Avant-propos sur l’art de faire le vin rouge, par Dupont (de Nemours) ; Journal de l’agriculture, du commerce et des finances, septembre 1765.
L’art de faire le vin rouge, réduit en principes.
Le vin peut être regardé 1°. comme aliment, puisqu’il est la boisson habituelle de toutes les nations qui peuvent s’en procurer, 2°. comme une des principales sources du revenu des particuliers, et par conséquent des revenus publics ; 3°. comme un objet de commerce, tant extérieur qu’intérieur. En le considérant sous ces trois aspects, on sent combien il est essentiel que le vin ait de bonnes qualités.
Pour qu’il renferme toutes les qualités bienfaisantes, dont il est susceptible, il faut que les substances qui le composent soient tellement proportionnées entre elles que l’une ne prédomine point au préjudice de l’autre ; il faut qu’il n’ait pas les défauts qui le rendent aussi préjudiciable à la santé que désagréable au goût.
En admettant sur les saveurs les principes de M. Rai, hist. plant. lib. I, c. xxiv, p. 47, nous dirons qu’on ne peut mieux juger des facultés spécifiques des mixtes que par leurs saveurs. Or les saveurs de nos vins étant souvent très différentes d’une année à l’autre, il s’ensuit, selon ces mêmes princes, que leurs qualités sont aussi très opposées. On pourrait donc penser en conséquence qu’il y a autant de différence entre leurs vertus qu’il y en a entre leurs saveurs naturelles. Les habiles médecins ont démontré plus d’une fois, et l’expérience prouve mieux d’ailleurs que leurs raisonnements, que des vins d’une mauvaise qualité ont souvent occasionné des maladies épidémiques. La verdeur et la grossièreté du vin sont surtout des défauts très nuisibles à la santé, et deviennent la cause des crudités, des obstructions et d’autres maux dont on ignore quelquefois l’origine.
Tel est le résumé des principes que l’auteur de ce mémoire expose avec érudition, et d’une manière étendue dans le préambule de son ouvrage.
Cet auteur, qui paraît rempli d’amour pour l’humanité, et de vues dignes d’un vrai citoyen, a imaginé une nouvelle méthode pour faire le vin rouge. Il se flatte que par les moyens qu’il indique on pourra venir à bout, non seulement de corriger les défauts du vin, mais de donner encore de la qualité aux vins faibles : voici la méthode qu’il propose.
[….]
À toutes les règles que l’auteur vient d’établir, il ajouterait les autres combinaisons qu’il a imaginées dans la vue de donner encore plus de perfection à nos vins paillés et blancs ; mais il croit devoir commencer par faire lui-même l’expérience des moyens qu’il a imaginés : et il veut d’ailleurs s’assurer si son travail sera bien reçu du public.
Nous osons le lui faire espérer et nous invitons les amateurs d’agriculture à essayer la méthode qu’il propose. Nous les prions en même temps de vouloir bien nous faire part du calcul des dépenses qu’elle occasionnera et de l’augmentation qu’elle donnera à la valeur du vin.
Laisser un commentaire