“Foreign Aid”, Liberty Defined, Ron Paul, 2011
Traduit par Thierry Falissard, Institut Coppet
Par Ron Paul
Il fut un temps où les Républicains s’opposaient à toute aide aux pays étrangers. Ce temps est révolu, et le seul débat porte aujourd’hui sur les pays auxquels l’attribuer et pour quels montants. Il y a très peu de membres du Congrès qui, par principe, s’opposent à toute aide aux pays étrangers.
La croyance que l’aide aux pays étrangers est bénéfique pour notre sécurité nationale conduit à des gaspillages de milliards de dollars, en encourageant une politique étrangère qui mène inévitablement à des conséquences imprévues, qui nous reviendront en pleine figure par effet boomerang.
On justifie l’aide aux pays étrangers de diverses raisons. Nous devons appuyer nos alliés et à veiller à ce qu’ils restent puissants. Nous devons, pour des raisons humanitaires, aider les pays pauvres. C’est notre devoir. D’autres prétendent que nous sommes obligés de soutenir financièrement les pays qui nous autorisent à maintenir des bases militaires chez eux. Souvent, les entreprises et les universités exercent une forte pression en faveur de ces aides dans l’espoir d’obtenir des contrats de recherche ou de vendre certains produits dans le pays concerné.
Pour certains, toute aide étrangère est une forme d’affectation de crédits. Les citoyens américains sont taxés pour financer ces programmes d’assistance étrangers. Cela signifie que les fonds sont retirés des mains des citoyens, ainsi empêchés de décider comment l’argent doit être dépensé. Les décisions gouvernementales ou bureaucratiques de dépenses de capitaux se révèlent toujours inférieures aux décisions de dépenses des entreprises privées et des personnes.
Mais le plus important à noter est que l’aide aux pays étrangers ne réussit jamais à atteindre son objectif déclaré d’aider les pauvres des autres nations. Les décisions quant à savoir qui recevra l’argent sont d’ordre politique des deux côtés. Nos politiciens décident où ira l’argent et les politiciens des autres pays s’occupent de la manière dont il sera dépensé.
Dans les pays pauvres l’aide alimentaire devient un outil pour se maintenir au pouvoir. Souvent, ceux qui en ont le plus besoin sont impliqués dans une guerre civile. L’aide devient littéralement une arme utilisée par une faction contre une autre. Cela retarde souvent l’effort de paix nécessaire, en subventionnant un côté au détriment de l’autre.
Beaucoup d’importantes subventions d’aide sont régies strictement en fonction d’intérêts politiques particuliers, au prétexte que cela sert nos intérêts de sécurité nationale. Depuis les accords de Camp David sous Jimmy Carter, Israël a reçu plus de 100 milliards de dollars et l’Egypte a reçu plus de 50 milliards de dollars. Il est bien qu’ils aient cessé de s’entretuer, mais si la paix dépend des fonds affectés à ces deux pays, ce n’est pas une paix très stable ! Ces deux pays sont rendus plus dépendants de notre aide et moins enclins à s’occuper de leurs propres besoins. Qui sait, la paix aurait peut-être pu survenir, même sans notre argent.
L’aide étrangère est toujours assortie de conditions. Il est monnaie courante qu’il s’agisse d’acheter des armes aux États-Unis, et c’est l’une des principales raisons qui font des Républicains conservateurs des champions de l’aide étrangère. C’est bon pour notre complexe militaro-industriel et justifié parce que les bénéficiaires seront alors des alliés militaires fiables et bien armés. Trop souvent, cependant, les pays que nous avons subventionnés et armés deviennent nos ennemis et retournent leurs armes contre nous. Il y a énormément d’exemples de cela.
Non seulement les pays reçoivent une aide directe unilatérale de notre part, mais des centaines de milliards de dollars sont remis via des organisations multilatérales telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et d’autres entités de l’Agence pour le développement international. Les prêts et les garanties de prêts sont fréquemment utilisés.
La Réserve fédérale est autorisée à conclure des accords secrets avec les gouvernements étrangers, les banques centrales étrangères et les institutions financières internationales. Comme un contrôle de ces accords n’a jamais été autorisé, il n’y a aucun moyen de savoir avec certitude si la Fed participe à une stratégie de politique étrangère. Mais en novembre 2010, la Fed a été contrainte de dévoiler des informations sur ses pratiques. Beaucoup de gens ont été choqués de découvrir qu’une grande partie de l’argent nouvellement créé allait aux plus grands acteurs de l’industrie bancaire et aux institutions étrangères. Personnellement, je n’ai pas été choqué. Je considère ces révélations comme une confirmation de ce que j’ai longtemps soupçonné.
Grâce à sa capacité d’accorder des prêts secrets et des garanties secrètes à d’autres pays, la Fed pourrait bien être beaucoup plus impliquée financièrement que le Congrès quand il intervient via la procédure d’affectation parlementaire. Mais tout comme le Congrès exige des “renvois d’ascenseur” en échange des contributions fiscales, je suis sûr que la Fed s’attribue des faveurs en échange des fonds dévolus à la communauté financière.
Il n’y a rien de mal dans l’aide étrangère en soi, par exemple quand les pays riches aident des pays pauvres affectés par une catastrophe naturelle. Mais cette aide doit être privée. Il y a alors beaucoup plus de chances que les fonds soient utilisés de façon constructive que s’il s’agissait de transferts gouvernementaux.
Le seul avantage à long terme qu’un pays puisse conférer à un autre pays appauvri par des politiques publiques socialistes, c’est l’exportation des idées de liberté, de libre marché, de monnaie saine, et des droits de propriété privée. Tout comme pour l’assistance matérielle, ces idées doivent être exportées de façon volontaire, et non par le gouvernement.
Trop souvent, notre aide financière est conditionnée au fait que les bénéficiaires dépensent l’argent pour l’éducation. Il n’est pas rare que cet effort ait des effets plutôt négatifs. Nous avons fait des efforts pour enseigner aux pays en développement comment mettre en place un système d’impôt sur le revenu semblable à celui de l’IRS, une banque centrale et d’autres programmes d’aide sociale. Le comble est atteint lorsque les néoconservateurs se consacrent à « répandre la bonté américaine » avec des bombes et des balles. Ils prétendent que nous avons l’obligation morale de répandre la démocratie dans le monde entier. Il ne s’agit généralement que d’un prétexte pour donner à leur violence une apparence plus humanitaire.
L’aide internationale aux pays étrangers est censée refléter le droit de chacun à vivre dignement, un objectif louable, mais irréalisable avec une approche autoritaire de la répartition des richesses par la fiscalité. Cette méthode ne procure aucun avantage qui vaille. Ce droit international à vivre dignement est l’extension de la “liberté de vivre à l’abri du besoin”, une des quatre libertés présentées comme fondamentales par Franklin Delano Roosevelt. Mais le droit à la vie et à la liberté n’implique en aucune manière un droit à la propriété d’autrui au niveau national ou international.
Tant que le peuple américain acceptera l’idée que son argent, soutiré par la fiscalité et donné à d’autres personnes à l’étranger par nos politiciens, est d’une certaine façon bénéfique du point de vue de notre intérêt national, l’aide aux pays étrangers va continuer. Quand les gens exigeront l’arrêt de ce processus en étant plus sélectifs quant à leurs représentants, ou lorsque nous serons en faillite et ne pourrons plus nous permettre cette aide, cette politique prendra fin.
La complaisance actuelle vient de la culpabilité que les responsables gouvernementaux inculquent à la population, c’est ce qui permet ce transfert de richesse. Il est plus facile d’obtenir le soutien de l’électorat quand le pays est raisonnablement prospère. Beaucoup sont convaincus par l’argument selon lequel l’aide américaine aux pays étrangers représente un petit montant ? aujourd’hui 50 milliards de dollars par an ? et que les riches paieront.
La vérité est que l’argent emprunté et le gonflement de la masse monétaire pour payer le déficit créé par l’aide aux pays étrangers contribuent à faire porter le fardeau par les pauvres et par la classe moyenne. Malheureusement, les arguments humanitaires sont éloignés de toute réalité. L’aide aux pays étrangers peut être décrite comme le fait de prendre l’argent des pauvres d’un pays riche pour le donner aux riches et aux puissants d’un pays pauvre. En l’absence de tout contrôle, cela garantit que finiront par s’appauvrir autant les bailleurs de fonds que les pays bénéficiaires.
A voir : //libertydefined.org
IL ne sera bon de parler d’un coup de main pour le développement au lieu de parler de l’aide au pays pauvre.Car l’évolution ne dépend pas d’aide mais d’une détermination.
Le plan d’aide n’est pas fait pour l’évolution mais pour aider celui qui est déterminé a réaliser le progé pour le développement universel.