dépréciée.

Tous ces problèmes, c’est à. l’économie politique et au droit que le comptable doit s’adresser pour les résoudre. Ces deux sciences délimitent les objets sur lesquels il travaille, la matière comptable.

Table des matières

Préface de Jacques Charpentier
Introduction

Première Partie. – Comment le problème a été posé
I. Les classifications disparates
II. Les classifications unifiées

Deuxième Partie. – Comment le problème aurait pu se poser
I. Dans l’ordre juridique
II. Dans l’ordre fiscal
III. Dans l’ordre économique
IV. Dans l’ordre administratif

Troisième Partie. – Dans quels termes le problème doit se poser
Conclusions