Les ateliers de misère, par Marian Eabrasu

IEM-cover - frontChaque année, l’Institut économique Molinari organise, avec le soutien de 24h Gold, l’Université d’automne en économie autrichienne, rassemblant les spécialistes français de l’école autrichienne pour discuter de quelques-uns des grands sujets de notre temps, selon le prisme d’auteurs comme Ludwig von Mises, Friedrich Hayek ou Murray Rothbard. L’édition 2014, dont l’ensemble des conférences a été édité par l’Institut Coppet, portait sur la pauvreté. Dans sa conférence, Marian Eabrasu se fait l’avocat des ateliers de misère (sweatshops), habituellement diabolisés dans un procès uniquement à charge.  Il souligne que  « la plupart des critiques à l’égard des ateliers de misère sont naïves et biaisées, elles sont bourrées de préjugés, de préjugés essentiellement occidentaux, et sont très peu attentifs au contexte de vie des personnes concernées. » Les choses, en effet, ne sont pas aussi simples qu’on le voudrait, et les législations qui freinent le travail des ateliers de misère pénalise souvent les populations qu’il croit aider. B.M.


Les ateliers de misère

par Marian Eabrasu

Bonjour à tous, mesdemoiselles, mesdames, messieurs, je suis ravi de vous revoir. Aujourd’hui, ma conférence va porter sur les ateliers de misère. C’est un sujet qui soulève beaucoup d’émotion en général, et qu’il est très difficile d’aborder. En général, je trouve qu’il y a certains sujets qui de toute manière sont difficiles à aborder, si on ne fait pas partie de la catégorie de ceux concernés : par exemple il est difficile de parler d’immigration si on n’est pas immigré, très difficile de parler du genre si on n’est pas femme, et très difficile de parler de la pauvreté si on n’est pas pauvre.

Alors je vais essayer de parler de la pauvreté, d’autant que j’ai été pauvre. C’est une de mes compétences. Non pas que désormais je sois riche, mais j’ai été très pauvre.

Donc c’est un sujet qui soulève beaucoup d’émotion, comme je l’ai dit. Plus particulièrement aujourd’hui je vais parler des ateliers de misère, ce qu’on appelle en anglais les sweatshops. Je fais souvent des cours en anglais et j’ai toujours un étudiant qui demande à la fin : Monsieur, je n’ai pas compris le rapport avec les bonbons : sweetshop, sweatshop. Alors je dis non non, pas sweet, sweat, transpiration. La traduction française de ce concept là c’est les ateliers de misère, et on parle des conditions de travail particulièrement difficiles et pénibles.

Aujourd’hui, ce que je vais essayer de faire, c’est une présentation des différentes approches, de ceux qui sont pour et de ceux qui sont contre, pour vous fournir les raisons. Et surtout, décortiquer un peu ce que c’est que les ateliers de misère, et de quoi parle-t-on exactement, parce que cette émotion est soulevée souvent et les gens discutent en contradictoire mais ne parlent pas toujours de la même chose. Je vais vous expliquer de quoi on parle habituellement. Et puis, dans la dernière partie, je vais entreprendre un peu une analyse socio-économique en m’appuyant bien sûr sur les enseignements de l’école autrichienne, avec l’objectif de mettre ces questions-là sous une lumière différente.

La plupart des gens, quand on parle des ateliers de misère, sont en général contre. Vous avez des t-shirts qui disent : « ce t-shirt n’est pas produit dans un atelier de misère », ou « contre les sweatshop », mais vous avez aussi des gens qui sont pour les sweatshops, et qui considèrent que le problème n’est pas d’avoir des ateliers de misère, mais que le problème c’est de ne pas en avoir beaucoup.

Qui sont ceux qui sont contre ? Habituellement, ceux qui sont contre ce sont des organismes non-gouvernementaux, ce sont des militants. Vous avez aux États-Unis une grande organisation qui s’ap-pelle Students against Sweatshops. Vous avez aussi dans l’industrie textile beaucoup de militants qui mettent des labels sur certains vêtements qui n’ont pas été produits dans des ateliers de misère. Vous avez d’autres organisations de ce type là. Puis vous avez des gens comme Michael Moore qui fait des documentaires, des films, qui va interroger le directeur de Nike, en lui expliquant que les chaussures Nike sont produites par des gens très pauvres, et que cela est très malheureux, et que le directeur devrait changer — donc un discours très moralisateur. Et vous avez également dans les Universités des professeurs qui publient des articles pour critiquer les ateliers de misère.

Mais vous avez aussi les défenseurs des ateliers de misère. Vous avez notamment aux Etats-Unis un auteur qui s’appelle Powell qui publie énormément dans ce domaine, il publie énormément de livres, on le voit ici : Benjamin Powell, Out of poverty, c’est un de ses derniers livres. Et vous avez un éditorialiste du New York Times, vous avez même beaucoup de journalistes du New York Times qui sont en faveur des ateliers de misère, et si vous voulez apprendre beaucoup de choses sur les ateliers de misère, le New York Times c’est le journal dans lequel on apprend des choses. Il y a beaucoup d’histoires, beaucoup d’exemples concrets, notamment par le prix Pulitzer Nicholas Kristof, qui lui-même pense être le seul — il le dit : « I’m the only one in America who favors sweatshops ». Évidemment il n’est pas le seul, comme je le disais : Benjamin Powell, et puis beaucoup d’économistes, dont des économistes pas tout à fait autrichiens comme Paul Krugman. Krugman a écrit quelques éditoriaux en faveur des ateliers de misère, mais il a été pas mal critiqué et il a réagi en nuançant un peu ses propos, et en disant que oui, d’accord, il est pour les ateliers de misère, mais à condition qu’ils soient dans de bonnes conditions. Donc il est d’accord avec les ateliers de misère, mais avec pas trop de misère quand même. Du coup, il nuance un peu ses propos, mais en général, on a tendance à dire que les militants sont contre, et que les économistes sont pour : on dit ça pour simplifier, pour caractériser la situation.

Le véritable problème, c’est que l’on ne sait pas de quoi l’on parle. Les ateliers de misère, mais la misère à quel point, et la misère de qui, et dans quel contexte ? Moi j’ai identifié trois paramètres qui nous permettent de distinguer un atelier de misère d’un atelier tout court. Le premier élément, c’est le travail forcé. Le deuxième élément, c’est le travail des enfants, et le troisième élément, c’est ce que l’on pourrait appeler un travail pénible ou à faible rémunération, comme dix heures de travail par jour sept jours par semaine.

Pour ce qui est du travail forcé, il est très intéressant de voir que finalement, quand on parle du travail forcé, ce ne sont pas les entreprises privées qui sont le plus grand employeur de travail forcé, mais que c’est finalement l’État. Et d’ailleurs, dans les textes de loi, dans les organisations internationales, c’est bien spécifié : à condition que l’État soit démocratique. Si on vit dans un État démocratique, on peut excuser certaines pratiques comme le travail dans des prisons ou comme service militaire. Mais dans l’histoire, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, il y avait beaucoup de travail forcé géré par l’État. Et puis après la Seconde Guerre mondiale, dans les pays du bloc communiste, au sens large, vous avez beaucoup de camps de travail, où les gens étaient obligés de produire et de travailler dans des conditions extrêmement difficiles et même étaient tués et exécutés quand ils n’accomplissaient pas leurs tâches. Aujourd’hui, en Chine, il y a un grand tabou sur les laogai, ce sont les camps de concentration, qui produisent des choses qu’on peut acheter et consommer aujourd’hui. Ces gens là sont obligés de travailler, ils ne peuvent pas quitter leurs usines, donc c’est un véritable travail forcé. Mais ce ne sont pas des entreprises privées, c’est l’État chinois lui-même qui organise ce type de travail. Et à cet égard il est difficile de trouver quelqu’un qui défende ce genre de pratique, que ce soit sur le plan moral ou pratique. Mais aussi dans l’économie privée, vous avez des entreprises privées qui enferment des gens et les forcent à travailler, sous peine de violences ou d’exécutions, et ainsi de suite.

Au mois de septembre, quand j’ai commencé à préparer cette conférence, je me suis amusé, enfin je me suis pas amusé, mais j’ai cherché dans Google, en tapant dans les quelques langues que je connais les mots « travail forcé », et vous avez beaucoup d’exemple, que ce soit en anglais ou en français, ou en italien. J’ai trouvé notamment un exemple en Italie, dans les Pouilles, de récolteurs de tomates. C’était des gens qui deviennent prisonniers et qui surtout ne peuvent pas partir : ils en sont empêchés par des armes, ils travaillent sous la force des armes. En Italie, pour cueillir des tomates, ou en Espagne pour cueillir des fraises, il y a du travail forcé, et c’est là bien plus que des ateliers de misère. Et on trouvera peu de gens, ou en tout cas moi je ne connais personne qui pourrait défendre ce genre de pratique, quelque soit le plan, moral ou économique.

Ici on parle vraiment du travail forcé et des armes.

Ensuite on a le travail des enfants. Le travail des enfants c’est un autre sujet, extrêmement délicat et compliqué. Il est extrêmement difficile de trancher là-dessus. Aujourd’hui, la règlementation internationale tâche d’encadrer le travail des enfants, et en général on commence à donner le droit aux enfants de travailler à partir de 14 ans, et avec quelques exceptions pour les pays en voie de développement, tout en sachant qu’en Occident, le travail des enfants a été beaucoup moins encadré jusqu’à la Seconde Guerre mondiale qu’il ne l’est aujourd’hui dans ceux en voie de développement. Aux États-Unis il faut attendre 1938, avec Roosevelt, si je ne m’abuse, pour avoir la première loi contre le travail des enfants. La loi concerne les enfants de moins de 12 ans, et avec exception pour l’agriculture. Donc vous avez toujours aux États-Unis des enfants qui travaillent dans les champs, même entre les deux guerres. En France vous aviez une législation qui était en théorie plus sévère, dès la révolution industrielle au XIXe siècle, mais qui n’a jamais véritablement fonctionné, et qui avait beaucoup d’exceptions. Vous trouvez toujours des enfants en France qui travaillaient entre les deux guerres mondiales.

Donc aujourd’hui les règles semblent strictes, mais comme dans la France de l’époque, il y a des règles mais elles ne sont apparemment pas respectées, parce que quand vous observez les statistiques, vous vous rendez compte qu’il y a des pays où plus de 30% des enfants entre 5 et 14 ans travaillent. Sans surprise ce sont les pays les plus pauvres. C’est l’Afrique centrale, et certains pays de l’Asie du sud est, le Bangladesh, l’Inde.

Ceci étant dit, un troisième élément que je voulais mettre en évidence, c’est le travail pénible ou la faible rémunération. Alors ça, c’est la plus grande source de confusion sur les ateliers de misère. Sur le travail forcé, la plupart des gens peuvent se mettre d’accord sur le fait qu’il n’y a pas de débat, c’est inacceptable, moralement surtout. Sur le travail des enfants, les choses peuvent être discutables, selon la pénibilité de la tâche, selon l’encadrement des parents, et ainsi de suite. Ici, en ce qui concerne le travail pénible, on a la plus grande confusion. En réalité, les critiques sur les ateliers de misère se réfèrent à ça, elles se réfèrent au travail pénible. Vous avez ce que l’on appelle en anglais les Trade of Last Resort, et un grand — entre guillemets — philosophe américain, Michaël Walzer, qui a écrit ce bouquin et qui a développé ce concept dans ce bouquin, et qui consiste à dire que si on est pauvre, on n’a pas véritablement le choix, et du coup, faire des échanges désespérés ce n’est pas vraiment des échanges, et du coup les ateliers de misère devraient être fermés. C’est un peu ça la logique. Vous avez un concept qui va avec et qui est la « dépendance à un salaire », c’est-à-dire le fait d’être dépendant de quelque chose. Et bien sûr en disant que ça aussi c’est moralement inacceptable, le fait d’être dépendant de quelque chose.

Alors je pense qu’ici il y a plusieurs confusions. Une première, qui est très importante, qui consiste à confondre la liberté avec la nécessité. Ce n’est pas parce que j’ai un mur et que je ne peux pas sauter au dessus que je ne suis pas libre. Si on met cette définition de la liberté, si on parle en termes de nécessité, à ce moment là, dans beaucoup de situations, dans beaucoup de circonstances, on aurait du mal à faire la distinction entre ce qui est bien et ce qui est mal, si on bascule sur le plan moral. Mais le problème de cette définition surtout, c’est qu’elle ouvre une boite de Pandore. Si on commence à dire que le travail pénible n’est pas acceptable parce que les échanges ne sont pas de véritables échanges, dans ce cas là on aura du mal à mettre de véritables limites, et de dire à partir de quand le travail devient pénible. Cela devient très arbitraire, et c’est source de confusions. Donc si l’on veut éviter ce genre de confusions, il n’y a rien d’autre à faire qu’à utiliser une limite qui est assez objectivement contrôlable, et qui est la violence, la force, comme je le disais. Dès lors qu’on sort du cadre de la violence, de l’empêchement forcé, tout devient flou, il est très difficile de parler de quoi que ce soit, et c’est le cas aujourd’hui.

Donc ça c’était pour ce qui est des conditions dans lesquelles on peut parler des ateliers de misère. Et il y a une dernière chose, c’est que quand on lit les journaux, et même les livres, on s’aperçoit que la plus grande critique des ateliers de misère, comme cette grande usine qui emploie plus d’un millier de personnes, qui est Foxconn, une entreprise taïwanaise qui a plusieurs sites en Chine, qui est un sous-traitant d’Apple et de plusieurs entreprises européennes, qui assemblent des produits, iPod, iPad, etc. Et on dit, un véritable problème avec cela, c’est que les gens qui travaillent pour Foxconn, donc pour Apple en dernier ressort, ne peuvent pas eux-mêmes se payer un iPod, un iPad, etc. Mais ça c’est un argument extrêmement fallacieux : est-ce que l’on demande aux salariés d’Alstom s’ils peuvent se payer un train, est-ce que l’on demande aux salariés de Boeing s’ils peuvent se payer un avion ? Non, on ne leur demande pas, et la logique de l’emploi en économie c’est précisément de diviser les tâches, de choisir ce que l’on veut comme travail et d’être rémunéré selon ses propres souhaits, ainsi de suite. Ce n’est pas de s’acheter le produit que l’on fabrique. Si on pouvait s’acheter le produit que l’on fabrique, quel serait l’intérêt d’échanger, autant vaudrait mieux vivre en autarcie et faire uniquement ce que l’on peut consommer soi-même. Cela n’a pas de sens comme argument. Et par ailleurs, moi-même je ne suis pas sûr de pouvoir me payer un iPhone, et beaucoup de gens aussi. Il ne faut pas spécialement vivre avec un dollar par jour pour ne pas pouvoir se payer un iPhone, et d’ailleurs pouvoir s’acheter un iPhone ce n’est pas un objectif dans la vie, ce n’est pas que si l’on peut s’acheter un iPhone après on n’a plus besoin de rien. Si l’on donnait un iPhone à chaque employé de Foxconn, je ne pense pas que cela améliorerait beaucoup leurs conditions de vie.

Je voulais un peu plus insister sur une analyse socio-économique parce que la manière dont les ateliers de misère sont traités habituellement est insatisfaisante, notamment parce qu’on pose de très mauvaises questions.

Par exemple, si on part des fondements de l’économie autrichienne, ceux que j’ai enseignés dans l’autre cycle pas plus tard qu’il y a quelques heures, sur la préférence démontrée, l’économie autrichienne peut nous éclairer assez facilement sur la question des ateliers de misère. Donc reprenons Foxconn, une grande entreprise. Imaginez la taille d’une entreprise qui embauche un millier de personnes, c’est simplement énorme, et dans la presse, entre 2000 et 2010, il y a eu beaucoup de cas de suicides. Beaucoup d’employés se sont défenestrés. Et pour pallier à ce problème là, ils ont installé des filets de sauvetage, du coup quand on saute on atterrit sur des filets, on ne tombe plus sur le pavé. Cela a soulevé le tolet parce qu’on a dit que ce n’était pas la solution d’installer comme ça des filets de sauvetage. Ensuite, on décrivait les conditions de travail comme étant extrêmement pénibles, de longues heures, sous une cadence infernale. C’est certainement vrai, personnellement je n’y suis pas allé donc je n’ai pas à commenté cela, je me réfère simplement à ces sources de deuxième degré. Mais ça c’est ce qu’on voit, mais ce qu’on ne voit pas — ou plutôt ce que l’on voit et que l’on ne dit pas — c’est que dès lors qu’il y a de nouvelles commandes — là on parle des nouveaux iPad mini — on voit des files d’attente interminables devant l’usine, de gens qui souhaitent travailler. Ils démontrent leur préférence pour ce travail là. En toute logique, si quelqu’un souhaite travailler dans des conditions extrêmement pénibles, c’est forcément que les alternatives sont encore pires. Ces gens qui se suicident vivent dans des conditions très difficiles, mais il faudrait voir aussi les files d’attente et voir d’où ces personnes-là viennent. Et quand on regarde les différents blogs de touristes qui voyagent à travers le monde et qui font des photos de la campagne en Chine, la situation n’est pas gaie. J’ai relevé quelques photos que j’ai trouvé sur des blogs de voyage, on retrouve des enfants dans des champs qui travaillent, on retrouve des personnes qui portent des poids très importants, et ce sont ces personnes de la Chine rurale qui se dirigent vers les grands centres urbains et qui espèrent de meilleures conditions de vie, toutes choses étant égales par ailleurs, donc pas de meilleures conditions de vie par rapport à nous, mais par rapport à leurs conditions de vie.

Si on reprend toujours le même exemple de Foxconn, les salaires, il est assez difficile d’avoir une échelle des salaires, d’une part parce que ce n’est pas très transparent, et d’autre part parce que cela varie d’un site à un autre. Ils ont des sites où les gens sont plus pauvres, alors les salaires sont plus bas, et d’autres où les gens sont plus riches, et les salaires sont plus élevés. On peut prendre le cas du site où les salaires sont le plus élevés : on constate une augmentation sensible des salaires entre 2008 et 2013. Ici c’est le salaire mensuel, qui peut paraître très faible et qui est en effet très faible : 528€. C’est ce que j’ai pu relever. Mais en même temps, quand on lit des statistiques officielles du gouvernement chinois, on peut se douter que la réalité est encore pire. Le ratio entre la campagne et la ville en Chine semble être de trois. Donc on gagne trois fois plus dans les villes chinoises qu’à la campagne. Et puis même en ville, le salaire moyen en ville dépasse les 20 000 yuans, donc c’est vraiment pas beaucoup, et on s’aperçoit que non seulement Foxconn paye mieux qu’à la campagne, mais il paye même mieux que dans d’autres entreprises de la ville, et ce n’est pas un hasard qu’il y ait des files d’attente chez Foxconn à chaque fois qu’il y a un nouveau projet.

Si les choses se passent comme cela, comment se fait-il que les ateliers de misère reçoivent toujours une très mauvaise presse ? Simplement parce que je pense qu’on pose une très mauvaise question, et c’est ça la clé finalement de la compréhension des ateliers de misère. Quelle est cette mauvaise question que l’on pose ? Si vous lisez la plupart des études là-dessus, vous allez vous apercevoir que la question que l’on pose c’est : aimeriez-vous avoir de meilleures conditions de travail ? Si quelqu’un me pose à moi cette question là je vais dire, bah oui, j’aimerais avoir de meilleures conditions de travail. Je donne des cours, par exemple cette semaine, 6 heures par jour debout, donc j’aimerais être assis, ou travailler 3 heures au lieu de 6. Si j’aimerais être rémunéré plus ? Bien sûr j’aimerais être rémunéré plus. C’est une mauvaise question, parce que tout le monde va répondre oui à cette question. Je ne connais pas la personne qui dira je ne veux pas gagner plus ou travailler dans de meilleures conditions. C’est le souhait de tout le monde.

La véritable question qu’il faudrait poser si l’on veut être raisonnable c’est : pourrait-on obtenir un travail dans de meilleures conditions ? Et cette question là est beaucoup plus délicate. Quand on dit que les gens à Foxconn gagnent 500€, et du coup on pense que gagner 1000, 2000, 3000, et donc 500 ce n’est vraiment pas beaucoup, oui, mais le travail que nous exécutons n’est peut-être pas accessible aux personnes concernées. C’est d’ailleurs ces mêmes personnes qui ont un grief contre l’immigration, et qui ne seront pas forcément contents de donner des permis de travail à ces gens. Donc il y a une ambiguïté qu’il faudrait tirer au clair pour ces personnes qui sont contre les ateliers de misère.

Il y a quand même des statistiques et des études de terrain que j’ai lu et qui posent quand même la bonne question. Ce sont des études comme la première en 2002 en Thaïlande, qui relève le fait que quand on pose la question « est-ce que vous pensez pouvoir obtenir un meilleur travail ? », les gens vont dire non, je suis là parce que je ne peux pas obtenir un meilleur travail. « Êtes-vous content, toute chose étant égale par ailleurs, par rapport à ce que vous pourriez obtenir ? », et bien vous avez des statistiques très impressionnantes : 80% voire 90% des personnes se montrent satisfaites, et disent, non, si je voulais travailler mieux, quand je regarde la télé et que je vois des films occidentaux, je sais que je ne pourrais pas obtenir mieux ici, en tout cas pas tout de suite. Et nous avons donc une première étude en Thaïlande, une deuxième étude sur le Vietnam, et une troisième étude sur l’Indonésie, dans laquelle on a interrogé énormément de femmes qui travaillent pour quelques dollars par jour et qui se montrent très contentes de pouvoir épargner et envoyer des sous à leur famille et gagner au niveau de leur statut social, devenir indépendantes, et ainsi de suite.

Du coup, quand on pose la bonne question, on obtient des réponses qui sont tout à fait différentes. Et il n’est plus aussi facile de se montrer contre les ateliers de misère.

Il y a un autre exemple encore que j’ai repris du New York Times, pour illustrer et appuyer ce que j’ai dit sur un autre continent. Vous avez un organisme de grands producteurs de textile en Afrique du Sud, qui depuis 2000 se mobilise pour interdire les petits, ceux qui travaillent à bas coût et ce qui paient de bas salaires. Ainsi ils ont instauré un salaire minimum par semaine en Afrique du Sud, qui est de 57$ la semaine, et que les petits producteurs ne peuvent tout simplement pas payer. Et c’est très intéressant parce que vous avez un rapport d’un think tank local, en Afrique du Sud, et quand on lit ce rapport on comprend la peine de ces petits producteurs et surtout de ces travailleurs. C’est très intéressant ce cas de l’Afrique du Sud parce qu’il y a eu énormément de grèves et de révoltes contre le salaire minimum. Donc des gens qui ont compris que le salaire minimum, qui est au-dessus de ce que leur employeur pourrait leur payer, va les mettre à la rue. Et à la rue ça voudrait dire des conditions pires que le salaire payé par leur employeur. Ce rapport fait état de 16 000 employés dans 450 entreprises qui se retrouvent à la rue suite à cette nouvelle loi. Et vous avez des articles dans le New York Times, de Celia W. Dugger, c’est une journaliste, qui raconte des histoires. C’est l’histoire d’une dame, c’est un cas concret qu’elle relève. Cette dame était payée 36$ par semaine alors que le salaire minimum était de 57$, comme je viens de le dire, et elle a été licenciée, parce que cette loi qui a été mise en place en 2000 a été vraiment mise en action en 2010 ; du coup depuis 2010 cette personne là se retrouvait à devoir chercher un autre emploi. Et ainsi elle a un autre emploi, elle a repris son emploi précédent, et son emploi précédent lui rapporte 14$ par mois, pour ses 5 enfants qu’elle doit garder. Alors ce qui se passe c’est qu’elle travaille de 6h du matin jusqu’à 18h, ce qui lui fait 12h de travail contre 8h ou 10h qu’elle avait avant, et ça lui fait un salaire deux fois inférieur à ce qu’elle avait avant. Et elle fait partie des personnes qui ont protesté à l’instauration du salaire minimum et à la fermeture, du coup, de sa propre usine.

Ceci est un exemple, mais si vous lisez le New York Times, vous allez en retrouver d’autres.

On parle d’Afrique du Sud, on parle de Chine, mais en réalité c’est aussi en Union Européenne que ça se passe. L’exemple que j’ai soulevé ici se passe en ce moment même en Pologne. Vous avez Amazon qui a des usines en Allemagne et qui se retrouve sous la pression des syndicats pour augmenter les salaires, qui est actuellement à 10€ de l’heure, à côté de Leipzig. Ils ont donc décidé de construire des usines en Pologne, où le salaire serait de 3€ de l’heure. C’est à 2h ou 3h de l’endroit où ils sont actuellement, donc pour eux ça ne change pas grand-chose. Sauf que le salaire il est beaucoup plus faible et donc ils pourront poursuivre leurs affaires plus facilement. Et il y a eu tout un tollé, si vous lisez les journaux français mais même aussi polonais, il y a eu tout un tollé contre cette délocalisation, en disant : ce sont des salaires de misère, ou même ce titre : « nous sommes les chinois de l’Europe ». Et il y a deux ou trois semaines, qu’est-ce qu’on apprend en lisant Courrier International, on apprend que tout le monde veut travailler chez Amazon. Dans les usines de Poznan, les autres employeurs se plaignent de ne plus avoir de la main d’œuvre parce que plus personne ne veut venir chez eux, parce qu’eux payent 1€ ou 2€ par heure, alors que les autres payent 3€, donc en toute logique personne ne voudrait travailler pour eux. Donc c’est un autre exemple, ici en Union Européenne, ce n’est pas très loin de chez nous, il n’y a pas besoin d’aller en Afrique du Sud ou en Asie.

Mais la question mentionnée précédemment débouche sur une autre question, qui est encore plus intéressante : qu’est-ce qui se passe si on ferme les ateliers de misère ? Et ceci en est un exemple. Cela ne ferait qu’empirer les conditions.

Et il y a un autre exemple, qui est l’exemple qui est le plus souvent cité. C’est une tentative de boycotter les usines où travaillent des enfants. C’est un sénateur démocrate de l’Iowa qui essaie depuis 1993 jusqu’à aujourd’hui d’introduire une loi qui boycotterait les importations des produits réalisés dans des ateliers de misère, notamment au Bangladesh, fait par des enfants. Il y a un cas de figure très intéressant parce qu’en 1993, quand la première proposition a été faite, une entreprise a tout de suite licencié ses 50 000 enfants pour les remplacer par des adultes, pour s’assurer de la continuité des exportations vers les États-Unis. Finalement, rien de tel n’est advenu, mais il y a quand même un autre rapport de l’UNICEF. Quelques années plus tard ils sont allés voir où ces enfants sont allés, et bien, devinez quoi, sans surprise d’ailleurs, ces enfants ne sont pas allés à l’école, contrairement à ce que tous les détracteurs des ateliers de misère souhaitaient, ces enfants ne sont pas allés à l’école, ils se sont retrouvés dans des conditions pires que les ateliers de misère, ils se sont retrouvés dans la prostitution, ils se sont retrouvés dans des mines, et à travailler dans la rue. Donc c’est ça en fait qui se passe si on ferme les ateliers de misère.

Un point supplémentaire si on poursuit cette réflexion, on peut aussi réfléchir à l’apport des ateliers de misère dans le développement économique. Plusieurs statistiques nous permettent de montrer dans quel endroit du monde la pauvreté a plus ou moins augmenté, et on s’aperçoit que c’est en Afrique subsaharienne que la pauvreté a stagné voire un peu augmenté, alors qu’en Asie du sud est elle est tombée en flèche. Et vous avez plusieurs études dans plusieurs journaux, pas forcément par des économistes autrichiens, qui travaillent avec des statistiques qui valent ce qu’elles valent, mais qui nous donnent des indices. Il est très intéressant de comparer avec le cas de l’Asie du sud-est deux cas de figure. Parce que si vous réfléchissez, où étaient les ateliers de misère dans les années 1960, si aujourd’hui on parle de Bangladesh, de l’Inde, de la Chine, mais si on devait réfléchir dans les années 1960, eh bien ces ateliers de misère étaient à Singapour, à Hong Kong, au Japon, en Corée du Sud. C’était là où l’on produisait des textiles et, par la suite, à partir des années 1980, de l’électronique pas cher. Eh bien c’est très intéressant parce que juste après la guerre, dans les années 1940, ces pays-là avaient un développement économique et des revenus à peu près semblables, mais si on avance, au fur et à mesure, on constate qu’il y a une augmentation de la richesse dans ces quatre pays, si on les compare avec les trois autres, Bangladesh, Inde, et Sri Lanka. Et vous savez, en termes de législation, c’est le Sri Lanka, c’est l’Inde, qui avaient des législations encore plus fortes contre le travail des enfants. À Singapour, en Corée du Sud, à Hong Kong, la législation était extrêmement indulgente avec le travail des enfants, et avec le salaire minimum, il n’y avait pas la possibilité de former des syndicats, et ainsi de suite.

Ça ne veut pas dire que la vie était facile pour les gens habitant à Taiwan, au Japon ou en Corée. Si on compare l’évolution des salaires en dollars courant, on est parti à Taiwan en 1975 de 90$ pour arriver dans les années 1980 à 325$. Et si on poursuit depuis les années 1980, on constate aussi une augmentation. Mais les conditions de vie des gens à Singapour n’étaient pas des meilleures. Prenons l’exemple de la Corée du Sud et de Singapour, pour en mentionner deux. Quand on lit le texte de loi de 1953, on s’aperçoit qu’aujourd’hui le texte de loi ne pourrait être voté ou serait considéré comme exploitant les moins bien lotis. Ces gens travaillaient 48h et avaient le droit à 12h supplémentaires, donc potentiellement ils pouvaient travailler 60h par semaine, et la plupart le faisaient. Il n’y avait pas de limite à licencier, on pouvait licencier d’une heure à l’autre. On pouvait embaucher des personnes juste pour une heure, juste pour deux heures, juste pour une tâche qu’on avait à faire accomplir. Donc le cadre légal était extrêmement flexible, et, d’après les standards d’aujourd’hui, complètement inadmissible. Mais ce sont ces conditions là, pénibles, qui ont permis, en l’espace d’une génération, en 40 ou 50 ans, un développement économique sans précédent.

Pareillement, on peut comparer ça avec Singapour. Quand on lit le Street Times de l’époque, on s’aperçoit de toutes les règles qui étaient en place, et je mentionne le cas de Singapour, mais c’est aussi le cas des autres pays qui ont décollé, Hong Kong et Taiwan, ce n’est pas seulement les ateliers de misère, mais c’est aussi un cadre fiscal plus attractif, c’est aussi une stabilité, des droits de propriété garantis, une stabilité législative (les lois ne changeaient pas tous les jours), mais surtout, comme je le disais, une flexibilité du travail. La crise des années 1980 a vu les salaires chuter dans ces pays là pour redémarrer plus tard. Et c’est précisément ça qui leur a permis de survivre.

À Singapour, les gens travaillent 44h légalement plus 12h supplémentaires ; ils avaient le droit à ça légalement par semaine, et la plupart le faisaient. J’ai lu ce livre passionnant qui s’appelle Les Histoires de Singapour, dans lequel des gens racontent comment ils vivaient dans les années 60 et 70. Eh bien ce n’était pas plus gai que les gens qui vivent aujourd’hui au Bangladesh ou en Afrique subsaharienne, toute chose étant égale par ailleurs. Des conditions extrêmement dures, avec des gens qui, malgré un travail continu et constant, n’avaient pas accès au confort qu’on pourrait espérer avoir aujourd’hui.

Tout ça pour dire que les choses ne se font pas par décret : on ne peut pas décréter s’enrichir, ça n’a jamais marché. On ne peut pas introduire, sous prétexte de protéger les moins bien lotis, une législation comme le salaire minimum et d’autres lois de ce type là : ces lois n’auront qu’un effet boumerang et se retourneront précisément contre ces gens qui sont sensés être protégés.

Et pour suivre cette comparaison entre ces deux groupes de pays de l’Asie du sud-est, on peut retrouver dans les journaux d’Inde ou du Bangladesh des conflits de travail extrêmement violents. À Singapour, les grèves étaient inexistantes. C’est arrivé une ou deux fois et c’était vraiment exceptionnel, et ce n’était vraiment rien du tout. Même chose en Corée du Sud et à d’autres endroits. Aujourd’hui, en Inde et au Bangladesh, les conflits sont extrêmement violents et cela finit parfois au meurtre. Il y a des managers qui ne sont pas séquestrés comme en France, mais sont tués. Cela arrive tous les ans, quelques fois des usines brûlent, des managers se font tuer, et quand vous lisez la presse, dans les dernières années, suite à des protestations au sujet des salaires, des managers se sont fait tuer. Résultat, des entreprises quittent les lieux. Et c’est la même chose au Bangladesh, vous avez des violences inouïes, dans tous les secteurs d’activité.

Le résultat, aujourd’hui, n’est pas meilleur. Vous retrouvez au Bangladesh et en Inde une législation extrêmement rigide au niveau de l’emploi. Et du coup vous vous retrouvez avec un taux de pauvreté qui non seulement ne baisse pas, mais continue d’augmenter. En ce qui concerne le Bangladesh, en prenant la statistique de qui vit avec 2$ par jour, 60$ par mois, vous imaginez, vous vous apercevez qu’il y a 75% de la population qui vit dans ces conditions. Et avec 4$, vous vous apercevez que quasiment tout le monde vit avec 4$ par jour.

Les statistiques valent ce qu’elles valent, mais elles nous donnent des indications sur la pertinence d’un cadre légal de ce type là.

Je tiens aussi à préciser que les ateliers de misère et les salaires faibles ne suffisent pas pour qu’une économie décolle et que des gens s’enrichissent. C’est tout un cadre, et notamment un cadre fiscal très avantageux. Il y a des tentatives dans certains pays, comme au Bangladesh, où ils ont des zones qu’ils appellent des zones franches. Ça porte des noms différents, il y a une dizaine de noms qui sont souvent utilisés. Donc vous avez des zones où les lois du pays ne s’appliquent pas. Du coup, évidemment, les résultats sont là. En termes de salaires, c’est précisément dans ces zones là où l’on gagne le plus. Tandis que dans le reste du pays on gagne 27, ici on gagne 38, et ainsi de suite à tous les niveaux.

Le problème, dans le cas du Bangladesh et de l’Inde, c’est aussi la gestion de ces zones, parce que ce sont des zones isolées. On construit des enclaves avec des frontières et avec une police à la frontière, sans pour autant avoir une législation qui est favorable aux affaires et sans avoir une infrastructure favorable aux affaires. Je regardais dans les zones au Bangladesh, les zones franches, les délais d’exportation peuvent atteindre un mois, tandis qu’à Hong Kong, à Singapour, les choses peuvent se passer de 1 à 3 jours pour exporter un produit qui vient d’être fini. Du coup le Bangladesh ne représente pas un véritable intérêt, un véritable attrait pour les producteurs.

La raison pour laquelle ces zones là existent, c’est parce que jusqu’en 2004, l’Organisation Mondiale du Commerce avait instauré des quotas de production pour les textiles, et cela a donné un avantage à ces pays qui, malgré une législation peu favorable, pouvaient accueillir des entreprises qui produisaient au-delà du quota dans des pays à la législation plus accueillante. Mais les choses ont beaucoup changé en 2004, parce qu’avec la fin des quotas, ces pays qui étaient moins accueillants se sont retrouvés avec moins de producteurs.

Un cas de succès, c’est l’île Maurice. Ils ont instauré dans les années 1970 des conditions d’accueil pour les affaires extrêmement favorables. Les zones franches, sur l’île Maurice, n’étaient pas localisées : chaque entreprise était exonérée de taxes à partir du moment où elle exportait. Au début, il y avait neuf mille entreprises, puis 17 000 entreprises en 1978, et en 1990 on en avait 90 000, qui employaient un tiers de l’emploi national. Plus récemment, les chiffres sont encore plus importants.

Donc, tout compte fait, j’ai essayé de montrer que la législation peut avoir un effet boumerang, et que les ateliers de misère vivent dans un cadre, un cadre économique, mais aussi un cadre légal. Ces paramètres peuvent aider ou non à l’amélioration des conditions de vie des moins bien lotis.

Maintenant, pour ceux qui sont vraiment des militants fervents contre les ateliers de misère, je pense qu’ils ont ce sentiment là que les ateliers de misère sont quelque chose de malheureux, et c’est tout à fait compréhensible. Mais je pense qu’un meilleur positionnement, plutôt que d’inciter à la fermeture ou à agir d’une manière négative, au sens du boycott — on boycott les produits fabriqués dans des ateliers de misère — une stratégie beaucoup plus efficace pour ces gens même ce serait au contraire d’acheter leurs produits.

Ce serait quelque chose de semblable à ce qu’est aujourd’hui le commerce équitable : il y a une sorte de bienveillance, en payant une prime supplémentaire pour les gens qui se sentent vraiment concernés par cette question.

Du coup, au lieu d’interdire la production des iPhone à Foxconn, on pourrait avoir même un label : ce produit a été fait dans un sweatshop, achetez le, payez-le un peu plus cher, parce qu’il a été fait dans un sweatshop. Mais en tout cas, il faudrait bien se tenir à l’écart des critiques simplistes et naïves, et surtout, entreprendre une démarche qui s’inscrit dans un cadre d’aide.

Donc je voudrais conclure assez rapidement sur les trois points que je pense avoir soulevé pendant ma conférence, parce que le temps court.

Premier élément que je voulais souligner c’est la confusion terminologique, c’est que l’on ne sait pas de quoi on parle, et qu’il faudrait préciser quand on dit « atelier de misère », si on parle de travail forcé, de travail des enfants, ou de travail pénible, avec les paramètres que j’ai indiqué.

Un autre élément que j’ai voulu souligner, c’est que la plupart des critiques à l’égard des ateliers de misère sont naïves et biaisées, elles sont bourrées de préjugés, de préjugés essentiellement occidentaux, et sont très peu attentifs au contexte de vie des personnes concernées.

Et puis troisième point, de toute évidence, les ateliers de misère ce n’est pas une panacée. Vous pouvez croire que j’enfonce des portes ouvertes mais les ateliers de misère ne peuvent pas changer la face du monde par elles-mêmes. Il y a des situations comme l’Inde ou le Bangladesh, sur 50 ans ou 60 ans des ateliers de misère ; et puis si le cadre légal ne change pas, vous allez encore en avoir pour 200 ans d’ateliers de misère. Pour que les ateliers de misère changent, il faut un cadre légal et aussi économique et social.

Ceci étant dit, je pense qu’il est temps que je m’arrête, tout en vous remerciant pour votre attention.

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