ABEILLE
(Biographie toulousaine, tome 1, 1823. Catégorie « Articles survenus pendant l’impression du supplément » ; p.467-470)
ABEILLE (Louis-Paul), fils de Joseph Abeille, ingénieur du roi, né à Toulouse[1] le 2 juin 1719, mourut à Paris le 28 Juillet 1807, âgé de quatre-vingt-huit ans. Dès l’année 1757, il fit partie des états de Bretagne. Ce fut alors qu’il fonda la société d’agriculture de cette province. On lui doit en société avec M. Montaudoin, négociant de Nantes, la rédaction de l’ouvrage intitulé : Corps d’observations de la société d’Agriculture, de Commerce et Arts, établie par les états de Bretagne, Rennes, 1760 et 1762, 2 vol. in-8.° et in-12. Cet ouvrage reçut un bon accueil du public ; les principes qu’Abeille y développa, l’associèrent naturellement aux écrivains qui se firent connaître à cette époque sous la dénomination d’économistes. Dès 1763, il fit paraître à Paris quelques écrits en faveur de la liberté du commerce des grains. Les grandes connaissances qu’Abeille acquit en économie politique, le firent nommer inspecteur général des manufactures de France, et ensuite secrétaire du bureau du commerce. MM. Trudaine, Turgot, d’Invaux, Mlalesherbes et Calonne, eurent souvent recours à ses lumières. Lorsque l’on forma à Paris, en 1785, une société royale d’agriculture, Abeille en fut un des membres les plus laborieux. Il a composé une foule d’ouvrages sur des objets relatifs à l’économie politique, aux finances, au commerce et à l’agriculture, mais aucun ne porte son nom. « Content d’avoir bien fait, dit M. le secrétaire de la société royale d’agriculture de Paris, dans la trop courte notice qu’il a consacrée à Abeille, il refusait toujours de paraître. Il existe plus d’une preuve matérielle qu’un grand nombre d’écrits très utiles, fruits de ses veilles et de ses profondes connaissances, ont été publiés sans nom d’auteur, ou qu’ils ont, de son consentement, paru sous des noms étrangers, ou bien que d’autres écrivains se les sont attribués, sans éprouver de sa part aucune réclamation. » Pour rendre à la mémoire d’Abeille l’hommage digne de sa modestie et de ses talents, je consignerai ici tous les renseignements que j’ai pu recueillir sur ses ouvrages. On lui doit donc, outre les deux volumes cités plus haut, I. Table raisonnée des ordonnances, édits, etc., registrés au parlement de Bretagne depuis son érection jusqu’en 1750, etc., Rennes 1757, in-4.° II. Lettre d’un négociant sur la nature du commerce des grains, Paris 1763, in-8.° de 23 pages, et in-12 de 24 pages. III. Réflexions sur la police des grains en Angleterre et en France, Paris, mars 1764, in-8.° de 52 pages. Cette brochure fit une grande sensation ; l’abbé Morellet et M. le Trosne la citèrent comme l’ouvrage d’un homme très instruit. IV. Relation abrégée de l’origine, des progrès et de l’état actuel de la Société d’émulation et d’encouragement de Londres, traduite de l’anglais par M. de Monticourt, Londres et Paris 1764, in-8.° de 147 pag. Les notes curieuses qui terminent ce volume sont d’Abeille. Depuis près de vingt ans la France possède une Société d’encouragement pour l’industrie nationale, conçue sur un plan beaucoup plus vaste que celle de Londres. V. Effets d’un privilège exclusif sur les droits de la propriété, etc., Paris, 1765, in-8.° de 82 pages. L’objet de cette brochure était de faire connaître les inconvénients d’une déclaration du roi, donnée en 1713, qui gênait le commerce des eaux-de-vie de cidre en Normandie et en Bretagne. VI. Faits qui ont influé sur la cherté des grains en France et en Angleterre, Paris 1768, in-8.° de 48 pages. VII. Principes sur la liberté du commerce des grains, Paris 1768, in-8.° de 162 pages. Cet ouvrage fut critiqué dans le Journal du commerce ; les Éphémérides en firent l’apologie. M. Dupont, dans ses Éphémérides, a cité avec éloge, analysé avec talent, ou indiqué d’une manière avantageuse, ces différents opuscules. Dans tous l’auteur a défendu les principes d’une saine politique, de la justice et de la liberté. Les numéros 3, 5 et 6, ont été réimprimés à Yverdun en 1769, dans le tome sixième d’une nouvelle édition de la Physiocratie de M. Dupont. VIII. Mémoire à consulter, et consultation pour MM. Boyelleau, Lagrenée, Tremisot, Abeille et Yzact, conseillers du conseil souverain de Pondichéry, contre un imprimé publié par le sieur de la Ronce de Colombel, ci-devant capitaine des troupes de la compagnie des Indes, contenant des faits intéressants sur l’autorité et le régime de la compagnie et de ses représentants dans les Indes orientales, 1766, in-8.° de 148 pages. IX. Mémoire présenté par la Société royale d’agriculture à l’Assemblée nationale le 24 octobre 1789, sur les abus qui s’opposent aux progrès de l’agriculture, et sur les encouragements qu’il est nécessaire d’accorder à ce premier des arts, Paris , Baudouin, in-8.° de 176 pages. X. Observations de la Société royale d’agriculture sur l’uniformité des poids et des mesures, Paris 1790, in-8.° de 125 pages, et dans les Mémoires de la Société royale d’agriculture. XI. Observations de la Société royale d’agriculture sur la question suivante qui lui a été proposée par le comité d’agriculture et de commerce de l’Assemblée nationale : L’usage des domaines congéables est-il utile ou non au progrès de l’agriculture ? lues le 17 mars 1791, in-8.° de 64 pages. L’abbé Lefèvre et l’abbé Tessier ont eu part à la rédaction de ces observations. M. Abeille a publié les Observations de M. Malesherbes sur l’histoire naturelle, générale et particulière de MM de Buffon et d’Aubenton, Paris, 1798, 2 vol. in-4.° et in-8.°, chez Pougens. Elles sont précédées d’une introduction de l’éditeur, qui prouve des connaissances étendues, de la philosophie, de la sensibilité, et le talent d’écrire. En 1787, il avait eu la plus grande part à la rédaction d’un prospectus publié par M. le Brigand, sous ce titre : Observations fondamentales sur les langues anciennes et modernes, 1 vol. in-4.° J’ai vu un exemplaire sur lequel Abeille avait lui-même déposé cet aveu.
[1] Cet article a été pour moi l’objet de beaucoup de recherches. Rédigé depuis le moment où j’eus le dessein de donner au public cette Biographie, il devait nécessairement y entrer, puisque j’avais suivi les documents de Chaudon, ainsi que le Journal de Toulouse, qui faisaient naître Abeille dans cette ville. Je consultai la Biographie universelle, et je vis, non sans étonnement, que je m’étais parfaitement trompé, puisqu’on le faisait naître à Toulon, et je fus d’autant plus pressé de retirer mon article, qu’il me paraissait impossible de croire que M. Michaud eût été induit en erreur, lui qui devait nécessairement avoir rectifié toutes celles qui avaient été commises avant lui. Un second témoin confirma pleinement ma résolution. M. Barbier fit paraître en 1820, son Examen critique, et complément du Dictionnaire historique, etc. Cet ouvrage était destiné à relever les fautes commises par ses prédécesseurs, et principalement celles de la Biographie universelle. Je feuilletai aussitôt ce livre, et j’y rencontrai l’article Abeille beaucoup mieux rédigé que partout ailleurs, et accompagné d’une notice fort exacte des ouvrages de cet auteur. M. Barbier donnait, ainsi que les frères Michaud, Toulon pour le lieu de naissance d’Abeille ; une autorité aussi respectable que celle de M. Barbier me tira du doute où j’avais été jusqu’alors. La Biographie toulousaine était terminée, et il ne nous restait que quelques articles supplémentaires, lorsque je m’aperçus qu’il n’y avait point d’inconvénient à insérer l’article dans le supplément où il se trouve ; mais à peine venait-il d’être imprimé, que je pris la résolution de faire toutes les recherches nécessaires pour découvrir la véritable patrie d’Abeille ; elles tendaient en même temps à mettre d’accord plusieurs Biographes distingués. Mon premier soin fut d’aller au bureau de l’état civil ; M. Boissier, chef de bureau de cette administration, auquel je dois beaucoup de remerciements, m’offrit de me laisser compulser les registres des paroisses : après avoir parcouru ceux de l’église du Taur, le hasard nous fit tomber sur celui de la paroisse Saint-Pierre. Ce fut dans celui-là que nous trouvâmes le nom d’un Abeille, né à Toulouse le 27 juin 1719. Je vais citer textuellement l’extrait de l’acte de naissance. « Louis-Paul Abeille, fils du sieur Joseph Abeille, ingénieur du roi, et de dame Magdelaine de Labat, mariés, né à Toulouse sur la paroisse Saint-Pierre le 29 juin 1719, parrain très haut et très puissant seigneur messire Louis de Bernaye, conseiller d’état, intendant de la province du Languedoc ; marraine demoiselle Paule de Labat, tante maternelle, etc. » Cette pièce, je crois, suffit pour prouver qu’Abeille est réellement né à Toulouse, et non à Toulon. Je m’empresse d’avouer que faute de renseignements sur la vie privée d’Abeillé, j’ai copié l’article de M. Barbier, comme le seul complet à cet égard. Abeille fut en correspondance avec Morellet, de Fourqueux, Trudaine et Dupont. (Mémoires de Morellet, p. 16, t. Ier (Note de l’éditeur.)
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