Intéressant article publié sur LeFigaro.fr, concernant la « résistance » des syndicats grecs à la cure d’austérité à laquelle le gouvernement grec s’est engagé (notamment auprès de Berlin) en échange de l’aide internationale.
L’État grec étant hyperendetté, on aurait pu s’attendre à ce que les fonctionnaires grecs réagissent en travaillant de façon exemplaire, de sorte que l’État ne s’endette pas davantage, et qu’ils puissent démontrer leur utilité.
Bien au contraire, leur réaction se résume à faire la grève et aller manifester.
Interrogé par le journaliste, un Athénien témoigne : « Les syndicats du secteur public s’enferrent dans un déni total de la réalité. Cette grève des marins des ferries et des dockers du Pirée, salariés protégés jouissant d’avantages inouïs, est un scandale absolu, connu de tous les Grecs. Dans ce pays, les gens qui travaillent vraiment, ce ne sont pas les fonctionnaires et assimilés, au bas mot deux fois trop nombreux. Ce sont de petites gens, avec des salaires mensuels de 800 euros. Eux, ils ne peuvent pas se permettre de faire grève ! » Jusque-là, rien d’étonnant, surtout pour le lecteur français.
Mais la suite de l’article est très éclairante : « Yannis [l’Athénien interrogé] voit dans le clientélisme politique l’origine de l’hypertrophie du secteur public en Grèce. « Chez nous, depuis la nuit des temps, les grandes familles de politiciens ont dit au peuple: ‘Votez pour nous, et on fournira des emplois à vos enfants !’ C’est ce système politique qui est aujourd’hui en faillite… » »
Voilà un cas qui illustre particulièrement bien la théorie des choix publics.
Peu importe que les gouvernements successifs soient « de gauche » ou « de droite », même si les seconds n’ont fait qu’imiter les premiers en la matière.
Ce qui importe, c’est que pour être élue, une majorité doit assurer sa clientèle électorale qu’elle la « récompensera » de son soutien, sans pour autant remettre en cause les privilèges distribués par la majorité précédente à son autre clientèle. En effet, dans un jeu électoral où le vainqueur, au premier tour, est loin de réunir une majorité des suffrages (31 % pour Nicolas Sarkozy en 2007), il lui faut aussi séduire les clientèles des formations concurrentes.
C’est ainsi que, d’élection en élection, de nouveaux privilèges sont accordés, sans pour autant que les précédents soient remis en cause. De cette tendance inflationniste résulte une collectivisation de la société, alors même que la moitié, voire plus, des gouvernements qui y auront pris part se seront verbalement opposés à l’augmentation des impôts et des dépenses publiques.
Comment expliquer que Nicolas Sarkozy, « qui n’a pas été élu pour augmenter les impôts » comme il se plaît à le répéter, a créé une vingtaine de taxes depuis son arrivée au pouvoir, sinon par une volonté de s’assurer du soutien de certaines clientèles électorales, notamment les écologistes ?
Ainsi s’expliquerait son obstination à faire adopter une taxe carbone inepte, laquelle servirait surtout à faire vivre la bureaucratie chargée de la collecter.
Bref, le mot de Frédéric Bastiat contenu dans L’État est plus que jamais d’actualité :
L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.
Source : //www.contribuables.org/2010/04/crise-grecque-et-theorie-des-choix-publics/
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