La constitution américaine et ses amendements, par Joseph Chailley

En 1889, Joseph Chailley-Bert expose les grands principes de la constitution fédérale américaine, en ouverture d’une traduction de son texte et des amendements apportés. Cette constitution tant vantée n’est pas sans mérite, mais sa portée et son efficacité historique pour produire de la concorde et du progrès ne doivent pas être surestimées. Les peuples doivent à eux-mêmes, à leurs mœurs, la plus grande partie des succès qu’ils obtiennent, juge-t-il ; les institutions sont un cadre qu’on arrange, qu’on retravaille, et qui est toujours sous la dépendance de l’opinion publique.

Œuvres complètes de Gustave de Molinari (Volume 9)

Œuvres complètes de Gustave de Molinari, sous la direction de Mathieu Laine, avec le soutien de M. André de Molinari, et avec des notes et notices par Benoît Malbranque. — Volume 9 : En exil dans son propre pays (1852). Éloigné physiquement de la scène du libéralisme économique français, Gustave de Molinari poursuit sa collaboration aux grandes œuvres du mouvement : le Journal des économistes, et le nouveau Dictionnaire de l’économie politique. En Belgique, il ouvre un cours d’économie politique et prononce des conférences. La menace que Louis-Napoléon Bonaparte représente pour les libertés en France mais aussi en Belgique apparaît lancinante, et domine l’arrière-plan.

Laissons Faire, n°51, novembre 2022

Nouveau numéro de la revue Laissons Faire, de l'Institut Coppet. Au programme : (ÉTUDES) Louis-Paul Abeille (1719-1807), par Benoît Malbranque. (TEXTES) La Russie et les États-Unis au point de vue économique, par Gustave de Beaumont (1854). — L’amortissement de la dette est-il préférable à la réduction des impôts ? (Société d’économie politique, réunion du 5 janvier 1877). (RECENSION CRITIQUE) François Etner, Catholiques et économistes. Leurs controverses depuis la Révolution, Classiques Garnier, 2022.

Liberté et autorité

Pour Ambroise Clément, le maintien de la compression des libertés individuelles, et la vogue des théoriciens qui les soutiennent, s’explique avant tout par une méprise grave commise par l’immense majorité du public, et même nombre d’esprits soi-disant libéraux, sur le vrai sens de ces deux notions : liberté et autorité. Contre les timides et les modérés, A. Clément proclame ce qu’est le vrai sens de l’un et de l’autre, en s’appuyant sur les principes posés jadis par Charles Comte et Charles Dunoyer, et que les économistes libéraux du Journal des économistes paraissent encore les seuls à comprendre et à maintenir.

Rapport sur le concours relatif à la réforme de la législation sur la condition des étrangers, par Anselme Batbie

En 1885, la question de l’immigration n’est pas encore née en France. À l’Académie des sciences morales et politiques, Anselme Batbie — qui s’intéresse à ce sujet et qui participera bientôt à l’édification de la première grande législation sur les étrangers en France — est nommé rapporteur pour un concours organisé sur ce thème. Le concours lui-même fut peu fructueux : un seul mémoire fut reçu ; il fut jugé satisfaisant ; on lui donna le prix. Mais dans son rapport, Batbie illustre la vision positive que le libéralisme français conserve alors sur la question de l’immigration. Pour lui, l’immigration est une ressource qui ne doit pas être redoutée, et les lois qui l’encadrent doivent être accommodantes.

Défense de l’agiotage, par Alphonse Courtois

Sans cesse vilipendée, la spéculation, aussi connue sous le nom d’agiotage, ne trouva pas chez les économistes libéraux eux-mêmes de très nombreux défenseurs. Associée à un jeu, et enrichissant ses acteurs par autre chose qu’un effort productif, elle s’est vu critiquée tant par Jean-Baptiste Say que par ses principaux successeurs. En disciple de Bastiat, Alphonse Courtois relève le défi, en 1864, de défendre l’agiotage au double point de vue économique et moral.

Laissons Faire, n°50, octobre 2022

Nouveau numéro de la revue Laissons Faire, de l'Institut Coppet. Au programme : (ÉTUDES) Le libéralisme officiel à l’Académie des sciences morales et politiques, par Benoît Malbranque. (TEXTES) Du recrutement et de l’avancement des fonctionnaires publics, par Jean-Gustave Courcelle-Seneuil (1874). — Monopole des agents de change. Réglementation des professions d’avocat, de médecin, de professeur (Société d’économie politique, réunion du 5 juillet 1859). (RECENSION CRITIQUE) Léonard Burnand, Benjamin Constant, Perrin, 2022.

De la société conjugale (Partie 3 sur 3), par Louis Wolowski

Dans la suite de son étude sur la mariage et le divorce, Louis Wolowski étudie particulièrement les conditions de la répudiation des époux à l’époque de la Rome ancienne. Il souligne que l’immuabilité du mariage fut longtemps un dogme accepté, et que l’introduction du divorce fut fatal pour les mœurs et la stabilité de la société. Tout concourt, d’après lui, à prouver qu’une société libre doit être fondée sur des mariages irrévocables.

De la société conjugale (Partie 2 sur 3), par Louis Wolowski

Dans la première partie de son étude, dont nous avons donné précédemment la longue introduction, Louis Wolowski étudie la nature du mariage dans la société romaine. Il établit que sa définition y fut dans un premier temps très ferme, et que le relâchement des mœurs et des lois précipita ensuite la chute de la République. Cet exemple lui permet de documenter sa thèse générale, que le mariage indissoluble est la seule loi qui respecte à la fois la dignité de la femme et les nécessités d’une société civilisée. 

De la société conjugale (Partie 1 sur 3), par Louis Wolowski

Dans un long mémoire lu en 1846 à l’Académie des sciences morales et politiques, Louis Wolowski défend l’indissolubilité du mariage contre les partisans de la liberté du divorce. Dans les sociétés primitives, dit-il, la femme est assujettie ; peu à peu elle s’est émancipée et a obtenu des droits et des protections. « Le terme suprême du progrès », écrit-il, « c’est la perpétuité du lien conjugal, seul d’accord avec la dignité de la femme, le bon ordre de la famille et l’intérêt social ».

Laissons Faire, n°49, septembre 2022

Nouveau numéro de la revue Laissons Faire, de l'Institut Coppet. Au programme : (ÉTUDES) Introduction aux lettres inédites de Frédéric Bastiat, par Benoît Malbranque. (TEXTES) Table complète des chroniques de Gustave de Molinari dans le Journal des économistes (octobre 1881 – octobre 1909). — La protection de l’enfance, par Yves Guyot (1894). — Administration et public, par Frédéric Passy (1895). (RECENSION CRITIQUE) Claude Jolly, Cabanis. L’idéologie physiologique, Vrin, 2021.

Le risque professionnel et les lois de prévoyance sociale, par Léon Say

En 1895, au milieu des discussions législatives au Sénat et à l’Assemblée nationale à propos d’une loi sur les responsabilité des accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail, Léon Say rappelle dans le Journal des Débats la nature de sa position. Il est avant tout fortement opposé au régime allemand de l’assurance obligatoire par l’État, qui a produit des résultats piteux, mais qu’on songe à introduire en France. Parmi ceux qui s’opposent au régime allemand, Léon Say se trouve encore en minorité — « fort isolé », dit-il — parce qu’il n’accepte pas non plus le principe de l’assurance obligatoire.

Laissons Faire, n°48, août 2022

Au programme de ce nouveau numéro : Nouveau numéro de la revue Laissons Faire, de l'Institut Coppet. Au programme : (ÉTUDES) Edmond About, par Benoît Malbranque. (TEXTES) L’abstention électorale, par Yves Guyot (1895). — Statistique des avortements, des viols et des infanticides, par Paul Leroy-Beaulieu (1879). — Le régime civilisateur de l’Indo-Chine, par Gustave de Molinari (1901). (RECENSION CRITIQUES) Œuvres complètes de Benjamin Constant, vol. XVII à XXI. De la Religion, t. I à V (2013-2021).

Théâtres et cafés, par Edmond About (1872)

Dans le journal Le XIXe siècle, Edmond About critique Gustave de Molinari qui, dans le Journal des débats, vint de défendre les cafés-concerts et cafés-chantants, au nom de sa bien-aimée liberté des théâtres. Pour About, Molinari a mal choisi sa cause : ces cafés qui offrent du théâtre au mépris du droit d’auteur et des règlements que respectent tous les autres établissements libres, font un métier décidément illégal. La loi, après après écarté le privilège et établi la liberté dans l’industrie des théâtres, ne doit pas dégénérer en licence, et les règlements qu’on lui a donné doivent être respectés partout.

La colonisation, par Edmond About

Un mois avant sa mort, Edmond About prend la parole devant la Société française de colonisation, dont il est devenu le président. On sait que depuis la défaite française de 1870, About croit trouver dans les colonies le moyen pour la France de regagner une influence et de continuer à compter dans le monde. Ici, il évoque l’utilité des colonies pour l’absorption d’une partie des malheureux des grandes villes, que l’hiver glace, et qui peinent à trouver logement et nourriture. Ils feraient d’admirables colons, si l’initiative privée et l’État au besoin les aidaient dans leur transport aux colonies. 

Le Code civil et la question ouvrière

En 1886, une discussion s’engage à l’Académie des sciences morales et politiques sur le contrat de travail et la législation qui l’encadre. Pour Paul Leroy-Beaulieu, l’un des intervenants, la loi n’a plus grand’chose à faire dans la question : à part la question spéciale des femmes, dont la liberté du travail est incomplète, et qui ne jouissent pas comme elles devraient de la libre disposition du salaire, le législateur aurait tort d’intervenir dans les rapports entre employés et employeurs. Même pour le cas des accidents du travail, alors largement débattu, on devrait recourir d’abord à l’assurance libre, et ne pas postuler d’emblée qu’une loi générale est nécessaire.

La politique douanière des États-Unis et la viticulture française

En 1894, après avoir jadis été un modèle et un exemple de protectionnisme, les États-Unis se préparent, sous la présidence Cleveland, à renouer avec une politique de libre-échange comme en Angleterre. Pour Léon Say, c’est l’occasion pour la France de suivre le mouvement. Il fait aussi mention de la question particulière des vins, dont les producteurs français espèrent un dégrèvement aux États-Unis, suivant la nouvelle politique américaine.

L’initiative individuelle et les accidents du travail, par Léon Say

En 1894, les congrès spécialisés et les discussions dans les assemblées politiques se multiplient pour traiter la question des accidents du travail. Léon Say explique dans cette conférence que les réformes introduites en Allemagne, au lieu d’apaiser les rapports entre ouvriers et patrons, n’ont fait au contraire qu’envenimer la situation. Pour lui, il ne fait aucun doute que la solution étatiste est à rejeter. « Moi, dit-il, je me cantonne sur le terrain de la liberté : liberté du travail, liberté commerciale ».