Liberté aux pauvres de travailler les fêtes et les dimanches après-midi

Sous l’Ancien régime, la question de la pauvreté ne se résout pas à celle des mendiants et des vagabonds. Pour que le travail fasse vivre, certains économistes réclament un allègement du poids que l’Église fait peser, par ses chômages forcés, sur l’activité productive d’un grand nombre d’artisans, de commerçants, qui pourraient tirer profit de cette liberté. L’abbé de Saint-Pierre, notamment, formule cette recommandation : que les travailleurs pauvres puissent travailler librement les dimanches après-midi (le matin restant réservé à la messe) ; toutes les fêtes seraient en outre déplacées aux dimanches.

Le rôle social de la colonisation, par Joseph Chailley-Bert

Pour Joseph Chailley-Bert, la colonisation est chose utile pour une nation, et cela à plusieurs titres. Comme il l’explique dans cette conférence de 1897, les colonies permettent de fournir un débouché aux excédents de population et de capitaux, et agrandissent une nation et une nationalité, qui risquerait de se perdre dans la simple émigration. Pour lui, le rôle social de la colonisation ne fait aucun doute.

Des effets économiques de la réglementation et de la limitation du travail

Dans sa réunion du 5 décembre 1890, la Société d’économie politique se penche sur l’utilité présumée des règlements sur le travail, notamment ceux qui déterminent une durée de travail légale. Ses membres estiment que lorsqu'il ne s'agit pas de mineurs, mais d'adultes en possession de leurs droits, l'État n'a pas à intervenir, et qu'il doit respecter la liberté des contrats.

Louis-Paul Abeille, physiocrate du XVIIIe siècle

« Dans l’ambition de saisir la portée de la contribution libérale des physiocrates, la synthèse des différentes sensibilités du courant est impossible à mener et n’aboutit qu’à des déceptions et à des erreurs. L’étude de l’œuvre seule de François Quesnay nous dessert plus encore, en prêtant à des confusions déplorables : car son libéralisme — quand libéralisme il y avait — ne reposait pas sur les mêmes fondements, et il n’aboutissait pas aux mêmes prescriptions que chez d’autres auteurs plus vigoureux, mais moins célèbres, comme Abeille. »

Observations sur les dernières paix

En 1737, l’abbé de Saint-Pierre intègre dans le onzième volume de ses « Ouvrages de politique et de morale » une énième formulation, brève et résumée celle-ci, de son fameux projet de paix perpétuelle par la création d’une société européenne et l’institution de l’arbitrage entre les nations, qu’il formule et défend depuis vingt ans. Il retrace les éléments principaux de sa démonstration sur l’utilité de l’arbitrage et donne les articles fondamentaux de la constitution d’une société européenne.

Chronique (Journal des économistes, janvier 1886)

Chaque mois, entre 1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de janvier 1886, la colonisation française en Algérie et au Tonkin, le développement du protectionnisme en Russie et en Roumanie, l’organisation des théâtres, et l’hébergement gratuit des démunis à Paris.

Maux naturels et maux artificiels

Dans ce court article publié dans le Courrier de La Rochelle, en février 1904, Frédéric Passy réagit à deux événements qui se télescopent dans l’actualité : une offensive guerrière, et une catastrophe naturelle. L’occasion pour lui de rappeler la différence radicale entre les « maux naturels », qu’on combat et répare en se résignant, et les « maux artificiels », que l’humanité se cause à elle-même, dans l’immensité de sa folie.

Les bienfaits de la concurrence en matière de religion, par Henri Basnage de Beauval (1684)

« Quand l’Église n’a point d’ennemis à repousser, et qu’elle vogue sur une mer tranquille, personne ne pense à se préparer au combat, ni à marquer les écueils où l’on se pourrait briser pendant l’orage. L’Église tombe nécessairement dès qu’elle s’imagine qu’elle ne peut plus tomber, sans doute par la négligence qui suit cette préoccupation, car on ne songe guère à approfondir les matières de la religion que personne ne conteste. »

Discours du 24 mars 1847 sur la réforme électorale

Dans la séance du 24 mars 1847, Gustave de Beaumont intervient à la tribune pour défendre l'étude de plusieurs réformes électorales, visant particulièrement à étendre le droit de vote à une plus large fraction de la population. Pour lui, les mesures proposées sont modérées, et doivent être prises en considération. Les réformes politiques ne sont pas en elles-mêmes le but, mais un moyen d'obtenir des réformes économiques et sociales que le pays réclame et qui ne pourront être obtenues que lorsque la représentation nationale sera plus en phase avec les intérêts des diverses parties de la population. En ceci, la France suivrait l'Angleterre, où de grandes réformes sur la liberté du commerce, la poste, les impôts, ont suivi la grande réforme électorale de 1832.

La réforme des impôts et le bon marché de la vie

Porté par la doctrine physiocratique, qu’il avait adopté vingt ans plus tôt, Nicolas Baudeau poursuit, à la veille de la Révolution, la critique du système fiscal d’Ancien régime, qu’il accuse de multiplier les frais, les commis, et partant le prix de la vie. Plutôt qu’un aménagement, il demande sa suppression pure et simple, soutenant, avec son ton vigoureux, que « ce n’est pas la tige des mauvaises plantes qu’on doit raccourcir, mais les racines qu’il faut arracher jusqu’à la dernière. »

Administration et public

Dans cet article, Frédéric Passy expose les plaintes que le libéralisme et le bon sens ont à formuler envers l’incurie des administrations. À l’occasion du paiement d’un impôt ou de tout acte privé ou public, l’administration jette sur le citoyen des embuches, des formalités et des tracasseries. Le temps perdu, l’argent perdu par le quidam ne sont pas précieux pour elle, semble-t-il ; pour les défendre, il est nécessaire que des défenseurs du public se prononcent contre ces envahissements.

L’abrégé de la Démocratie en Amérique de Tocqueville désormais disponible en grand format, couverture dure

La Démocratie en Amérique, publié en deux parties (1835 et 1840), est un chef-d’oeuvre intemporel, acclamé et indéfiniment commenté. Son millier de page pouvant paraître intimidant, l’Institut Coppet publie cet abrégé de 200 pages, où sont condensés les meilleurs morceaux, les développements les plus dignes d’être lus. Cette sélection s’accompagne de notes savantes où il est fait usage de la littérature de l’époque, des carnets de voyage de Tocqueville, ainsi que des brouillons de la Démocratie en Amérique, où la pensée de l’auteur chemine librement et vient compléter les idées du texte qu’il a choisi de livrer à la postérité.

Le Mannequin

Un thème récurrent dans l'œuvre de Germaine de Staël, est la position sociale des femmes. Il ressort clairement à la lecture de Corinne et de Delphine, et certaines pièces de théâtre fournissent, de ce combat important de l’auteur, une énième manifestation. La principale à cet égard est naturellement Le Mannequin (1811), qui met en scène un homme songeant tellement à épouser une femme passive, silencieuse et sans volonté, que parlant à distance avec un simple mannequin il est trompé et croit avoir trouvé l’élue. Cette pièce est l’occasion pour Germaine de Staël de moquer la conception « anglaise » de la femme, à travers un comique assez bien manié, mais dont le fond reste au fond sérieux et grave.

Les progrès et les dangers du socialisme d’État

Dans cet article de l’Économiste Français, publié en mars 1881, Paul Leroy-Beaulieu décrit quelques-unes des manifestations nouvelles du « socialisme d’État », qui tend ces dernières années à remplacer le socialisme utopique et révolutionnaire du milieu du siècle. Ce sont notamment le cortège dangereux de l’accroissement des dépenses, la réglementation des différents aspects de la vie, les privilèges, qui attirent son attention, et qu’il met en avant pour l’édification de ses lecteurs.

Chronique (Journal des économistes, octobre 1898)

Chaque mois, entre 1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison d’octobre 1898, les ennuis causés par la douane, le protectionnisme ouvrier en Algérie, les progrès du socialisme en Allemagne, et les causes de la grève parisienne.

Des mesures propres à développer les progrès de la colonisation en Algérie

En mars 1857, quand la question de la colonisation en Algérie est placée à l’ordre du jour de la Société d’économie politique, après être restée depuis plusieurs mois parmi les sujets proposés, des tensions se manifestent. Auteur de la question spéciale qui doit être discutée, un fervent colonialiste fait face à différentes sensibilités contraires, du scepticisme de Léonce de Lavergne à l’anti-colonialisme radical de Joseph Garnier. Comme ce sera le cas à d’autres occasions, le compte-rendu officiel de la réunion tâche toutefois d’adoucir les frictions ; il résume ou mentionne à peine des controverses importantes, et donne, malgré la vérité, l’apparence d’une discussion banale, sans grands remous.

Un nouveau mode d’empiétement de l’État sur les droits de l’individu. Les discussion de l’Académie de médecine sur la thérapeutique officielle et la médecine d’État

« Que l’administration prenne des précautions contre les choses, soit : elle est dans son rôle, pourvu qu’elle y montre une certaine retenue et de la circonspection. Qu’elle réglemente les établissements insalubres, les logements insalubres, qu’elle punisse la sophistication des denrées, qu’elle interdise la vente des articles manifestement nuisibles, nous l’admettons. Mais les personnes ne sont pas des choses. La personne humaine a droit au respect et à la liberté ; qu’on agisse sur l’homme par voie de persuasion, de propagande ; qu’on se fie au temps et à la raison. C’est un outrage à la raison humaine que de prétendre que l’obligation, c’est-à-dire la force, soit le seul moyen de répandre les bonnes habitudes et les bonnes mœurs. »

Chronique (Journal des économistes, juillet 1898)

Chaque mois, entre 1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de juillet 1898, le développement des dépenses publiques et de l’intervention de l’État à travers l’Europe et en Amérique du Sud, l’insurrection de Cuba, et l’exploitation des indigènes en Algérie et en Cochinchine.

Huit articles sur le libre-échange

Dans cette série d’articles sobrement intitulés « Le Libre-Échange », Ernest Martineau, en fidèle disciple de Frédéric Bastiat, combat l’un après l’autre les sophismes des protectionnistes et montre à quoi aboutissent leurs conceptions. Le protectionnisme, c’est l’injustice de la loi mise au service de l’intérêt particulier des producteurs, au dépens du bien-être des consommateurs. C’est aussi une immense et bien amère déception, car tous ces producteurs privilégiés étant eux aussi consommateurs, ils ne parviennent pas même à jouir du fruit de leur système de spoliation.