En ce début de XXIe siècle, malgré les crises économiques, les séismes politiques, voire même les attentats terroristes, la question de l’éducation reste pour les Français — tout comme, plus généralement, pour les Européens — l’une des préoccupations majeures. Les constats divergent autant que les solutions et pourtant chacun s’accorde à reconnaître l’urgence de définir un nouveau cap pour l’éducation des jeunes générations. Quoi de plus utile, ainsi, que de découvrir l’opinion tranchée et pourtant vigoureusement argumentée de deux des plus grands économistes français de la deuxième moitié du XIXe siècle : Frédéric Passy, professeur d’économie politique à Montpellier, membre de l’Académie, et surtout premier Prix Nobel de la Paix de l’histoire (1901) ; et Gustave de Molinari, rédacteur en chef du très influent Journal des Économistes et professeur d’économie politique à Bruxelles, dans sa Belgique natale. La question au cœur du débat entre les deux économistes fut la suivante : l’État doit-il avoir un rôle minimal dans l’éducation (Molinari), consistant à obliger les familles à mettre leurs enfants à l’école, ou doit-il n’en avoir rigoureusement aucun (Passy) ? Quel que soit le mérite de l’une ou de l’autre position, ce débat animé, cette « lutte persévérante entre deux frères d’armes » comme la qualifiera Passy, aura poussé les défenseurs de la liberté à approfondir leur conception de l’éducation nationale. Pour l’aide qu’ils auront fourni aux esprits contemporains qui tâcheront de suivre leur exemple, ils mériteront notre estime.
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