Frédéric Bastiat et la présidentielle

Patrick de Casanove, Président du Cercle Frédéric Bastiat, Le Figaro, le 17 avril 2011.

Dans notre pays très centralisé l’élection présidentielle, revêt une importance démesurée de par ses conséquences sur notre vie quotidienne.

Les partis politiques et les divers postulants dévoilent un à un leur programme. Or on ne peut que déplorer qu’ils n’offrent pas de choix réel. Tous sont d’inspiration étatiste et collectiviste, et reviennent à acheter les voix des uns avec l’argent des autres. Les variables étant : qui est spolié, à quelle hauteur, et au profit de qui. A ce jeu là tout le monde perd. « L’État ne peut avoir beaucoup d’argent qu’en épuisant tout le monde et les masses surtout. » Frédéric Bastiat « Justice et fraternité »

Il est temps de redécouvrir Frédéric Bastiat, économiste et humaniste français du XIX° siècle. Ses idées sont d’une étonnante actualité.

Aussi surprenant que cela paraisse, dans « Justice et fraternité », il avait prévu l’Etat providence, son extension sans fin, son évolution, y compris vers ce que l’on appelle aujourd’hui « les 35 heures » et le « SMIC ».  Il annonçait sa faillite inéluctable dans les déficits et la dette. Dans « Harmonies économiques, des salaires » il prévoyait la création de la Sécu… et son éternel déficit. Dans« Maudit argent », et « Gratuité du crédit, 12° lettre » il mettait en garde contre la banque centrale aux mains des politiques, la planche à billet et l’inflation.

Fort heureusement, il y a dans son œuvre des conseils avisés pour sortir la France de la crise actuelle. Conseils à contre courant de la pensée unique.

« L’Absence de Spoliation, — c’est le principe de justice, de paix, d’ordre, de stabilité, de conciliation, de bon sens que je proclamerai de toute la force, hélas! bien insuffisante, de mes poumons, jusqu’à mon dernier souffle. » Frédéric Bastiat, « La Loi »

Comment mettre en place cette absence de spoliation en notre XXI°siècle ? Dans un pays où l’Etat prélève 56% du PIB, il n’y a que l’embarras du choix. Le pouvoir d’achat à restituer aux Français se trouve là. Les politiques nous ont mis dans une situation dramatique avec déficits permanents et dette abyssale. Il y a peu de chance qu’ils nous en sortent. Par conséquent il faut rendre aux Français leur autonomie matérielle, réduire les prélèvements obligatoires et la dépense publique, en d’autres termes privatiser. « La fonction publique, la fonction privée, ont toutes deux en vue notre avantage. Mais leurs services diffèrent en ceci que nous subissons forcément les uns et agréons volontairement les autres; d’où il suit qu’il est raisonnable de ne confier à la première que ce que la seconde ne peut absolument pas accomplir ». Frédéric Bastiat, « Profession de foi électorale à MM. Les électeurs de l’arrondissement de Saint-Sever »

« J’entends par propriété le droit qu’a le travailleur sur la valeur qu’il a créée par son travail » Frédéric Bastiat, « La Loi ». La première propriété à restituer aux Français, c’est l’intégralité de leurs revenus. Pour un salarié, cela s’appelle le salaire complet. Dans notre pays, il est largement supérieur au salaire net avec lequel nos compatriotes sont habitués à vivre. Il faut y ajouter les charges dites patronales et les charges dites salariales. Cette division est une illusion. Dans les faits elles sont prélevées sur le travailleur. Raisonner à partir du salaire complet ouvre des perspectives inimaginables avec le système actuel. Il suffit de prendre sa feuille de paie pour le constater et percevoir l’immense horizon qui s’ouvre alors. Par exemple, si les travailleurs disposent de la totalité de leur salaire, ils peuvent choisir, pour leur assurance maladie et leur retraite, entre des prestataires mis en concurrence. Ils peuvent ainsi s’assurer mieux et à meilleur compte. Ils peuvent même changer de prestataire si les prestations diminuent et les cotisations augmentent. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

La deuxième propriété à restituer est mieux connue. Il s’agit la libre disposition de la propriété foncière et immobilière. Les règlements d’urbanisme draconiens et malthusiens engendrent et organisent la pénurie de logements et la hausse des prix. Les plus modestes ont des difficultés à se loger, et maintenant cette difficulté touche les classes moyennes. Avec le libre usage de la propriété foncière, chacun fait ce qu’il veut avec ce qu’il a, aux conditions de ne pas nuire aux voisins et de supporter tous les frais.

L’absence de spoliation et le respect de la Propriété se traduiront par « une contribution unique, proportionnelle à la propriété réalisée» Frédéric Bastiat « Justice et fraternité ».  Aujourd’hui nous dirions la « flat tax ». Il n’y aura plus de niches, d’exemptions, de cas particulier etc. Les impôts et taxes indirects n’auront plus de raison d’être. Les Français paieront les produits et services à leur véritable valeur. Pour en avoir une idée il suffit que chacun enlève le montant de la TVA et ses achats ou, plus facile, divise par trois le prix des carburants. Les Français sauront alors ce que leur coûte vraiment leur Etat. Quel que soit le prélèvement considéré, il est toujours au final, payé par l’individu. Les impôts sur les entreprises ne sont pas payés par l’entreprise mais bien par le consommateur des produits et services créés par la dite entreprise.

La Nation se maintient dans ses fonctions régaliennes, garantit la sécurité, assure la justice et veille au respect des contrats.  «Toutes les forces du gouvernement étant appliquées à prévenir et à réprimer les dols, les fraudes, les délits, les crimes, les violences, il est à croire qu’elles atteindraient d’autant mieux ce but qu’elles ne seraient pas disséminées, comme aujourd’hui, sur une foule innombrable d’objets étrangers à leurs attributions essentielles. ». Frédéric Bastait « Justice et Fraternité »

Salaire complet, libre usage de la propriété foncière, « flat tax », ces trois items concernent la totalité des Français. Les leur soumettre leur donnerait un véritable choix, et animerait la présidentielle sur des sujets de fond, dont les conséquences vont bien au-delà de ces simples propositions.

Note de l’Institut Coppet : Le Cercle Bastiat propose son 3e week-end de la liberté début  juillet 2011 sur le thème : La souveraineté de l’individu et la coopération spontanée.

Dans la continuité des deux précédents Week-ends de la liberté, le 3ème Week-end de la liberté aura lieu du vendredi 1er juillet (dîner) au dimanche 3 juillet 2011 (déjeuner), à l’hôtel Caliceo, à Saint-Paul-lès-Dax. Il portera sur l’application pratique du principe de subsidiarité à différents secteurs d’activité de la société : La famille (Bertrand Lemennicier), L’école (Lionel Devic), La santé (Agnès Verdier), L’économie (Jacques de Guenin), Le droit, La législation et la justice (Patrick Simon), La légitime défense (Marc Cools), La sécurité publique (Jean-Pierre Ferro).
Chaque secteur sera traité en trois parties:
– comment se passerait l’activité du secteur si l’État n’intervenait pas, à  partir d’exemples concrets, passés et actuels.
– ce qu’a apporté l’intervention de l’État dans le secteur : au départ des avantages pour quelques bénéficiaires, suivis de catastrophes pour tous.
– les étapes réalistes à mettre en œuvre pour dégager progressivement ledit secteur de l’emprise de l’État.
Jean-Philippe Feldman exposera ce que pourrait être l’organisation des pouvoirs publics, et donc une “Constitution de la Liberté”, qui s’appuieraient sur le principe de subsidiarité, limitant l’État à la protection des droits naturels de l’individu : la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression, en notant au passage les écueils de notre constitution actuelle.
Patrick de Casanove conclura sur ce qu’est la morale libérale, introduisant ainsi le Week-end de la liberté de l’année prochaine.

Ce n’est que par la vulgarisation et la diffusion inlassables de telles idées que l’on parviendra à orienter le cheminement de l’humanité vers une société de liberté et de responsabilité individuelles.

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8 Réponses

  1. Vladimir Vodarevski

    Les revenus du travail sont trop imposés, c’est certain. Une flat tax, appliquée ur tous les revenus, serait plus juste.
    Cependant, somme nous prêts à vivre dans un monde libéral? Certes non. Il faut définir une période transitoire. Le peuple refusera la société libérale, car il n’a pas été éduqué dans une telle société. Il n’est pas prêt. L’évolution doit être progressive.

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  2. Patrick de Casanove

    Je pense que l’évolution peut être rapide. La chute du Mur de Berlin m’incite à raisonner ainsi. Les gens ne connaissent pas le Libéralisme. C’est vrai. Mais l’immense majorité gère avec efficacité leur Propriété, parfois bien maigre. Il “suffit” qu’ils prennent conscience que cette qualité de gestion de leur bien, peut s’étendre. Ils seront bien mieux lotis si les politiques leur laissent la libre disposition de l’intégralité de leurs revenus, de leur patrimoine, et si l’Etat ne leur prélève que le strict minimum. Actuellement ils laissent les politiciens leur confisquer pour gérer à leur place 56% de leur patrimoine. Le résultat est dramatique! Les Français prouvent tous les jours qu’ils gèrent mieux le peu que l’Etat leur laisse! Autant les laisser faire! A vos feuilles de paie,à vos factures,à vos calculettes! Riches ou pauvres nous sommes tous concernés!

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    • Gilles Branquart

      Oui, mais la lente et perfide diffusion des idées socialistes, depuis l’école jusqu’au JT de 20h, s’est accompagnée d’une diabolisation du libéralisme ( qui devient ultra quand il est très méchant ) . Tous nos politiques, les socialistes officiels des années 70, les bio-socialistes, les socialistes de droite, les ultrasocialistes, les socialistes nationalistes …. désignent le même responsable, le libéralisme, alors que celui-ci ne s’est jamais vraiment exprimé, écrasé par l’égalitarisme et un étatisme grandissant . Les français drogués à la socialine voient des libéraux dans les mercantilistes ou une grande partie de la droite, et je ne les vois pas ouvrir les yeux demain, tant ils sont englués dans les limbes jospiniennes .

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      • Maigrot

        Cher Monsieur,

        Permettez-moi de dire ceux-ci: Votre commentaire est Magnifique !
        Continuez avec la même hardiesse et vous serez mon héro !

        d’un Fan de l’ile Maurice

  3. Gilles Branquart

    et j’oubliais de te féliciter pour ton action et tes articles Patrick ! Bravo et merci !

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  4. Patrick AUBIN

    Les libéraux doivent se lever et ne pas craindre d’affronter les étatistes et constructivistes de droite et de gauche sur les terrains électoraux… Si le libéralisme n’est pas acheté par les français, c’est qu’il n’y a personne pour le vendre… Or c’est un marché d’avenir qu’il faut investir… n’ayons pas peur d’être les pionniers… à défendre les idées de l’inventeur.

    Ainsi il n’y a pas de compromis à faire : les idées de Frédéric BASTIAT sont notamment très claires sur ce qui est à réaliser.

    Il n’est plus acceptable que des gouvernements alternent pour modifier à la marge la route d’un bateau qui coule !!! Les droits naturels et imprescriptibles sont menacés et bafoués par les fameux acquis sociaux qui ont été érigés scandaleusement en droits alors que ce ne sont que des mécanismes de vol collectif.

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