La liberté des théâtres et le droit des pauvres

Dans cet article de 1869, Gustave de Molinari poursuit, dans le Journal des économistes, sa défense engagée depuis 20 ans déjà pour la liberté des théâtres. Le régime de monopole désormais aboli, il reste, analyse-t-il, à détruire la censure, la fiscalité exceptionnelle, et les nombreux règlements qui pèsent encore gravement sur cette industrie des spectacles et qui en arrêtent le développement.

Les crises commerciales et la liberté des banques 

Dans cet article de 1848, Charles Coquelin sonne la charge contre le système de banque privilégiée, qu’il accuse de multiplier les crises. « Il trompe le commerce, écrit-il, en ne l’excitant aujourd’hui que pour l’abandonner demain ; il l’induit dans des opérations qu’il ne lui permet pas ensuite de soutenir, et, par là, il l’expose à d’incalculables pertes. » L’alternative, l’auteur la trouve dans la liberté des banques.

Militarisme et protectionnisme

Vingt ans avant la Première Guerre mondiale, Frédéric Passy, plus tard premier Prix Nobel de la paix, rend compte pour le Journal des économistes d’une récente réunion publique à Milan, où les orateurs ont attaqué le militarisme et le protectionnisme, et vanté la création d’une Union européenne, vectrice de paix.

La modestie du laissez-faire

La promotion d’un ordre naturel et de la non-intervention de l’autorité dans le fonctionnement des institutions sociales et économiques provient de la reconnaissance de la limite de notre raison et de l’incapacité qui est la nôtre de comprendre les phénomènes complexes de la coopération sociale et d’agir sur eux de manière à obtenir des résultats en phase avec nos intentions.

La science subventionnée par l’État

En septembre 1888, Gustave de Molinari propose à la Société d’économie politique une question légère, une « question d’été » : celle de savoir si les institutions scientifiques, littéraires et artistiques, fondées et subventionnées par l’État, sont favorables au progrès ou si elles lui font obstacles. Pour lui, l’affaire est claire : l’intervention de l’État fausse en ce domaine la concurrence des idées et entrave la marche en avant de la société. La majorité des membres de la Société d’économie politique, cependant, ne se retrouvent pas de son avis : quelques-uns, surtout, tels Léon Say, étant membres de l’Institut, n’admettent pas les critiques portées contre ce corps savant.

Le système de la participation aux bénéfices

En 1870, Paul Leroy-Beaulieu examine le système de la participation aux bénéfices, introduit depuis plusieurs décennies par quelques industriels précurseurs, et qui est défendu depuis peu comme une véritable panacée par certains réformateurs. Après un examen des faits, il conclut au scepticisme : la participation aux bénéfices est source de méprises et de déceptions, et elle n’a des chances de fonctionner un peu correctement que dans un nombre réduit d’industries, dont les circonstances sont propices. 

Deuxième mémoire (inédit) sur les corporations et la liberté du travail

En 1753, Vincent de Gournay avait composé un mémoire pour la Chambre de commerce de Lyon, offrant une critique vaste et profonde du système des corporations de métiers et réclamant l’établissement de la liberté du travail. La Chambre de commerce avait offert ses observations critiques en réponse. Un second mémoire avait alors été composé par Gournay, dont l’original français a été perdu : il existe cependant dans une traduction suédoise de 1756, laquelle nous permet aujourd’hui de publier, traduit en français le plus fidèlement possible, ce second mémoire resté inédit. Gournay y maintient sa défense de la liberté du travail et cherche quelles mesures douces et comme de compromis pourraient être acceptées et faire avancer la liberté du travail même par petits pas.

Réponse de la Chambre de commerce de Lyon au mémoire de M. Gournay du 24 février 1753

En février 1753, Vincent de Gournay avait communiqué à la Chambre de commerce de Lyon un mémoire offrant une critique d'ensemble, et particulièrement radicale, du système des corporations de métiers, aussi appelés communautés ou jurandes. La Chambre de commerce de Lyon prit naturellement le contrepied de son argumentaire libéral, dans la réponse qu'elle fit préparer. Les règlements, les liens, les servitudes que les corporations imposent à l'artisanat, au commerce et à l'industrie, ne sont pas pour elle des obstacles au progrès : ce sont ces règlements, ces liens, etc., qui garantissent la prospérité d'une ville comme Lyon. — À cette défense éhontée des règlements, Gournay prépara immédiatement une réponse, qui était restée inédite en Français jusqu'à aujourd'hui.

Premier mémoire sur les corporations et la liberté du travail, adressé à la Chambre de commerce de Lyon

Dans son premier mémoire sur les corporations de métiers, Gournay signale les abus sans nombre de ces institutions ultra-réglementaires. Il accuse leurs règlements de ralentir le progrès par la fixation des méthodes de travail, de proscrire l'ouvrier pauvre par des frais sans cesse plus élevés, ou encore de produire des conflits incessants entre les artisans d'une même matière, qui plaident pour s'exclure mutuellement et exercer plus sûrement leur monopole. Radical dans sa critique et son opposition aux corps de métiers, Gournay appelle de ses vœux — et prépare, par son argumentaire — l'avènement de la liberté du travail la plus complète possible.

Effets comparés du sacerdoce et de la liberté

Benjamin Constant a travaillé pendant quarante ans à un ouvrage sur l’histoire des religions, qui complète, sous de nombreux rapports, la doctrine libérale livrée par lui dans ses autres textes politiques. Pour permettre un premier accès à cet ouvrage monumental De la Religion, nous avons sélectionné ce deuxième extrait, tiré du cinquième volume, et qui résume en quelques paragraphes l’un des développements majeurs du livre, en comparant les effets néfastes du monopole des prêtres à l’épanouissement et au perfectionnement continuel de la religion sous un régime de liberté.

Des privilèges de diplôme et d’école

Dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle, la liberté du travail reste encore très incomplète ; la faute, notamment, à des barrières maintenues à l’entrée de certaines carrières, par différents diplômes et le passage préalable dans certaines écoles. Nul n’est avocat, médecin, militaire, etc., de son propre aveu, ou même en prouvant sa capacité : c’est la société mandarinale dénoncée par Jean-Gustave Courcelle-Seneuil.

Le socialisme d’État, par Léon Say

Dans cette conférence, donnée en novembre 1894, Léon Say évoque le développement dangereux du socialisme révolutionnaire et utopique, qui entend renverser les bases de la société et fonder les rapports des hommes entre eux sur un nouveau modèle. À côté de cette menace bruyante mais moins immédiatement dangereuse, à cause même de ses exagérations, il y a le socialisme d’État : c’est la doctrine des accommodements, de l’intervention modérée, et de ce qu’on nommera la sociale-démocratie. Pour Léon Say, cette dernière frange du socialisme est plus dangereuse encore : en brisant dans tous les domaines les ressorts de la liberté et de l’initiative individuelle, elle fait un mal immense, et au lieu de contenir les progrès du socialisme radical, comme elle y prétend, elle lui donne de l’aliment et le soutient, jusqu’à risquer de le rendre dominant.

De la liberté des professions médicales

En 1884, Arthur Mangin défend devant la Société d’économie politique une position audacieuse et controversée. Il soutient que les professions de médecin ou de pharmacien devraient pouvoir être exercées librement, sans diplôme officiel ni monopole. Si quelques-uns de ses collègues, comme Yves Guyot, se rangent à ses arguments, la plupart protestent devant ce qu’ils considèrent être une exagération et une impraticabilité.

À quoi ressemblerait une société communiste ?

En 1895, communistes et socialistes radicaux menacent par leurs percées électorales récurrentes de se rendre prochainement les maîtres du pouvoir politique dans l’un des principaux pays de l’Europe occidentale. Commentant la situation anglaise, Yves Guyot trace le tableau assez noir, mais rétrospectivement très vrai, de la société communiste que préparent ces agitateurs. Ce serait une égalité dans la misère, tempérée par quelques privilèges pour la classe dirigeante et ses sbires ; ce serait la léthargie, l’imprévoyance érigées en dogmes, dans le domaine du travail et des arts ; enfin ce serait la contrainte et la répression continuelle, la « dictature militaire », pour briser les désirs de liberté des citoyens récalcitrants. 

L’assurance obligatoire des ouvriers contre les infirmités et la vieillesse. Deuxième article (8 décembre 1888)

En 1888, Bismarck introduit en Allemagne un système d’assurance obligatoire contre les infirmités et des pensions de retraites. Ce dernier système, surtout, est plein de désillusions et de périls futurs, alerte Paul Leroy-Beaulieu. À la place des pensions de retraites fournies par les entreprises et les sociétés de prévoyance, l’État installera un système plein de déceptions et de travers financiers. L’engrenage est tellement à redouter dans ce domaine, que pour Leroy-Beaulieu, il vaut mieux que l’État s’abstienne tout à fait, et qu’il laisse fonctionner les retraites privées. 

L’assurance obligatoire des ouvriers contre les infirmités et la vieillesse. Premier article (1er décembre 1888)

En 1888, Bismarck introduit en Allemagne un système d’assurance obligatoire contre les infirmités et des pensions de retraites. Ce dernier système, surtout, est plein de désillusions et de périls futurs, alerte Paul Leroy-Beaulieu. À la place des pensions de retraites fournies par les entreprises et les sociétés de prévoyance, l’État installera un système plein de déceptions et de travers financiers. L’engrenage est tellement à redouter dans ce domaine, que pour Leroy-Beaulieu, il vaut mieux que l’État s’abstienne tout à fait, et qu’il laisse fonctionner les retraites privées. 

Pourquoi trente ans de monopole ? Observations sur le projet relatif à la Banque de France

En 1891, le renouvellement du privilège de la Banque de France est en débat. Adolphe Coste, spécialiste des questions monétaires, publie alors une courte brochure aux éditions Guillaumin, pour présenter ses propositions de réforme. Le renouvellement pour 30 ans, par exemple, le gêne. « Pourquoi s’enchaîner pour une si longue période, écrit-il, quand on ignore quelles seront les exigences de l’avenir, quand la question monétaire, la question douanière, la question du crédit agricole, la question des banques libres, la question des chèques et des compensations sont à peine posées et loin d’être résolues ? »

Les grèves en France et l’émigration des capitaux français

La France, explique Paul Leroy-Beaulieu dans cet article de septembre 1888, présente un cadre fort peu attractif pour les grands capitaux, dont l’industrie et le commerce modernes ont besoin. Outre les impositions et les vexations des administrations centrales et locales, il faut compter avec les grèves intempestives d’ouvriers dont des politiciens habiles font tourner la tête. Le résultat est de causer l’émigration des capitaux, de déstabiliser l’économie française, et de causer la ruine tout à la fois des patrons et des ouvriers.

Chronique (Journal des économistes, janvier 1884)

Chaque mois, entre  1881 et 1909, Gustave de Molinari a publié une chronique politique et économique dans le Journal des économistes, commentant l’actualité française et internationale sous un angle résolument libéral. Au programme notamment, dans cette livraison de janvier 1884, la colonisation par l’État et ses effets en Algérie et au Tonkin, le développement du protectionnisme en Europe et en Amérique, la concurrence des tribunaux, et la situation économique en Russie.

À qui revient le pouvoir de faire les lois ?

Pour répondre à la question de qui doit faire les lois, il est important de remarquer, rappelle Dupont de Nemours dans un écrit de 1789, que si on parle de lois contraires aux droits fondamentaux de l’homme, alors à proprement parler personne n’a le droit de les faire, et ce pouvoir ne peut être délégué à quiconque. « Dans l'origine des sociétés, écrit-il, les hommes ont eu des principes plus sûrs et des idées plus justes, que nous ne le croyons communément. Ils n'ont point dit LÉGISFAITEUR, ce qui aurait indiqué le pouvoir de faire arbitrairement des lois ; ils ont dit LÉGISLATEUR, porteur de loi, ce qui détermine que celui qui est chargé de cette fonction respectable, n'a d'autre droit que de prendre la loi dans le dépôt immense de la nature, de la justice et de la raison, où elle était toute faite, et de la porter, de l'élever, de la présenter au peuple. »