Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique, 6e édition (1841)

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Jean-Baptiste Say selon Schumpeter

Schumpeter fut le premier à mentionner que le travail de Say « était inspiré de sources purement françaises », dans la veine de Cantillon et de Turgot. De plus, Schumpeter a défendu les propositions de Say contre les accusations de « superficialité » que lui ont régulièrement opposé les économistes classique et néoclassiques. Mais c’est le même Schumpeter qui, non sans mépris, a contesté la scientificité et raillé la puissance d’analyse de l’école libérale française.  En fait, Jean-Baptiste Say a identifié et souligné le rôle crucial de l’entrepreneur dans un contexte d’incertitude. Ancré dans la tradition physiocratique, Say a incorporé, entre autres, une méthode de recherche subjective, partant de l’individu. Say et, plus encore, Destutt de Tracy ont transformé l’approche assez informelle dont ils ont hérité de leurs prédécesseurs en une véritable praxéologie. Et c’est précisément ce qui a motivé le dédain manifesté par Schumpeter à l’égard de l’économie sociale française et son admiration pour l’économie politique Maltho-Ricardienne.

L’économie sociale de Jean-Baptiste Say selon Ralph Raico

Il ne fait guère de doute que la principale influence de l’industrialisme fut le Traité de l’économie politique de Jean-Baptiste Say, dont la deuxième édition parut en 1814 et la troisième en 1817. Comte et Dunoyer ont probablement établi une relation personnelle avec Say pendant les Cent-Jours, au printemps de 1815. Avec Thierry, ils étaient des habitués du salon de Say. (Comte devint plus tard le gendre de Say.) La troisième édition du Traité de Say se vit accorder une recension de plus de 120 pages en deux parties dans le Censeur Européen.

Say avançait que la richesse est faite de ce qui a de la valeur, et que la valeur est basée sur l’utilité.

Toutes les industries pourraient se réduire à une seule. Si nous les distinguons ici, c’est afin de faciliter l’étude de leurs résultats ; et malgré toutes les distinctions, il est souvent fort difficile de séparer une industrie d’une autre. Un villageois qui fait des paniers, est manufacturier ; quand il porte des fruits au marché, il fait le commerce. Mais, de façon ou d’autre, du moment que l’on crée ou qu’on augmente l’utilité des choses, on augmente leur valeur, on exerce une industrie, on produit de la richesse.

Tous les membres de la société qui contribuent à la création de valeur sont considérés comme productifs, mais Say accorde une place de choix à l’entrepreneur. Say fut l’un des premiers à comprendre les possibilités illimitées d’une économie libre, menée par des entrepreneurs créatifs. Selon un commentateur résumant son message :

Le pouvoir productif de l’industrie n’est borné que par l’ignorance et par la mauvaise administration des Etats. Répandez les lumières et améliorez les gouvernements, ou plutôt empêchez-les de nuire ; il n’y aura pas de terme assignable a la multiplication des richesses.

Il existe, cependant, des catégories de personnes qui se contentent de consommer la richesse plutôt que de la produire. Ces classes improductives comprennent l’armée, le gouvernement, et le clergé entretenu par l’État – ce qu’il conviendrait d’appeler les classes « réactionnaires » généralement associées à l’Ancien Régime.

Toutefois, Say était tout à fait conscient qu’une autre forme d’activité improductive et antisociale devenait possible – et même assez répandue – lorsque des acteurs productifs utilisent le pouvoir de l’État afin d’obtenir des privilèges :

Mais l’intérêt personnel n’offre plus aucune indication, lorsque les intérêts particuliers ne servent pas de contrepoids les uns pour les autres. Du moment qu’un particulier, une classe de particuliers peuvent s’étayer de l’autorité pour s’affranchir d’une concurrence, ils acquièrent un privilège aux dépens de la société ; ils peuvent s’assurer les profits qui ne dérivent pas entièrement des services productifs qu’ils ont rendus, mais dont une partie est un véritable impôt mis à leur profit sur les consommateurs; impôt dont ils partagent presque toujours quelque portion avec l’autorité, qui leur a prêté son injuste appui.

Le législateur a d’autant plus de peine à se défendre d’accorder ces sortes de privilèges, qu’ils sont vivement sollicités par les producteurs qui doivent en profiter, et qui peuvent représenter, d’une manière assez plausible, leurs gains comme un gain pour la classe industrieuse et pour la nation, puisque les ouvriers et eux-mêmes font partie de la classe industrieuse et de la nation.

Ainsi, tandis que régnait une harmonie d’intérêts entre les producteurs (entre employeurs et ouvriers, par exemple), un conflit d’intérêts naturel se fit jour entre les producteurs et les non-producteurs, ainsi qu’entre différents membres des classes productives, lorsqu’ils choisirent d’exploiter les autres par le biais de privilèges accordés par le gouvernement. Comme un auteur le dit, le cri de Say – et de ses disciples – pourrait être : « Producteurs de tous les pays, unissez-vous ! »

Table des matières

Avertissement de l’éditeur sur la sixième édition (1841)

Discours préliminaire

Livre premier. De la production des richesses

Chapitre I. Ce qu’il faut entendre par production
Chapitre II. Des différentes sortes d’industries, et comment elles concourent à la production
Chapitre III. Ce que c’est qu’un capital productif, et de quelle manière les capitaux concourent à la production
Chapitre IV. Des agents naturels qui servent à la production des richesses, et notamment des fonds de terre
Chapitre V. Comment se joignent l’industrie, les capitaux et les agents naturels pour produire
Chapitre VI. Des opérations communes à toutes les industries
Chapitre VII. Du travail de l’homme, du travail de la nature, et de celui des machines
Chapitre VIII. Des avantages, des inconvénients et des bornes qui se rencontrent dans la séparation des travaux
Chapitre IX. Des différentes manières d’exercer l’industrie commerciale et comment elles concourent à la production
Chapitre X. Quelles transformations subissent les capitaux dans le cours de la production
Chapitre XI. De quelle manière se forment et se multiplient les capitaux
Chapitre XII. Des capitaux improductifs
Chapitre XIII. Des produits immatériels, ou des valeurs qui sont consommée au moment de leur production
Chapitre XIV. Du droit de propriété
Chapitre XV. Des débouchés
Chapitre XVI. Quels avantages résultent de l’activité de circulation de l’argent et des marchandises
Chapitre XVII. Des effets des règlements de l’administration qui ont pour objet d’influer sur la production
Chapitre XVIII. Si le gouvernement augmente la richesse nationale en devenant producteur lui-même
Chapitre XIX. Des colonies et de leurs produits
Chapitre XX. Des oyages et de l’expatriation par rapport à la richesse nationale
Chapitre XXI. De la nature et de l’usage des monnaies
Chapitre XXII. De la matière dont les monnaies sont faites
Chapitre XXIII. Origine de la valeur des monnaies
Chapitre XXIV. Que les monnaies faites de différends métaux ne peuvent pas conserver un rapport fixe dans leur valeur
Chapitre XXV. De l’altération des monnaies
Chapitre XXVI. Des papiers-monnaies
Chapitre XXVII. Que la monnaie n’est ni un signe ni une mesure
Chapitre XXVIII. D’une attention qu’il faut avoir en évaluant les sommes dont il est fait mention dans l’histoire
Chapitre XXIX. Ce que devraient être les monnaies
Chapitre XXX. Des signes représentatifs de la monnaie

Livre second. De la distribution des richesses

Chapitre I. Des fondements de la valeur des choses
Chapitre II. Des variations relatives et des variations réelles dans les prix
Chapitre III. Du prix en argent et du prix nominal
Chapitre IV. De ce qui fait l’importance de nos revenus
Chapitre V. Comment les revenus se distribuent dans la société
Chapitre VI. Quels genres de production paient plus largement les services productifs
Chapitre VII. Des revenus industriels
Chapitre VIII. Du revenu des capitaux
Chapitre IX. Des revenus territoriaux
Chapitre X. Quels sont les effets des revenus perçus d’une nation dans l’autre
Chapitre XI. De la population dans ses rapports avec l’économie politique

Livre troisième. De la consommation des richesses

Chapitre I. Des différentes sortes de consommations
Chapitre II. Des effets généraux de la consommation
Chapitre III. Des effets de la consommation reproductive
Chapitre IV. Des effets de la consommation improductive en général
Chapitre V. Des consommations privées, de leurs motifs et de leurs résultats
Chapitre VI. De la nature et des effets généraux des consommations publiques
Chapitre VII. Des principaux objets de la dépense publique
Chapitre VIII. Par qui sont payées les consommations publiques
Chapitre IX. De l’impôt et de ses effets en général
Chapitre X. Des différentes manières d’asseoir l’impôt, et sur quelles classes de contribuables portent les divers impôts
Chapitre XI. De la dette publique

Épitome

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Avertissement de l’éditeur sur la sixième édition (1841)

Discours préliminaire

Livre premier. De la production des richesses

Chapitre I. Ce qu’il faut entendre par production
Chapitre II. Des différentes sortes d’industries, et comment elles concourent à la production
Chapitre III. Ce que c’est qu’un capital productif, et de quelle manière les capitaux concourent à la production
Chapitre IV. Des agents naturels qui servent à la production des richesses, et notamment des fonds de terre
Chapitre V. Comment se joignent l’industrie, les capitaux et les agents naturels pour produire
Chapitre VI. Des opérations communes à toutes les industries
Chapitre VII. Du travail de l’homme, du travail de la nature, et de celui des machines
Chapitre VIII. Des avantages, des inconvénients et des bornes qui se rencontrent dans la séparation des travaux
Chapitre IX. Des différentes manières d’exercer l’industrie commerciale et comment elles concourent à la production
Chapitre X. Quelles transformations subissent les capitaux dans le cours de la production
Chapitre XI. De quelle manière se forment et se multiplient les capitaux
Chapitre XII. Des capitaux improductifs
Chapitre XIII. Des produits immatériels, ou des valeurs qui sont consommée au moment de leur production
Chapitre XIV. Du droit de propriété
Chapitre XV. Des débouchés
Chapitre XVI. Quels avantages résultent de l’activité de circulation de l’argent et des marchandises
Chapitre XVII. Des effets des règlements de l’administration qui ont pour objet d’influer sur la production
Chapitre XVIII. Si le gouvernement augmente la richesse nationale en devenant producteur lui-même
Chapitre XIX. Des colonies et de leurs produits
Chapitre XX. Des oyages et de l’expatriation par rapport à la richesse nationale
Chapitre XXI. De la nature et de l’usage des monnaies
Chapitre XXII. De la matière dont les monnaies sont faites
Chapitre XXIII. Origine de la valeur des monnaies
Chapitre XXIV. Que les monnaies faites de différends métaux ne peuvent pas conserver un rapport fixe dans leur valeur
Chapitre XXV. De l’altération des monnaies
Chapitre XXVI. Des papiers-monnaies
Chapitre XXVII. Que la monnaie n’est ni un signe ni une mesure
Chapitre XXVIII. D’une attention qu’il faut avoir en évaluant les sommes dont il est fait mention dans l’histoire
Chapitre XXIX. Ce que devraient être les monnaies
Chapitre XXX. Des signes représentatifs de la monnaie

Livre second. De la distribution des richesses

Chapitre I. Des fondements de la valeur des choses
Chapitre II. Des variations relatives et des variations réelles dans les prix
Chapitre III. Du prix en argent et du prix nominal
Chapitre IV. De ce qui fait l’importance de nos revenus
Chapitre V. Comment les revenus se distribuent dans la société
Chapitre VI. Quels genres de production paient plus largement les services productifs
Chapitre VII. Des revenus industriels
Chapitre VIII. Du revenu des capitaux
Chapitre IX. Des revenus territoriaux
Chapitre X. Quels sont les effets des revenus perçus d’une nation dans l’autre
Chapitre XI. De la population dans ses rapports avec l’économie politique

Livre troisième. De la consommation des richesses

Chapitre I. Des différentes sortes de consommations
Chapitre II. Des effets généraux de la consommation
Chapitre III. Des effets de la consommation reproductive
Chapitre IV. Des effets de la consommation improductive en général
Chapitre V. Des consommations privées, de leurs motifs et de leurs résultats
Chapitre VI. De la nature et des effets généraux des consommations publiques
Chapitre VII. Des principaux objets de la dépense publique
Chapitre VIII. Par qui sont payées les consommations publiques
Chapitre IX. De l’impôt et de ses effets en général
Chapitre X. Des différentes manières d’asseoir l’impôt, et sur quelles classes de contribuables portent les divers impôts
Chapitre XI. De la dette publique

Épitomé

 

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