Félicité de Lamennais, fondateur de l’économie politique chrétienne, par Benoît Malbranque

bretonsLes intentions libérales ou antilibérales du christianisme ont été décelées à travers les siècles par les philosophes et les économistes, sans qu’un consensus ait pu émerger sur cette question, et sans que ni le libéralisme ni le christianisme n’aient paru tirer profit de cette controverse. Economie et religion, dans l’esprit des masses, semblent toujours autant s’affronter, se contredire, s’exclure. La tradition économique libérale et la tradition religieuse du catholicisme se sont pourtant croisées à divers moments de l’histoire des idées. L’une des premières et des plus décisives de ces rencontres entre libéralisme économique et christianisme, est à trouver dans l’œuvre de Félicité de Lamennais et dans l’école de pensée qu’il a inaugurée. Ardent promoteur de la liberté de conscience, de la liberté de la presse, et de la liberté de l’éducation, il a cherché toute sa vie, sans toujours l’obtenir, la synthèse difficile et toujours utile entre la tradition du catholicisme et la modernité du libéralisme. B.M.

 


LES ÉCONOMISTES BRETONS

CHAPITRE 8

ÉCONOMIE POLITIQUE CHRÉTIENNE

Encore cantonnée à des discussions abstraites sur des questions comme celle de la valeur, l’œuvre économique de Louis Say ébranlait certainement quelque peu les fondements et la crédibilité de la désormais dominante école anglaise d’économie, mais elle n’était pas ouvertement hostile à l’ensemble de ses grands principes, ni opposée à ses conclusions pratiques. À partir des années 1830, tout change : la tendance générale des économistes hétérodoxes de l’époque, qui était celle d’une opposition à la marge, évoluera en une opposition plus frontale et plus consciente d’elle-même.

L’économie politique, désormais débattue sur la place publique, vit s’ériger devant et contre elle plusieurs grands courants intellectuels qui regardaient cette science des richesses d’un assez mauvais œil. En France, le courant du « catholicisme social » fut le plus représentatif de cette posture critique. Il cultiva des thèmes opposés à l’économie politique, et fit front pour empêcher l’application en France de ce qu’il considérait, à tort, comme des théories anglaises.

Dans cette opposition sévère, un homme jouera un rôle majeur, bien que difficile à définir, et pour cela même souvent passé sous silence : Félicité de Lamennais. Partisan d’une alliance entre les libéraux et les catholiques conservateurs, il fut aussi un grand critique de la liberté économique, notamment sur la question du crédit. Par sa posture critique, il ouvrit même la voie à toute une école de pensée, l’« économie politique chrétienne », au sein de laquelle des futurs économistes comme Alban de Villeneuve-Bargemont ou Armand De Melun allaient bientôt s’illustrer.

Lamennais n’est pas usuellement présenté comme un économiste, et, en vérité, il n’en est pas un. Attaché aux doctrines religieuses, il consacra sa carrière d’intellectuel à la libéralisation de la chrétienté plutôt que du commerce. Il eut pourtant une influence économique, et s’avisa à de nombreuses reprises de traiter les questions d’économie politique. Il fut le premier à critiquer systématiquement cette science du point de vue de la religion et de la morale, inspirant par son exemple l’économie politique chrétienne qui déstabilisa durablement l’implantation et le succès des doctrines libérales dans notre pays, et prépara ou aida le développement du socialisme.

En Bretagne, cette tradition nouvelle de l’économie politique chrétienne s’inscrivait dans une démarche déjà ancienne. Avant Félicité de Lamennais, Chateaubriand s’était déjà fait le défenseur d’un retour au christianisme et avait exposé, notamment dans une lettre envoyée à la Revue Européenne, une critique de l’économie de marché d’un point de vue religieux. « Un temps viendra, y écrivait-il par exemple, où l’on ne concevra pas qu’il fût un ordre social dans lequel un homme comptait un million de revenu, tandis qu’un autre homme n’avait pas de quoi payer son dîner. » [1] Cette ambition, critique envers les économistes classiques, accusés de faire l’apologie d’un système injuste, fut largement saluée comme pionnière par les partisans de l’économie politique chrétienne. Alban de Villeneuve-Bargemont, dans sa brillante Histoire de l’économie politique, réserva ainsi des éloges nourris à ce précurseur de la démarche nouvelle qu’il continuerait après Lamennais. [2]

C’est à Saint-Malo, comme Gournay, et surtout comme Chateaubriand, que naquit le fondateur de ce courant si déstabilisateur pour l’économie politique que fut le christianisme social. En 1782, Hugues-Félicité Robert de Lamennais, plus tard nommé plus simplement Félicité de Lamennais, vit d’ailleurs le jour dans la même rue que l’éternel auteur des Mémoires d’outre-tombe, la rue des Juifs de Saint-Malo. Son nom fut initialement de la Mennais, car sa famille avait été anoblie et prit ce nom, en référence aux terres d’une métairie située aux alentours de Dinan. Son père était un commerçant et armateur malouin.

Son attachement à l’église catholique fut éclatant dès les années de sa jeunesse. Ses biographes nous racontent qu’il participait même, durant les années sombres de la Révolution, à des messes illégales, la nuit, rassemblant dans une bâtisse quelconque une petite troupe de croyants autour d’un prêtre non-assermenté. [3] Très noble est en effet le sentiment d’attirance vers la religion qui habita très tôt celui qu’on surnommait déjà « Féli » par affection. Sa sincérité est poignante, son engagement émouvant, bien que le témoignage de la révélation de ce devoir prit parfois des formes étonnantes. « Un jour, racontera Ricard, il se promenait, avec la bonne chargée de veiller sur lui, et il marchait lentement sur les remparts de Saint-Malo. La mer était furieuse. Soulevée par une violente tempête, elle venait déferler en rugissant aux pieds des murs de granit. ”Je crois voir l’infini, dit Lamennais, et sentir Dieu !” Etonné de ce qui se passait dans son âme, une immense complaisance en lui-même s’empara de lui, il se retourna fièrement vers la foule des promeneurs vulgaires, et se dit : ”Ils regardent ce que je regarde, mais ils ne voient pas ce que je vois !”. Il avait huit ans. » [4]

C’est auprès de son oncle Robert de la Saudrais que Félicité de Lamennais fut éduqué dans l’adoration du Christ et dans la répulsion des révolutionnaires. Cet oncle, grand lettré, traducteur d’Horace, fit de Lamennais un penseur. Il opéra cette transformation sans en avoir le souhait, et, à ce qu’il semble, sans s’en apercevoir. Pour punir les excès de Féli, Robert de la Saudrais avait eu un jour l’idée de l’enfermer dans sa grande bibliothèque. Le jeune Lamennais prit goût à cette prison, et œuvra alors ardemment pour s’y faire renvoyer à chaque nouvelle occasion. À 12 ans, il découvrit notamment Rousseau, qui restera pour lui un penseur fondamental, et contre lequel il se força toujours à se positionner.

À 22 ans, au lieu de s’épancher dans ses passions, comme le font les hommes de son âge, il fit de son corps un réceptacle du message de Dieu. Dans un élan étonnant et admirable tout à la fois, il s’écria : « Oh ! J’ai trop aimé les joies amères du monde, les consolations du monde, les espérances du monde ! Maintenant, je ne veux que la croix, la croix seule, la croix de Jésus et encore la croix. Je vivrai sur le calvaire, en esprit d’amour, de renoncement et de sacrifice absolu. » [5] Voici comment il voyait alors sa destinée. Lamennais fut prompt à s’engager dans cette carrière. En 1809, il se fit prêtre. Lors de sa première messe, à Rennes, il prétendit entendre distinctement la voix de Dieu, prononçant ces quelques mots : « Je t’appelle à porter ma croix, rien que la croix, ne l’oublie pas. » [6]

À cette époque, Lamennais venait de se retirer avec son frère aîné à la Chesnaie, à quelques kilomètres de Dinan. Ils firent naître plusieurs ouvrages de leurs réflexions communes, dont le premier, intitulé Réflexions sur l’état de l’église en France pendant le XVIIIe siècle et sur sa situation actuelle, parut en 1808. Les auteurs se déclaraient fermement en faveur de la monarchie et présentaient leurs premières idées pour réformer l’Eglise. L’année suivante parut un deuxième ouvrage issu des réflexions des deux frères, un Guide spirituel, inspiré de l’œuvre de Louis de Blois, un bénédictin du XVIe siècle.

Écrit en 1811, mais diffusé seulement à partir de 1814, suivit ensuite un ouvrage sur la Tradition de l’Église sur l’institution des Évêques. Les deux frères y cherchaient l’avis des anciens sur les problèmes actuels de l’Église. Antoine Ricard nous a raconté cela dans son étude sur Lamennais : « Pendant leurs promenades, les deux frères s’entretenaient des maux de l’Église, des efforts que faisait Napoléon et ses évêques de cour pour affaiblir l’autorité du pape. Le plus jeune disait, comme d’inspiration : Telle ne peut pas être la tradition de l’Église, il faut chercher dans les conciles et dans les Pères. De retour à la maison, ils cherchaient dans les livres, et ils trouvaient qu’ils avaient bien deviné, et que, depuis deux siècles, les jansénistes et autres sectaires avaient prodigieusement altéré les faits et les doctrines. Et ils rédigeaient leurs découvertes. » [7]

Après des années de collaboration fructueuse, les deux frères se séparèrent pourtant, et c’est seul que Lamennais continua sa route, et obtint la célébrité. Cette célébrité, c’est l’Essai sur l’indifférence en matière de religion, publié en 1818, qui la lui apporta. Le succès fut tout à fait retentissant. « Ce nom que nul ne savait la veille, note un biographe, devenait tout à coup le premier nom de l’Église de France. » [8] Celui qui sera plus tard son disciple, Lacordaire, écrira même emphatiquement : « Il y avait soixante-seize ans qu’aucun prêtre catholique n’avait obtenu en France le renom d’écrivain et d’homme supérieur, lorsque apparut M. de Lamennais, avec autant d’à propos que le dix-huitième siècle avait tout récemment repris les armes. Son livre, destiné à le combattre, était une résurrection admirable des raisonnements antiques et éternels qui prouvent aux hommes la nécessité de la foi, raisonnements rendus nouveaux par leur application à des erreurs plus vastes qu’elles n’avaient été dans les siècles antérieurs. » [9] Montalembert, autre disciple, dira simplement, et sans inexactitude, que son ami Lamennais était alors devenu « le plus célèbre et le plus vénéré des prêtres français. » [10]

Lamennais y acceptait le culte de la raison hérité de Descartes, mais il entendait en faire un instrument de la reconnaissance de la supériorité de Dieu. « Depuis que la raison s’est déclarée souveraine, il faut aller droit à elle, la saisir sur son trône, et la forcer, sous peine de mort, de se prosterner devant la raison de Dieu. » [11] Dans l’Essai sur l’indifférence, Lamennais considérait également que la négation du principe d’autorité était le mal principal dont souffrait la société française de l’époque. Dans l’ordre économique, il s’exaspéra du recul du principe de charité.

Ce livre a un point commun avec un ouvrage que nous avons déjà cité dans le tout premier chapitre : l’Ami des Hommes, du marquis de Mirabeau. La raison en est qu’il s’agit dans les deux cas de livres dont il est difficile de rendre compte, et encore davantage d’en expliquer le succès. Il faut lire cet Essai, pour faire l’expérience de ce texte, et en comprendre la force intrinsèque, qui tient beaucoup à la vivacité du style, et à la chaleur des sentiments. Le succès, en tout cas, fut obtenu par l’Essai sur l’indifférence. Les ventes grimpèrent à 40 000 unités dès les premières semaines, et il fut traduit en peu de temps dans toutes les principales langues d’Europe. Lamennais fut même reçut par le pape Léon XII à Rome, qui l’embrassa, et l’invita pour discuter dans son bureau privé. Dans ce bureau, Lamennais fut surpris d’y voir pour seul ornement une image de Marie, une croix avec le Christ, et son propre portrait.

La Religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et civil, un ouvrage audacieux paru en 1825, valut à Félicité de Lamennais de comparaître devant le tribunal correctionnel. Son avocat, le brillant orateur Berryer, aida tant à faire naître autour de la cause de son client un enthousiasme vif et durable, qu’on pouvait dire que « le pays entier l’accompagna à la barre du tribunal correctionnel. » [12] La sentence, 30 francs d’amende, fut accueillie dans les rires et les hourras.

Impulsant un nouveau mouvement, créant une nouvelle démarche, Lamennais rassembla alors autour de lui quelques disciples, dont l’abbé Gerbet et l’abbé Salinis. L’école mennaisienne fut fondée. Nous étions en décembre de l’année 1826.

Absentes, les préoccupations économiques et sociales étaient effacées dans ce nouveau courant par l’exigence première de « courber le XIXe siècle sous le joug du catholicisme », selon les mots de Lamennais. À ses disciples et collègues, le nouveau leader expliqua la finalité de leur engagement mutuel : « Vous voulez prouver à notre siècle que le catholicisme est la seule religion rationnelle ; c’est bien, mais cela ne suffit pas, il faut lui démontrer que s’il n’accepte pas le symbole catholique, il s’exile lui-même de la société des intelligences ; se met en dehors du sens commun à tous les siècles et à tous les peuples ; en un mot, qu’il est fou. » [13]

Comme chef de secte, comme homme de parti, Félicité de Lamennais n’avait ni la prestance naturelle d’un Quesnay, ni l’humilité impressionnante de Gournay. « Il est difficile de dire comment il obtint sur les autres une influence si grande, s’étonna plus tard le cardinal Wiseman. Il était d’un aspect et d’une mine peu propres à commander le respect, dépourvu de dignité dans le maintien, de supériorité dans le regard et n’ayant aucune grâce extérieure. » [14] Lacordaire, son fidèle disciple, n’eut pas des mots plus modérés pour décrire son maître à penser : « Le grand homme est petit, écrira-t-il, grêle, pâle, yeux gris, tête oblongue, gros nez et long, le front profondément sillonné de rides qui descendent entre les deux sourcils jusqu’à l’origine du nez ; tout habillé de gros drap gris, des pieds à la tête ; courant dans sa chambre à fatiguer mes jeunes jambes, et, quand nous sortons pour la promenade, marchant toujours en tête, coiffé d’un mauvais chapeau de paille, vieux et usé. » [15]

En 1829 parut Des progrès de la Révolution et de la guerre contre l’Eglise. Lamennais y apparaissait ostensiblement en libéral, bien qu’il négligeait avec prestance le traitement des questions économiques. Ses préoccupations étaient autres : « Nous demandons pour l’Eglise catholique la liberté promise par la Chartre à toutes les religions, la liberté dont jouissent les protestants, les juifs, dont jouiraient les sectateurs de Mahomet et de Bouddha s’il en existait en France. […] Nous demandons la liberté de conscience, la liberté de la presse, la liberté de l’éducation. » [16]

Dans cet ouvrage, Lamennais ne demandait pas encore aux catholiques de se rapprocher des libéraux, comme il le fera plus tard ; pour l’heure, il se contentait de leur demander de se rapprocher de l’idée de liberté. Lui-même avait clairement impulsé le mouvement. Il insistait sur le fait que le libéralisme était la solution aux maux de l’époque. Sa solution n’était pas de l’embrasser, mais de le faire rentrer dans le cadre de la doctrine chrétienne. En janvier 1829, il eut ainsi ces mots très éclairants : « On tremble devant le libéralisme : catholicisez-le, et la société renaîtra ! » [17] S’il se mit à fonder des espérances sur la possibilité de catholiciser le libéralisme, il essaya dans un même mouvement de « libéraliser » le catholicisme. « Quand les catholiques aussi crieront liberté, bien des choses changeront » affirmait-il avec conviction. [18]

On lui écrivit de Belgique pour le féliciter du livre Des progrès de la révolution : « Votre ouvrage a fait une sensation immense dans ce pays ; trois contrefaçons se sont épuisés ; nos vieilles entrailles flamandes ont tressailli en reconnaissant les principes qui ont guidé nos pères dans leur si longue résistance au Pouvoir. » [19] La Belgique, en 1830, s’engagerait dans une révolution très mennaisienne.

Cependant, il était un élément clairement manquant dans son programme : la liberté économique. Cet élément seul le mettait hors d’état de séduire les défenseurs classiques du libéralisme, et peut-être ne s’en doutait-il pas encore. Il faut dire que Lamennais n’avait pas encore pris conscience de l’importance du problème économique. On peut difficilement lui en vouloir : l’évolution de prêtre à économiste ne peut se réaliser en un jour.

Au fur et à mesure des années, les choses changeront. En 1830, afin de permettre le ralliement de nouveaux disciples à sa cause et de développer davantage sa démarche féconde, Lamennais fonda un journal, l’Avenir. Visuellement soignée, l’entête du journal étonnait aussi par la vitalité d’une audacieuse formule : à côté du titre, on pouvait lire trois mois qui résumaient bien le combat de Lamennais : « DIEU ET LA LIBERTE ! ». Dans ce journal, Lamennais continuait à se positionner face au libéralisme, mais négligeait encore tout à fait le problème économique. « Il existe deux libéralismes parmi nous, l’ancien et le nouveau, écrivit-il. Héritier des doctrines destructives de la philosophie du XVIIIe siècle, et en particulier de sa haine contre le christianisme, le libéralisme ancien ne respire qu’intolérance et oppression. Mais le jeune libéralisme, qui grandit et qui finira par étouffer l’autre, se borne, en ce qui concerne la religion, à réclamer la séparation de l’Eglise et de l’Etat, séparation nécessaire pour la liberté de l’Eglise et que tous les catholiques éclairés désirent également. » [20] Pour comprendre cette réaction, il faut se rappeler que les libéraux, sous la Restauration, formaient un groupe hétérogène, avec certaines factions abusivement hostiles à l’Eglise catholique, parce qu’elle constituait la survivance d’un clergé vu comme tyrannique, et de dogmes vus comme surannés. [21]

Contre ce faux libéralisme, ou ce libéralisme inconséquent avec lui-même, Lamennais publiera, outre des articles dans l’Avenir, Des progrès de la Révolution et de la guerre contre l’Église. Il reprochait alors au libéralisme de s’être désolidarisé de sa base chrétienne. « Éminemment social, en tant qu’il veut la liberté, le libéralisme présent est néanmoins, à cause des doctrines qui l’égarent, destructeur par son action. Il repousse le joug de l’homme, le pouvoir sans droit et sans règle ; il réclame une garantie contre l’arbitraire qui ôte à l’obéissance sa sécurité : rien de mieux jusque-là ; mais séparé de l’ordre spirituel, il est contraint de chercher cette garantie si désirée où elle n’est pas et ne peut pas être, dans des formes matérielles de gouvernement. » [22]

Le premier numéro de l’Avenir contenait cinq articles de Lamennais et deux de l’abbé Gerbet. L’Avenir comptait aussi dans ses rangs le jeune Charles de Montalembert, un nouvel adepte de l’école mennaisienne. Mais c’est Lacordaire, avec sept articles, qui était le principal contributeur. Dès ses premiers numéros, L’Avenir fut accueilli avec enthousiasme dans les milieux catholiques. « Nous nous en allions partout, racontera un prêtre, l’Avenir à la main, disant tout haut qu’il faudrait l’imprimer en lettres d’or ! » [23]

Les articles d’économie furent confiés à M. de Coux, qui sera plus tard l’un des fervents adeptes de l’économie politique chrétienne. Lamennais, de moins en moins désintéressé par ces questions d’économie, devint alors, aux côtés de son collaborateur, un autre défenseur de ce courant. Il s’éloigna de la liberté économique.

Les années suivantes illustrèrent cet éloignement. Lamennais n’agissait ainsi jamais pour défendre la liberté économique, pourtant si attaquée à son époque. Il continua néanmoins à défendre activement la liberté dans d’autres domaines : 1- pour la liberté religieuse : il créa une association, l’Agence générale pour la défense de la liberté religieuse ; 2- pour la liberté d’enseignement : il fit signer une pétition, et créa plus tard une école libre à Paris. Mais rien pour la liberté économique, qu’on lui avait fait haïr, à tort.

Très engagés sur la question de la liberté d’éducation, Lamennais et Montalembert créèrent ensemble une école libre, à Paris, en 1831. [24] Ce fut une expérience glorieuse, mais courte. La police intervint et expulsa les enfants de la classe. Les fondateurs de cette école libre furent conduits devant les tribunaux. Lamennais accueillit cela avec confiance. Le jour de l’audience, après un discours bien senti de son collège Montalembert, il acheva d’emporter à sa cause tous les soutiens. Il termina un magnifique discours par ces mots : « Quand Socrate, dans cette première et fameuse cause de la liberté d’enseignement, était prêt à quitter ses juges, il leur dit : « Nous allons sortir, vous pour vivre, moi pour mourir. » Ce n’est pas ainsi, nobles juges, que nous vous quitterons. Quel que soit votre arrêt, nous sortirons d’ici pour vivre : car la liberté et la religion sont immortelles. » [25] La peine fut de cent francs d’amende.

Une telle impertinence et une telle réussite ne pouvaient éviter d’attirer de nombreux tracas à ces hommes audacieux. « Nous verrons qui arrêtera les pèlerins de Dieu et de la liberté ! » affirmait encore Lamennais en 1831. [26] On les arrêta tout de même.

Lamennais espérait beaucoup, en ces années 1830-31, que le Pape donnerait à ses théories une approbation enthousiaste, qui finirait de convaincre les fidèles de l’Église en France : « Beaucoup de catholiques commencent à comprendre la grande question de la liberté en ce qui les concerne, écrivit-il. Les plus arriérés, ce sont les évêques, mais les masses les entraîneront ; il faudra bien qu’ils suivent. Tout sera fini, sitôt que l’impulsion partira de Rome, et cela viendra, car il n’y a de salut que dans les voies que j’ai indiquées. » [27]

Et pourtant, l’Église communiqua sa condamnation. En 1831, le Pape Grégoire XVI accepta une entrevue avec Lamennais. Ce dernier arriva au Vatican pour chercher l’acceptation de sa démarche : il ne reçut que l’indifférence. Il notera plus tard sa très profonde déception : « Je me suis souvent étonné que le Pape, au lieu de déployer envers nous cette sévérité silencieuse dont il ne résultait qu’une vague et pénible incertitude ne nous eut pas dit simplement : « Vous avez cru bien faire, mais vous vous êtes trompés. Placé à la tête de l’Eglise, je connais mieux que vous les besoins, les intérêts et seul j’en suis juge. En désapprouvons la direction que vous avez donnée à vos efforts, je rends justice à vos intentions. Allez, et désormais, avant d’intervenir en des affaires aussi délicates, prenez conseil de ceux dont l’autorité doit être votre guide. » Ce peu de paroles aurait tout fini. Jamais aucun de nous n’aurait songé à continuer l’action déjà suspendue. Pourquoi, au contraire, s’obstina-t-on à nous refuser même un mot ? » [28] Le Pape condamna leur démarche, et Lamennais eut ces paroles : « Le Pape est un bon religieux, qui ne sait rien des choses de ce monde et n’a nulle idée de l’état de l’Eglise. » [29]

Après réflexion, Lamennais fut disposé à se soumettre, et quand le 30 août 1832, il eut vent de l’avis critique de l’Église, sa réaction fut immédiate : « Je viens de recevoir une Encyclique du Pape contre nous. Nous ne devons pas hésiter à nous soumettre ! » [30] Il s’agissait de l’encyclique Mirari Vos, qui les présentait comme de dangereux déviants.

Lamennais et ses amis en tirèrent tout de suite les conséquences : « Les soussignés, rédacteurs de l’Avenir, membres du conseil de l’Agence pour la défense religieuse : Convaincu, d’après la lettre encyclique du souverain pontife Grégoire XVI, en date du 15 août 1832, qu’ils ne pourraient continuer leurs travaux, sans se mettre en opposition avec la volonté formelle de celui que Dieu a chargé de gouverner son Église, croient de leur devoir, comme catholiques, de déclarer que, respectueusement, soumis à l’autorité suprême du Vicaire de Jésus-Christ, ils sortent de la lice où ils ont loyalement combattu pendant deux années. Ils engagent instamment leurs amis à donner le même exemple de soumission chrétien. En conséquence : 1° L’Avenir, provisoirement suspendu depuis le 15 novembre 1831, ne reparaîtra plus ; 2° L’Agence générale pour la défense de la liberté religieuse est dissoute à dater de ce jour. Toutes les affaires entamées seront terminées, et les comptes liquidés, dans le plus bref délai possible. » [31]

Lamennais mit plusieurs années avant de rebondir. Ce n’est qu’en 1837, une fois l’orage passé, qu’il sortit de son silence et fonda un nouveau journal : le Monde.

À cette époque, tout disposé qu’il était à refonder un nouveau mouvement de christianisme libéral — ou de libéralisme chrétien, comme on voudra —, Lamennais commença à nouer des liens avec les membres de la scène économique parisienne de l’époque, et fit évoluer ses doctrines économiques, qui formèrent bientôt un aspect majeur de sa pensée et de son engagement. Le premier à croiser sa route, et paradoxalement celui qui eut l’influence la plus imperceptible sur lui, est le spécialiste des questions bancaires Charles Coquelin. Né à Dunkerque, dans le Nord, en 1802, Coquelin était encore nouveau à Paris quand il collabora avec Félicité de Lamennais. Déjà très savant et fin connaisseur des questions économiques, Coquelin était un partisan du laissez-faire. Face à l’intervention de l’Etat dans l’économie, qui ne pouvait être que désastreuse selon lui, il réclamait la liberté économie absolue. Ainsi qu’il l’écrira quelques années plus tard : « Il ne s’agit point de voter des subventions, qui ne font que couvrir les plaies et envenimer le mal au lieu de le guérir ; encore moins de proclamer le droit au travail ou le droit à l’assistance, erreurs déplorables, contre-sens funestes, qui ne tendent à rien moins qu’à faire de la France un vaste dépôt de mendicité ; il s’agit de réformer les abus dont notre ordre social est dévoré, d’affranchir le travail, encore esclave, quoi qu’on en dise, et de sauver l’industrie en lui permettant de se sauver elle-même. » [32]

Ce n’était pas là, nous le savons, des idées économiques que Lamennais pouvait faire aisément siennes à l’époque. Coquelin pour autant impressionna beaucoup notre penseur breton. Celui-ci lui demanda d’écrire les articles économiques de sa nouvelle revue, le Monde.

Coquelin, ce partisan de la liberté et de la responsabilité des banques promoteur du « laissez-faire » en économie, était somme toute arrivé trop tard. Lamennais était déjà acquis à la cause interventionniste, mais de façon modérée. Déjà marqué par la lecture de Sismondi, et bientôt de Proudhon, Lamennais s’était déjà éloigné du libéralisme économique.

Coquelin eut tout de même une influence sur les idées économiques de Lamennais, et il est à croire que l’économie politique chrétienne aurait été nettement plus antilibérale sans son intervention. Gustave de Molinari, écrivant à propos de la vie de Coquelin dans le Journal des Économistes, affirmera l’influence de son ancien ami sur Lamennais. Il écrivit :

« C’est en 1832 que Coquelin retourna à Paris, avec l’intention de demander à sa plume ses moyens d’existence, et que, fortifié par ses études d’économie politique, il chercha à s’engager dans l’arène de la presse. Il travailla au journal le Temps, il passa au Monde, fondé en 1837 par M. Lamennais, mais qui n’eut qu’une existence éphémère. Coquelin eut, avec l’illustre directeur du Monde, plusieurs discussions sur les questions économiques. Comme la plupart de ses coreligionnaires politiques, M. de Lamennais se méfiait de la liberté du travail, et il était assez disposé à voir dans la concurrence un moyen “d’exploitation de l’homme par l’homme”. Mais, d’un autre côté, M. de Lamennais se laissait influencer aisément par une conviction énergique et chaleureusement exprimée. Les plaidoyers de son jeune collaborateur en faveur de la liberté économique firent une vive impression sur lui, et l’on pourrait retrouver la trace de cette influence salutaire dans les admonestations véhémentes que l’ancien directeur du Monde adressait plus tard aux socialistes. » [33]

Seulement Charles Coquelin n’était pas spécifiquement chrétien. Le libéralisme lui-même ne l’était pas non plus. Or c’était là pour Lamennais un point fondamental, au point qu’il écrira dans une lettre au baron de Vitrolles : « La société ne peut être sauvée que par la liberté. Si le libéralisme était chrétien, je serais libéral demain. » [34]

Lui qui avait prôné l’alliance des libéraux, des conservateurs et des chrétiens, finissait ainsi par rejeter le libéralisme, signe que sa démarche était exigeante et peut-être impropre pour une époque si passionnée. Malgré les efforts de Lamennais, libéraux et conservateurs refusèrent de s’entendre, et continuèrent à s’affronter. Si le conservatisme perdit une occasion de fonder sa démarche sur une doctrine économique scientifique, le libéralisme perdit davantage : il perdit le dynamisme encore bien réel du soubassement religieux de la société, qu’il abandonna, bien malgré lui, dans les mains de ses adversaires.

Lamennais lui-même se rendit coupable de cette dérive. Autant les articles économiques de L’Avenir et du Monde témoignent d’une vraie préoccupation pour la liberté économique, autant les articles du Peuple Constituant, la revue mennaisienne datant de 1848, s’inspirent davantage des doctrines économiques de Sismondi ou de Proudhon, alors très en faveur.

Tournant définitivement le dos à l’enseignement de son ancien collègue Charles Coquelin, selon lequel le crédit devait être libre de toute réglementation, Lamennais se fit le porte-voix des idées de « crédit social » que Proudhon, dans une forme légèrement différente, avait mis au goût du jour, et qu’un autre breton, Charles Beslay, soutiendrait à ses côtés. En 1848, tandis que Coquelin publiait Du crédit et des banques, une œuvre pionnière sur les questions bancaires, et réclamait la liberté des banques, Lamennais écrivait un « projet de constitution du crédit social », dont les premiers paragraphes sont les suivants :

« Jusqu’ici le crédit, abandonné sans direction et sans règle à lui-même, n’est pas sorti du domaine privé, et conséquemment son action a eu pour but exclusif la satisfaction de l’intérêt privé ; en d’autres termes, le crédit, aux mains de ceux qui en disposaient, n’a été qu’un moyen d’exploiter à leur profit les individus et l’Etat même, par tous les genres de primes, portées souvent jusqu’à l’usure la plus effrénée ; c’est-à-dire, que toujours empreint d’un caractère ineffaçable d’égoïsme, il a été, par sa nature même, anti-social. Cela se voit clairement aux époques de crise, époques de plus en plus rapprochées à mesure que le crédit lui-même se développe en de plus grandes proportions : à chacune de ces crises la fortune publique, ou l’existence matérielle de la société même est remise en question. Le système de crédit privé qui, par son essence indépendante de la volonté des hommes, ne peut être qu’un système d’exploitation de tous par quelques-uns, est, en outre, anarchique comme les intérêts privés, nécessairement opposés entre eux. De là, sous l’influence d’une cupidité que rien n’assouvit, qui croît toujours, quelque chose de fiévreux, de mobile et de désordonné, qui, échappant à toute action modératrice, à toute règle, rend impossible toute vraie garantie, et aboutit fatalement à la ruine. De là encore, dans un autre ordre, les funestes effets d’un système qui se résolvant dans l’égoïsme, tente de mille manières les plus viles passions du cœur humain, fait, de ce que l’un perd, le gain de l’autre, et, habituant ainsi à chercher, sans hésitation, sans remords, son bien dans le mal d’autrui, altère profondément les mœurs, corrompt la morale dans sa source même. Quel moyen de remédier à ces maux ? Transformer le crédit, de privé le rendre social. » [35]

Comme Proudhon, que la science économique réfuta par l’intermédiaire de Frédéric Bastiat, dans une controverse célèbre, Lamennais négligeait donc également l’évidence de l’utilité sociale du crédit et sa nécessaire production privée, deux principes que l’analyse la plus élémentaire des faits économiques faisait accepter à Bastiat, et avant lui à Jean-Baptiste Say. Au lieu de considérer les services immenses que fournit le crédit, Lamennais ne voyait que les profits des banquiers. Et pourtant, sans crédit privé, comment les lignes de chemin de fer auraient-elles été construites ? Sans crédit privé, les manufactures modernes, la grande industrie, les développements technologiques, toute cette base mouvante et la deuxième révolution industrielle qu’elle était sur le point de déclencher, comment auraient-ils pu naître ? Au fond, rendre le crédit « social », et missionner l’Etat de le distribuer, cela aurait signifié la paralysie de l’initiative individuelle. Inconscient de ce fait, et des développements théoriques des économistes, Lamennais préférait les bons mots, l’euphorie moralisatrice, et le lieu commun en délire.

Au lieu de tendre vers le libéralisme de Gournay et de Smith, le courant du catholicisme libéral initié par Lamennais se transforma ainsi rapidement en catholicisme social, presque socialiste. L’évolution suivit deux grandes phases : celle de l’économie politique chrétienne, puis celle de la doctrine sociale de l’Église.

Au sein de l’école mennaisienne, les rôles avaient été, dès le début, parfaitement définis. Si Lamennais lui-même s’intéresserai peu aux questions économiques, elles devraient néanmoins être traitées avec soin par l’abbé Gerbert. Celui-ci donna plusieurs conférences d’économie politique à Paris. Suivant son impulsion, un autre collaborateur de Lamennais, Charles de Coux, ouvrit en 1832 le premier cours d’économie catholique. Il s’agissait d’étudier l’économie dans le cadre de la foi chrétienne, et avec les outils d’analyse, si l’on peut utiliser ce terme, fournis par l’Église.

Dès 1834, cette nouvelle démarche économique fit des émules. Un économiste chrétien, préfet du Nord, fit paraître un ouvrage intitulé Du Paupérisme, ou Économie politique chrétienne. Dans cette oeuvre vaste et haletante, où il s’élevait à des degrés admirables de compréhension et de réflexion économique, Villeneuve-Bargemont systématisait la démarche de l’école mennaisienne. Le paupérisme serait résolu, écrivait-il, par la charité et par la transformation de la société en un tout véritablement chrétien.

Vingt ans plus tard, Armand De Melun, un disciple d’Alban de Villeneuve-Bargemont, fondera même une « Société d’économie charitable », ainsi qu’une Revue d’économie chrétienne (1860). Il sera également député sous la IIe République, et l’instigateur de nombreuses lois sociales.

C’est pourtant en 1891 que l’influence de ce nouveau courant se fit surtout sentir. Cette année là, le Pape Léon XIII prononça l’encyclique Rerum Novarum, matérialisation des efforts des catholiques sociaux, et notamment des mennaisiens français et de leurs disciples économistes. « Entre les idées de l’Avenir et les doctrines de l’encyclique Rerum novarum, interprétées loyalement par la démocratie chrétienne, les analogies abondent » fera bien remarquer l’historien des idées Albert Schatz. [36] Tel fut, au fond, l’héritage éternel de Lamennais. En méritait-il un plus grand, un plus libéral aussi ? Il semble difficile de répondre par la négative.

Benoît Malbranque

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[1] Lettre de M. de Chateaubriand à MM. les Rédacteurs de la Revue Européenne, Revue Européenne, Tome 2, Paris 1831 ; cf. aussi Jean-Baptiste Duroselle, Les débuts du catholicisme social en France (1822-1870), Presses Universitaires de France, 1951, p.154

[2] Alban de Villeneuve-Bargemont, Histoire de l’économie politique, Paris, 1839

[3] André Blaize, Essai biographique sur M. de la Mennais, Paris, 1858, p.17

[4] Antoine Ricard, Lamennais et son école, Paris, 1881, p.8

[5] Anatole Feugère, Lamennais avant l’Essai sur l’Indifférence (1782-1817), Paris, 1906, p.108

[6] Yves Lefebvre, Lamennais et la pensée bretonne, 1993, p.40

[7] Antoine Ricard, Lamennais et son école, Paris, 1881, p.76

[8] Ibid., p.77

[9] Henri-Dominique Lacordaire, Considérations sur le système philosophique de M. de La Mennais, Paris, 1834, p.56

[10] Œuvres polémiques et diverses de Montalembert, Tome 3, Paris, 1868, p.403

[11] Louis Le Guillou, L’évolution de la pensée religieuse de Félicité de Lamennais, Armand Collin, 1966, p.74

[12] Antoine Ricard, Lamennais et son école, Paris, 1881, p.196

[13] Victor Mercier, Lamennais, d’après sa correspondance et les travaux les plus récents, Paris, 1895, p.108

[14] Nicholas Patrick Wiseman, Souvenirs sur les quatre derniers papes et sur Rome pendant leur pontificat, 1858, p.315

[15] Cité par Maxime Leroy, Histoire des idées sociales en France, Tome 2, Gallimard, 1946, p.441

[16] Œuvres de Félicité de Lamennais, Volume 2, Paris, 1830, p.115

[17] Cité par Jean-René Derré, Lamennais : ses amis et le mouvement des idées à l’époque romantique, Paris, 1972, p.276

[18] Yves Lefebvre, Lamennais et la pensée bretonne, 1993, p.45

[19] Henri Haag, Les origines du catholicisme libéral en Belgique. 1789-1839, Louvain, 1950, p.131

[20] Félicité de Lamennais, Articles de l’Avenir, Volume 1, Paris, 1830, p.iii

[21] Cf. Paul Thureau-Dangin, Le Parti Libéral sous la Restauration, Paris, 1876 ; voir aussi Louis Girard, Les libéraux en France, 1814-1875, Paris, 1985

[22] Œuvres complètes de Lamennais, volume 6, Paris, 1844, p.37

[23] Cité dans Antoine Ricard, Lamennais et son école, Paris, 1881, p.231

[24] L’intervention de l’Etat dans l’éducation était, selon Lamennais, « un genre de tyrannie » et « une violation directe et permanente des droits les plus sacrés » (Œuvres complètes de Lamennais, volume 2, Paris, 1839, p.273)

[25] Cité par Antoine Ricard, Lamennais et son école, Paris, 1881, p.251

[26] Ibid.

[27] Lettre de Lamennais à Benoît d’Azy, 9 août 1829, cité dans Charles Boutard, Lamennais : le catholicisme libéral, 1828-1834, Paris, 1908, p.66

[28] Œuvres complètes de Lamennais, volume 8, Paris, 1844, p.35

[29] Cité par Marie-Joseph Le Guillou & Louis Le Guillou, La Condamnation de Lamennais, Paris, 1982, p.139

[30] Cité par Antoine Ricard, Lamennais et son école, Paris, 1881, pp.298-299

[31] Cité par Marie-Joseph Le Guillou & Louis Le Guillou, La Condamnation de Lamennais, Paris, 1982, p.262

[32] Charles Coquelin, Du Crédit et des Banques, Paris, 1859, p.46

[33] Gustave de Molinari, « Notice biographique sur Charles Coquelin », Journal des économistes, septembre-octobre 1852, p. 137-138

[34] cité dans Charles Boutard, Lamennais : le catholicisme libéral, 1828-1834, Paris, 1908, p.38

[35] Félicité de Lamennais, « Projet de constitution du crédit social », 22 juin 1848, in Lamennais, Le Peuple Constituant, Numéro spécial (3-4) des Cahiers Mennaisiens, 1974, p.151

[36] Albert Schatz, L’individualisme économique et social, Institut Coppet, Paris, 2012, p.227

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