Traduction Institut Coppet (William Thomas, Stéphane Couvreur, Damien Theillier)
Selon le National Bureau of Economic Research, la Grande Récession s’est achevée il y a deux ans, à l’été 2009. Pourtant, nous sommes tous mal à l’aise. La croissance a été décevante. La reprise semble fragile. Que faut-il en penser ? Le gouvernement peut-il continuer à diriger l’économie ? Les tentatives passées n’ont-elles pas contribué à créer le désordre ou nous sommes toujours ?
Dans « le combat du siècle », Keynes et Hayek posent ces questions fondamentales. Le gouvernement doit-il dépenser plus ou moins ? Quelle est la preuve que les dépenses du gouvernement favorisent la prospérité en ces temps troublés ? La guerre ou les catastrophes naturelles sont-elles paradoxalement une bonne chose pour l’économie en récession ? Quelles sont les principales sources de prospérité ? Keynes et Hayek n’ont jamais été d’accord sur les réponses à ces questions. Écoutons-les.
Le combat du Siècle
Garde : Je vous ai à l’œil !
Garde : Lord Keynes ! C’est un honneur !
JMK : En effet.
Garde : Veuillez passer, je vous en prie !
Oh ! Oh ! Carte d’identité, s’il vous plaît !
Héyek ?
FAH : Non, Hayek… Comme dans High ! Explosives !
Garde : « High, explosives » ???
On a un 1066. Q.G., je répète : on a un 1066.
Q.G. : Bien reçu, procédez…
FAH : Ce n’était qu’un exemple pour prononcer mon nom…
Juge : Mesdames et Messieurs, membres du comité, nous sommes réunis aujourd’hui afin d’étudier l’impact des dépenses publiques sur notre économie. Nous avons la chance d’avoir deux économistes de renommée mondiale, qui nous apportent leur témoignage sur cette question.
KEYNES : Je vois que tu as fait un détour par la « route de la servitude » ?
HAYEK : La fin du laissez-faire… parlons-en !
KEYNES : Eh bien, remets-toi mon vieux, je ne vais pas retenir mes coups sur le ring. Tu es prêt ?
HAYEK : Moi ? Je suis prêt ! Et toi ?
KEYNES : Prépare-toi pour le « Retour du maître »
KEYNES
Nous voilà… Ciao la grande récession
grâce à moi, tu vois, nous sommes sortis de la dépression
la reprise est nécessaire si tu suis ma leçon
Lord Keynes, me voilà, en rang par deux pour me saluer
HAYEK
Nous avons sorti les pelles, mais sommes toujours dans le fossé…
on creuse toujours, il serait peut-être temps de changer…
préparons l’antidote. La fête est finie mon pote.
La route sera longue, il est temps de dessoûler !
KEYNES
Tu veux rire ? Mon remède fonctionne parfaitement….
regarde ! la récession s’est achevée en 2009.
Je mérite clairement les honneurs. Tout aurait été pire
Toutes les estimations le prouvent- Je te citerai les chapitres et les versets
HAYEK
Les économétriciens sont toujours aussi dévots
Font-ils de la vraie science ou confirment-ils leurs croyances ?
Leurs modèles « keynésiens » sont propres et organisés
Mais cette approche dirigiste est d’une vanité fatale
REFRAIN
Quelle méthode devrions-nous choisir ?
La solution viendra-t-elle de la base ou bien d’en haut ?
… le combat continue…
Keynes contre Hayek, deuxième round !
… ou la balance va-t-elle pencher ?
Plutôt vers le haut ou vers le bas ?
… écoutons les grands
Keynes and Hayek s’affronter
KEYNES
On aurait pu faire mieux si seulement on avait dépensé plus,
Dommage que cela n’arrive que lors d’une Guerre Mondiale
Tu peux râler autant que tu veux sur les chiffres et les statistiques
Vas-tu nier que la deuxième Guerre Mondiale a coupé court à la Dépression ?
HAYEK
Wow. Un seul exemple et tu sautes de joie
aux dernières nouvelles, les guerres ne font que détruire
il n’y a pas eu de multiplicateur, la consommation s’est réduite
avec ces ressources mobilisées pour chaque nouveau tank.
C’est assez pervers d’appeler ça de la prospérité.
Rationnement de la viande, rationnement du beurre… une vie d’austérité
Quand les dépenses de guerre ont cessé, tes amis ont crié au
désastre alors que l’économie s’est redressée et a prospéré encore davantage.
KEYNES
Toi aussi, tu ne vois que ce que tu veux voir
Les dépenses de guerre ont clairement dopé le PIB
Le chômage était au plus bas, presque à zéro
Voila pourquoi je suis le maître, voila pourquoi je suis le héros.
HAYEK
Créer de l’emploi est une tâche assez simple
Quand le pays est en guerre et mobilise une armée
Si chaque travailleur était placé dans l’armée
On aurait le plein emploi mais rien à manger
REFRAIN
HAYEK
Les emplois ne sont qu’un moyen, pas une fin en soi
Les gens travaillent pour mieux vivre, pour mettre de la nourriture sur leurs étagères
La croissance réelle signifie produire ce que les gens demandent
Ca c’est l’entrepreneuriat et pas ta planification centralisée
KEYNES
Mon remède est simple et facile à mettre en œuvre…
C’est la dépense qui importe, en quoi est-ce tellement scandaleux ?
L’argent circule à travers les tuyaux et les canaux
revitalisant l’économie
C’est juste comme une machine qui a calé et qui ne répond plus
Pour la réveiller, nous avons besoin d’une étincelle rapide
La dépense, voilà le fluide vital qui réveille l’animal.
Qu’importe où va l’argent, tant qu’on ouvre les vannes !
HAYEK
Quelques secteurs sont en stagnation, et tu déclares que partout c’est la surproduction.
Mais certains secteurs sont en bonne santé, et d’autres sont en déclin
La dépense n’est pas gratuite – voilà le cœur du sujet
On engraisse ses amis et on gaspille le reste
L’économie n’est pas une voiture, il n’y a pas de moteur qui cale
aucun expert ne peut la réparer, il n’y a rien de tout cela .
L’économie, c’est nous, nous n’avons pas besoin d’un mécanicien
range ta clé à molette, l’économie est organique
REFRAIN
KEYNES
Que ferais-tu alors pour aider les chômeurs ?
C’est la question que tu sembles éviter
Quand on est dans le pétrin, voudrais tu attendre
sans rien faire que les marchés s’équilibrent ?
HAYEK
Je ne veux pas rien faire, il y a beaucoup à faire
La question que je pose est qui décide pour qui ?
Je fais mes plans moi-même, ou tu les fais pour moi ?
Je veux des décisions prises par le plus grand nombre et non par quelques uns
Ne répétons pas ce qui a créé nos problèmes
Je veux une croissance réelle et non une série de bulles
Cessons de renflouer les faillites et laissons les prix agir
Si nous n’essayons pas de les diriger, ils ne dérailleront pas
KEYNES
Voyons, tu plaisantes ? Les turpitudes de Wall Street
ne remettent-elles pas en cause ton idée d’un monde autorégulé ?
Tu dois au moins admettre que la leçon que nous avons apprise
est qu’il faut plus de régulation ou nous allons tous périr
HAYEK
Régulation ? Le gouvernement couche depuis longtemps
avec les patrons de Wall Street et les entreprises qu’ils dirigent
le capitalisme c’estune question de profits et de pertes
Si tu renfloues les faillites, il n’y aura aucune limite à la dépense
La leçon que j’ai apprise c’est à quel point nous en savons peu,
le monde est complexe et ne peut se résumer à des circuits
l’économie n’est pas une matière que tu peux apprendre à l’université
penser autrement serait bien présomptueux
REFRAIN
KEYNES
Tu montes sur tes grands chevaux et tu t’emballes
moi je regarde le monde au cas par cas
lorsque les gens souffrent je retrousse mes manches
et je fais ce que je peux pour résoudre les problèmes
Le futur est incertain, nos perspectives sont fragiles
c’est pourquoi les marchés libres sont aussi exposés à la faillite
dans un monde instable, nous avons besoin de plus de prudence
l’Etat doit intervenir pour combattre la dépression.
HAYEK
Les gens ne sont pas des pions que tu peux bouger sur un échiquier
à ta guise – en ignorant leurs rêves et leurs désirs
Dans l’arène politique, la marge de manœuvre c’est du vent.
Les voyants sont faussés – jeux de miroirs et écrans de fumée.
nous avons besoin de règles stables et de vrais prix de marché
afin que la prospérité puisse émerger et mette un terme à la crise
Le marché est un processus par lequel nous pouvons découvrir
les manières les plus efficientes de nous rendre service les uns les autres
REFRAIN
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Un film de EconStories : //econstories.tv/ Réalisé par John Papola et Russ Roberts.
Traduit par Liberté Chérie : //www.liberte-cherie.com
Avec la participation de l’Institut Coppet : //www.institutcoppet.org
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