Intervention du 27 juin 1843 sur l’Algérie

27 juin 1843 — Intervention sur l’Algérie

[Moniteur, 28 juin 1843.]

 

M. LE PRÉSIDENT. Je demande la permission d’abord de bien exposer la question pour qu’il ne puisse y avoir de doute. 

Il est bien entendu qu’il y a une réduction de 300 000 fr. sur le port de Stora, qui a été proposée par la commission et qui est consentie par le gouvernement, quant au port de Stora ; mais le gouvernement désirant, et un membre proposant, que ces 300 000 fr. aillent en augmentation du chiffre de 1 200 000 fr. demandés pour le port d’Alger ; M. Beaumont, auteur de la proposition demande à faire une observation pour la soutenir, il a la parole. 

M. CÉSAR BACOT. Je demande à faire une observation sur l’explication que vient de donner M. le président. 

Ce ne sont pas les mêmes 300 000 fr. que nous ajoutons au port d’Alger, c’est une question toute nouvelle que l’augmentation de 300 000 fr. pour le port d’Alger ; ces 300 000 fr. ne sont pas les 300 000 fr. refusés sur le port de Stora. Il faut que la chambre sache ce qu’elle fait. 

M. LE PRÉSIDENT. J’ai besoin de faire comprendre à M. Bacot qu’il s’agit d’un même chapitre et que par conséquent la transposition est chose toute naturelle et toute régulière. 

M. CÉSAR BACOT. Il n’y a pas ici de transposition, la réduction est votée. Les 300 000 fr. pour Stora sont retranchés, il n’y a plus à les transporter. 

Une voix. On n’a rien voté sur le port de Stora ! 

M. GUSTAVE DE BEAUMONT. La question est très simple ; ce qui arrive en ce moment…

M. LE RAPPORTEUR. Je voudrais que la question se posât de manière à ce qu’on pût bien se comprendre. 

M. GUSTAVE DE BEAUMONT. Je vais la poser. 

Ce qui arrive en ce moment n’est que la reproduction exacte de ce qui s’est passé lors de la discussion des crédits extraordinaires de l’Algérie. On a proposé à ce moment de retrancher les crédits relatifs aux ports de Stora, de Cherchell et de la Calle, et à l’égard des deux premiers ports, le retranchement a été adopté. Mais en même temps, dans le moment même où l’on procédait à ce retranchement, il fut entendu que s’agitait la question de savoir si l’on ne transporterait pas les fonds retranchés à la destination du port d’Alger ; la réserve en a été faite. 

Or, je viens de constater ici, et je prie tous les souvenirs d’être présents, que j’ai déclaré que, si M. le maréchal, ministre de la guerre, ne faisait pas la proposition du transport de 200 000 fr. au port d’Alger, moi je les faisais. Sous ce rapport la question est placée exactement dans les mêmes termes qu’elle l’était lors de la discussion des crédits extraordinaires. 

Reste maintenant la question des fonds, la question de savoir si vous voulez doter pour 1844 le port d’Alger du même crédit qui lui a été attribué pour 1843. 

Je viens vous demander, et je ne dis qu’un mot à cet égard, parce que je ne veux pas prolonger inutilement la discussion et que je pense que toutes les opinions sont faites, je viens vous demander si vous croyez que ce soit même des crédits suffisants pour presser vivement, rapidement, l’exécution de ce travail si important, si considérable, si national ; je vous demande si vous croyez qu’un crédit de 1 500 000 fr. soit suffisant, alors que ceux qui connaissent le port d’Alger et les procédés avec lesquels on pourrait presser cette entreprise, savent bien que ce n’est pas 1 million, mais bien 2 et 3 millions qu’il faudrait y dépenser chaque année. Messieurs, là est le secret de la question, là est le secret de la puissance en Afrique et vous ne refuserez pas le crédit, parce que ce serait de la part de la chambre une résistance qui, j’en suis convaincu, ne serait pas comprise par le pays.

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