Dictionnaire de la tradition libérale française, par Benoît Malbranque
AFFAIRE DREYFUS. Lorsque la célèbre affaire Dreyfus éclata, à la toute fin du XIXe siècle, la position de tolérance des libéraux français avait déjà été maintes fois réaffirmée, et leur mobilisation « dreyfusarde » ne devait surprendre personne. Gustave de Molinari, Yves Guyot, Frédéric Passy, figurent parmi les signataires des protestations publiées par le journal l’Aurore, en 1898. Ce soutien public s’accompagne d’ailleurs d’un engagement privé : Gustave de Molinari, par exemple, envoie une marque d’attention à Édouard Grimaux, professeur à l’École Polytechnique, et qui vient d’être mis à le retraite à l’occasion du procès Émile Zola. (Archives de l’Institut, Ms. 4631, pièce n° 61) Lorsque les occasions s’en présentent, le camp du libéralisme se retrouve à l’unisson pour défendre ce qu’il considère être ses valeurs. Au besoin on les forme de toutes pièces, comme en 1900, lorsque la publication du supplément au Nouveau dictionnaire d’économie politique, dirigé par Léon Say et Joseph Chailley-Bert, voit l’insertion d’un article fort étendu sur l’Antisémitisme, rédigé par un dreyfusard très engagé, Bernard Lazare ; la raison d’un article sur ce thème, dans un dictionnaire d’économie politique, n’est pas évidente : elle est la preuve d’un engagement très fort, qu’on aura mieux l’occasion de décrire, d’une manière historique et critique, à l’article général donné au mot Juifs.
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