Vous pouvez télécharger l’ouvrage de Murray Rothbard en version originale.
Traduit par Stéphane Mozejka, Institut Coppet
La déflation est désignée comme l’ennemi numéro un par les keynésiens, qui dominent la pensée économique. L’un des exemples de ses méfaits présumés est la « longue dépression » débutée en 1873 aux États-Unis. Murray Rothbard rétablit les faits, et montre qu’il n’y a pas eu de dépression, car en production réelle et en revenus réels, ce fut une période de croissance.
Les historiens orthodoxes de l’économie se sont longtemps lamentés à propos de la « grande dépression » supposée avoir frappé les États-Unis lors de la panique de 1873 et avoir eu une durée sans précédent de six ans, jusqu’en 1879. La majeure partie de cette stagnation est supposée avoir été causée par une contraction monétaire conduisant au rachat de billets en 1879 (Ndt : The Specie Payment Resumption Act). Cependant, quelle sorte de dépression était-ce, avec une extraordinairement grande croissance de l’industrie, du chemin de fer, ou de la production de biens, du produit national net, ou des revenus par tête ! Comme Friedman et Schwartz l’admettent, la décennie allant de 1869 à 1879 a vu une augmentation de 3% par an en monnaie de la production nationale, une remarquable croissance de la production nationale réelle de 6,8% par an durant cette période, et une phénoménale augmentation de 4,5% par an dans la production réelle par tête.
Même la « contraction monétaire » n’a jamais eu lieu, l’offre de monnaie augmentant de 2,7% par an durant cette période. De 1873 à 1878, avant une autre accélération de l’expansion monétaire, l’offre totale de monnaie des banques a augmenté de $1,964 milliards à $2,221 milliards – une augmentation de 13,1% ou 2,6% par an. En résumé, une modeste mais manifeste augmentation, et difficilement une contraction. Il devrait être clair, alors, que la « grande dépression » des années 1870 est simplement un mythe – un mythe provoqué par une mauvaise interprétation du fait que les prix en général ont chuté durement durant toute la période. En effet, ils ont baissé depuis la fin de la Guerre de Sécession jusqu’en 1879. Friedman et Schwartz ont estimé cette baisse générale des prix de 1869 à 1879 à 3,8% par an.
Malheureusement, la plupart des historiens et des économistes sont conditionnés pour croire qu’une baisse forte et constante des prix doit avoir pour résultat une dépression : d’où leur stupéfaction devant l’évidente prospérité et croissance économique de cette période. Car ils ont négligé le fait que dans le cours naturel des choses, quand l’État et le système bancaire n’augmentent pas très rapidement l’offre de monnaie, le capitalisme du marché libre aura pour résultat une augmentation de la production et une croissance économique si forte qu’elle submergera l’augmentation de l’offre de monnaie. Les prix chuteront, et la conséquence ne sera pas une dépression ou une stagnation, mais la prospérité (puisque les coûts chuteront aussi), la croissance économique, et la diffusion d’un niveau de vie croissant à tous les consommateurs.